Le périmètre du Parc Naturel Régional de la Sainte Baume venant d’être acté, on peut constater et ce malgré le travail des élus et du syndicat mixte de préfiguration que concernant les communes de Sud-Sainte Baume, la Cadière, le Castellet et le Beausset, il se contente de les inclure a moitié , ignorant par la la cohérence de ce territoire, notamment constituée par le vignoble  La Dreal (1) et l’Etat en ont décidé ainsi. La profession viticole n’y est pas exempte de responsabilité, incapable de saisir l’opportunité potentielle de la création d’un parc régional a sa porte.Mais pourquoi peut-on plus fondamentalement déplorer cette situation?  Car la question des limites, des frontières, des repères et donc des périmètres appliqués a des territoires, est névralgique dans l’opinion aujourd’hui et outrepasse les questions techniques. Cela touche au politique par l’appropriation nécessaire, requise par les citoyens. Donc la lisibilité est primordiale. La situation commune sur le terrain aujourd’hui est à la formation d’amalgames : les élus, les élites, les écolos, les technocrates, les fonctionnaires…qui ne voit ou mène cette pelote ? La fiscalité est illisible, le millefeuille territorial est illisible, le regroupement au forceps autour des métropoles n’est pas facilement appropriable. Tout cela se sédimente et coagule à présent. C’est la phase politique où nous sommes.

Certes au regard de ceci, le parc est un enjeu mineur, mais cela s’ajoute… Ce périmètre a été conforté par une étude paysagère fondée sur critères visuels, au dire même des intéressés, à partir du point de vue de la Sainte-Baume  Tout s’éclaire alors car la préemption de l’épistémologie du paysage par les critères visuels est un vice de forme récurrent des démarches environnementalistes. A l’heure ou le paysage est devenu une image et l’image elle-même un visuel, la boucle est bouclée.

Or un paysage se touche, se renifle, s’arpente, on peut même y faire des rencontres… Le voir uniquement ne suffit pas à le définir comme tel. Quid de sa dimension physique, culturelle, historique, sociale? Le paysage est un événement. Cela renvoie à la querelle de l’incarnation qui traverse toute la peinture occidentale, qu’elle soit religieuse ou séculière.., et tôt ou tard la chair se rebiffe : c’est la phase politique dans laquelle nous sommes.

Il est enfin assez cocasse que pour des buts opposes on en soit rendu à la même optique qu’Escota (2) qui depuis des années dit :  « l’autoroute crée le point de vue, majoritaire qui plus est, l’autoroute crée le paysage ». Le paysage-image est une invite à ce que tout un chacun devienne le touriste de son propre lieu.

                        Thierry BARTOLI

 

(1) Direction Régionale de l’Equipement

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