Le Centre de Formation professionnelle Occitan basé à Toulouse s’est mis en grève du mois d’octobre 2017 jusqu’en mai 2018! Cette structure est en fait une émanation de la confédération des Calandretas. Elle propose des formations en langue occitane aux demandeurs d’emploi. Jusque là que du bonheur ! Mais un conflit a éclaté à Toulouse entre les 7 salariés du CFPO et les responsables associatifs de la confédération des Calandretas. Le 19 mai dernier, ces salariés ont organisé une journée de discussions le « printemps occitan» pour échanger avec tous ceux qui rencontrent des situations similaires. Une cinquantaine de personnes (salariés, étudiants, simples citoyens) ont participé à ces débats. Votre magazine Occitania était présent et à cueilli au vol des prises de paroles très surprenantes qui révèlent des difficultés dans les rapports professionnels au sein de certaines associations occitanes. Afin d’informer de façon la plus complète ses lecteurs, votre magazine a ensuite contacté la confédération des Calandretas, qui donne son point de vue par la voix de Miriam Bras.

L’idée générale de ce dossier n’est pas de dire qui a tort ou raison, mais d’aider à une prise de conscience : d’une part  les moyens attribués par les pouvoirs publics sont scandaleusement insuffisants pour espérer faire vivre dignement la langue et la culture occitane. Subventions stagnantes voire en baisse, emplois précaires … l’état, et le gouvernement actuel font tout ce qu’il faut pour ne pas rendre attractif le milieu occitan. D’autre part les bénévoles dans les associations sont parfois démunis, et ne savent pas toujours instaurer un dialogue social serein. Ils devraient être accompagnés et formés car l’encadrement de salariés ne s’improvise pas !

Réunion du 19 mai, Verbatim :

Un formateur du CFPO : « moi je peux témoigner que les gens qui débutent une formation en occitan sont super motivés, mais après il y a un grand découragement car cela ne débouche sur rien. J’ai aussi croisé dans la rue des gens que j’avais formé quelques années auparavant et qui me disent qu’ils ont changé de voie et qu’ils ne veulent plus entendre parler d’occitan. Il y a quelque chose qui déconne dans le milieu professionnel occitan ! »

Un chercheur d’emploi : « Moi j’ai travaillé dans deux structures différentes dont une association dans le Tarn. Et là on ne m’a pas renouvelé parce que je n’étais pas « fan ». Je ne faisais pas d’heures sup gratuitement. »

Une étudiante : « Dans le milieu occitan on demande toujours plus. Il faut être militant et pas seulement salarié. Moi je suis étudiante à Montpellier et c’est pareil : les profs organisent des trucs en plus et on se fait tomber dessus si on y va pas ! ».

Un professionnel : « Moi j’ai choisi de travailler dans l’occitan, j’ai accepté d’avoir un salaire divisé par deux. Les responsables associatifs sont des bénévoles qui donnent de leur temps. Il faut voir aussi que les associations occitanes n’ont pas les moyens ! Elles fonctionnent avec des contrats aidés de durée limitée, ce qui fait qu’une fois que les gens sont formés, ils doivent partir ».

Une formatrice : « Moi j’ai travaillé dans le privé, alors en venant dans une association je pensais que ce serait super. Mois non ! Les patrons sont aussi pourris qu’ailleurs ! »

Un autre professionnel : « Il serait intéressant de voir le profil sociologique des personnes qui sont à la direction des associations occitanes. Souvent ils sont issus des catégories socio professionnelles les plus élevées (universitaires, etc..), ils sont bien installés, ils ont un réseau de relations importants. Ils donnent énormément de leur temps mais ils ne se rendent pas compte de ce que c’est que la précarité. »

Un ancien bénévole associatif : « Je suis assez surpris d’entendre tout ce que je viens d’entendre. Pour avoir été moi-même en responsabilité dans une association je peux vous dire que je n’ai jamais menti aux personnes que j’ai embauchées en contrat aidé. J’ai toujours dit que c’était du provisoire. Une des raisons qui font que j’ai arrêté mon engagement c’est que les pouvoirs publics ne donnent pas les moyens de vraiment se développer. Ils donnent le minimum aux asso occitanes, juste assez pour qu’elles vivotent, pas plus. C’est un choix politique. »

Un formateur du CFPO : « Le CFPO de Toulouse a versé de l’argent à Calandreta qui n’a pas été remboursé. Du coup le CFPO s’et retrouvé en « faillite ». Et ensuite il a été reproché aux salariés de ne pas bien faire leur travail, d’avoir coulé le CFPO ! Au nom de la « cause » occitane il y a des magouilles et des dérives inadmissibles. Nous on est pas d’accord, on veut s’émanciper.»

Votre magazine a cherché à comprendre : Nous publions ici la réaction de Miriam Bras responsable des Calandretas qui nous donne (en occitan) sa version. « Cò que se passa ambe lo CFPO de Tolosa es pietadós !  Avèm creat lo CFPO fa 20 ans ambe qualques unes de Calandreta. La tòca èra de formar las ajudas mairalas que sovent sabon pas l’occitan. Cal plan comprendre que los ¾ del monde format pel CFPO son de salariats de Calandreta. Lo probleme es que lo CFPO de Tolosa es estat mal gerit. Es estat plaçat en redreçament judiciari en 2015. Pendent d’annadas paguèt pas lo loguier que deviá a Calandreta. Un plan de redreçament sus 5 ans es estat mes en plaça, mas s’es pas melhorat. Los salariats se son metuts en cauma brutalament sens aver fa part de reivindicacions abans. Quand avèm enfin recebudas las revindicacions aquò reveniá a mai o mens doblar las despensas, çò qu’èra irrealista, vist la situacion financièra ! La conclusion de tot aquò serà probablament la tampadura del CFO de Tolosa, la liquidacion judiciari, domage ! Cò que trapi pietadós tanben son las criticas suls benevòles que s’engajan. Ieu disi urosament que i a de foncionaris o d’ensenhaires que s’engajan per far virar las associacions ! ».

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