Marchés financiers,maîtres du jeu

La dictature des marchés financiers continue son oeuvre macabre à l’échelle de nombreux pays européens, manifestant ainsi le  caractère i llusoire de la protection opérée par l’Union: après la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne sont dans le collimateur… En  cette période de cr ise systémique, l’exacerbat io n des lut tes d’ in térêt entre le s classes de même qu’entre les peuples se polarise au sommet des États. Dans la transition autoritaire que nous vivons,les droits démocratiques et la souveraineté des États sont ainsi  régulièrement bafoués.

En témoigne en France le vote de la l oi sur les ret raites, en dépit d’une opposition populai re sans précédent. Cela suite à un dispositif impressionn an t de con tre- ré fo rmes dans de nombreux domaines de la vi e soc ialedont l’Université, l’Éducation nationale, la justice, la santé… Par ailleurs, la xén ophobi e d’État et le s affai re s po li ti co -f inanc iè re s, si cont estée s durant l’été 2010, bénéficient d’une banalisation inquiétante. Le ministre  de l’Intérieur, qui est l’objet de plaintes au pénal pour racisme ou autoritarisme, et dont certaines aboutissent, continue à sévir, sans que sa démission ne soit débattue.

Récemment, en Italie, Berlusconi s’est maintenu au pouvoir, e n achetant vraisemblablement les quelques voix qui ont manqué pour sa destitution à l’Assemblée.

Coup d’État en Côte-d’Ivoire

Il est attesté que la Côte d’Ivoire subit a contrario une tentative de coup d’État international(1), camouflée par un matraquage médiatique et institutionnel sans précédent dans la dernière p é r i o d e . De concert avec l’administration américaine, l’Élysée, par des manoeuvres à l’ONU, voudrait imposer le candidat qu i répon d le mi eux aux attentes occidentales. Cela en dépit derésul tats é lec toraux pour le moin s incertains: « L’as soc iation Survie rappell e que la France porte une grande responsabilité dans la crise qui secoue la Côte d’Ivoire depuis 8 ans. Malgré ce que prétendent l’ONU et les puissances occidentales, les conditions n’é taient pas réunie s pour éviter une large fraude, particulèrement au Nord du pays (…). La seul e i ssue sembl e désormai s l’apais ement entre les deux camps (…). La Franc e doit procéder au retrait de son opération mil itair e au profi t de troupes intern atio nale s so us commandemen t
onusien.. » (2)
L’on retrouve dans le drame ivoirien les ingrédients classiques du processus de bouc-émissairisation dont parle l’anthropologue René Girard (3) : dans un contexte de c ri se, l’un ité social e se reconstruit en négatif par des processus de régression mimétique, sur la base du sac rifi ce d’une victime émissaire qui concentre et cristallise la somme des rancoeurs et frustrations accumulées . D’une manière  générale, l’oligarchie a toujours joué du consensus tacite établi entre les pouvoirs publics et les opinions, quant au traitement de ce  tiers exclu des arènes internationales qu’est le continent africain.

Résultante de la fin de la guer re froide, après la chute du mur de Berlin, l e génocide rwandais a été perpétré dans l’indifférence  générale, deux mois durant; c’est avec des larmes de crocodile que Sarkozy a, pour des rai sons diplomatiques, formulé quelques    regrets au nom de la France en février  2010. Au Congo-Kinshasa Autre exempl e par lant: Laurent Désiré Kabila, nommé président du Congo Kinshasa suite à la destitution de Mobutu, fut menacé d’emprisonnement à l’oc casion du sommet francoafricain de Paris, pendant que les dictateursrestaient tapis dans l’ombre de  l’Élysée. Son assassinat peu de temps après est sans doute la conséquence,  direc te ou indirecte, de l’acharnement  dont il a été l’objet de la part des instit uti ons et médias oc cident au x. En Haïti, le président

Aristide, légitimement élu, a été débarqué manu militari par les troupes f rançai ses et amér icaines, sa demande de restitution de la dette de l’île par la France esclavagiste étant tombée dans un impérial oubli. Dans ce contexte, l’amalgame réducteur voire l’inversion  des rôles et des valeurs ont force de loi. En l ‘absence d’un discours alternatif audible de la part des mouvements progressistes, les dictateurs patentés et ouvertement compradores sont confondus avec les leaders nationalistes, dont le caractère autocratique et la  diff iculté à entreprendre sont souvent déterminés par des rappor ts de force internationaux draconiens, qui sévissent entre autres au travers des guer res civiles. Autre effet d’engrenage, les erreurs et fautes commi ses sont autant de prétextes invoqués pour ne pas  s’engager dans le débat, ce qui déresponsabilise de facto la France et la sphère occidentale de leurs propres passifs, d’une dimension
souvent bien supérieure. Pour exemple, l’arbre de l ‘ivoirité ne peut cacher la fo rê t des con cu rren ce s in terimpérialistes, à l’ égard des richesses détenues par les proies africaines.

Les leçons de l’histoire

À l’échelle de l’Afrique francophone, le drame ivoirien doit donc être l’occasion de retenir les leçons de l’histoire récente et de c re ver  les abcès néocoloniaux. Aux côtés de l’al termondialisme et au nom de la défense des cultures et de la souveraineté des peuples, le mouvement régionaliste a un rôle impor tant à jouer pour inverser cette tendance irresponsable et destructrice et promouvoir les  forces de progrès qui sont à l’oeuvre en Afrique, tant dans les classes politiques que dans les sociétés civil es. Sur cette ori entation, le FSM de Dakar (6-12 février 2011) peut offrir une belle opportunité de retournement éthique et civilisationnel.

Face aux maneuvres de l’oligarchie, il s’avère nécessaire de travailler au contrôle démocratique de la gestion de ses satellites à l’échelle internationale. Quel est le bilan des DSK et Ouattara (4) au FMI, dans la gestion des pays du Sud et de l’UE? Quel est le mandat de  Sarkozy à propos de la Côte  d’Ivoire au Conseil de sécurité, après ses méfai ts au plan national ? L’une des conditions principales de la  sortie de la crise démocratique en France estle combat à l’encontre du néo-colonialisme, courroie de transmission au Nord comme au Sud du néo-libéralisme autoritaire. L’affaire Wikileaks révèle qu’avec l’aide des médias alternati fs, l’opinion aspire d’une manière  générale à une plus grande transparence dans la gestion des affaires de ce monde. La nécessité d’une citoyenneté active

En échange, c’est à une citoyenneté active et pas seulement délégataire que nou s sommes convi és les uns et l es autres : interpellons nos élus pour que cela change, pour la réforme ef fec tive des relations Sud-Nord :

– retrait des troupes françaises de Côte d’Ivoire

– transparence médiatique des débat et mandats des membres du Conseil de sécurité de l’ONU. Démocratisation des instances onusiennes.

– réorganisation par l’ONU d’élections ivoiriennes transparentes et acceptées de tous

– remboursement de la dette haïtienne par la France.

Martine Boudet

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