adeo

N°172 – Une étoile symbolique

Sep 17, 2010

De nombreux mil itants occi tanistes sont attachés au drapeau occitan composé à la fois de la croix du Languedoc et d’une étoile à 7 branches dans un coin. Passons en revue quelques-unes des raisons qui peuvent faire préférer ce drapeau à la seule croix occitane.
Tout d’abord, ce drapeau conserve en son centre la croix occitane, qui est la marque principale de notre rassemblemen t, de ce qui nous u ni t à travers n os dif férences (dialectales, culturelles,…) : c’est l’unité, dans la diversité, pour reprendre une formule bien connue. Il n’y a donc pas de négation ou d’opposition à la portée symbolique de la croix, aux différents combats politiques passés et futurs pour notre Langue et notre Culture.

Mais isolée, perdue dans l’immensité rouge, la croix, par sa seule présence, peut sembler nier en quelque sorte notre diversité, notre pluralité, auxquelles l’étoile viendrait en quelque sor te en contre-point. Cette Estela, qu’el le soit sainte ou non, marqueur de notre diversité au sein de la famill e occitane, serait alors également un marqueur du fédéralisme.

Ce besoin de représenter la multitude des territoires n’est pas isolée.

Déjà l es États-Unis d’Amér ique, et cela depuis l eur révolution, intègrent dans leur drapeau (Stars and strips) de petites étoiles. Mais dans une logique bien comptable qui l eur est propre, leur nombre augmente à mesure que de nouveaux États se fédèrent, ou sont  fédérés…

Plus proche de nous, les 12 étoiles du drapeau européen (Consei l de l ‘Europe et Union Européenne) représentent cette diversité des États en Europe. Mais depuis sa création, dans la recher che d’une « harmo nie » à t ravers l eu r dispositi on c irculaire (l e cerc le, objet géométr ique f ini, représentant l’unité), le lien direct avec le nombre d’États européens n’a jamais été souhaité, ce qui permet en quelque  sorte une expansion sans fin du ter ritoire européen par l’absorption de nouveaux États (expansion vers l’Europe de
l’Est et des Balkans), ou la création de nouveaux États en son sein (on pensera ici à la future scission de la Belgique). Créé ad nihilo en 1955, ce symbole, par sa géométrie simple et moderne, semble alors se suffire à lui-même. Ce n’est en fait pas réellement le cas du drapeau occitan ; la croix occitane, fortement chargée symboliquement depuis l e XIème siècle (et peut-être même plus tôt), dans notre mémoire collective.

Cependant, des territoires occitans ayant une identité culturelle forte, peuvent ressentir cette croix
utilisée seule comme un marqueur de « colonialisme intérieur », dépassant en cela la pensée et l’objectif de ceux qui soutiennent cette démarche. C’est ainsi le cas en Gascogne (et dans sa partie béarnaise), ou en Auvergne, sans parler de la Provence, où les questions liées à la graphie peuvent provoquer un rejet de la c roix occi tane.

Cette diff iculté est d’autant plus importante que :

– les territoires ont besoin de se singulariser. Georges Frêche,à la tête de la région Languedoc-Roussillon l’a bien compris ; malgré l’abandon du nom Septimanie pour SA région, il a imposé l’abandon des bandes catalanes et de la croix occitane pour le logo régional, et ainsi toute référence à la puissante Catalogne du Su d comme à la région voi sine de Midi – Pyrénées.

– la croix occitane seule peut-être à la fois le symbole d’un dialecte (le languedocien), d’une collectivité territoriale maldéfinie (la région Midi-Pyrénées), d’une ville (Toulouse). Cela peut poser un véritable problème identitaire, par exemple si l’on parle le provençal et que l’on habite Marseille, de devoir faire faire acte d’« allégeance » à Tolosa.

Il n’est pas nécessaire pour autant, en adoptant l’Estela à 7 branches, de rechercher, comme d’autres et peut-être ceux qui sont à l’origine de cette proposition, toute référence aux poètes Félibres, ou au nombre de dialectes. Nous pouvons également oublier les éventuels territoires qui composent l’Occitanie, une fédération étant un organisme vivant, elle peut voir apparaître ou fusionner des   entités territoriales en  fonction du besoin de ses citoyens.

Enfin non, ce n’est pas, ou plus, opposer la démarche autonomisme à celle de l’indépendance. Afin de convaincre ceux encore qui ne voient dans l’étoile qu’un abcès inutile qui souillerait le drapeau original, et ne comprendrai ent pas les réticences de certains à se placer symboliquement sous cette seule croix, la réponse nous vient peut-être de l’Inde et de l’analyse de Claudi Assemat dans l’opus Lo jòc de tolerància*. Si l’on reprend son vocabulaire mathématique : dans le référentiel global (le monde/R), qui permettrait l’étude de l’« objet » Occitanie (E), nous pourrions en effet associer à chacune des branches de l’Estela les aff irmations suivantes de la phrase de Siad-Vadà d’una  causa « E » (NDR : Occitània) se dirà :

1 : que se tròba que pòt èsser tala

2 : que pòt, tanplan, pas èsser tala

3 : que pòt arribar coma tanplan n’arribar pas que s iá ala

4 : que pòt èsser non formulabla coma tala o tala

5 : que pòt èsser tala e non formulabla coma tala o tala

6 : que pòt èsser non formulabla e a l’encòp pas èsser tala

7 : que pòt èsser, èsser pas tala e èsser non formulabla

L’Occitanie est un objet tangible, dont la construction et la reconnaissance sont nécessaires pour la survie de notre culture comme pour l’évènement d’une soc iété du mieux vivre ensemble. Mais elle peut également demeurer à l’état d’Utopie inachevée. L’Estela, qui porte l’ensemble de ces possibi lités à travers ces 7 « choix » , peut être donc là également pour nous rappeler les effor ts à fourni r pour atteindre l’objectif d’une Occitània fédérale et solidaire.

 

Waisale Crotz
* « Lo jòc de tolerància, apròchi critic de la logica binària » de Claudi Assemat,
colleccion « Ensages » 1, ADEO

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N°172 – Écolo toute !

Sep 17, 2010

L’écologisme est la tendance la mieux répartie, apparemment, dans le monde politique, voire dans la société.
Écologie environnementale, écologie sociale, écologie durable… Plus aucun parti politique (FN inclus) ne saurait
se passer d’un chapitre programmatique vert. Bref, l’homme planétaire se réveille : la bataille est gagnée.

 

Les écolosceptiques sont de sortie

Encore que… Si on va regarder derrière le mur d’affichage, il y a de quoi s’inquiéter. À l’occa sion du s ommet de Copenhague, on a bien vu les lobbies sortir tous les écolosceptiques of ficiels de leur s t iroirs , relayés par les médias démagogues pour freiner les vélléités révolutionnaires.

Tout le monde regrette, bien sûr, la disparition des espèces animales, mais c’est bien évidemment toujours à l’autre d’en a ssumer la
charge. De l’ours des Pyrénées à la commission baleinière internationale, sous la menace des groupes de pression, il est urgent de ne pas bouger. La démographie serait -elle un problème ? Et aussitôt, on donne du savant qui explique que la Terre peut nourrir 9 milliards d’humains, ce qui est une autre façon de dire qu’il ne faut pas remettre en cause le productivisme.

 

La patte blanche des Verts

D’ailleurs, les Verts ont montré patte blanche : l’écologie, c’est du développement « durable ». Comme ça , chacun y met ce qu’il veut y
compris le continuum de la croissance, remède à tous les maux. Chez nous, encore, amalgames aidant, on s’est joyeusement attaqué
au principe de précaution, g rand empêcheur de polluer en rond. Dans notre monde libéral, il a toujours mieux valu un modernisme
assassin et aveugle à un progrès choisi et responsable. L’extrême-gauche politique, qui n’a jamais été un fer de lance de
l’écologisme, croit s’en sortir en parlant d’écologisme social. C’est-à-dire un écologisme « humain ».

Comme si l’écologisme pouvait se concevoir hors de l’homme. M a i s l’écologie n’est pas le dernier avatar du s yndicalisme ouvrier, car ses objectifs et son point de vue sont plus globaux. L’injust ice s ociale n’est jamais qu’un des problèmes à résoudre.
Quant au capitalisme financier, on voit bien où il nous mène. Inéluctable. Toute la quest ion est de savoir quel sens a ce mot
pour l’humanité.

 

Sur notre territoire

Mais rev enons à notr e pet it t e r r i t o i r e . Quelles sont les perspectives politiques face aux enjeux e n v i s a g é s . Nicolas Sarkozy et la dynamique capitalo-libér ale ? Dominique Strauss-Kahn, dont on va nous expliquer par A + B qu’il est un homme de gauche ?  L’écologie politique officielle qui est déjà en train de négocier le nombre de sièges aux sénatoriales avec le PS ? On a l’impression que l’écologie politique a entamé son deuxième cycle.

 

L’évolution de l’écologie politique

Il y a d’abord eu Waechter qui, dans la sincérité du moment , a mené les Verts à plus de 12 % du corps électoral. Alors, sont arrivées les ambitions personnelles. E x i t Waechter et voilà Voynet, sénatrice (et cumularde). Pour ce faire, on passe sous les fourches caudines du PS et on porte l’électorat écologiste à moins de 5 %. Alors, une nouvelle bouffée écolopolitique arrive, s’ouvre et l’espoir renaît. Et les résultats électoraux repassent au-dessus de 12 % (c’est Europe-Écologie). Et l’on voit revenir les ambitions de quelquesuns.

On a l’impr es sion qu’aucune leçon du passé n’a été tirée. T o u t recommence. Qu’avancer ? L’écologisme aff iché es t -il condamné à se conditionner dans « la nature humaine » ? Inéluctable. Les mots ont-ils une réalité corporelle ? Et, au vent mauvais de nos  incohérences, n’avons-nous rien d’autre à avancer pour dépasser le postulat, que les notions puériles d’optimisme et de pessimisme ?

Jacques Pince

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N°172 – ALMERGE : LO FANTASTIC ALBUM

Sep 17, 2010

L’especialitat de Cristian A l m e r g e dempuèi M i l d i ó e M a s s e y – F e r g u s o n, version descalada d’Only you e Harley-
D a v i d s o n , es de prene aires e tèxtes coneguts e de los transformar a la salça occitana amb gost, umor e vam.

Es la recèpta seguida per la sortida a la rima de son F a n t a s t i c A l b u m q u e recampa un do tze nat de tèxtes que
passejan de Ciutat de Carcassona a Las Tors per destriar un monde fantastic ont lo vampir de la cobèrta (Lo vampir
de la Montanah negra) a un ai re de l ocatar i de l ’El isèu , su s l ’aire del s Daltons (amb Woorth dins lo ròtle d’Averel ?)

C r i s t i a n Almerge consacra un tròç de uèit minutas (sèm luènh dels formats estereotipats) a Balo mon fraire : L’an passat m’a calgut prene de somnif èris per dormi r. M’auràn pas ! Farai pas coma lo King Kong qu’acabèt sa corsa ennaut d’un gratacèl. Montarai a
M o n t s e g u r . A Montsegur, segur que me traparàn pas. Aquel monde es lo monde del diable. E ieu, soi vengut catar !

Lo pòr c de Dòn a Car càs t orna trapar vida e, vengut fantauma, rodeja per las muralhas de Ciutat : Segur que tot aquò es plan luènh, mas me soveni qu’un jorn me menèron ennaut de las muralhas e vegèri dins la plana una armada amassada, l’armada del rei de
França e tot d’un còp, sens explicas, me butèron debàs !

La maledic cion es suls trobadors que capi tan pas mai de jogar a Las Tors: Es pas acabada aquela crosada ! ont Trencavèl deguèt plegar : « T o r n a – rai pas de guèrra, soi dins mon castèl, en preson sus ma tèrra. »

Lo temps del baby boom es acabat.

Las causas an virat: « Ara lo Papy Boom : seissanta ans en plen bom ! Ambe pastís, spà o viagrà dais saràn los joves colhons. Longamai los faràn cagar per pagar las cotisacions. »

A se demandar se nos sarram pas de l’Apocalipsi : « Avèm passat l’an 2000 : sèm totis mai cons qu’abans e aur em l’Apocalipsi : nòstre monde espetarà. »

Mas tant que podèm rire, tant que sabèm rire que coma lo ditz Padena per clavar sos recitals : « Un pòble es adulte quand sap rire de se-meteis ». Per obténer aquela resulta, los disques e recitals del Cristian Almerge son una bona potinga.

Alan Roch
www.agorila.com

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N°172 – LA TALVERA : 30 ANS PER L’ÒC !

Sep 17, 2010

L’assoc iac ion « La Talvera » nasquèt a la fin de las
annadas setanta, dins un revolum occitanista marcat per un
ambient contestatari e antimilitarista. Tre la debuta, Daniel
Loddo e sos companhs s’afoguèron per la cultura tradicionala
orala dels terradors occitans. E aguèron l’intelligéncia d’o far
d’un biais etnologic, quasi universitari, en rencontrant musicaires
vièlhs, o en furgant dins los archiuss. Enregistrèron
menimosament contes, cançons, s’interessèron a çò que
foguèt la vida del monde simple del país nòstre.
La Talvera editèt puèi un nombre important de libres
acompanhats a la debuta de caissetas, e pus tard de CD per
balhar a legir e a ausir de pepitas de nòstra cultura tradicionala.
Aquel trabalh formidable e de granda qualitat sus la
memòria noiriguèt e noirís encara auèi un nombre important
de cercaires, de professors, de joves, o de curioses que vòlon
naturalament ne saber mai sul nòstre patrimòni.
Per aquela òbra pedagogica La Talvera farguèt de mòstras,
montèt d’ estagis, de col lòquis. La Talvera interven
regularament dins las escòlas, dubriguèt una botiga a
Còrdas (81), metèt en linha un site internet www.talvera.org
que podètz vistalhar per escotar de musica, consultar lo
catalòg, seguir l’actualitat de l’associacion…

Mas es pas tot ! Los de La Talvera se dubriguèron a
d’autras culturas : Brasil, Portugal… An tanben fargat de
ligams ambe de grops musicals coma Massilia, Nux Vomica,
Gacha Empega, Los Fabulós Trobadors… ambe de participacions
crosadas los uns als disques dels autres.
A l’escasença de sos 30 ans, La Talvera nos ven de porgír
un CD novèl « SOPAC e PATAC ». Son 17 cançons, la maja
part de creacions de Daniel Loddo ambe de tèxtes simpatics
mas pas gaire novators, escriches dins una lenga occ itana
blosa.
Dos tròces son particularament capitats a nòstre vejaire :
« Se i eu vali pas gair e » ont mari t e esposa escàmbian
paraulassas particularament suggestivas e caninas sus una
musica plan sautarela. E puèi encara « Al bal de La Talvera»
vertadièra convidacion a la dança, un domeni ont La Talvera
excèla mai que jamai !

Hugues Jourde

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N°172 – Crise du régime et contre-pouvoir territorial

Sep 17, 2010

La pléthore des affaires en France

Sous l’effet de la crise multilatérale du sys tème néolibéral, l’on assiste à la décomposition rapide du « modèle » républicain français.
À l’échelle de l’Europe, la Grèce, l’Espagne, le Portugal, la Hongrie… sont autant de pays dont les acquis sont dramat iquement menacés
par les marchés et lobbies financiers, qui tentent d’imposer leurs diktats aux gouvernements en place.

En France, une véritable crise de régime s’est ouverte, à l’occasion du débat sur le projet de contreréforme des retraites : est-il légitime
que des sacrifices croissants soient imposés au plus grand nombre par la caste d’affairistes actuellement aux commandes ? Le combat pour la démocrat isation des institutions nationales devient une nécessité de l’heure. L’a ffa ire Woerth-Bettencourt semble concentrer en effet un ensemble détonnant de dér ives engendrées par la gouvernance néo-libérale : conflits d’intérêt ,fraude et évasion fiscales, trafic de biens publics et de récompenses honorifiques, prises illégales d’intér êt, financement occulte de campagnes électorales…

Hormis c et te actua lité, les affaires ont défrayé la chronique médiatico-judiciaire dans la dernière décennie, trop souvent étouffées.
Certaines ont fait l’objet de procès inaboutis, d’autres ont été rapidement écartées par les pouvoirs en place : financement de
certains partis politiques à Paris et en Île de France, caisse noire de l’UIMM, procès Elf, Angolagate et procès de Charles Pasqua, délits
d’init iés à Air bus, a ffair e de Karachi (rétrocommissions illicites), pour laquelle Nicolas Sarkozy et Edouard Balladur pourraient
être mis en examen pour le financement de la campagne de ce dernier.

Sans parler de la tentative népot is te avortée de gest ion de l’EPAD par le fils du président. De manière générale, la délinquance
polit ico-financière au sommet de l’État impliquerait de nombreux dirigeants de l’UMP en exercice ou proches du parti-État,
que ce soit des ministres, des magistrats aux ordres, dont le premier d’entre eux… Leur arrogance à transgresser les limites de leurs
attributions et les lois en vigueur est proportionnelle à leur sentiment d’impunité face au manque d’indépendance de la justice.
En France, comme le savent bien les partisans de l’autonomie des r égions, le néolib éralisme s’appuie sur une lourde tradition,
atavique même, d’autoritarisme impérial intra comme extra muros. Omnipotence du gouvernement auservice de l’oligarchie financière et des réseaux lobbyistes ou maffieux, en particulier françafricains, destruction des solidarités sociales
acquises par les combats populaires et éducationnels, atomisation des individus : telle est la culture néolibérale à la française.
La collusion — pour ne pas dire la fusion et la confus ion — des équipes politiques et des milieux économiques, qui a conduit à cette
pléthore d’affa ires, peut- être inégalée à l’échelle de l’Union européenne et des pays occidentaux, est l’une des causes principa
les du déficit des budgets publics.

Depuis 2007, afin de préserver les privilèges d’une caste protégés par une législation complaisante (dépénalisat ion du droit des affaires, mise en place du bouclier fiscal, privat isation des services publics…), le régime Sarkozy  accumule les at teintes aux lib ertés publiques et aux acquis sociaux favorables à l’intérêt général ou au plus grand nombre. De leur côté, les réseaux françafricains, encore en activité cinquante ans après les indépendances africaines et qui ont organisé à l’occa sion du 14 juillet une parodie de commémoration, sévis sent toujours plus à l’encontre des intérêts vitaux des peuples du Sud. Pour exemple, le Niger qui accueille généreusement AREVA du fait de la richesse de son sous-sol minier, subit une nouvellecrise de famine de même que
le Burkina-Faso, voisin fr ancophone.

Au-delà des individus misen cause pour corruption, c’est toutun système politico-financier qui implos e désormais du fait de
l’acharnement à servir exclusivement les intérêts des plus riches. La société française en crise Par un phénomène assez classique
d’engrenage, se multiplient en contrepoint les phénomènes de violence urbaine dans les banlieues, lieu de relégation sociale : suite
aux émeutes de 2005, ce sont celles de Villiers le Bel en 2007, de Grenoble et de Saint-Aignan en 2010. Parallèlement, la répression est instrumentalisée au moyen de forces de police de plus en plus militarisées: multiplication des interpellations et poursuites, f ichage
généralisé, emploi d’ armes « non létales », stigmatisation inadmissible de la communauté des Rroms et des gens du voyage ainsi que  des communautés immigrées non européennes.

En a rrière-plan, les média s réperc utent les dysfonct ionnements répétés de la vie en collectivité, liés à la casse progressive
des services publics de proximité et à la destruction correspondante du lien social : violences récurrentes dans les établissements scolaires, l’Éducat ion nat ionale étant par ailleurs l’objet d’un dispositif massif de réformes anti-pédagogiques,épidémies de suic ide dans les entreprises et les services publics soumis à une réorganisation mana-gériale concurrentielle impitoyable, psychodrames vécus par une équipe na tiona le de footb all excessivement starisée…

De fait, il existe un lien entre tous ces phénomènes qu’engendre cette gouvernance, provoqués qu’ils sont par la crise morale et  symbolique  du néolibéralisme à la française, qui promeut une société individualiste entièrement vouée au profit immédiat via une compétition généralisée au bénéfice des hyper riches. L’auto-hypnose télévisuelle, médiatique et publicitaire ne vantait-t-elle pas jusqu’à il y a peu un modèle de réussite égoïste pa r l’arg ent fa cile et le suc cès médiat ique, s tar-s ystème dontnotre président ancien ministre de l’Intérieur est le modèle ident ificatoire affiché ?

 

Les forces de résistance

Cependant, dans de nombreuses sphères de la société, la légitimité de tels modes de gouvernance est  de plus en plus contestée, dans un contexte d’accroissement flagrant  des inégalités socio-économiques, des souffrances psychosociales qui s’ensuivent, et de prise de conscience progressive que le monde marche sur la tête, qu’on ne peut continuer comme cela. La paralysie progressive du système national procède de la dynamique selon laquelle « en bas on ne veut plus et en haut on ne peut plus ».

Des contrepouvoirs tels les jou naux en ligne (Médiapart ) jouent un rôle important pour, sur le modèle amér icain, remob iliser l’opinion et conduire à un sarkogate, notamment par la médiat isation de l’affaire Woerth-Bettencourt. La capacité de résistance du
peuple franç ais aux diversions populistes se traduit également par la mise en sourdine momentanée de l’extrême-droite : pour
combien de temps enc ore, en l’absence d’alternative démocratique clairement exprimée et unitaire ? Pour exemple, il serait
inconvenant que l’auteur du projet de loi sur les retraites reste en responsabilité quand pèsent sur lui des soupçons d’illégalité financière aussi graves et que peut instruire la justice. Sa démission s’impose tout autant que la création d’une commission d’enquête parlementaire, qui fasse la lumière sur les agissements des uns et des autres.

Dans un contexte aussi brouillé, un moratoire devra it enfin être arrêté concernant le projet de loisur les retraites.

 

Les territoires : un contre-pouvoir grandissant

Il est b ien sûr possible d’inverser cette orientation mortifère et ir responsab le, qui pourrait conduire à l’effondrement de la
démocratie dans notre pays. Cela nécessite une réflexion approfondie au plan institutionnel qui passe par la réduction des pouvoirs  centraux et la démocratisation de la vie des régions et de leurs prérogat ives, en matière linguist icoculturelle, polit ique, économique…

Le panorama électoral récent montre qu’un contre-pouvoir territorial discret mais pérenne et potentiellement puissant s’est construit depuis 2004 en réaction à la crise de l’État national : « Depuis qu’elle a repris l’Élysée à la gauche, en 1995, la droite a subi comme  autant d’échecs la plupart des élections locales. Ces défaites répétées ne l’ont pas empêchée de conserver le pouvoir, mais elles ont
peu à peu sapé ses assises territoriales, jusqu’aux plus anciennes,oeuvrant lentement à l’effondrement  d’un édifice : entre 1998 et
20 10, la dr oite a per du, en métropole, 744 cantons, 34 départements  et 18 régions.

Lors des municipales de 2001, elle cédait à la gauche deux villes emblématiques,  Paris et Lyon. Certes,elle croyait se consoler en gagnant, grâce à la cohabitation, 20 villes de plus de 30 000 habitants, mais elle en a perdu 26 lors des municipales de 2008 ! Même les élections législatives  de 2007, pourtant situées dans le droit-fil de l’élection de Nicolas Sarkoz y, se sont soldées par la disparition de 53 circonscriptions par rapport à la majorité  sort ant e. Cel a fait presque un millier de positions perdues. Les élections cantonales  de 2011 seront cruciales. Il y a toutes les raisons de penser qu’elles prolongeront le supplice de la droite. Or pour chaque canton perdu, chaque commune, chaque département , chaque région ou circonscription cédée à l’adversaire, c’est un pointd’appui, un réseau, des ressources,  autant de précieux leviers pour l’action publique comme pour la mobilisation des sympathisants et
des électeurs.(…)
La gauche a remporté un nombre suffisamment grand d’élec tions locales pour pouvoir espérer gagner le Sénat en 2011. » (1) Comme en Espagne, ce contrepouvoir territorial const itue une  rés erve de forces vives dans laquelle puiser pour réduire de manière significative, aux côtés du mouvement socia l, l’autocr at ie dans notre pa ys et pour que le peuple redevienne plus pleinement acteur de son histoire. Ce fait s’est confirmé à l’occasion de l’élection régionale de 2010 qui a vu la progression significat ive de RPS au
sein de la mouvance Europe Écologie. Autant de motifs d’espoir dans la tourmente des temps présents.

Martine Boudet

(1) Dominique Reynié, di recteur général de la
Fondat ion pour l’innova tion pol i tique et
pr ofesseur à Sc iences Pol itiques : « La droite
menacée d’un séisme en 2012 », Le Monde, édition
du 2 août 2010
h t t p : / / w w w . l e m o n d e . f r / i d e e s / a r t i c l e / 2 0 1 0 / 0 8 / 0 2 / l a –
d r o i t e – m e n a c e e – d – u n – s e i s m e – e n –
2 0 1 2 1 3 9 4 6 8 6 3 2 3 2 . h t m l # e n s i d = 1 3 9 0 9 1 0 & x t o r =
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N°172 – Petas « filosoficas »

Sep 17, 2010

Michel Onfray es pas un provocator (estandard e simpatic), mai crèsi que compren ren a la question lingüistica que l’axiòma de basa es de parlar mens per comprendre mièhs, siguèsse la finalitat de la comunicacion de dire per dire… Elementari, Sénher Onfray ! Dins sa tribuna meta-mondialista, “Les deux bouts de la langue”, (1) avèm retrobat un fais de prepaus que creseriam èstre l’especialitat dau microcòsme audio-televisat de La Cultura auto-proclamada.

 

D’aquela literatura novatritz, la comprenènça es tras que linda. Espepidonem donc :

Lenga unenca

A la debuta, lo mite. Iavé punís leis òmes que la bastison de Babèl dins sa pojada celèsta seriá pretencion d’egalar Dieu. Leis esparpalha dins lo monde. D’aquí la pluralitat cacofonica dei lengas, l’impossibilitat de se comprendre entre “habitus” despariers, responsa suprema a la trangression de la lenga unenca que donèt a Adam… Laiss em de c aire lei tèxtes istoricament “datats” e tirem lei consequéncias : aquí siam dins l’interpretacion de la pluralitat marrida. E Onfray de s’esquilhar vès l’autra realitat dau mercat onte domina l’Anglés estandard deis aeropòrts, lenga pauras sa, par la dura dau monde “modèrn” va lent-a-dire e-fi-ca-ça ! Es aquí la raiç de l’arri ideologic : lo regionalisme planetari es aquí ambé sei còntra-sens. Siam compelits de retrobar l’artifici benfasent d’una lenga unenca, fondament de la richessa ontologica perduda… Entre mercat e ineficacitat, es necite lo camin de l’unicitat dialectala ? Escamotada la dialectica entreunitat e diversistat dei lengas ? Es pas ges lo problèma.
Bescontorns “identitaris”

Es pas d’umor filosofic de dire que siam d’animaus patesents quora aparam lei lengas “regionalas” (e homo loquor ?). Per nòstre filosòf, “idiòma”, “dialècte”, son pas que patés, qué ! L’antropologia se garça de la lingüistica : siam totei fòra la veritat dins nòstrei  catechismes « regionalistas » ambé nòstrei lengatges passadistas e farlatats : « Pensi ais independentistas regionaus que fan de la lenga una aisina identitària, un otís de barradura sus se, una maquina de guèrra anti-universala, valent-a-dire un dispositiu tribau. »
Embarrament dau topòs e finituda dau lengatge provinciau (la tribú), l’adeqüacion es evidenta. Aparar la diversitat dei lengas (mèfi, deis “dialèctes e idiòmas” !) es una fauta etica : « (…) la multiplicitat deis idiòmas constituís mens una richessa qu’una pauretat ontologica e politica.(…) La lenga regionala fòrabandís l’estrangier, qu’ es pasmens sa parentèla republicana. Serve de cavau de Tròia de la xenofobia. » Pas mens… Polida « demonstracion » : lo filosòf critic mòstra quesaup totjorn pas l’origina e la finalitat “politicas” dau lengatge, qu’una lenga que capita es totjorn una lenga sostenida ò impausada per l’Estat. Mai l’Estat qu’aima pas Onfray, es aquí oblidat. Oblidada tanben la socializacion per la lenga deis « estrangiers » que pòdon pas que subir lei lengas minorizadas… Lo procés sociau es pres a rebós.

Adonc, aculturem dins una lenga “majoritària” : Francés ò Anglés ? La normaliza cion que tua e redreiça fa a v a n s ! Lei lengas regionalas son coma un sota-latin, lengas mòrtas, un truc incapable d’una bastison pedagogica… Oblida pereu que l’universalitat se pensa pas fòra la singularitat e que la subre ò sotavalorizacion d’una lenga sus una autra es pas « ontologica » mai politica…

Corollari

E lo Francés ? Es oblidat au profiech de l’Anglés. Es la soleta audàcia de sa tribuna. Estent que l’Anglés ven lenga de comunicacion e d’escambi, lo Francés tròba plus plaça. Una idèa dins l’èr dau temps. (2)

“Geografia conceptuala concrèta”e neocoloniala

Retorn a la normala. Entre Iavé e Babèl lo vuege ? Non ! Michel Onfray tròba una solucion inedicha: l’esperantò. I falíá pensar. Aquela lenga (pluriculturala ò a-culturala ?), es un sòmi d’un sègle que tròba pas de solucion autra qu’unificatritz au borrolatge socio-politic d’una pontanada segrenosa.

Tornam a la fin dau sègle XIX dins una Euròpa dei nacionalismes d’Estat que refusan lei butadas nacionalitàrias. Lei comunautats son chabidas, lei minoritats reprimidas. La responsa seriá “umanista” e dins lo drech fieu dei Lumes…
L’ignorància de la divers ita t, senon accceptada coma Idèia pura, vaquí la solucion originala : l’umanisme esperantista fa sens, tot lo monde se compren e s’escapa dei particularismes dialectaus : “ L ‘ e s p e r a n t ò prepausa d’abitar una lenga universala, cosmopolita,
globala que se bastís sus la dubertura, l’acuelh, l’alargament ; vòu la fin de la malediccion de la confusion dei lengas e l’aveniment d’un idiòma capable de tapar lo valat de l’incomprension entre lei pòbles ; prepausa una geografia conceptuala concreta, antitèsi de la religion dau territòri. ”
Cançon « novèla » quora volètz pas agachar lo fach lingüistic en fàcia e li trobar pas de solucions « ontologica e politica ». Una lenga se passeja pas dins lei cèus de “l’Universitat critica”, siguèsse “populària”, mai ambé d’òmes que fan l’istòri dei territòris e de territòris
que fan l’òme e son istòria.

Es aquí lo tendon d’Aquiles de Michel Onfray.

Pasmens, es per un ateïsme teoric e militant en favor de l’avenir dei pòbles. Bensai, mai subretot dei pòbles qu’an plus ges de lenga istorica. Tornam a la metafisica e au transferiment coloniau. Pas de tresena via Entre Yavé e Babèl, i a gaire de tresena via, son
que de solucions legislativas e politicas. Avèm rescontrat lo darrier metafisician de l’antropologia contemporanèa : nos a demostrat, sens complèx, que de cada discors “mondialista” e universalista, sòrtan pas que petas “filosoficas”.

Gerard Tautil

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N°172 – L’article 75-1 de la Constitution n’a qu’une valeur ornementale !

Sep 17, 2010

Si, pendant un temps, on pouvait se poser la question de la valeur de l’article 75-1 de la Constitution française sur les langues régionales, des conséquences pratiques de leur reconnaissance institutionnelle, aujourd’hui nous avons la réponse : l’article 75-1 ( 1 ) n’ a qu’une valeur ornementale et c’est l’Europe qui nous le dit.
Au tout début de l’année, François Alfonsi a été interpellé par un éditeur breton sur le fait de pouvoir bénéficier de subventions européennes, dans le cadre du volet 1.2.2 « Traduction littéraire » du Programme Culture, pour traduire un ouvrage de Shakespeare en langue bretonne. Le guide du Programme Culture, dans sa dernière version 2009, précise en effet que « les langues éligibles sont les langues officielles des pays participant au Programme » et définit les langues officielles comme les langues déterminées comme telles par « la Constitution ou des Lois fondamentales des pays respectifs ».
Or, Madame Vassiliou, Présidente de la Commiss ion Culture de l’Europe a fait savoir à François Alfonsi que « la référence faite aux langues régionales [dans la Constitution française] ne confère aucunement à la langue bretonne le statut de langue officielle de la
République française […]. Le breton (au même titre que les autres langues régionales de France) ne bénéficie pas du même statut que le basque ou le catalan, qui sont déjà reconnus par la Constitution espagnole comme des langues officielles. Par conséquent, la
langue bret onne ne peut bénéficier du s outien du programme Culture en fave ur des proje ts de traduction. »

Aucune langue de France ne peut donc recevoir d’aide de l’Europe. La logique tourne même à l’absurde : un éditeur basque de Bayonne ou catalan de Perpignan ne recevra aucune aide de l’Europe alors qu’un éditeur basque de Bilbao ou catalan de Barcelone,
parce qu’il se trouve en Espagne et que l’Espagne, qui a inscrit le catalan et le basque comme langues officielles dans sa Const itution( 2 ), pourra lui obtenir un financement européen. Pas de doute, l’Europe des Régions et des Peuples est encore loin. Aucun doute non plus, l’apparition des langues régionales dans la Constitution à titre patrimonial est bel et bien insuffisante !

 

 

1- Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France.
2- L’article 3 de la Constitution espagnole stipule : 1) Le castillan e st la langue espagnole offici elle de l’État. Tous les Espagnols ont le devoir de le connaître et le droit de l’utiliser. 2) Les autres langues espagnoles seront également officielles dans les différentes  Communautés autonomes en accord avec leurs Statuts. 3) La ri ches se des div er se s modal ités linguis tiques de l’Espagne est un patr imoine cul ture l qui doi t être l’obje t d’une protection et d’un respect particuliers. 

 

 

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N°171 – Les techniciens contre la nature

Juil 17, 2010

Le temps circulaire et le temps linéaire sont deux conceptions du monde et deux évolutions possibles différentes, celle des cultures païennes comme les Grecs anciens ou les Amérindiens, et celle, judéo-chrétienne, des Occidentaux. La seconde a conquis et dominé
l’autre pour imposer sa vision linéaire du temps historique.

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Relation et interdépendance

Les Amérindiens concevaient le monde autour du cercle. Les cercles s ont partout dans la nature: la Terre, le soleil, les étoiles et leur
mouvement, le nid de l’oiseau, les ronds d’une pierre jetée dans l’eau d’un étang; et aussi les cycles des saisons, du jour et de la nuit, des migrat ions d’oiseaux ou de poissons; le parcours de l’être humain sur ter re, qui sort du néant ou monde des esprits pour y revenir.

Tout est lié de façon circulaire ou cyclique, tout meurt ou disparaît mais pour mieux se renouveler. Nous faisons partie intégrante de
c et univers harmonieux où tout n’existe qu’en relation et interdépendance. Nous ne pouvons pas nous en abstraire et décider non seulement que nous en sommes les maîtres mais que nous pouvons en abuser à notre guise sans en subir les conséquences  désastreuses.

C’est pourtant cette croyance en un temps linéaire où le futur est symbole de progrès et le passé de régression et d’obscurantisme qui a
peu à peu coupé les Occidentaux de leurs liens à la planète Terre. Au nom du progrès, on a exterminé ou asservi d’autres peuples pour leur imposer une civilisation des sciences et techniques que l’on croyait supérieure, on a exploité et détruit les richesses naturelles au
même rythme que disparaissaient les langues, les cultures et la biodiversité animale et végétale.

On a même privatisé le vivant et tout ce qui conditionne notre survie d’êtres humains : les graines avec les manipulations génétiques, les plantes avec des brevets déposés sur certaines espèces sauvages, l’eau aux mains des multinationales de la dépollution, la terre des
petits paysans d’Afrique ou d’Asie, vendue aux pays riches mais pauvres en ressources agricoles.

Le progrès revient à rationnaliser la production d’un matériau — vivant ou non — grâce à la science, pour en tirer un maximum de profit. Deux exemples montrent que même ce qui semble le plus éloigné d’un perfectionnement technologique est soumis à  rentabilisation.

Les abeilles

On sait que les pesticides sont cause de leur disparition progressive, mais les techniques apicoles n’auront pas été étrangères à cet effondrement des essaims. Les apiculteurs ont éliminé la plupart des a beilles locales , par hybridation avec d’autres espèces de  différents pays, en sélectionnant les reines sur certains critères, en les inséminant artificiellement.

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Au lieu de r especter le c ycle naturel de l’abeille et son repos hivernal, ils les nourrissent à l’automne et en hiver pour relancer la ponte avant l’heure et qu’elles produisent  plus tôt au printemps. L’Inra a même créé la triple hybride, une abeille capable de produire 30 à 40 kilos de miel de plus par  a n ! Mais cette chimère génétique n’a pas eu grand succès car il faut la reconstruire à chaque fois à partirde souches pures. Les gains sont déris oires par rapport aux pertes. La reine qui vit de 3 à 5 ans dans la nature, doit être changée au bout d’un an en  élevage. Elle doit pondre de plus en plus et à un rythme accéléré d’où son épuisement rapide. Les critères de sélection des reines — prolificité,  productivité, douceur — en laissant de côté tous les autres critères, font des lignées beaucoup plus fragiles,  beaucoup moins résistantes aux maladies.

Les adeptes des abeilles locales ont remarqué qu’elles sont plus agressives mais se défendent mieux contre les maladies et les   prédateurs, passent mieux l’hiver pour peu qu’on leur laisse gérer leur miel au lieu de leur donner une nourriture artificielle.

L’essaimage, normal dans la nature est contrôlé par les apiculteurs, empêchant le renouvellement du cheptel et parfois sa survie.

Enfin, il y a appauvrissement génétique : aux USA, 2,5 millions d’essaims sont issus d’à peine 400 reines-mères. Or « la force d’une
espèce dépend de la diversité génétique de sa population » et « conserver la biodiversité, c’est conserver les possibilités de défense contre les agressions extérieures ». Et elles sont nombreuses, avec les pesticides, les Ogm, les monocultures, la disparition de la flore sauvage.

 

Les huîtres

Image9Leur production semblait difficilement industrialisable. Pourtant de nouvelles techniques d’élevage plus compétitives sont apparues.
En Occitanie, que ce soit dans les eaux tièdes des étangs de Thau et Leucate où les huîtres sont élevées en suspension sur des cordes
immergées, ou dans les eaux calmes du Bassin d’Arcachon où l’élevage se fait à plat, les huîtres d’origine ont pratiquement disparu. En
cause bien sûr la forte affluence touris tique que c onnaissent ces deux régions, l’urbanisation galopante et les pollut ions qui en
découlent. Après l’huître portugaise, décimée par un virus, une huître japonaise, la gigas, a été implantée et semble résister. Mais le naissain, tradit ionnellement capté sur des collecteurs chaulés, est désormais produit pour moitié dans des écloseries industrielles.

En 1997, l’Ifremer de La Tremb lade a créé par manipulat ions chimiques des mâles tétraploïdes (ayant 4 paires de chromosomes).

L’écloserie loue une huître mâle au prix fort, répand sa semence dans des bocaux d’eau de mer contenant des huîtres diploïdes  (normales, à deux jeux de chromosomes), et obtient des larves triploïdes (trois paires de chromo-somes). Un mâle génère ainsi jusqu’à
2 00 tonnes d’huîtres . Les larves s ont nourries au phytoplancton pous sé sous lumière art ific ielle dans une eau de mer additionnée
de sels nutritifs. Au stade de 1 cm, les petites huîtres sont achetées par les ostréiculteurs qui les cultivent un an et demi en pleine mer.

Les  triploïdes sont stériles, elles ne sont donc jamais laiteuses et peuvent être commercialisées toute l’année. Comme elles ne  dépensent pas d’énergie à se reproduir e, elles poussent en deux ans au lieu de trois pour une huître naturelle. Revers de la médaille, les huit  écloseries existantes ont le monopole de la production de triploïdes qui représentent aujourd’hui 50% des huîtres  consommées. Certaines triploïdes n’étant pas entièrement s tériles, elles se reproduisent en milieu marin et risquent de contaminer génétiquement les stocks de gigas.

Ces deux dernières années, les huîtres juvéniles ont connu un taux de mortalité inquiétant (près de80%) dû à un virus herpétique qui a
infecté les triploïdes et gagné tous les naissains. L’Irlande a interdit l’importation de naissain d’écloseries françaises.

Autre aléa, si quelques huîtres tétraploïdes s’échappent des écloseries, cela entraînera « en une dizaine de générations, le basculement
vers une population exclusivement tétraploïde » (INRA, 2004).

Où est le progrès ?
Dans ces deux exemples, la rentabilisation du vivant grâce à la science  est-elle un progrès ou une mise en danger de la biodiversité et donc de notre survie ? Ce qu’on appelle “avancée technologique” est en fait la croyance illusoire que l’être humain peut faire mieux que  a nature dans son extraordinaire complexité. Les éleveurs laitiers à l’herbe l’ont compris, qui ont choisi de travailler avec la nature et non contre elle. Certains apiculteurs aussi qui essaient de retrouver les races locales d’abeilles mieux adaptées à leur biotope et mieux à même de se défendre contre les agressions environnementales. Une trentaine d’ostréiculteurs de 7 bassins différents ont  choisi de  valoriser les huîtres nées en mer et vendent leur production sous l’appellation « ostréiculteur traditionnel ».
Ceux-là sont revenus au temps circulaire, laissant à la nature le soin de renouveler la ponction modérée qu’ils font sur le milieu. Ils  agissent en utilisateurs et non en prédateurs de ressources limitées. On peut utiliser la technique mais après avoir réfléchi à toutes ses  implications futures. Le monde doit évoluer à la manière d’un arbre, se projetant toujours plus haut dans le ciel de l’avenir, mais restant profondément enraciné dans la terre d’origine.

 

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N°171 – L’Inquisition pour la répression

Juil 17, 2010

Le traité de Paris, signé le 12 avril 1229 et imposé au comte de Toulouse Raimon VII par l’Église et le roi de France, est reçu en Occitanie comme un coup de massue. Parmi ses trente-deux articles, plusieurs commandent une répression implacable contre les « hérétiques », en associant tous les pouvoirs à cette lutte : le temporel et le religieux, même combat !…

 

Réprimer les hérétiques

Les choses ne traîneront pas. Dès le 24 mai 1229 une université est inaugurée à Toulouse, rue Saint-Rome, dans le couvent des prêcheurs dominicains : elle servira à former les futurs agents de l’ inqui si tion chargés d’éradiquer t oute contestation du nouvel ordre imposé, celui de l’Égl ise mai s aussi celui du pouvoir capétien. En novembre, un concile se tient à Toulouse, présidé par le  cardinal-légat de Saint-Ange — Romano Frangipani — qui est le véritable artisan du traité de Par is. Parmi le s quarante- c inq canons des décisions arrêtées, le canon 18 résume bien le but de ce concile et inaugure, après vingt ans de guerre, un si èc le de répression, de ter rori sme inquisitor ial subit par les populations d’Occitanie : « Seront considérés comme accusés d’hérésie ceux que désignera la rumeur publique ou ceux qui, sur dénonciation de gens honorables et sérieux, auront été classés comme tels, légalement, par l’évêque».

Aussitôt l’assemblée conc iliaire se transforme en tribunal pour juger des suspects d’hérésie désignés par l’évêque Foulque qui a  produit des témoignages écr its, non communiqués aux ac cusés bien entendu… On assistera même à des abjurations par peur du  bûcher. Ainsi l’ancien parfait Guilhem del Soler recevra une charge de chanoine en récompense de son abjuration : il est l ‘ancien s o c i u s (compagnon) du diacre cathare Bernard de Lamothe qui a vécu à Villemur-sur-Tarn au début du XIIIe siècle.

 

Les principales mesures du concile de Toulouse

Tout homme dès 14 ans et toute femme dès 12 ans devront prêter le serment — à renouveler tous les deux ans — de servir l’église catholique et en particulier de dénoncer toute personne (parent, ami, voisin…) suspecte d’hérésie. L’Ancien et le Nouveau Testament  sont interdits aux laïcs ; écrits en latin, leur traduction en occitan n’est évidemment pas concevable par l’Église, les populati ons  locales pouvant trouver dans les Évangiles un caractère subversif nuisible à l’ordre établi ?… La présence de tous à l’égl ise est obligatoire le dimanche et les jours de fêt es re ligi euses ; le s prêtres sont invités à rappeler plusieurs fois par an à leurs paroissiens les dispositions du conci le de Toul ouse. Les cl er cs sont exempté s d’ impôt s et l es laï cs par contre sont condamnés à leur payer les dîmes sans aucune exonération… Sur le plan militaire, il est interdit à tout homme de plus de 14 ans d’entretenir quelque relation que ce soit avec les faidits et aussi de construire un nouveau château ou de relever une forteresse démolie. De même toute femme propr i étaire d’u n châte au e t t oute veuve héri tière d’une place-for te verront leur propriété confisquée si elles épousent un faidit ou un hérétique.

Enfin les constitutions d’associations ou de conf réries sont strictement interdites, aussi bien pour les seigneurs et chevaliers que pour les bourgeoi s des villes et les paysans des campagnes… Ainsi tout un peuple s’enfonce, pour plus d’un siècle, dans une nuit   inquisitoriale impitoyable. Dorénavant, chacun devra apprendre à se taire, pire à se méfier de ses voisins comme de ses propres amis   ou de sa famille. Le moindre geste et la moindre parole pourront être interprétés comme une complicité d’hérésie, avec des  conséquences destructrices sur les personnes et sur les biens : port de croix cousues sur les vêtements pour les hérétiques cathares et d’une rouell e pour les Juifs, torture  physique et morale, prison perpétuelle, bûcher, conf iscation des biens et destruction de maisons, parents déterrés et dépouilles brûlées…

Bref, une terreur organisée que l’on pe ut compare r à cel le connu e so us l’occupati on allemande au XXe sièc le, mais qui fut, elle, de cour te durée. La philosophe Simone Weil (1909-1943) écrit, quelques jours avant sa mort en 1943, à propos de la conquête du comté  de Toulouse par la France : « On peut trouver dans l ‘Histoire des faits d’une  atrocité aus si grande, mais non plus grande »…

Quant à Henri Gougaud, il affirme : « Il fallut deux siècles pour que les Occitans deviennent français et bons catholiques. Deux siècles de gestapo. Ceux qui Malgré tout, des tensions se font sentir dans tout le comté de Toulouse, t ant contre l ‘oc cupant français que  contre l’église catholique qui se place de plus en plus, dans toute la chrétienté, au-dessus des pouvoirs politiques laïcs. Le sénéchal de Carcassonne est tué dans une embuscade près de Quillan, t andi s qu’à Toul ouse la po pulation assassine les délateurs et les « fonctionnaires » de la police inquisitor iale. Raimon VII ruse autant qu’il le peut pour ne pas appliquer les clauses du traité de Paris.

Quant aux consuls, ils défendent leurs concitoyens contre les e xcès de s frères prê ch eurs qui commencen t à dé ter rer des mo rt s suspectés d’hérésie pour les brûler sur un bûcher. Enf in les manifestati ons d’hostili té deviennent si intenses que l es maîtres de l’université Jean de Garlande, Hélinaud de Froidmont et Roland de Crémone devront qui tter Tou lo use et regagner Par i s pou r « sauver leur peau »…

Création de l’inquisition pontificale dominicaine

Constatant le manque d’efficacité des évêques d’Occitanie dans la lutte contre les « hérétiques », et les nombreuses entraves que représentent les «frontières » entre les seigneuries et les diocèses, le pape Grégoire IX confie le 20 avril 1233 à l’ordre des frères prêcheurs la mission d’éradiquer l’hérésie définitivement et par tous les moyens : l es dominicains seront désormais les seuls « juges délégués par l’autorité du Saint-Siège à l’Inquisition de la perversité  hérétique », et ne recevront d’ordre que du pape directement.

Autremen t dit , il s seront se ul s « maîtres à bord » et totalement libres d’organiser à leur guise la soumission déf initive des  populations, qui vont connaître un cauchemar insoutenable sur plusieurs générations.

Dès le 22 avril 1233, Pons de Saint- Gilles, Guilhem Arnaut et Pierre Sellan auront en charge l’inquisition des diocèses de Cahors et  Toulouse. Arnaud Cathala et Guilhem Pelhisson enquêteront dans le diocèse d’Albi, tandis que l e catalan Ferrer et Pierre d’Alès auronten charge celui de Carcassonne. C’est d’ailleurs Ferrer qui interrogera l es rescapés de Montségur après le bûcher du 16 mars  1244.

Le tr ibunal de l’inquisiti on pontif icale s’install e dans une maison de Pier re Sellan près du Château Narbonnais, sur l’actuelle place du  Salin à Toulouse. On peut visiter aujourd’hui encore la première maison de l’inquisition dominicaine qui jouxte l’anc ien rempart  romain.

Un système policier et judiciaire terrifiant

Les Dominicains mettent en place une machine policière infernale. Ils ont tous les droits en matière d’espionnage, de perquisition, d’arrestation en tous temps et en tous lieux, sur toutes les populations, du simple paysan au plus gran d seign eur , fû t-ce l e comte de Toulouse… et même sur tout le clergé. Leurs exploratores — sorte de police secrète — surveillent les conversations, et recherchent les fugitifs dans les bois, les grottes, les souterrains (les cròs ou c luzeaux) , l es châteaux et même l es églises. Ils paient des délateurs et se remboursent eux-mêmes de leurs propres frais sur le trésor public (royal ou seigneurial), sur les amendes infligées aux hérétiques et sur la confiscation de leurs biens. Sont défrayés de la même manière tous ceux qui ont assisté à un procès, à l’énoncé et à l’exécuti on du verdict. De même pour les fossoyeurs chargés d’exhumer l es squelettes de prétendus hérétiques condamnés à être brûlés… Les évêques, les curés, l es vigui ers, les magistrats, les consul s sont tenus de les aider si nécessaire. Les inqui si teurs se déplacent en général avec leur tribunal itinérant. Quand ils arrivent dans une ville ou un village, tout le monde — catholiques ou présumés « hérétiques » — peut trembler, car personne n’est à l’abri et peut perdre sa liberté, ses biens et même sa vie pour peu de chose.

L’inquisiteur demande aux curés de rassembler toute la population et se lance dans un sermon anti-hérétique, où il exhorte les uns et  les autres à se déno ncer . En général un « délai de grâce » d’une ou deux semaines est accordé pour que chacun vienne confesser ce qu’il sait ou ce qu’il est. Les plus ter ror isés le font spontanément par peur du bûcher. Ils sont alors réconciliés avec l’Église, mais doivent s’engager à dénoncer d’autres « hérétiques » pour prouver leur sincérité. L’inquisiteur peut alors démonter rapidement tout le réseau de solidarité cathare.

La procédure

Avec les informations obtenues des délateurs, l’inquisiteur dresse une liste de suspec ts qui sont convoqués quelques jours après. Chaque suspect comparaît seul, sans l’aide d’un avocat, devant un tribunal composé de l’inquisiteur, de deux religieux et d’un notaire qu i va dresser le procès-verbal de l’interrogatoire. On peut imaginer son angoisse, quand lui sont posées l es premières questions : il  ne connaît pas  de motif de sa convocation ; ni le nom de ses dénonciateurs ; ni ce que contient déjà son dossier ; ni par conséquent ce que sait ou ne sait pas l’inquisiteur…

Le suspect doit tout d’abord prêter serment de « dire toute la vérité sur luimême et sur les autres vivants et morts, sur l’incrimination d’hér ési e ». Il est tenu ensuite de confesser toutes ses « fautes », après avoir donné le nom de ses parents, conjoint, enfants, frères et soeurs… et après avoir résumé tous les faits notables de son existence. S’ il oublie certains détails liés à « l’hérésie » cathare, qui  peuvent être découverts plus tard, il risque une condamnation sévère comme parjure. L’inquisiteur complète la déposition du suspect en lui demandant des précisions qui seront notées minutieusement et uti lisées pour confondre d’autres suspects lors de cette session  du tr ibunal, ou même souvent de nombreuses ann ées après ave c l es inquisi teurs  su ivants, l es do ssi ers et f ichi ers individuels étant conscienc ieusement rédigés et archivés… Une aubaine pour les historiens !

Quand, aux yeux de l’inquisiteur, les aveux du suspect d’hérésie paraissent trop légers, celui-ci est conduit en prison pour « l’aider » à réfléchir avant un nouvel interrogatoire, parfois avec  quelques tortures physiques ou morales à l’appui… Enfin après les « aveux », le
présumé coupable est invité à renoncer défini tivement à la fréquentation des hérétiques, à abjurer la foi cathare, à combattre activement « l’hérésie » — par la délati on par exemple — et à servir l’église catholique. Vien t e nsuite assez rapidement l ‘heure de la sentence. Pour celui ou cel le qui pe rsévère dan s la foi de s « Bon s Ch rét iens », ainsi qu e po ur celles et ceux qui sont retombés dans l’hérésie après une première abjuration ( les relaps), l’affaire est entendue : ils sont remi s par l’ inquisiteur au bras séculier (car l’église catholique « qui a horreur du sang versé » n’ose pas exécuter  ell e-même les personnes qu’elle condamne…), c’est-à-dire qu’ils seront  brûlés immédiatement sur un bûcher.

Mais il arrive que certains, au pied du bûcher, demandent à abjurer : ils sont al ors de n ouveau inter rogés par l’inquisiteur qui les renvoie à la prison (sauf les relaps condamnés définitivement) ou les livre de nouveau au bûcher, s’i l estime que le repentir n’est
pas sincère. Quant aux autres suspects d’hérésie, l’inquisiteur les réintègre dans l’église en leur infligeant une pénitence plus ou moins sévère : port de croix d’infamie cousues l’une sur la poitrine et l’autre dans le dos, pèlerinages plus ou moins lointains, amendes diverses, pri son limi tée à quelques années ou bien pour la vie. Mais malheur à celle ou celui qui récidive : ce pourrait être
alors le bûcher !

Les mor ts n on plus ne sont pas épargnés. Si, au cours des interrogatoires, l’inquisiteur découvre que telle ou telle personne est  décédée « en odeur d’hérésie », elle sera déterrée, promenée  en procession dans les rues de la ville ou du village, et finalement ses  restes seront brûlés sur un bûcher. Ses biens se ro nt conf i squ és et son anc ie nne maison détruite — comme pour tous les condamnés — avec l ‘interdicti on de reconstruire à jamais sur ces mêmes lieux.

Mais le délit d’hérésie n’est pas seul invoqué par l ‘inquisition pour s’emparer des biens de la population. Ceux qui font o bstac l e au pai ement de s dîmes en faveur de l’église sont euxmêmes l ourdement condamnés, car pour l’église leur résistance à l’impôt met en pér il l’ ordre économique et social.

Les sentences sont lues lors d’une cérémonie religieuse devant une église, comme à Toulouse devant la cathédrale Saint-Étienne.  L’inquisiteur est entouré pour l’occasion des membres du tribunal et de tout le clergé du lieu et du voisinage. Leurs frais de déplacement seront remboursés avec la vente de bi ens co nf isqués au x pré ven us. Le peuple aussi doit assister à ce « sermon public » appelé « acte de foi » ou autodafé…
La haine des populations
L’inquisition s’en prendra ainsi à t oute une population vaincue, dé jà traumatisée par vingt ans de guerre de 1209 à 1229. Dans toutes  les villes et  dans les plus petits villages personne ne sera épargné : qu’il soit bon catholique o u croyan t cathare, cheval ie r, paysan ou artisan, chacun subira dans sa vie quotidienne une surveillance permanente, par un clergé tenu d’exécuter l es consignes de l ‘inqui siti on et du traité de Paris, même si certains curés se montrent solidaires de leurs compatriotes d’Occitanie…

Devant toutes les injusti ces et les cruautés commises par les tribunaux de l ‘inquisi tion, on peut comprendre la haine qui s’emparera des populations con ce rn ées, non seul ement cont re l’Église, mais aussi contre les occupants français qui sont mutuellement  solidaires.

Une haine tenace qui durera bien deux siècl es et qui engendrera sans doute, dans nos régions occi tanes, un certain  anticléricalisme récurrent.

Georges Labouysse

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