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N°176 – Quelques leçons du dialogue des cultures

Mar 22, 2011

         I-Médias et cultures au service de la révolution arabe

 

Les médias jouent, comme chacun sait, un grand rôle dans les événements qui se déroulent en Afrique du nord,  dans le combat des peuples pour la chute des pouvoirs autocratiques et dans la manifestation de la solidarité internationale. Le caractère interactif de cette démocratie d’opinion s’est manifesté fin février avec la démission simultanée de ministres tunisien et français[1], jugés trop complaisants à l’égard de l’ancien régime. Quels leviers interculturels contribuent de manière générale à dynamiser ce processus de démocratisation?
Dans le monde arabe, trois apports principaux se conjuguent, ceux de l’Islam, du nationalisme arabe et des droits de l’homme, version occidentale. A cette étape, ce n’est plus tant la lettre régressive et dogmatique de la religion qui fait la loi que certaines de ses valeurs intériorisées telle la fraternité devant régir la communauté des croyants, dite Umma. La positivation de l’esprit du djihad  se note à l’héroïsme de ces milliers de Lybiens bravant les chars  du despote. A la laïcisation du message religieux, s’ajoute la réalité objective d’un certain fait panarabe, la nation arabe étant vécue en conscience grâce aux medias et aux démarches de solidarité concrète (à l’égard des rescapés du drame lybien à la frontière tunisienne, par exemple). Dans ce contexte, la notion de frontière reste artificielle, le désert étant l’espace naturel le plus représentatif de la vision du monde arabe.

L’intégration des valeurs occidentales ne rencontre plus d’obstacle majeur, les peuples ayant eu le temps de méditer  tout au long d’un parcours erratique sur les différents systèmes: autocraties féodales, terrorisme islamiste, exploitation impérialiste et néo-coloniale…. A l’origine de la « dépatriarcalisation » des pays, la jeunesse, qui a les yeux rivés sur les écrans d’ordinateur ou sur l’autre rive de la Méditerranée,  est le trait d’union entre les civilisations. L’efficacité de la stratégie mise en oeuvre par les peuples donne la mesure de leur développement culturel: il devient  peu ou prou normal de parler de la place des femmes dans cette mobilisation ou du statut de la langue berbère, entre autres catégories jusque là minorées. L’une des leçons de l’histoire  semble être qu’assumer son indépendance à l’égard des puissances dominantes nécessite de résorber certaines contradictions ou limites internes qui la fragilisent.

L’éloge est unanime, fait rare en politique et d’autant plus étonnant que la représentation du monde arabe était notoirement négative. A la chape de plomb constituée par la somme des régimes patriarcaux, s’ajoutait la barrière des stéréotypes ethnistes qui ne permettait pas d’apprécier de l’extérieur la maturation du processus en cours. Concernant son envergure, la comparaison faite par certains observateurs avec la chute du mur de Berlin est pertinente à cette  réserve près: les peuples de l’Est ont adhéré aux valeurs libérales et occidentales sans qu’un bilan approfondi des acquis sociaux et culturels de l’économie planifiée n’ait été effectué, en matière de services publics, de citoyenneté, de culture…. Cette absence de reconnaissance et de réinvestissement de l’expérience sociétale vécue à l’Est du mur de fer est l’une des raisons du raz de marée idéologique du néo-libéralisme, version « choc des civilisations » dans la période qui a suivi.

Sur quelles dynamiques  interculturelles faut-il compter pour une transformation de l’essai arabe?  Sans doute les Tunisiens qui scandaient le slogan « Ben Ali dégage! » ont-ils pris exemple sur les manifestants français qui ont battu le pavé pendant des mois pour sauver le régime des retraites.  La reconnaissance présidentielle des erreurs de la diplomatie française  est un signe encourageant dans la voie de l’abolition du néocolonialisme. La radicalité plutôt joyeuse de cette actualité incite d’une manière générale  à revisiter les fondamentaux républicains, sur lesquels s’est inscrite la parenthèse autoritaire française.

 

        II- Entre idéologies et cultures, quel dialogue en France?

Héritées de la philosophie des Lumières, laïcité, trilogie des valeurs républicaines et citoyenneté individuelle sont les piliers de l’édifice républicain. Sur cette base,  se sont greffées des idéologies progressistes, telles le marxisme et le freudisme, élaborés à partir de paradigmes inspirés par leur époque: la lutte pour l’avènement du socialisme, la libération sexuelle….Après un siècle d’usages souvent féconds, ces humanismes  ont montré leurs limites, en tant que constructions abstraites et  forcément incomplètes. L’écologie correspond à une aspiration grandissante à un meilleur respect de l’environnement, pour résorber des dangers devenus planétaires. L’intervention des peuples du Sud sur la scène mondiale contribue à redonner aux patrimoines  religieux et culturels leur force d’influence. L’on a affaire dans ce cas à des systèmes de représentation fondés sur des valeurs de transcendance (dans le cas des spiritualités) ou sur l’expérience d’un vécu social, dans une langue déterminée ou en fonction de symboliques propres (dans le cas des cultures).
De même que, sur le modèle turc par exemple, le monde arabo-berbéro-musulman semble s’orienter vers la laïcisation de son patrimoine religieux et son adaptation à un Etat démocratique, de même, dans un processus inversé, la citoyenneté française, multiculturelle de par l’apport de ses régions historiques et ultramarines ainsi que de ses populations immigrées, a-t-elle intérêt à privilégier une laïcité ouverte ainsi qu’une réflexion interculturelle en forme. Témoigne des insuffisances actuelles l’appauvrissement du lexique sociologique de base: combien de concepts se référant à des réalités collectives sont désormais tombés en désuétude (nation, peuple français) ou sont utilisés avec circonspection (République) ou dans un sens négatif, pour décrire les maux auxquels les réalités correspondantes sont censées donner lieu: communisme, socialisme, communautés, cultures (de genre), religions, identités, langues régionales, francophonie....Les pouvoirs publics ont beau jeu de supprimer dans ces conditions la notion de « classes sociales » dans les nouveaux programmes de SES en lycée et d’introduire l’anglais dès la maternelle, pour satisfaire les desiderata des marchés. C’est dans ce  contexte que prolifère une sous-culture atlantiste dite people à l’encontre de laquelle bien peu de forces mobilisées et d’outils d’analyse existent.

Dans ces conditions,  la citoyenneté à la française court le risque de se réduire souvent à  un individualisme atomisé, relativiste ou potentiellement  destructeur de liens sociaux, familiaux, conjugaux. Le problème n’est pas tant pour nos générations qui ont été façonnées par une vision collective du monde, de type interclassiste ou corporative par exemple, que pour la jeunesse, à qui ces repères militants ne sont plus trop transmis. Si le débat sur l’identité nationale et ses relations « problématiques » à l’Islam  s’adresse à l’électorat traditionaliste ou extrémiste, la transition autoritaire se manifeste dans le même temps par la montée en puissance d’une technocratie étatico-administrative, qui s’impose en lieu et place de pratiques de dialogue socio-professionnel.  Ce courant gestionnaire mécaniste s’inscrit dans une tendance lourde  à  des fonctionnements formalistes, de type logico-mathématique, développés du fait de la suprématie des sciences et techniques, de l’économie et du droit. La conjugaison de ces phénomènes -technocratie d’Etat, technoscience, individualisme atomisé à la base…-  entraîne le décrochage progressif de l’Education nationale, en charge de la transmission des valeurs républicaines. L’omniprésidence sarkozyenne (l’Etat c’est moi) diffusant de son côté  une conception exclusive  et unilatérale  de la gestion des affaires de la cité et la crise de la diplomatie le décalage croissant à l’égard d’autres modes d’être au monde plus équilibrés.

Ainsi, au pays du self made man, la chute de l’administration Bush et les acquis de l’ère Obama manifestent la réussite, dans le contexte qui est le sien,  du modèle multiculturel nord-américain. En France même, depuis les élections régionales de 2004, un contrepoids conséquent à un pouvoir exécutif excessivement centralisé et individualiste est assuré à l’échelle des territoires: régions, mairies, cantons…sont majoritairement dans l’opposition à la « transition autoritaire ». Sur ces bases, le basculement du Sénat, à l’occasion des élections cantonales de  2011, serait un fait historique à mettre au compte d’une recomposition en profondeur des forces vives du pays. La parité homme-femme est aussi à l’actif de la France qui a su innover dans le domaine des relations entre genres et sortir, ce faisant, d’un universalisme trop abstrait et dans les faits phallocrate.

Entre autres à l’occasion du contre G8 de l’éducation et de la recherche (Dijon, mai 2011) , la menace d’imposition linguistique du globish  pourrait faire l’objet d’une opposition ferme et d’un débat altermondialiste nécessaire, concernant les enjeux linguistico-culturels. Pour exemple, quel avenir pour une francophonie qui ne soit plus celle des officines françafricaines ou technocratiques mondialisées mais qui soit un espace de création et de jeu des peuples et de leurs langues-cultures? D’une manière générale, l’empirisme intersubjectif développé par la société des médias et sur lequel table le néo-libéralisme pour proliférer nécessite d’être pondéré: c’est le rôle, entre autres sciences sociales, de l’anthropologie culturelle, au service du dialogue des cultures et d’un autre monde possible.

 

 Martine Boudet



[1]-Ghannouchi et M. Alliot-Marie

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N°175 – Amis wallons…

Jan 17, 2011

Je ne connais pas toutes les finesses historiques de la mécanique qui vous mène dans la situation présente, en Belgique. Vu d’ici, une fédération semblait pour la Belgique une solution raisonnable, susceptible de permettre à chacun de se sentir respecté et de vivre son autonomie. Mais il semble que cela ne soit pas le cas. J’avoue ne pas comprendre…

Certes, la Belgique n’est pas un « vieux » pays de ce vieux continent, mais toutes les régions de cette zone de l’Europe ont été, jusqu’au XXème siècle, en perpétuelle mouvance. Et la Belgique avait le bonheur de nous dire qu’il n’est pas fatal, pour une petite région, de  tomber sous la coupe d’un grand État voisin.

Ce qui nous donne le vertige, c’est de savoir qu’une partie d’entre vous voudrait votre rattachement à la France. Faut-il que vous soyez déprimés pour être à ce point suicidaires ? Savez-vous ce qu’est un département ou une région française ? Politiquement : rien, ou presque. Souhaitez-vous, sincèrement, être le 91ème faire-valoir du nombril parisien, de ses princes, de son microcosme  intellectuellement despotique ? Êtes-vous désespérés au point de vouloir disparaître dans l’ogre républicain (à la française) ?

Nous imaginons mal le Luxembourg demander son rattachement à qui que ce soit, ou les Jurassiens suisses se départementaliser. Quelles que soient les difficultés, l’Europe ne nous offre-t-elle pas d’autres perspectives ? Je n’ai pas de leçon à vous donner, mais à vous dire seulement que nous autres, autonomistes, cherchons depuis fort longtemps la pierre philosophale pour tenter d’exister dans ce putain d’État.

Vous qui l’avez entre les mains, ne la jetez pas aux orties !

J. Pince

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N°175 – La démocratie internationale, un enjeu de civilisation

Jan 17, 2011

Marchés financiers,maîtres du jeu

La dictature des marchés financiers continue son oeuvre macabre à l’échelle de nombreux pays européens, manifestant ainsi le  caractère i llusoire de la protection opérée par l’Union: après la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne sont dans le collimateur… En  cette période de cr ise systémique, l’exacerbat io n des lut tes d’ in térêt entre le s classes de même qu’entre les peuples se polarise au sommet des États. Dans la transition autoritaire que nous vivons,les droits démocratiques et la souveraineté des États sont ainsi  régulièrement bafoués.

En témoigne en France le vote de la l oi sur les ret raites, en dépit d’une opposition populai re sans précédent. Cela suite à un dispositif impressionn an t de con tre- ré fo rmes dans de nombreux domaines de la vi e soc ialedont l’Université, l’Éducation nationale, la justice, la santé… Par ailleurs, la xén ophobi e d’État et le s affai re s po li ti co -f inanc iè re s, si cont estée s durant l’été 2010, bénéficient d’une banalisation inquiétante. Le ministre  de l’Intérieur, qui est l’objet de plaintes au pénal pour racisme ou autoritarisme, et dont certaines aboutissent, continue à sévir, sans que sa démission ne soit débattue.

Récemment, en Italie, Berlusconi s’est maintenu au pouvoir, e n achetant vraisemblablement les quelques voix qui ont manqué pour sa destitution à l’Assemblée.

Coup d’État en Côte-d’Ivoire

Il est attesté que la Côte d’Ivoire subit a contrario une tentative de coup d’État international(1), camouflée par un matraquage médiatique et institutionnel sans précédent dans la dernière p é r i o d e . De concert avec l’administration américaine, l’Élysée, par des manoeuvres à l’ONU, voudrait imposer le candidat qu i répon d le mi eux aux attentes occidentales. Cela en dépit derésul tats é lec toraux pour le moin s incertains: « L’as soc iation Survie rappell e que la France porte une grande responsabilité dans la crise qui secoue la Côte d’Ivoire depuis 8 ans. Malgré ce que prétendent l’ONU et les puissances occidentales, les conditions n’é taient pas réunie s pour éviter une large fraude, particulèrement au Nord du pays (…). La seul e i ssue sembl e désormai s l’apais ement entre les deux camps (…). La Franc e doit procéder au retrait de son opération mil itair e au profi t de troupes intern atio nale s so us commandemen t
onusien.. » (2)
L’on retrouve dans le drame ivoirien les ingrédients classiques du processus de bouc-émissairisation dont parle l’anthropologue René Girard (3) : dans un contexte de c ri se, l’un ité social e se reconstruit en négatif par des processus de régression mimétique, sur la base du sac rifi ce d’une victime émissaire qui concentre et cristallise la somme des rancoeurs et frustrations accumulées . D’une manière  générale, l’oligarchie a toujours joué du consensus tacite établi entre les pouvoirs publics et les opinions, quant au traitement de ce  tiers exclu des arènes internationales qu’est le continent africain.

Résultante de la fin de la guer re froide, après la chute du mur de Berlin, l e génocide rwandais a été perpétré dans l’indifférence  générale, deux mois durant; c’est avec des larmes de crocodile que Sarkozy a, pour des rai sons diplomatiques, formulé quelques    regrets au nom de la France en février  2010. Au Congo-Kinshasa Autre exempl e par lant: Laurent Désiré Kabila, nommé président du Congo Kinshasa suite à la destitution de Mobutu, fut menacé d’emprisonnement à l’oc casion du sommet francoafricain de Paris, pendant que les dictateursrestaient tapis dans l’ombre de  l’Élysée. Son assassinat peu de temps après est sans doute la conséquence,  direc te ou indirecte, de l’acharnement  dont il a été l’objet de la part des instit uti ons et médias oc cident au x. En Haïti, le président

Aristide, légitimement élu, a été débarqué manu militari par les troupes f rançai ses et amér icaines, sa demande de restitution de la dette de l’île par la France esclavagiste étant tombée dans un impérial oubli. Dans ce contexte, l’amalgame réducteur voire l’inversion  des rôles et des valeurs ont force de loi. En l ‘absence d’un discours alternatif audible de la part des mouvements progressistes, les dictateurs patentés et ouvertement compradores sont confondus avec les leaders nationalistes, dont le caractère autocratique et la  diff iculté à entreprendre sont souvent déterminés par des rappor ts de force internationaux draconiens, qui sévissent entre autres au travers des guer res civiles. Autre effet d’engrenage, les erreurs et fautes commi ses sont autant de prétextes invoqués pour ne pas  s’engager dans le débat, ce qui déresponsabilise de facto la France et la sphère occidentale de leurs propres passifs, d’une dimension
souvent bien supérieure. Pour exemple, l’arbre de l ‘ivoirité ne peut cacher la fo rê t des con cu rren ce s in terimpérialistes, à l’ égard des richesses détenues par les proies africaines.

Les leçons de l’histoire

À l’échelle de l’Afrique francophone, le drame ivoirien doit donc être l’occasion de retenir les leçons de l’histoire récente et de c re ver  les abcès néocoloniaux. Aux côtés de l’al termondialisme et au nom de la défense des cultures et de la souveraineté des peuples, le mouvement régionaliste a un rôle impor tant à jouer pour inverser cette tendance irresponsable et destructrice et promouvoir les  forces de progrès qui sont à l’oeuvre en Afrique, tant dans les classes politiques que dans les sociétés civil es. Sur cette ori entation, le FSM de Dakar (6-12 février 2011) peut offrir une belle opportunité de retournement éthique et civilisationnel.

Face aux maneuvres de l’oligarchie, il s’avère nécessaire de travailler au contrôle démocratique de la gestion de ses satellites à l’échelle internationale. Quel est le bilan des DSK et Ouattara (4) au FMI, dans la gestion des pays du Sud et de l’UE? Quel est le mandat de  Sarkozy à propos de la Côte  d’Ivoire au Conseil de sécurité, après ses méfai ts au plan national ? L’une des conditions principales de la  sortie de la crise démocratique en France estle combat à l’encontre du néo-colonialisme, courroie de transmission au Nord comme au Sud du néo-libéralisme autoritaire. L’affaire Wikileaks révèle qu’avec l’aide des médias alternati fs, l’opinion aspire d’une manière  générale à une plus grande transparence dans la gestion des affaires de ce monde. La nécessité d’une citoyenneté active

En échange, c’est à une citoyenneté active et pas seulement délégataire que nou s sommes convi és les uns et l es autres : interpellons nos élus pour que cela change, pour la réforme ef fec tive des relations Sud-Nord :

– retrait des troupes françaises de Côte d’Ivoire

– transparence médiatique des débat et mandats des membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Démocratisation des instances onusiennes.

– réorganisation par l’ONU d’élections ivoiriennes transparentes et acceptées de tous

– remboursement de la dette haïtienne par la France.

Martine Boudet

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N°175 – Fronton, LGV, occitan…

Jan 17, 2011

Je suis candidat aux cantonales avec Susana Canal comme suppléante sur le canton de Fronton, qui est le plus étendu de Haute-Garonne, avec seize communes et 41 120 habitants. La plupart sont rurales, situées au nord-ouest de Toulouse, non loin de la métropole régionale. Leur population, très inégale, var ie de 418 habi tants pour la plus petite, à 5500 habitants pour la plus peuplée.

Le Frontonnais

Le Frontonnais est un ter roir de vignobles plantés par les Romains. Au Moyen-Âge, ils appartenaient à l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem qui possédait une commanderie à Fronton. La renommée de ces vins issus d’un très ancien cépage, « lo negret », atteint son
apogée au XVII Ie si èc le qu an d i l s seront exportés vers l’Europe entière via Bordeaux. Autant dire que jusqu’au siècle dernier la vigne était totalement intégrée dans le paysage et dans la culture occitane de ce terroir.

Ma famill e maternel le implantée depuis des siècles à Villaudric, où l’on fai sait l’un des meil leurs vins de ce pays, était toute occupée par les activités de la vigne et des métiers afférents : chez eux on était d’ailleurs tonnelier de père en f il s e t/ou vigneron. Quan d j’étais enfant, j’adorais participer aux vendanges chez mon grand-père, l es pieds nus sur un sol blanchâtre et doux comme de la far ine :  c’était la fête et l’on n’entendait parler que l’occitan…

Aujourd’hui, l ‘activité économique ne se limite plus à la monoculture de la vigne. Le canton de Fronton compte 1045 établissements  immatriculés au registre du commer ce et au répertoire des métiers, soit un tiers des 3266 que comptent les six cantons du nord toulousain. Avec une concentration des activi tés économiques du canton sur l ‘Euro-centre de Castelnau-d’Estrètefonds, une plate-forme multi-modale de transport et logistique sur 300 hectares avec 125 entreprises employant 3000 salariés, située proche de  l’autoroute et de la Nationale Montauban-Toulouse,de la voie ferrée et du canal latéral.

LGV ?

Mais le problème récur rent qui agite violemment aujourd’hui le microcosme du Frontonnais, c ‘est le choix ‘un tracé pour l ‘éventuel   le LGV Bordeaux-Toulouse. Le 27 janvier, nous étions à Saint-Jory devant une salle comble, invités pour un débat sur ce sujet. Si dans un premier temps les différents points de vue ont pu s’exprimer à la tribune, il n’en fut pas de même ensuite dans la salle, où nous avons assisté à un pugilat verbal digne de Peppone et Don Camillo, tous les protagonistes é tant cur ieusement d’accord sur la LGV… à  condition qu’on choisi sse le tracé passant chez le voisin ! Pourtant, nous avions exposé c lairement notre position fort argumentée par  la voix de François Simon, vice-président du Conseil Régional : NON à la LGV, OUI au TGV« pendulaire » sur le s voie s existantes  réaménagées

La différence du temps de parcours entre les deux possibilités n’étant que d’un quart d’heure environ. Cette intervention très applaudie fut d’ailleurs la seule à ne pas avoir été perturbée… Dans not re argumen taire, nou s insistons sur le coût de cette LGV pour la  collectivité et les habitants (humain, matér i el , environ nement al ) e t sur l’escroquerie qu’elle sous-entend : 71% des travaux payés  par les collectivités publiques, 29% seulement par l’investisseu r pr ivé qui béné fi c ie d’une concession de 50 ans pour l’exploitation de la LGV avec les droits de péage imposés aux trains qui l’emprunteront…

Et pendant ce temps les lignes transversales locales seront délaissées et les gares fermées faute de moyens, comme on le voit déjà dans le Lot. Or qui est concerné par l e TGV, sinon 5% seulement de la population ? Qui paiera, sinon l es 95% de la population non concernée par cette nouvelle ligne !

De plus, nous fai sons valoir quel ‘activité économique et culturelle de Toulouse est tournée de plus en plus vers le sud des Pyrénées,  vers Barcelone et la Catalogne notamment : il convient donc d’aménager les voies existantes pour un TGV entre Toulouse et Narbonne  pour rallier ensuite le sud des Pyrénées, ce qui pour nous est plus import ant que de conforter le centralisme parisien.

Enf in les positions for t ambigües des élus du PS qui tiennent presque toutes les munic ipal ités, celle de la députée PS du secteur, du  Président PS du Conseil Général et du Président PS du Conseil Régional ne sont pas faites pour c larif ier la situation : tous unis pour  défendre la LGV vers Paris « sur l’itinérai re qui détruira le moins de maisons ! »…

Nous comptons dé velopper , bien entendu, les autres problématiques de l’actualité comme les conséquences de la réforme territoriale sur les col lectivités, le rééquilibrage entre les zones rurales et la mégapole de Toulouse qui concentre l’essentiel de l’activité économique du département…

Et l’occitan dans tout ça ?

Aucun des candidats concurrents ne s’en soucie, ce qui n’est pas nouveau. Quant à nous, nous insi stons sur les points suivants :

– Répondre enfin à la demande parentale en signant une convent ion Rectorat-Département pour scolariser chaque année 1% de plus  d’élèves de pr imai re en enseignement bi lingue (éducation nationale ou Calandreta) et donc assurer la continuité pédagogique
sur l es coll èges du dépar tement (Le dé par teme nt du Tarn a signé une convention similaire en 2010).

– Parvenir rapidement à un budget de 3 euros par an et par habitant pour la politique linguistique et culturelle occitane, garante d’une large ouverture sur l’ensemble de la latinité.

– Intégrer le bilinguisme dans l’action sociale et sanitaire, notamment dans la petite enfance (crèche) où l’ouver ture linguistique est un enjeu du développement.

– Poser la question du bilinguisme dans d’autres pol itiques du dépar tement (économie, agro-alimentaire, tourisme,tran spo rt , signalét ique rou tiè re ), accompagner et former le personnel des conseils généraux sur le sujet

– Participer à la création d’un réseau deradio publique bilingue

Georges Labouysse

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N°174 – Libertés communales

Jan 17, 2011

La Republica de Tolosa, 822 annadas de libertats comunalas e de resisténcia au centralisme
Le 6 janvier 2011, le Partit Occitan Pais Tolosan a une nouvelle fois appelé l es toulousain(e)s et l’ ensemble des Occitans à se souvenir de la première révolution occitane, celle du peuple de Toulouse face au comte Raymond V. En effet, en ce 6 janvier 1189, le peuple de Toulouse se rassemble devant Saint-Pierre des Cuisines pour exiger du comte Raymond V qu’il se dessaisisse de ses pouvoirs au bénéfice des Consuls qui vont former la première municipalité. 600 ans avant Paris, Toulouse fait alors sa Révolution bourgeoise et devient une République. Les consuls, également appelés « capitouls » fondent alors la « maison commune » à l’emplacement actuel du Capitole.

Les lois promulguées à Toulouse sont en avance sur leur temps : « Les étrangers devenaient habitants et citoyens de Toulouse […] par le seul fait qu’ils entraient dans la ville ». Juifs et musulmans jouissent de tous les droits du citoyen et peuvent accéder à des fonctions importantes. Huit siècles plus tard, le « grand » débat sur l’identité nationale, marronnier pol itique de nos gouvernants à la veille de toute échéance électorale majeure, ne conçoit plus ces libertés essentielles, preuve du retour en ar rière idéol ogique du nationalisme français.

La commune reste l’échelon de proximité des citoyens et le socle de toute démocratie. Les collec tivités territor iales souffrent du centralisme de l’État français qui dicte les réformes territoriales à venir et qui enlève toute autonomie fiscale. À l’opposé d’une recentralisation voulue par le gouvernement, c’est davantage d’autonomie qui est demandée pour un fonctionnement plus efficace de nos institutions et un nouveau rapport entre les citoyens et ceux à qui il délègue temporairement le pouvoir. Quelle magnifique preuve que le besoin de liberté et de démocratie locale traverse les siècles et est plus que jamais d’actualité…

La colère de 1189, en parallèle avec la révolution de 1789, fait la démonstration du besoin de s’indigner face à des gouvernants qui viennent d’adopter ou laisser adopter une réforme territoriale inique et centraliste.

Guilhem Latrubesse

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N°174 – Vers la recomposition républicaine

Nov 22, 2010

                               

Le vote de la loi sur les retraites en dépit d’une opposition populaire sans précédent n’y changera rien : la décomposition du régime poursuit son cours inexorablement. Pour preuve, le feuilleton tragi-comique des querelles de succession à la tête du gouvernement, la pléthore des malversations qui continue de s’égrener. Ainsi, E. Woerth ministre du Travail a réussi à faire passer sa réforme sans avoir à rendre compte des accusations dont il est l’objet dans l’affaire Bettencourt. L’Elysée est talonné par les médias qui portent plainte à l’encontre de délits d’espionnage, son locataire par le juge qui enquête sur les responsabilités de l’équipe de campagne du candidat Balladur dans l’attentat de Karachi. Il est bien vrai que son prédécesseur s’en tire quant à lui à bon compte, dans l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris.  Avec la tentative d’OPA menée par le trio Sarkozy sur le système de santé, on peut légitimement nourrir des inquiétudes sur son avenir. En conclusion, l’Etat social et l’Etat de droit se fissurent à grande vitesse sous les coups d’une oligarchie qui cherche à privatiser la chose publique en toute impunité[1].

L’échec ponctuel de la mobilisation sur le dossier des retraites fait suite à d’autres, dont celle du monde universitaire et enseignant face au dispositif des réformes dans ce secteur.  Il importe donc d’envisager la suite sous un angle plus global, celui de la défense des droits démocratiques. Pour exemple, en Italie, le berlusconisme est progressivement lâché par ses alliés catholiques et de droite et l’on parle de recourir à des élections anticipées. Le néo-libéralisme autoritaire apparaît dans ces deux cas comme l’hégémonie d’une caste parasite, qui  exploite sans vergogne les mécanismes et les effets de la crise systémique sur les peuples.

La recomposition républicaine en gestation ne pourra pas faire l’économie d’un examen de conscience sur les limites et lacunes qu’ont récupérées les équipes dirigeantes, au cours des dernières mandatures. La démocratie directe et authentiquement participative et agissante fait heureusement partie des nouveaux concepts opératoires. A l’heure des réseaux de citoyens en ligne et des médias alternatifs, il n’est plus possible de déléguer aveuglément ses pouvoirs à des élus en soi faillibles, le contrôle de la gestion des affaires publiques s’impose comme l’a montré l’interpellation faite aux parlementaires sur leurs régimes spécifiques de retraites, indûment privilégiés.

La démocratisation des rouages de la Fonction publique et le refus des corporatismes,  singulièrement dans l’Education nationale, apparaissent comme un autre impératif de citoyenneté. La facilité de la mise en place du dispositif des contre-réformes s’explique à la fois par l’existence d’une hiérarchie à la botte de l’exécutif et par l’immobilisme de corporations qui sont certes dans l’opposition syndicale mais qui se suffisent au demeurant d’un statut d’exécutant de leur application. Seule actuellement, une minorité de professeurs en désobéissance préconise des pistes alternatives de remédiation aux problèmes sociétaux que doit gérer le système d’éducation.

Au-delà, le sarkozysme ne fait qu’achever une tendance dominante au refus de la multiculturalité pourtant de fait dans le pays, fruit de l’histoire des régions et des anciennes colonies ; en témoigne le caractère étrangement monocolore des manifestations de rue, tenues à l’écart des communautés d’immigrés dont les modes d’expression juvéniles sont souvent limités à la violence protestataire. Alors que les USA ont mis au pouvoir un métis héritier des combats pour les droits civiques des minorités ethniques, le pouvoir français continue d’exploiter la vieille ficelle de l’étranger bouc-émissaire. Entre autres observateurs étrangers du déclin paroxystique des institutions de la 5e république, Achille Mbembe apporte un regard intéressant sur le risque de provincialisation du pays :

« Pourquoi, en ce siècle dit de l’unification du monde sous l’emprise de la globalisation des marchés financiers, des flux culturels et du brassage des populations, le France s’obstine-t-elle à ne pas penser de manière critique la postcolonie, c’est-à-dire, en dernière analyse, l’histoire de sa présence au monde et l’histoire de la présence du monde en son sein aussi bien avant, pendant, qu’après l’Empire ? Quelles sont les conséquences politiques, intellectuelles et culturelles de cette crispation et que nous dit-elle au sujet des limites du modèle républicain et de sa prétention à symboliser une manière d’universalisme ? Quelles sont les conditions intellectuelles qui pourraient faire en sorte que le vieil universalisme abstrait à la française fasse place à cette alternative que l’on n’a cessé de refouler : celle d’une nation véritablement cosmopolite, capable de poser en des termes inédits et pour le compte du monde dans son ensemble la question de la démocratie à venir ? » [2]
Poser cette problématique permet d’apporter des éléments de réponse qui tombent en fait sous le sens. Le peuple, de gauche comme de droite, doit faire un travail de deuil narcissique à l’égard de la puissance passée, patriarcale et néo-coloniale. A défaut de quoi le maintien anachronique de stratégies ego-ethnocentrées conduit désormais à des pertes significatives en matière d’acquis civilisationnels. N’en déplaise aux thuriféraires d’une identité nationale figée, est bien réelle la régression de la langue française dans ses statuts à la fois scientifique, culturel, littéraire, communicationnel, scolaire…D’une manière générale, les humanités et les sciences humaines et sociales sont rapidement laminées, du fait de l’instrumentalisation abusive par l’appareil d’Etat des sciences, techniques et de l’ économie, du fait de l’insuffisance également du recours à la seule laïcité, comme remède à tous les maux. La promotion d’une francophonie des régions, des peuples et de progrès est l’un des recours stratégiques, sur lequel reconstruire des appartenances linguistico-culturelles et des humanités plurielles et en phase avec la mondialisation. A rebours des démarches d’ « assimilation » et d’ « intégration » d’individus isolés et déculturés, en souffrance citoyenne de ce fait, il s’agit de dialoguer avec les peuples et les diasporas et de prendre en compte l’expression et la représentation médiatisées des minorités culturelles et des phénomènes inter-subjectifs engendrés de ce fait.

      « Entreprise d’expression, capacité de se donner une voix et un visage, la démocratie est, fondamentalement, une pratique de la représentation –une prise de distance par rapport à autrui aux fins d’imagination de soi, d’expression de soi et de partage, dans l’espace public, de cette imagination et des formes que prend cette expression. De ce point de vue, l’on peut difficilement prétendre que l’idéal français d’humanité civique s’est accompli alors même qu’une partie de ses citoyens sont littéralement exclus de la part d’estime publique que nous dispensons quotidiennement (…) La reconnaissance des différences n’est guère incompatible avec le principe d’une société démocratique. Une telle reconnaissance ne signifie pas non plus que la société fonctionne désormais sans idées et croyances communes. En fait, cette reconnaissance constitue un préalable à ce que ces idées et ces croyances soient véritablement partagées. » [3]

Pour conclure, Il s’avère important de relayer la mobilisation sociale par la politisation des enjeux éco-culturels, sur le modèle guadeloupéen du Lyannaj. Deux enjeux de démocratie interculturelle se dessinent ainsi : celui de la construction de sociétés créoles au Sud, cosmopolites au Nord.

Martine Boudet


[1]           Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, Le président des riches (La Découverte, 2010)

[2]           Achille Mbembe, Sortir de la grande nuit (essai sur l’Afrique décolonisée), p. 93,  La Découverte, 2010.

[3]           Achille Mbembe, Sortir de la grande nuit (essai sur l’Afrique décolonisée), p. 115-117,  La Découverte, 2010.

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N°174 – Vers la recomposition républicaine

Nov 17, 2010

Le vote de la loi sur les retraites en dépit d’une opposition populaire sans précédent n’y changera rien : la décomposition du régime poursuit son cours inexorablement.

Pour preuve, le feuilleton tragi-comique des querelles de succession à la tête du gouvernement, la pléthore des malversations qui continuent de s’égrener. Ainsi, E. Woerth ministre du Travail a réussi à faire passer sa réforme sans avoir à rendre compte des
accusations dont il est l’objet dans l’affaire Bettencourt. L’Élysée est talonné par les médias qui portent plainte à l’encontre de délits d’espionnage, son locataire par le juge qui enquête sur les responsabilités del’équipe de campagne du candidat Balladur dans l’attentat
de Karachi. Il est bien vrai que son prédécesseur s’en tire quant à lui à bon compte, dans l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris.

Avec la tentative d’OPA menée par le trio Sarkozy sur le système desanté, on peut légitimement nourrir des inquiétudes sur son avenir. En conclusion, l’État social et l’État de droit se fissurent à grande vitesse sous les coups d’une oligarchie qui cherche à privatiser la chose publique en  toute impunité . L’échec ponctuel de la mobilisation sur le dossier des retraites fait suite à d’autres, dont celle du monde universitaire et enseignant face au dispositif des réformes dans ce secteur. Il importe donc d’envisager la suite sous un angle plus global, celui de la défense des droits démocratiques. Pour exemple, en Italie, le berlusconisme est progressivement lâché par ses alliés catholiques et de droite et l’on parle de recourir à des  élections anticipées. Le néo-libéralisme autoritaire apparaît dans ces deux cas comme l’hégémonie d’une caste parasite, qui exploite sans vergogne les mécanismes et les effets de la crise systémique sur les peuples.
La recompos it ion républicaine en gestat ion ne pourra pas faire l’économie d’un examen de conscience sur les limites et lacunes qu’ont récupérées les équipes dirigeantes, au cours des dernières mandatures. La démocratie directe et authentiquement participative et agissante fait heureusement partie des nouveaux  concepts opératoires. À l’heure des réseaux de citoyens en ligne et des médias alternatifs, il n’est plus possible de déléguer aveuglément ses pouvoirs à des élus en soi faillibles, le contrôle de la gestion des affaires publiques s’impose comme l’a montré l’interpellation faite aux parlementaires sur leurs régimes spécifiques de retraites, indûment privilégiés.

La démocrat isat ion des rouages de la Fonction publique et le refus des corporatismes, singulièrement dans l’Éducation nat ionale, apparaissent comme un autre impératif de citoyenneté. La facilité de la mise en place du dispositif des contre-réformes s’explique à la fois par l’existence d’une hiérarchie à la botte de l’exécutif et par l’immobilisme de corporations qui sont certes dans l’opposition syndicale mais qui se suffisent au demeurant d’un statut d’exécutant de leur application. Seule actuellement, une minorité de professeurs en désobéissance préconise des pistes alternatives de remédiation aux problèmes sociétaux que doit
gérer le système d’éducation.

Au-delà, le sarkozysme ne fait qu’achever une tendance dominante au refus de la multiculturalité  pourtant de fait dans le pays, fruit de l’histoire des régions et des anciennes colonies ; en témoigne le caractère étrangement monocolore des manifestations de rue, tenues à l’écart des communautés d’immigrés dont les modes d’expression juvéniles sont souvent limités à la violence protestataire. Alors que les USA ont mis au pouvoir un métis héritier des combats pour les droits civiques des minorités ethniques, le pouvoirfrançais continue d’exploiter la vieille ficelle de l’étranger bouc-émissaire. Entre autres observateurs étrangers du déclin paroxystique des institutions de la 5e république, Achille Mbembe apporte un regard intéressant sur le risque de provincialisation du pays :

« Pourquoi, en ce siècle dit de l’unification du monde sous l’emprise de la globalisation des marchés financiers, des flux culturels et du brassage des populations, le France s’obstine-t-elle à ne pas penser de manière critique la postcolonie, c’est-à-dire, en dernière analyse, l’histoire de sa présence au monde et l’histoire de la présence du monde en son sein aussi bien avant, pendant, qu’après l’Empire ? Quelles sont les conséquences politiques, intellectuelles et culturelles de cette crispation et que nous dit-elle au sujet des limites du modèle républicain et de sa prétention à symboliser une manière d’universalisme ? Quelles sont les conditions intellectuelles qui pourraient faire en sorte que le vieil universalisme abstrait à la française fasse place à cette alternative que l’on n’a cessé de refouler : celle d’une nation véritablement cosmopolite, capable de poser en des termes inédits et pour le compte du monde dans son ensemble la question de la démocratie à venir ? »
Poser cette problématique permet d’apporter des éléments de réponse qui tombent en fait sous le sens. Le peuple, de gauche comme de droite, doit faire un travail de deuil narcissique à l’égard de la puissance passée, patriarcale et néo-coloniale. À défaut de quoi le ma int ien ana chronique de str atégies ego-ethnocentrées conduit désormais à des pertes significatives en matière d’acquis  civilisationnels. N’en déplaise aux thuriféraires d’une identité nationale figée, est bien réelle la régression de la langue française dans  ses statuts à la fois scientifique, culturel, littéraire, communica tionnel, s colaire. ..

D’une manière générale, les humanités et les sciences humaines et sociales sont rapidement laminées, du fait de l’instrumentalisation  abusive par l’appareil d’État des sciences,  techniques et de l’ économie, du fait de l’insuffisance également du recours à la seule laïcité, comme remède à tous les  maux.

La  promotion d’une francophonie des régions, des peuples et de progrès est l’un des recours stratégiques, sur lequel reconstruire des  appartenances linguistico-culturelles et des humanités plurielles et en phase avec la mondialisation. À rebours des démarches
d’« assimilation » et d’« intégration » d’individus isolés et déculturés, en souffrance citoyenne de ce fait, il s’agit de dialoguer avec les peuples et les diasporas et  de prendre en compte l’expression et la représentationmédiatisées des minorités culturelles et des phénomènes inter-subjectifs engendrés de ce fait.
« Entreprise d’expression, capacité de se donner une voix et un visage, la démocratie est, fondamentalement, une pratique de la représentation — une prise de distance par rapport à autrui aux fins d’imagination de soi, d’expression de soi et de partage, dans
l’espace public, de cette imagination et des formes que prend cette expression. De ce point de vue, l’on peutdifficilement prétendre que l’idéal français d’humanité civique s’est accompli alors même qu’une partie de ses citoyens sont littéralement exclus de la part d’estime
publique que nous dispensons quotidiennement (…) La reconnaissance des différences n’est guère incompatible avec le principe d’une société démocratique. Une telle reconnaissance ne signifie pas non plus que la société fonctionne désormais sans idées et croyances communes. En fait, cette reconnaissance constitue un préalable à ce que ces idées et ces croyances soient véritablement partagées. »

Pour conclure, Il s’avère important de relayer la mobilisation sociale par la politisation des enjeux écoculturels, sur le modèle guadeloupéen du Lyannaj . Deux enjeux de démocratie interculturelle se dessinent ainsi : celui de la construction de sociétés créoles au Sud, cosmopolites au Nord. La tradition occitane du  paratge peut trouver là matière à un précieux réinvestissement.

Martine Boudet

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N°174 – L’après-pétrole : pour une transition occitane

Nov 17, 2010

L’échec du « progrès » à l’occidentale remet en question tous les credos du 20ème siècle : l’utilisation intensive des ressources pour notre bien-être matériel, la massification de la production pour une consommation à la portée de tous, le gigantisme des réseaux énergétiques, des exploitations agricoles, ou des installations industrielles pour un meilleur rendement. Il faut désormais penser petit, local, économe, recyclable.

C’est ce que les gens faisaient avant les « révolutions » industrielles et agricoles et ce vers quoi la raréfaction des ressources naturelles et leur épuisement nous poussent inéluctablement. Mais la prise en compte de notre environnement ne sera une réponse efficace que si elle s’appuie sur la culture et les savoir-faire des populations autochtones. C’est ainsi qu’elle entraînera leur adhésion et élargira la base de la contestation écologique.

Exemples cubain et anglais

Un pays, Cuba, et une ville, Totnes i llustrent les réponses possibl es déjà données. Après la chute de l’Union soviétique, en 1991, l’économie cubaine, basée sur une agricul ture productiviste du t out pétrole impor tée d’URSS, s’ est effondrée. Comme, de plus, c’était une agr iculture d’expor tati on (agrumes, tabac, sucre), le pays importait 66% de ses denrées alimentaires. Une « période spéciale » très difficile a suivi, la population a perdu 15 kg en moyenne, et une révision complète des priorités s’est opérée. Il fallait d’abord se  nourrir.

On a choisi l’agriculture biologique puisqu’il n’y avait plus de pesticides, la t rac ti on animal e en l’absen ce de carburant, les fertilisants naturels pour remplacer les engrais chimiques. On a favor isé l ‘hor ticulture de pro ximité po ur pall ie r aux transpor ts quasi inexistants. Tous les terrains vacants o nt été di stribués à qui voulait l es cultiver et les jardins ont fleuri partout dans les villes, sur les terrasses d’immeubles, dans l es patios, des containers, des pneus. Les fermes d’État seso nt transfo rmée s en coo pé rative s’alimentant hôpitaux, crèches, écoles et vendant librement le surplus. Par tout des marchés paysans se sont installés au plus près des  consommateurs, des coopératives hor ticoles urbaines, des boutiques de graines et d’outillage avec conseils de spécialistes.
La recherche agronomique de pointe s’est orientée vers le vermicompostage, les bio-pesticides, la protection biologique des sols. Le manque de médicaments  à base de pétrochimie a consacré le retour des plantes médicinales cultivées dans de nombreuses fermes. La
population ne consomme plus que bio et  en retire d’énormes bénéfices: la mortalité infantile est inférieure à celle des USA et l’espérance de vie équivalente.

Les sols sont régénérés, l’eau et l’air plus sains, les déchets recycl és, les transports limités, l’emploi développé. Totnes est une petite ville anglaise du Devon où a démarré en 2006, le mouvement des « Ville s en trans ition ». Son initiateur, Rob Hopkins a réfléchi à
une strat égi e pour l ‘après-pé tro le, après avoir écouté plusieurs conférences sur le pic pétrolier, situé vers 2010 par les géologues.
Comment passer d’une soci été du tout-pétrole — il suffit de regarder la composi tion des objets de notre vie qu otidien ne po ur nou s en ren dre compte — à une so ci été sobre de l’économie et à une utilisation raisonnée des re sso ur ce s l ocal es ? Tout simplement en se réappropr iant l es techniques uti lisées avant le pétrol e, connues des personnes âgées. En les écoutant raconter l eur vie passée et
décrire les différents métiers d’alors, on apprend auprès d’eux, ou ils deviennent formateurs dans des ateliers d’apprentissage installés dans les écoles. On t ro uve ainsi de s so lut ion sjudicieuses car issues d’une connaissancean ci enn e et f ine du mi l ieu environnant. Et on associe toutes les couches de la population à la société detransition, le but étant de diminuer l’uti li sation d’énergi e fossi le par la
communauté mais aussi d’augmenter sa cohésion. Le groupe de convaincus regroupés autour de R. Hopkins sait que les mentalités n’évoluent pas en un tournemain. Il s font des conférences des projections de films, des réunions où chacun prend la parole, des fêtes.

Ils ont ouvert une université de la transition où on vient apprendre les savoirfaire anciens mais aussi les nouveaux : solaire, biomasse, éolien… La nourr itu re est notre premi er besoin, ils créent donc des potagers partout, même à la place de parkings, des jardins par tagés avec des personnes âgées qui ne peuvent plus faire le leur. Ils plantent des arbres utiles plutôt que décoratifs et réapprennent à  entretenir les vergers et conserver les fruits. Ils s’inspirent de Cuba par pragmatisme, sans adhérer au modèle politique. Ils réfléchissent : que peut-on fabr iquer soi-même, qu’est-on obligé d’importer ? Et la réflexion dans les pays anglosaxons est fac ilitée par l’habitude de compter sur l’individu, non sur l’État pour changer les choses. Les transformations se font de la base vers le sommet.

C’est l’inverse en France. L’État protège, prévoit, décide pour la population. C’est du moins ce que croient les gens qui attendent tout de lui et peu d’eux-mêmes et acceptent la contrepartie : un État centralisé jusqu’à la car icature qui a uniformi sé et tenté d’étouffer les cul tures et langues de l ‘h exagone. C’ est pour tant dan s la r ichesse de cette diversité encore vivante malgré des siècles de négation et
d’ oppre ssi on que l’ on trouvera no s réponses.

Agir ici…

En Limousin comme ai ll eu rs, l’habitat est né des matériaux locaux : granit et ardoise à l’est, schiste et tuile  à l’ouest, l’épaisseur des murs servant d ‘ i s o l a t i o n . « Ce modèle n’est pas tombé du ciel (…), c’est ce qu’on peut faire ici, avec l es maté riaux d’ici , pour l es be – soins des gens d’ici, tous les besoins »(1).
L’eau est présente partout, sources, ruisseaux, tourbières, marécages. Les paysans, reprenant les techniques des communautés rel igi euses du Moyen Age, ont mis au point un système ingénieux de canalisation de cette eau par un réseau de rigoles, « las levas », et de
rigoles secondaires, « las levadas ». Elles permettaient l’irrigation des prés, l’évacuation des eaux stagnantes et l’approvisionnement
de petits moulins. Cette i rr igation réchauffait la ter re après l ‘hiver, la fertil isait et ac cél érai t la pousse de l’herbe nécessaire aux troupeaux de brebis et de vaches limousines. Pas de forage pour pomper de plus en plus profond dans les nappes ph ré at iques aprè s avoir drainé ou épuisé et pollué les nappes de surface, pas de technologie lourde émettrice de CO2, pas de main-mise d’un particulier
sur un bien nécessaire à tous. Pourquoi ne pas se réapproprier ces savoir-faire « pour la mise en valeur et la gestion de tourbières et de zones humides » et « une gestion agri cole per tinente et r espectueuse de ces espaces » ? (2) …

Avec la langue

Mais cette appropriation sera un échange d’autant plus riche qu’elle se  fera avec la langue ou dans la langue. »Les langues sont en ef fet e ssentiell es  pour l’identité des groupes et des individus, et pour leur coexistence pacifique. Elles constituent un facteur stratégique pour la progr ession ver s un développement durable et pour une ar ticulation harmonieuse entre le global et le local ».

« Le s langu es , ce son t aus si , …, de s mod es u niqu es de pens é e et d ‘expression »  (3). La langue façonne l’action et la création : « il y a une architecture f rancophone , une cé ramique francophone parce que par la langue, on arrive à une sens ibi lité particuliè re » (un
écrivain sénégalais à la radio) »; « il y a une philosophie anglaise différente de la phi losophi e français e, à caus e de la l a n g u e  » (un éc rivain québécoi s). Non seulement la langue parle du paysage dans les noms de parcelles, de villages,de cours d’eau mais c’est avec elle  que les gens d’un pays inventent des outilspour s’abriter, s’habiller et se nourrir et c’est elle qui nourrit leurs rêves et leur imaginaire.
Une langue n’est pas seulement une suite de mots, c’est l’expression d’une identité, c’est une force créatrice quand on en est f ier , et un boulet quand on l ‘assimile à la honte de soi inculquée par la culture dominante.

Reconnaître la valeur d’un savoir-faire et de la langue qui l’a forgé c’est accepter la diversité  des formes de pensée, participer au génie   collectif d’une communauté et lui rendre ce qu’on lui a volé, l ‘estime d’ el le -même. De nou veaux venus, souvent du nord de  l’hexagone ou de l’Europe, se sont installés en Limousin comme dans d’autres régions occitanes, attirés par une nature plus ou moinspréservée et des vil lages dépeupl és.

Mai s sou ven t, comme les premi ers  Européens en Australie, ils se croient sur une terre vierge de toute cul ture préexistante. Ils forment des communautésexpérimentales, à la recherche de voies nouvelles. Et passent à côté des connaissances accumulées au cours
des siècles par les populations autochtones. Pour se rencontrer, il suffirait, comme le dit M.F Houdart à propos du Limousin, d’ac cepter « l ‘idé e d’u ne cul ture limousine » ( / o c c i t a n e )  » c o m m u n e assumée, revendiquée, non pas comme un conse rvatoire sc lérosé mais comme  une sourc e d’inspiration qui ne c raindrait pas de s’enrichir d’apports venus d’ailleurs » (4)

Viure al país

Beaucoup de jeunes occitans, après  avoi r été poussés à s’exi ler po ur   »réussir », ont compris que la réussite, c’était aussi le bonheur de vivre au  pays. La fierté de son histoire, de sa  langue et de sa culture donne l’envied’innover et de bâtir ic i. Il faut pour cela « interroger les mémoires, celles des hommes et des femmes, celles des lieux, … fouiller dans son passé pour prendre consci ence de ce qui est ar rivé, … le revendiquer et être ainsi capable de prendre le relais. Mais attention, pas po ur se c ramponne r à de vie il le s coutumes mortes et en faire du folklore, mais pour les faire siennes, les vivre et les faire vivre et y trouver les bases de la création » (5). C’est à eux de faire le lien entre le passé et l’avenir, de s’éloigner d’une société de gaspillage et de destruction des ressources, d’appauvrissement de tous au profit de quelquesuns pour construire un monde neuf où  chacun aura sa place, épanoui dans sa culture et respectueux de la nature.

Danisa Urroz

1 P. Eymard « Les maisons des paysans d’ici » p.9 in « Pays et Paysans du Limousin » M a r i e – F r a n c e
Houdart p.145

2 « Memòria de l’aiga. Enquête ethnolinguistique sur l’eau en montagne limousine. » Pascal Boudy, Jean-Marie Caunet, Jean-François Vignaud.
3 Message de M. Matsuura, directeur général de l’UNESCO, 2008.

4 « Compr endre le pays limousin …et y vivre …e l’i viure » Marie-France Houdart, p.66 5 id. p.83

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N°173 – 22 de setembre : Catalonha oficializa l’occitan

Nov 17, 2010

Jornada istorica per la lenga occitana

Lo 22 de seteme lo Parlament de Catalonha qu’a votat la lei qui oficializa l’occitan sus tot lo territòri catalan.

Qu’ei ua victòria a l’encòp deu costat deus aranés com deu costat deus catalans. Los uns que vienen d’obtiéner la reconeishença, per ua lei, de l’oficialitat de la lor lenga e los autes que vienen de marcar un punt en har de Catalonha lo prumèr territòri ont l’occitan (hòrt minoritari suu territòri catalan) e gaudeish d’un estatut unic au monde.

J.L Carod Rovira, lo vice-president deu govèrn catalan,qu’avèva rason de mentàver au Parlament de Catalonha que jamei l’occitan n’aurà « gaudit d’ua tau proteccion ». Aquò deveré portar las autoritats frances as a la reflexion…mes qu’ ei dab ua discrecion
legendària que l’informacion e circulè en França dens los mèdias ; alavetz que podem pensar que los responsables politics parisencs n’an quitament pas avut coneishença de l’ahar.

Qu’ei ua victòria deus aranés. Que son en medish temps per aquesta lei reconeguts en la lor identitat pròpia d’aranés e dens la lor identitat d’occitans. La lei que ditz l’unitat de la lenga en tot reconéisher la particularitat aranesa.

Daubuns qu’arregretaràn que la lei n’avosse pas instituit una oficialitat d’un occitan estandard. Mes d’on vien aquera idèa que serén los catalans qui deverén reglar ua question que los occitans non saben pas reglar sols ? Lo debat qu’a d’estar organizats a noste e pas endacòm mei.

Que cau saludar de segur lo tribalh realizat peu Govèrn d’Aran e peu son capdau, lo Sindic Paco Boya. Qu’a hèit la pròva de la soa capacitat a trobar un acòrd sus un tèxte en s’apear sus l’estatut de Catalonha qui ditz que la « lenga occitana, aperada aranés en Aran »
ei oficiau. La formula ei clara. Mes qu’ei l’ensemble de las formacions politicas aranesas qui an tanben participat a aquera victòria e
que se’n cau arregaudir. Tot n’ei pas ganhat. En Aran que comptan sonque quauques milierats d’occitanofònes.

Que demora un laboratòri au par de la realitat occitana. La lei marca la necessitat tà Catalonha d’obrir collaboracions dab las autas regions occitanas.  nosautes d’estar a la hautor de la lei adoptada peu Parlament de Catalonha qui vien a l’encòp de dar ua reconeishença a l’occitan sus lo son territòri e tanben de  méter en aplicacion de faiçon indirècta lo famós « dret d’ingeréncia ».

Pr’amor quitament se l’occitan ei oficiau sus tota Catalonha, quitament se occitan e catalan son lengas d’ua grana proximitat, los catalans non sauvaràn pas la lenga occitana en plaça deus occitans.

David Grosclaude

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N°173 – L’inadminssible silence

Oct 17, 2010

Le temps viendra-t-il, enfin, où une institution officielle prendra la parole pour dire haut et fort les quatre vérités sur notre réalité occitane, pour mettre le doigt sur les multiples discriminations, pour dynamiser les actions de reconquête ? Je me limiterai à la seule défense de notre langue et de notre culture occitanes. Le politique se nourrit aussi de l’anecdotique et je ne vois pas pourquoi on ne répondrait pas par des phrases assassines aux attaques contre notre statut et notre culture. Nous manquons d’une voix politique officielle et occitane pour porter cette dimension et pour donnerla réplique à ceux qui nous contestent, nous agressent ou nous insultent. Il faut apprendre à tacler nos ennemis. Il faut, aussi, être cohérent : ne pas chercher à accuser Paris quand on ne fait pas, au pays, ce qui serait en notre pouvoir.

Le temps viendra-t-il, enfin, où une institution officielle prendra la parole pour dire haut et fort les quatre vérités sur notre réalité occitane, pour mettre le doigt sur les multiples discriminations, pour dynamiser les actions  de reconquête ?

Je me limiterai à la seule défense de notre langue et de notre culture occitanes. Le politique se nourrit  aussi de l’anecdotique et je ne vois pas pourquoi on ne répondrait pas par des phrases assassines aux attaques contre notre statut et notre culture. Nous manquons d’une voix politique officielle  et occitane pour porter cette dimension et pour donner la réplique à ceux qui nous contestent, nous agressent ou nous insultent. Il faut apprendre à tacler nos ennemis. Il faut, aussi, être cohérent : ne pas chercher à accuser Paris quand on ne fait pas, au pays, ce qui serait en notre pouvoir.

Pas d’enseignement de l’occitan puisque le statut d’occitan ne constitue pas un handicap avéré ! Un Président de la République a
d i t : « Pour donner à tous les même s chances… il faut tenir compte de toutes les différences qui singularisent… » afin de les traiter comme des « handicaps qui doivent ê tre corrigé s par un ef fort particulier… Pour rétablir l’égalité des chances , la discrimination positive es t une nécessité…» ! Un Président de Région a dit : « La r égion francil ienne a toujours su accueillir les exilés de l’intérieur » à qui elle « a offert des escal es momentanées ou permis à des famil les entières…de r enaître… parfois dans l’oubli de leur
ter re d’origine… El le assume pl einement… d’avoir su s édimenter…et intégrer toujours plus d’habitants ».

Singulier consensus qui permit de c ré er des cours de c réol e (handi cap avéré des Créoles pour s’intégrer) et de fermer les cours d’ occi tan (handicap n on avé ré po ur l’ in tégrati on de s Occitans).

Silence des officiels  dans les rangs occitans !

Nul ne menace l’occitan qui demeure un patrimoine du passé ! Un Premi er Ministre a dit : « Le dérisoire débat sur les langues minoritair es de France oc cul te des questions plus importantes… C’est un sujet anodin… Ne perdons pas notre temps… Ce rtains pensent que leur pays a du temps à perdre pour vagabonder dans le passé… Le débat se situe entre ceux qui pensent que la France doit impé rativement se doter des armes adéquates pour s e proj ete r vers l e monde exté rieur e t c eux qui pens en t que l eur inté ri eur
national est à lui seul un monde. L’une des armes adéquate s, c’est la maîtr ise de la langue française. »

Silence des officiels dans les rangs occitans !

Hor s de mon coin d’Occitanie, point de salut ! Un Président de Région Occitane a dit : « Les Régions ont une compétence territoriale et ne peuvent interférer hors de leur territoire de compétence. Aussim’est-il impossibl e d’interveni r auprès de l’État afin de soutenir la question de l ‘ens eignement de l’oc citan en Îl e de France ».Vos problème s, dans la Talveraoccitane, je m’en lave les mains…Silence des officiels dans les rangs occitans ! La langue « tribale » occitane induit la xénophobie ! Un intell ec tuel – très largement
publié par un quotidien « national » – a di t : « La mul tipl i c ité de s idiome s constitue moins une r iches se qu’une
pau vr eté on to lo gique et pol i tiqu e.

D’aucuns célèbrent aujourd’hui l e parl er local comme l e fin du fin. Je songe aux « nationali stes », plus justement nommés « indépendantistes régionaux », qui font de la langue un instrument identitair e, un outil de fermetur e sur soi , une machine d e gu er r e anti – universelle, autrement dit un dispositif tr ibal… La langue r égionale exc lut l’étranger… elle fonctionne en cheval de
Troi e de la xénophobie, autrement dit, puisqu’il faut préciser les choses, de la haine de l’étranger… »

Silence des officiels dans les rangs occitans !

L’INADMISSIBLE SILENCE

À Paris, l’occitan « file à la française» Un quotidien « nati onal » a di t : « Selon un rapport de l ‘UNESCO, 26 langues meurent en France métropolitaine faute, notamment, d’un accès restreint aux médias… » Ce même journal ignorait, quelques temps plus tard, ce fait notable de société que constituait la manifestation de Carcassonne. Si, « à Bruxelle s – comme le dit ce journal – le français file à l’anglaise », le journaliste ne s’émeut guère qu’à Paris l’occitan file à la française…

Silence des officiels dans les rangs occitans !

Exit Saint -Louis et son (presque compère) Napoléon Passe encore que Louis IX s’affiche au fronton de certains édifices publics en France mais Saint-Louis peut choquer une saine sensibilité laïque et je comprendrais que l’on débaptisât le Saint ! Là n’ est pas, cepen dant , l’ objet essentiel du propos. Ce fut bel et bien ce Louis IX qui prit une place « de las bèlas » dans les massacres en pays occitan
et qui fut, pratiquement, le premier à faire porter une étoile de reconnaissance aux juifs. On peut s’étonner que l’on n’ai t pas e ncore dé boul onné ce symbole de la répression. Qui interdirait aux hommes politiques, en pays occitan, de poser un acte fort en trouvant d’autres noms aux édif ices, boulevards, ave nues, rues o u aut re s impasses !

Pe nsons à no s amis c ré ole s Antillais, autre culture et autre langue opprimée de France. Par solidarité de destin et d’oppression, supprimons, en Occitanie, toute référence à Napoléon qui promulgua pour eux ce cadeau de la mère patrie : le rétablissement de l’esclavage !

J’appelle de mes voeux des discours de reconquête pour des inaugurations hautement symboliques !

Silence des officiels dans les rangs occitans !

Le droit d’être Occitans ! La Républ ique, l es Insti tut ion s Régionales Occi tanes, de nombreuses Asso ciatio ns Régi onal es Oc c itane s con tinuen t à ê tre imprégné es parl’esprit du code de l’indigénat. Nous sommes f iers de l ‘Académie Française et nous oublions qu’ elle a  sorti de mémorables documents contre les langues dites régionales qu’elle veut reléguer au rang de langues « mortes »
de culture. Osons la c réation officielle d’une Académi e française de Langue d’Òc.

Comme Français, nous avons aussi le droit d’être nous-mêmes – c’est-à-dire occitans – et de revendiquer le droit au prosélytisme, ici comme ailleurs, al país coma dins la talvera ! Osons un hymne occitan fédérateur. Pourquoi pas le « Se canta » ? Hissons le drapeau occitan sur les édifices publics à côté de ceux de la République et de la Commu nauté Européenne.

Faire de la poli tique, c’est au ssi « dénoncer », défaire la trame d’un tissu qui nous a corseté. Cela ne coûterait rien aux collectivités de l’aire occitane. Faisons entendre notre langue dans lesespaces publics. Ne faire que cela, ce serait faire de la politique par le petit bout de la lorgnette. Ne pas faire cela, c ‘est, non seulement, faire la politique de l’autruche mais c’est, surtout, avaliser notre perte d’identité.

Claude Assémat
le 30 août 2010

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