• L’échec du Parti Socialiste

Le verdict des urnes a été sans pitié pour le Parti Socialiste. Plus de 100 villes importantes ont été reprises par la droite, grande victorieuse de ce mois de ma rs 2014. Cette vague bleue a même submergé Limoges, bastion historique de la gauche.

Pourtant les équipes municipales de gauche ont en général prés enté des b ilans plutôt sat is faisants, elles ont proposé des projets qui tenaient la route. Mais rien n’y a fait, le vent soufflait fort en sens contraire : ce vote a une dimension nationale, il s’agit d’une véritable claque donnée au gouvernement et à François Hollande. Ce dernier, plombé d’entrée de quinquennat par l’affaire Cahuzac, s ‘enfonce depuis inexorablement dans les sondages . La b aiss e du chômage dont il avait fait son object if prioritaire se fait attendre. Ni fin 2013 comme il l’avait promis, ni en janvier, ni en février… Les élus locaux du PS paient cash l’échec de la politique du gouvernement, alors qu’ils n’en sont pas vraiment responsables !

• La percée lepéniste

Un autre v ainqueur de c e scrutin est le Front Nat ional. Le parti lepéniste progresse partout en France.

Dans les bassins ouvriers les plus touchés par le chômage, l’extrême droite réalise une nouvelle percée qui la propulse en pôle position. Nous en parlions dans le précédent n° d’O c c i t a n i a : les ouvriers et employés, victimes de la mondialisation industrielle, peu formés, relégués en périphérie des v illes , expriment un rejet du « système ». On voit ainsi d’anciennes villes communistes, comme Béziers, basculer dans les bras de Marine Le Pen, la fifille à son papa. La vague b leue v ir e au bleu marine.

Les thèmes d’extrême droite : rejet de l’Europe, corruption des élites, crit ique des libertés individuelles et des politiques sociales se répandent et se banalisent dans la société française. Des réseaux FN sont en train de s’enraciner sur le territoire. Les identités régionales qui peuvent être un rempart contre c et te dérive jouent de moins en moins ce rôle. C’est part iculièrement vrai dans l’est de l’Occitanie (Provence, Languedoc-bas, Tarn) où le sentiment d’appartenance occitan n’est pa s suffisamment fort pour contrer le vote FN. Conséquence sur les dix villes gagnées par le FN, sept sont en Occitanie (cf. encadré p. 4).

• Un échiquier bouleversé

Cette évolution boulevers e l’échiquier politique français. Au f ur et à mesure que le Front National devient un poids lourd, l’UMP subit son attraction de plus en plus forte. Ses dirigeants, aussi bien Sarkozy hier que Copé aujourd’hui, reprennent les thèmes d’extrême droite et contribuent ainsi à leur avancée. Cette dérive droitière libère cependant de l’espac e au centre droit. L’UDI pourrait rapidement tirer son épingle du jeu et accueillir en son sein tous ceux qui à droite refusent le populisme et la démagogie. Encor e faudra -t- il trouver un leader capable de remplacer Jean Louis Borloo…

Ces dernières évolutions étaient prévisibles. Depuis des mois, François Hollande préparait une riposte que le landernau médiatique attendait : un remaniement ministériel, voire un changement de premier ministre. Cela n’a pas traîné : le 31 mars lors d’une allocution télévisée, le président de la République intronisa it Manuel Valls premier ministre en remplacement de Jean Marc Ayrault. Mais c e discours et cette nomina tion c orrespondront -ils à un changement de polit ique ? Et si oui l e q u e l ? Le président a donné une part ie de la répons e : à côté du « pacte de responsabilité », il est maintenant nécessaire de mettre en place un « pacte de solidarité » qui se traduirait par une baisse des cotisations des salariés, et même une baisse des impôts ! Hollande ne renie en rien tout ce qui a été fait depuis deux ans. Il souhaite passer la vitesse supérieure en remplaçant le diesel nantais, par le turbo barcelonais !

Pourtant les ministres de Valls sont quasiment les mêmes que ceux du gouvernement précédent. Il est certes plus concentr é avec moins de ministres. Cela suffir a-t-il pour aller plus vite ? Cela annonce-t-il un quelconque changement ? Où Hollande compte-t-il trouver l’argent qu’il promet ? Comment faire croire que l’on peut économiser 50 millia rds ? Que dev iendra la tr ansit ion énergét ique ? Et la réforme de l’État et du mille-feuille administratif ?

• Et le Partit Occitan ?

Toutes c es quest ions res tent sans réponse et c’est grave. Dans ce contexte près de 100 parlementaires socialistes viennent d’écrire une lettre au premier ministre qui sonne comme un ultimatum : ils réclament un virage à gauche ! La défaite des municipales les inquiète car elle pourrait être suivie l’année prochaine d’une déculottée dans les départements et les régions.

Les oc citanistes du Part it Occitan devront se positionner et décider avec qui faire alliance. Pour maintenir des conseillers régionaux en Aquitaine, Auvergne, Midi Pyrénées et Provence, il faudra naviguer entre Europe Écologie et les socialistes. Ces élections s’annoncent à haut risque vu l’impopularité pers istante du prés ident de la République qui affaiblit la gauche modérée.

Uc Jourde

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