Que reste-t-il aujourd’hui du printemps arabe ? Ce vaste mouvement de contestation populaire – que les démocraties occidentales n’ont pas vu venir – avait débuté le 17 décembre 2011 à Sidi-Bouzid, petite ville de Tunisie qui n’avait jamais fait parler d’elle jusque là, pour se propager ensuite à l’Égypte, au Yémen, à la Libye et se poursuivre encore aujourd’hui en Syrie.

Les rebelles ont obtenu le départ de dirigeants devenus à leur manière des dictateurs : Ben-Ali en Tunisie, Moubarak en Égypte, Kadhafi en Lybie (que ses oppo-sants ont dû abattre), Saleh au Yémen… Reste Bachar El-Assad, intraitable, à la tête d’une Syrie plongée dans la guerre civile.

Le difficile chemin vers la démocratie

Si la chute de ces potentats locaux, longtemps soutenus par les puissances étrangères au gré de leurs intérêts et des enjeux internationaux, laissait augurer l’émergence de démocraties, on mesure aujourd’hui toute la difficulté des changements de régimes quand ces derniers ont exercé le pouvoir sans partage sur des populations asservies. Il n’est pas facile de sortir d’une dictature et le chemin vers la démocratie est toujours semé d’embûches.

Pourquoi ? Parce que la démocratie est le moins naturel des régimes. Il exige dialogue, conciliation, partage, égalité… Toutes valeurs que l’homme relègue dans les tréfonds de sa conscience dès que le pouvoir et l’argent deviennent ses seules raisons de vivre.

Dans son documentaire « Sexe, salafistes et printemps arabes », diffusé en décembre dernier sur Canal Plus, Paul Moreira a bien montré, sous un titre volontairement provocateur, la difficulté à sortir de la nuit obscurantiste.

Toutes les hirondelles ne font pas le printemps. Dans la plupart des pays où la révolution a momentanément triomphé des dictatures, ce sont les islamistes qui ont remporté les élections. Depuis, ils apposent tranquillement leur sceau de fanatisme religieux et d’aveuglement tendancieux sur les règles de vie commune. Il y a ainsi peu de chances que les femmes égyptiennes cessent d’être harcelées et violées dans une société où la sexualité est considérée comme une infamie.

Que faire ?

Que pouvons-nous faire pour aider ces peuples dans leur longue marche vers leurs droits à disposer d’eux-mêmes ?

La question est extrêmement complexe, mais ce n’est pas une raison pour ne pas se la poser. Car les démocraties occidentales – ou ce qu’il en reste – ont tout intérêt à voir se développer dans leur environnement proche des pays politiquement stables et sereins, de sorte que les échanges aussi bien commerciaux que culturels puissent se dérouler dans les meilleures conditions. On nous dit que c’est le sens de l’intervention militaire française au Mali où des djihadistes forcenés tentent d’établir la base de leurs futures conquêtes. La voix des armes n’est pas la seule qui mérite d’être entendue dans le concert international.

Le partage, l’échange, sont des principes essentiels pour le développement harmonieux des sociétés humaines. Entendons par société humaine une organisation sociale de nature à garantir à chaque individu son indépendance, de sorte que chacun puisse vivre dignement et selon ses propres aspirations. Ce type d’organisation exige aussi tolérance et respect mutuel. Sur ce terrain-là non plus, toutes les hirondelles de nos démocraties n’ont pas fait le printemps, loin s’en faut !

La sève monte

Mais ne trouve-t-on pas là, énoncés, les principes de l’ancienne société occitane – prètz, paratge et convivéncia – mise à mal par une ignoble croisade ? Les musulmans, les juifs, les chrétiens ne sont pas les seuls à avoir connu l’aveugle châtiment du sabre. Il fut un temps où les Occitans – au-delà de leurs convictions religieuses – ont chèrement payé leur désir de vivre.

L’occitanisme, en affirmant avec courage et lucidité sa volonté de se donner un avenir dans un siècle où il reste encore tant à construire, marche-t-il vers son propre printemps ?

Le débat s’engage autour du manifeste occitan. La sève monte. Elle porte l’espoir de voir un certain laurier reverdir… signe d’une prometteuse vitalité ?

Serge Bonnery

Pour réagir : info[a]adeo-oc.eu

Le site utilise des cookies pour son bon fonctionnement. En poursuivant l'utilisation du site, vous acceptez cette utilisation des cookies.
Accepter