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SOS Droits démocratiques en péril

Déc 31, 2018

          Un article de Martine Boudet[1]

                De l’avis général, la victoire de l’extrême-droite au Brésil est un séisme politique, qui conforte le réseau fascisant à l’échelle internationale. En France, le soixantenaire de la 5e République est passé inaperçu, au regard de la crise que vit la mandature Macron depuis l’affaire Benalla puis la démission-sanction de N Hulot, « le ministre le plus populaire du gouvernement »[2]. Si le centralisme autoritaire, revu et corrigé sous l’égide néolibérale, n’a plus la cote du côté des citoyen-ne-s, il conserve cependant sa capacité de nuisance[3].

                 Progression inquiétante de la vague brune et crise concomitante des forces progressistes

Le Brésil après les USA, l’Italie, la Hongrie, l’Autriche…et peut-être la France aux prochaines élections européennes, où l’ex FN est déjà majoritaire: la conquête de pouvoirs d‘Etat dans des pays aussi stratégiquement importants consacre une nouvelle période, qui fait suite à la gestion austéritaire des économies depuis la crise financière de 2008. Elle consacre aussi un certain échec des forces progressistes à maintenir des acquis socio-politiques voire leur intégrité en Amérique latine, continent pilote des dernières décennies : la réaction thermidorienne est aux portes du pouvoir au Vénézuela, au Nicaragua, en Equateur…Ainsi que dans l’Union européenne, où le modèle intégrateur scandinave est à l’eau et où prédomine un  nationalisme exacerbé en Europe centrale.

En France, la crise de croissance des organisations de gauche n’est plus un secret, qu’il s’agisse du PS laminé par un mandat présidentiel de compromissions, du PC dont la direction compose pour son Congrès avec une orientation minoritaire, d’EE Les Verts, du NPA[4], du POC lui-même… Jusque-là préservée du fait de ses résultats à la présidentielle de 2017, la France insoumise  vit un conflit majeur avec les forces de l’ordre et  la justice. La descente de police dans ses locaux ne serait-elle pas un retour de bâton, en réponse à l’affaire Macron-Benalla, qui a mis en difficulté l’exécutif ?

Au niveau de la société civile, la situation n’est guère meilleure, le tissu associatif se destructurant suite à l’abrogation du dispositif des emplois aidés et par l’assèchement des aides publiques au financement, voire par le remplacement de ces structures par des sociétés privées qui font payer l’usager.

Un indice de la gravité de la situation au niveau des relations sociales, la campagne « #Pas de vague (le « me too » des enseignants, 35 000 tweets en quelques jours suite au braquage d’une professeure) est révélatrice du degré de saturation du corps enseignant, spécialement dans le secondaire, face à la violence scolaire et à l’omerta d’une administration autoritaire, et souvent dans les faits complice passive[5].

                     Les obstacles à la mobilisation sur le terrain  démocratique

Au regard de ces différentes menaces à l’égard des droits démocratiques et ne serait- ce que du vivre ensemble, le dispositif de défense et de prévention de risques graves est-il suffisant? Il est regrettable que le mouvement social, organisé dans le collectif Marée populaire,  n’ait pas relayé les médias, juges et parlementaires, dans la foulée de l’affaire Benalla. Pourtant, c’était bien la seule carte gagnante après les échecs sectoriels et sociaux du printemps dernier[6].

Les syndicats enseignants soutiendront-ils la campagne « #Pas de vague », pour exiger de l’administration des conditions de travail dignes ?  A l’approche des élections professionnelles de novembre-décembre, il y a là matière à concrétiser un dialogue inter-corporatif caractérisé par une morosité inquiétante et par l’abandon dans la nature de milliers de jeunes bacheliers, déboutés du dispositif d’orientation Parcoursup.

Le cantonnement dans les problématiques sociale et écologique explique en grande partie ces difficultés d’adaptation à la nouvelle donne, ainsi que l’illusion de vivre encore dans la « patrie des droits de l’homme ». Le contexte pourtant prévalant de l’état d’urgence passé dans la loi ordinaire depuis octobre 2017  apparaît comme singulièrement absent des débats, dans les faits banalisé. Seul dispositif qui existait à cet égard, le collectif contre l’état d’urgence[7], d’ailleurs minimal puisqu’il n’avait pas été décentralisé de son vivant, ne fonctionne plus. Pendant que s’applique la loi de sécurité intérieure avec ses dérives et abus, et que les victimes d’une police et d’une justice aux ordres –qu’ils/elles soient habitant-e-s des quartiers populaires, jeunes étudiant-e-s et lycéen-ne-s, militant-e-s et syndicalistes, citoyen-ne-s…se trouvent isolées et avec peu de moyens de défense. Ainsi, est passée incognito la condamnation du frère d’Adama Traoré à trois ans de prison, au nom d’un « terrorisme de quartier » (sic). Malgré une manifestation de soutien de 2000 personnes le 13 octobre (à Paris)[8].

                                  Pour une coordination des comités de soutien de victimes (des répressions d’Etat)

Depuis la COP 21 et la première loi Travail, période où fut installé l’état d’urgence au motif de la « guerre contre le terrorisme islamiste », des milliers de militant-e-s, jeunes et citoyen-ne-s ont connu le « talon de fer »[9] dans le cadre d’interventions policières : agressions physiques, blessures et morts, arrestations, poursuites judiciaires, condamnations, perquisitions, assignations à résidence, contrôles….. Il devient urgent de mobiliser sur le terrain de l’Etat de droit, pour une contre-offensive qui fasse suite aux échecs du printemps dernier (SNCF, Université-Education nationale…) et qui prépare les résistances à venir (retraites, Fonction publique…). Mais pas seulement sur un mode parasyndical et défensif.

                   Les axes d’une campagne de cet ordre gagneraient à rendre compte du caractère multilatéral des répressions en cours. Concernant les pouvoirs régaliens :

– l’abrogation de la loi de sécurité intérieure (octobre 2017) qui banalise l’état d’urgence au motif ou au prétexte de la guerre contre le terrorisme

-la dissolution des milices parallèles clandestines et concurrentes à la Police et à la Gendarmerie nationales (affaire Macron-Benalla), sanctions des responsables à prendre en fonction des conclusions des commissions d’enquête judiciaire et sénatoriale

-l’arrêt des violences policières et des discriminations judiciaires, dans les quartiers populaires, les manifestations, les lieux publics, les ZAD…

– en cas de mort d’homme dans le cadre d’interventions policières, poursuites judiciaires et sanctions.

Concernant les pouvoirs représentatifs :

-l’arrêt des ordonnances qui imposent les diktats de l’exécutif contre la représentation parlementaire, pour la réalisation de projets antisociaux

-le retrait du projet présidentiel de révision de la Constitution pour renforcer les pouvoirs de l’exécutif.

Concernant les services publics:

– le retrait du projet  de remise en cause du paritarisme dans les Fonctions publiques d’Etat et des Collectivités territoriales

-l’arrêt de l’autoritarisme administratif dans les services publics, de l’Education nationale et de la Poste entre autres: sanctions abusives de personnels….

– la suppression du dispositif Parcoursup  dont le fonctionnement opaque voire illégal (algorithmique) organise la sélection des bacheliers, et leur discrimination sur un critère d’origine

-l’arrêt des censures sur les sujets dits sensibles (racisme d’Etat,  intersectionnalité…) dans les départements de sciences sociales  (université).

Construction d’un paradigme démocratique

La politique menée par l’oligarchie s‘appuie sur un courant d’extrême droite et xénophobe qui, détournant les mécontentements, a conquis des centaines de places électives (municipales, régionales, européennes…) ; 50 à 60 % des forces de l’ordre votent pour l’ex FN. Il importe de faire connaître le bilan de cette double gouvernance, pour les prochaines campagnes électorales. Quant à la cellule de veille inter-organisationnelle, dont la mission peut être de médiatiser les cas de dérives et de leurs victimes actuellement isolées et fragilisées, et d’organiser des défenses en justice, collectives si possible, il existe un capital d’expériences et d’expertises alimenté par les collectifs contre l’état d’urgence et des quartiers populaires (Observatoire des violences policières/collectif Amal Bentounsi, collectifs Adama Traoré, Ali Ziri….)….

Pourquoi cette problématique est-elle fédératrice ? Parce que la France est traditionnellement un pays de culture politique et que, dans les périodes de crise, c’est par la politique que le peuple en est sorti par le haut.  Les enquêtes d’opinion ont montré le fort intérêt qu’a connu l’affaire Benalla en pleine trêve estivale, ainsi que le discrédit présidentiel correspondant, à en juger aux réactions: enquêtes judiciaires et mises en examen, deux commissions d’enquête parlementaire largement médiatisées pour établir les responsabilités gouvernementales, deux motions de censure, licenciement de Benalla par l’Elysée et autres sanctions internes, blocage par  le Parlement du débat sur le projet de modification de la Constitution et de réforme institutionnelle …

Il y va de la responsabilité de nos différentes organisations de s’impliquer sur cet axe, avant que la situation socio-politique ne s’aggrave d’une manière peu réversible pour l’intérêt général. Des exemples de réussite sont à saluer dans ce sens: la destitution aux Cortés du  premier ministre liberticide Mariano Rajoy (le 1er juin 2018)  a été obtenue grâce à l’unité des forces progressistes en Espagne[10]. En Côte d’Ivoire, grâce à la résistance populaire sur une décennie, c’est une amnistie de 800 opposants politiques qui a été arrachée à la dictature de Ouattara (le 6 août 2018).

Avec les différentes équipes du mouvement social, des quartiers populaires et des territoires, c’est la construction et à la transmission d’un paradigme démocratique à laquelle il reste à s’atteler, de manière à s’inscrire dans la bataille des idées qui impose pour l’instant le populisme, voire l’extrême droite, comme recours à la « stratégie du choc »  d’un régime politique devenant de plus en plus prédateur et parasite et contribuant à la dépolitisation de jeunes et à l’abstentionnisme.

[1] Martine Boudet  Urgence antiraciste Pour une démocratie inclusive– (Coord, Ed du Croquant, 2017)

[2] Autre ministre d’Etat à avoir démissionné dans la dernière période, Gérard Collomb.

[3] Gérard Tautil, Le Roman national français au défi de l’extrême-droite (Editions L’Harmattan, 2017)

[4] Fondation Copernic (coordination  Daniel Gaxie et Willy Pelletier),  Que faire des partis politiques ? (Le Croquant, 2018)

http://www.fondation-copernic.org/index.php/2018/10/24/que-faire-des-partis-politiques/

 

[5] https://alerteconditionenseignante.wordpress.com/

 

[6]   Tribune collective aux Invités de Mediapart:

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/310818/avec-laffaire-macron-benalla-continue-comme-avant

Commission Démocratie-Attac France, « Affaire Macron-Benalla : non à l’impunité des violences policières Oui à une véritable démocratisation institutionnelle » https://blogs.attac.org/commission-democratie/textes-de-la-commission-democratie/article/affaire-macron-benalla-non-a-l-impunite-des-violences-policieres

[7] https://etatdurgence.fr/

[8]    http://www.leparisien.fr/val-d-oise-95/val-d-oise-3-ans-de-prison-pour-un-frere-d-adama-traore-apres-l-incendie-du-bus-15-10-2018-7919853.php

https://blogs.mediapart.fr/beatrice-turpin/blog/141018/paris-sous-le-soleil-mais-sans-eclat-pres-de-2000-personnes-marchent-pour-adama

[9] Titre d’un roman de Jack London

[10] Elu-e-s et représentant-e-s des communautés autonomes catalane et basque, de Podemos, de l’aile gauche du PSOE….

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Un catharisme occitan a-t-il existé?

Déc 31, 2018

Une polémique a surgi récemment dans les médias, sur La Dépêche en particulier, à propos du nom « cathare » attribué aux hérétiques des principautés méridionales…. Pour une certaine « nouvelle vague » d’historiens du Moyen Age, il n’y aurait jamais eu d’Eglise cathare dans ce qu’ils appellent « le Midi », mais seulement des « hérétiques », qualificatif donné par l’Eglise catholique! Alors qu’en est-il exactement?

Origine de la polémique

Au mois d’octobre dernier, l’université Paul Valéry de Montpellier ouvrit au public une exposition cofinancée par la « région Occitanie » et organisée par une médiéviste non spécialiste des Cathares, au titre provocateur: « Les cathares: une idée reçue!« . Pour les adeptes de cette thèse, l’hérésie méridionale ne serait qu’une invention du XIXe siècle; et ils affirment péremptoirement: « Les cathares n’ont pas existé dans le Midi.« . Pour crédibiliser ses propos, cette universitaire de Montpellier proclame urbi et orbi que « la plupart des médiévistes qui s’occupent des questions d’hérésie » partageraient ses positions.

De plus, si elle reconnaît que « nous avons des milliers de sources produites dans le Midi, comme les procès-verbaux des interrogatoires menés par l’Inquisition, ou les chroniques de la croisade contre les Albigeois », elle déclare que « ces sources ne parlent jamais de cathares », que ces derniers ne seraient cités que dans des écrits extérieurs, en Allemagne par exemple, et enfin que « ni les nombreux inquisiteurs méridionaux, ni les chroniqueurs qui suivent les croisés ne voient la trace de ces cathares »…

Elle en conclue qu’ « une Eglise cathare présente dans le Midi ainsi que dans tout l’occident » est un mythe: « Dans le Midi, ce mythe réapparaît et se renforce au cours du XXe siècle et nourrit la construction identitaire de la région ».

Une querelle des Anciens et des Modernes?

Si le rôle d’un historien-chercheur est d’analyser scrupuleusement les documents étudiés en les replaçant dans le contexte de leur époque, il apparaît que les affirmations péremptoires évoquées ci-dessus sont loin des réalités historiques que des historiens aussi sérieux qu’Anne Brenon ou le regretté Jean Duvernoy ont mises en évidence.

Dans cette affaire, on dirait qu’on assiste à une querelle « des Anciens et des Modernes » sur deux simples mots: Eglise et cathare! Et l’on peut regretter le manque de modestie de ces derniers dans leurs propos contre le travail remarquable, que leurs prédécesseurs ont réalisé autant sur des documents écrits que « sur le terrain ».

Que les « dissidents » de l’Eglise catholique dans le comté de Toulouse (et non dans le « Midi »!) au Moyen Age soient appelés cathares, tisserands, manichéens, albigeois ou autrement… quelle importance? L’Eglise romaine les désignait comme « hérétiques » et eux-mêmes ils se disaient « Bons Chrétiens » et « Bonnes Chrétiennes » ou « Bons Hommes » et « Bonnes Dames ».

Alors faut-il nier l’existence d’une Eglise chrétienne dissidente organisée en Occitanie, qu’on appelle « cathare » aujourd’hui par commodité car mieux compris par le public?

« Il y a deux Eglises… »

De nombreux textes nous montrent la vie de ces communautés religieuses « hérétiques », avec leurs diacres et leurs évêques, leurs « Fils majeurs » et « Fils mineurs », … sans compter la masse du clergé ordonné, que l’Inquisition appelait « Parfaits » et « Parfaites », avec leurs rites et le sacrement du « consolament« . Autrement dit toute une hiérarchie qui n’est pas celle de l’Eglise catholique, mais d’une autre Eglise, dont il serait stupide de nier l’existence.

Nouveau Testament et Rituel cathare (Bibliothèque municipale de Lyon, Ms P.A.36)

Dans les documents de la « Croisade contre les Albigeois » évoquant Villemur-sur-Tarn par exemple, on parle d’une centaine de « Maisons » regroupant des communautés de « Bons hommes » et de « Bonnes Femmes » avec leurs diacres. Plus tard devant l’Inquisition, la montalbanaise Arnaude de Lamothe qui a vécu longtemps dans une de ces communautés évoquera la fuite de l’Eglise des bons hommes de Villemur devant la menace des croisés en 1209: « Pris de peur, le diacre hérétique Raimon Aimeric quitta Villemur avec tous les hérétiques, hommes et femmes. Au terme du premier jour, nous arrivâmes à Roquemaure, à la maison des parfaites, dont j’ignore les noms. »

Quant au terme de « cathare » pour désigner cette Eglise chrétienne dissidente dans le Comté de Toulouse au XIIIe siècle, on le retrouve dans divers documents incontestables. En 1179, le canon 27 du concile Latran III dit: « Dans la Gascogne albigeoise, le Toulousain, et en d’autres lieux, la damnable perversion des hérétiques dénommés par les uns cathares, par d’autres patarins,[…] a fait de si considérables progrès…». Le 21 avril 1198 le pape Innocent III écrit aux évêques des pays d’Oc: » Nous savons que ceux que dans votre province on nomme vaudois, cathares, patarins… ». Dans le « Livre contre les Manichéens », son auteur désigne ainsi les hérétiques du Languedoc: «  les manichéens, c’est-à-dire les actuels cathares qui habitent dans les diocèses d’Albi, de Toulouse et de Carcassonne… » Un hérétique repenti, Rainier Sacconi, écrit dans un ouvrage contre l’hérésie:  » il faut noter que les Cathares de l’Eglise toulousaine, de l’albigeoise et de la carcassonnaise etc… »

Enfin Peire Autier, dit « l’Ancien », qui a redynamisé la dernière Eglise cathare du comté de Foix au Quercy, au début du XIVe siècle en pleine persécution inquisitoriale, est très clair: « Il y a deux Eglises: l’une (celle des cathares) fuit et pardonne, l’autre (celle de Rome) possède et écorche« … Tout est dit!

Pourquoi déconstruire?

Dans la revue académique d’histoire-Géographie « Pastel » (novembre 2018), l’historienne Pilar Jiménez fait un point très précis sur cette question et interroge les « déconstructeurs du catharisme »: « Pourquoi tant de volonté manifeste à démonter un paradigme, celui du catharisme et à nier l’existence d’une Eglise dissidente? Quels sont les enjeux? »

Après les cathares, va-t-on nier l’existence d’une Eglise arienne des Wisigoths de Toulouse au Ve siècle, puis celle des Vaudois contemporaine des Cathares… et pourquoi pas celle du protestantisme au XVIe siècle, pour enfin glorifier celle de la « sainte inquisition » dominicaine tout en justifiant les conquêtes capétiennes des pays d’Oc par la force des armes et des bûchers?…

Alors au lieu d’ignorer systématiquement les études et leurs auteurs mettant en évidence l’existence d’une Eglise cathare dans le comté de Toulouse, « les tenants de la nouvelle approche » qui nient cette existence feraient preuve d’intelligence scientifique au service de la vérité historique, en se joignant aux premiers pour partager en toute sérénité l’étude des sources du catharisme. C’est ce que fait depuis 2012 le CIRCAED (Collectif International de Recherche sur le Catharisme et les Dissidences).

Georges LABOUYSSE, 15 novembre 2018.

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Les bergers et l’ours en Béarn

Déc 31, 2018

Marc Peyrusquet et Mireille Bonhomme sont bergers transhumants depuis plus de trente ans en Béarn et vallée d’Aspe. Ils sont à la tête d’un cheptel de 160 brebis et une cinquantaine de chèvres. Dès la fin mai, ils montent leur troupeau en vallée d’Aspe et ils redescendent pour le 1er novembre.

Leurs bêtes ont deux lieux d’estives qu’elles occupent successivement. Le premier est situé au dessus de Bedous, à la cabane de Casteruch et l’autre, qu’ils rejoignent à partir de juillet, se trouve au dessus d’Etsaut à la cabane de Cap de Guerren. Marc garde le troupeau et fabrique le fromage tandis que Mireille assure l’intendance et la vente du fromage.

De plus, ils embauchent un ou une salarié.e.s pour le muletage ainsi qu’un.e aide-berger.e pour garder les troupeaux confiés par les éleveurs de la vallée.

J’ai accompagné la transhumance qui part de Casteruch et arrive à Arbus. Soit une cinquantaine de kilomètres à pieds et j’ai posé quelques questions à Mars lors d’une pause.

Thérèse : Marc, tu vis pendant 6 mois en estives, à Cap de Guerin et Casteruche avec ton troupeau de chèvres et de brebis, dis moi, comment peut se passer la cohabitation avec l’ours ?

Marc : Avec l’ours ou avec les anti-ours ? Parce qu’avec les anti-ours, c’est plus difficile, parce que rien n’est prévu dans le cadre de la cohabitation.

La cohabitation avec l’ours, est possible. Ça c’est toujours fait.

T. Est ce que tu as vécu des attaques d’ours ?

M. Oui et il est toujours repartit sans rien. Parce qu’il y avait le berger avec le troupeau, les brebis pas loin de la cabane, et les patous.

T. Les deux cabanes où tu réside, font partie de la « zone de prédation de l’ours » , est ce qu’il y a des aides en cas d’attaque d’ours ? Il y a des subvention pour l’achat des Patous?

M. Oui comme toutes les professions, la notre aussi est subventionnée. Il y a des impôts direct ou indirect. Ensuite, l’état répartit les aides.

Les subventions agricoles sont là pour palier au manque de main d’œuvre et aux prix agricoles qui ne montent plus depuis 20 ans.

Dans le cadre de la cohabitation avec l’ours, il y a beaucoup d’aides qui sont là pour le maintien de la biodiversité et aussi pour maintenir l’activité pastorale dans les montagnes.

T. S’il n’y avait plus d’ours dans les Pyrénées est ce qu’il y aurait toujours des bergers, est ce qu’il y en aurait plus ?

Je ne sais pas mais nous on y serait toujours, c’est un métier que tu fais par choix, avec ou sans ours, on s’adapterait.

T. Vivre en montage de son travail, c’est de plus en plus difficile. Surtout quand on est en estives on est pas en bas. Certains éleveurs disent qu’ils ne peuvent pas être en estive et en bas à vendre leurs produits.

M. Il faut différencier les bergers et les éleveurs. Nous on est bergers, on garde nos brebis et en plus on garde les brebis des éleveurs qui sont en bas. Ils nous confient à nous leur bêtes et ils nous payent. Le problème c’est les éleveurs qui laissent leur brebis toutes seules sans gardien et là c’est des proies faciles pour l’ours.

T. C’est ceux là qui sont plutôt anti-ours ?

M. oui

T. pourtant il y a des subventions pour payer des bergers, surtout en zone de prédation de l’ours : 80 % du salaire du berger est pris en charge. Ils ne veulent pas embaucher des jeunes pour garder leur troupeaux ?

M. Ça il faut leur demander à eux. Pourquoi ils ne les prennent pas ? il faut leur demander à eux.

Il y en a qui prennent les aides et qui sont quand même anti ours.

T. S’il n’y a plus d’ours, il n’y aura plus les subventions et ce sera de plus en plus difficile de vivre en montagne.

M. Oui pour eux, nous on s’adaptera.

M. Le gros problème de l’agriculture c’est la transmission des fermes. Aujourd’hui, Il y a 4 paysans sur 5 qui ne reprennent pas la ferme. Ça fait 10 ans que ses aides sont versées, par exemple les aides à l’emploi. Nous, depuis 10 ans on a permis a deux jeunes de s’ installer.

M. L’avantage pour nous berger, c’est c’est la présence sur l’estive.

Un éleveur va lâcher ses brebis et elles vont aller de suite « au meilleur », c’est à dire en haut.

Le bas va continuer à pousser et se « refermer ». Nous, les bergers en estive, on essaye de mettre un maximum de brebis dans un endroit et on fait tourner. On les fait pacager à divers endroits et on rend service à la commune en entretenant la montagne.

Les aides agricoles, c’est un contrat, il y a des obligations. On peu les comparer au RSA ou au chômage.

T. Les syndicats agricoles qu’est ce qu’ils en disent de ce sujet ? Je crois que tu es à la confédération paysanne ?

Ce qu’il faut savoir c’est que l’ année prochaine, il y a des élections à la chambre d’agriculture. Alors ça monte un peu et il y a des rapports de forces qui s’instaurent.

A la confédération Paysanne nous sommes les plus démocratiques . En Béarn à la dernière réunion, on était 17. Il y avait 3 anti ours et 15 pro-ours. On a décidé de rester neutre pour respecter les opinions de chacun. Si les autres syndicats avaient fait pareil ce serait plus calme.

T. Est ce qu’il y a une opposition entre les agriculteurs natifs de la montagne et des jeunes « néo-ruraux » qui veulent devenir berger ?

M. Je ne crois pas que ce soit ça le problème : je connais des anciens d’ici, qui sont pro-ours et des jeunes récemment arrivés qui sont anti-ours.

T. Comment tu vois l’avenir avec les deux nouvelles ours qui sont dans le secteur où vous êtes?

M. J’espère qu’elles sont pleines. Si elles ont des petits, elles ne seront pas saillies par les deux ours d’ici.

M. Notre préoccupation à nous c’est pas l’activité des ours, c’est la cohabitation avec eux. Il y a des spécialistes qui s’en occupent.

On s’accommode de ce handicap et on le transforme en plus-value.

Pour utiliser une image : c’est un peu comme si tu est dans un endroit avec des ronces, soit tu mets du roundup soit tu y mets une chèvre et tu tire son lait.

T. C’est une belle image, Merci.

Pour compléter cet entretien, je rajoute un extrait d’article que Mireille Bonhomme a donné à la revue Bigorre Mag du mois de juillet 2018 :

« Bigorre Mag : « Mireille, que pensez vous le l’introduction des deux ourses ?

Mireille : C’est une bonne chose, mais il aura fallu du temps pour que les bergers favorables à la réintroduction puisse le dire ouvertement. Cependant, certains d’entre eux n’osent toujours pas approuver publiquement cette décision, tant la pression est forte de l’autre coté.

B.M. En quoi est-ce un atout?

Mireille : Il faudrait que les éleveurs se rappellent d’où viennent les subventions pour le portage et le gardiennage. Elles sont directement liées à la présence de l’ours.

B.M. La cohabitation est elle possible ?

Oui car ici la tradition veut que l’on pratique la traite en montagne et la garde des troupeaux. Passer tout l’été en cabane permet d’entretenir les pâtures car on fait circuler nos bêtes et puis nous sommes sur place pour les soigner. »

Après l’entretien avec Marc, Mireille rajoute que «  parler de l’ours,
ça évite de parler de sujets qui fâchent, comme le maintien du Glyphosate ….
le gouvernement n’est absolument pas respectueux de la terre, mais il s’occupe de la réintroduction des 2 ourses, uniquement par ce que depuis 20 ans qu’on devait remplacer les 2 femelles mortes,
l’Europe est au bord de la sanction financière !!
je ne me fais aucune illusion sur les raisons de faire enfin, mais puisque c’est fait, maintenant il faut voir comment tous les paysans peuvent cohabiter avec les ours, en restant paysans. »
Mireille

Avant la réintroduction des deux ourses début octobre 2018, il y avait une quarantaine d’ours dans la partie centrale des Pyrénées et seulement deux mâles dans la partie occidentale de la chaîne.

La survie de l’espèce était donc menacée. Le plan d’action ours brun 2018-2028 devait répondre à plusieurs enjeux étroitement liés :

– l’amélioration de l’état de conservation de la populations ursine

– l’accompagnement des activités humaines en présence d’ours

– la patrimonialisation de l’espèce en tant qu’élément parmi d’autres du patrimoine naturel et culturel Pyrénéen.

Le dossier de demande d’autorisation d’introduction de deux ourses dans les Pyrénées Atlantiques élaboré par l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage ONCFS a été mis à la disposition du public depuis le mois de juin 2018.

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Université d’été de la fédération Régions et Peuples Solidaires

Nov 10, 2018

   De nombreuses interventions et débats ont marqué cette 24ème université de R&PS en Pays Basque, avec la participation de plus de cent délégués des régions venus d’Alsace, Pays Basque, Bretagne, Catalogne, Corse, Moselle, Occitanie, Savoie, en présence du maire de Bayonne. Organisée par les militants de Eusko Alkartasuna, cette université d’un haut niveau de réflexion a vu intervenir des personnalités progressistes du monde politique et des journalistes. Le tout couvert par FR3, des télévisions et radios locales-régionales.

  • Repenser concrètement la politique des territoires

Dans le cadre des futures élections européennes, un débat sur la politique territoriale s’imposait. Pour ce que veut la fédération face  « girondisme » d’annonce présidentielle qui se renforce de silences et d’autoritarisme sur toutes les questions venues des territoires. Questions posées sur la démocratie territoriale, restées sans réponses. Que ce soit au niveau législatif (J-Ph. Acquaviva, P. Molac), au niveau de l’autorité territoriale corse (G. Simeoni) ou encore au niveau européen (F. Alfonsi, ALE), les constats convergent sur la stratégie de l’Etat : refus d’aborder la révision constitutionnelle à la rentrée, le but étant de renforcer encore plus l’Exécutif ; segmenter les discussions et revendications pour affaiblir l’expression de la démocratie ; refuser d’aborder les questions de fond (autonomies, fédéralisme, confédéralisme). Le constat qui s’impose pour la Corse – « Faire la Corse sans les Corses »- vaut pour l’ensemble des régions aux identités culturelles fortes de l’hexagone. La constitutionnaliste W. Mastor (université de Corti) insiste sur cette idée de la constitutionnalisation du droit local et de la possibilité  d’un statut hybride reposant sur une collectivité à statut particulier (art. 74). Dans toutes les formes d’affirmation d’une spécificité territoriale et d’un droit local dérogatoire (Alsace), le but de l’Etat est bien de répondre au niveau constitutionnel central. On est loin de la berceuse susurrée du « Pacte girondin »…

Comment répondre ? Face à ce refus de dialogue, la fédération ne peut trouver de solution qu’en renforçant le rapport de force avec l’Etat et en se rapprochant : à chacun de poser ses revendications pour renforcer les convergences.

  • Une Europe différente de cette constitution interétatique néo-libérale

Débat animé par Lorena Lopez De Lacalle, élue de Eusko Alkatasuna, Pays Basque Sud et qui part du constat : l’état de l’Europe se résume par une succession de « crises » dont il est difficile pour le citoyen de faire abstraction. Les outils de changement des traités successifs sont lourds à gérer ; il en est ainsi de la pétition signée par un million de citoyens des différents pays de l’Union. La Commission a un délai de trois mois pour donner sa réponse… L’ICE (traité de Lisbonne, 2007) en est un, il a peu fonctionné face aux blocages des groupes opposés. Il consiste à proposer des changements législatifs sur des sujets afin de faire évoluer les politiques européennes. Aussi, à la question posée par J-F Billion (UEF) – La démocratie participative peut-elle exister dans l’UE ?-, celui-ci dénonce la contradiction constante entre théorie et pratique de la part de l’Europe actuelle. Et cela dans un contexte extrêmement bloqué que sa nature institutionnelle ne lui permet pas de résoudre quand elle ne le favorise pas: Brexit, situation migratoire, montée de l’extrême droite.

Le journaliste J. Quatremer, auteur du livre « Les salauds de l’Europe », considère que l’Europe s’est faite dans le dos des peuples. Sa superstructure juridico-politique domine, la Commission étant aux ordres des Etats qui décident par le Conseil des ministres. La représentation élective est disproportionnée (850 000 voix pour un député français contre 50 000 pour un maltais). Les marchés financiers sont présents sur le devant de la scène politique. La technocratie a pris le pouvoir. Les citoyens ne demandent pas de contrôle ; aussi pour lui, la responsabilité est globale. On aboutit à une vitrification du projet européen et, après le traité de Lisbonne, on continue sans rien changer. Devant ce constat réaliste et pessimiste comment avancer ?

Dans le débat en recherche de perspectives politiques, les intervenants rappellent que la démocratie directe (ICE) est bloquée, que la solution de recours à des referendums (Suisse, Danemark, Irlande…) n’est pas une tradition française et que sur les questions budgétaires le couple franco-allemand est divisé, comme en témoigne le refus du rachat de la dette grecque. Cette Europe dirigée par la droite, et toute solution de démocratisation des politiques territoriales se heurte à des fins de non-recevoir. L’exemple catalan montre bien l’absence de soutien et le poids des partis conservateurs, PP, CSU. Le Comité des Régions est inopérant face au Conseil des ministres. Quant au groupe Verts/ALE, il ne pèse qu’aux marges (transports, agriculture). G. Alirol (président de RPS, Partit Occitan) rappelle que face à l’organisation interne des Etats, et notamment de la France qui ne cherche qu’à résoudre son problème centraliste par l’Europe, la solution fédérale (des niveaux de fédéralisme et des Etats fédérés) est d’actualité pour sortir de l’état de blocage actuel. Comment avancer si les régions ne participent pas aux décisions ? Comment évoluer sans projets alternatifs sur des contenus législatifs ? Maturité des débats et des interventions multiples, autant de signes positifs qui   témoignent d’une avancée politique de la fédération.

  • Un congrès confronté aux élections européennes

    C’est ce dont rend compte le congrès final qui entérine les rapports moral et financier, soulignant  les avancées politiques en Corse, Alsace et en Bretagne aux législatives de juin 2017.  Et cela dans un contexte difficile (recentralisation accrue des décisions politiques, bonapartisme qui se reconstruit autour de la personne providentielle au nom des « réformes », faiblesse des partis de l’opposition, diminution des financements des collectivités territoriales…).

Pour le côté positif, notons l’adhésion à RPS de Inseme per a Corsica, une volonté commune d’avancer ensemble, la recherche du consensus. Passage du statut d’observateur à celui de membre pour le Congrès Mondial Amazigh, en présence de son président, Belkacem  Lounès.

La question de la tête de liste aux européennes devait tenir compte des différentes représentations et sensibilités territoriales. Elle fut votée en faveur d’une candidature corse (à préciser ensuite) en tenant compte des différentes motions présentées. Accord réalisé sur les questions techniques et politiques : négociations en cours, ouverture à d’autres, tenir compte de l’opinion publique différente de nos choix politiques. Accord sur les questions politiques : notamment au Parlement avec nos quatre députés (révision constitutionnelle, baisses budgétaires, défense de la revendication alsacienne d’un statut particulier à l’Assemblée nationale). Accord sur le principe d’un Livre blanc pour la démocratie et l’autonomie initié par Région Savoie. Des commissions de travail sont envisagées sur ce thème commun.

  • L’Occitanie fédérale reste à construire

    Dans ce congrès, peu de référence à l’Occitanie qui reste le territoire le plus grand de l’hexagone, hormis la dénomination technocratique éponyme dont les espaces Languedoc-roussillonnais et toulousain sont affublés. Aux autonomistes occitans d’affirmer leur stratégie politique d’autant plus urgente qu’elle correspond à la situation vécue par des populations  aux intérêts communs ; l’intelligence politique exige des solutions concrètes adaptées aux pays qui font cet espace à la fois commun et différencié. C’est bien là l’objectif d’une stratégie fédéraliste qui peut et doit trouver toute sa place dans le cadre d’une campagne propre aux élections européennes. Et si certains d’entre nous sont sceptiques face à une candidature « régionaliste », ils doivent se convaincre que la solution politique est là, globale et spécifique, face à l’Etat centralisateur.

Le positif de cette Université d’été aura été de faire un bilan lucide de l’état des régions et des peuples confrontés aux politiques française et européenne. Loin d’énoncer un discours univoque, des solutions sont avancées comme possibles dans le fil d’une stratégie commune qui s’impose aujourd’hui : bâtir des autonomies plurielles dans le cadre d’une Europe des Peuples et des Régions, pour faire avancer un fédéralisme européen différent du faux fédéralisme des Etats qui constitue cette Europe aujourd’hui. Pour plus de justice sociale, de solidarité et d’ouverture au monde.

 

Gérard TAUTIL

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La Paurilha

Nov 10, 2018

Siam pas lei ciutadans de la Marselha de Gelú, segur, mai la condicion dei paures es de pas mermar la França richassa de sei riches a bòudre dins lei domenis de la financa e deis afaires : banquiers, fons de pensions, rampèus per de plaçaments dins lei produchs de luxi, reinvestiments d’en premier de la riquessa dins lo bouja dei patrons. Vaquí lo sens dau partiment complit per lei pichòts de l’entrepresa… Encuei, Gelú seriá lo poèta engatjat dei banlègas delaissadas que lei 40% dei joves son chaumaires, victimas dei predators dau trafec de dròga e de prostitucion. Quand lei mai paures s’esbudelan entre elei, pòdon lei riches contuniar  d’emplir lei pòchis…

Mai lo bescòmpte es aqueu d’aicí : quora lo subre president, dins sei dauraduras elisencas parla de la peissalha, es per dire que leis ajudas socialas còstan  un « pognon de dingue » (sic) mentre que fan 1% dau PIB. Putans de paures ! Pasmens es de remarcar que 5 milions de paures sòrtan ansin de la pauretat, lo taus passant de 22% a 14 %. Mai per lo president e son cambrier Philippe Premier, lei 551 euros de RSA son de dardenas escampadas a de monde que vòlon pas travalhar. Moralisme dei riches, moralisme de salopàs.

Se d’unei economistas critics fan justament un bilanç financier pron objectiu deis ajudas publicas dins de periòdes de « crisi », devon s’engardar de dire que siam lo país que la pauretat es la mai bassa d’Euròpa… Comparason es pas rason. Quora Provença es la region exagonala mai richa per lei revenguts que pòrtan lei milions de toristas cada an per enfortir la riquesa bancària lèu sifonada per lei farlataires dau mercat de la misèria, la realitat es autra part : seriá mai aisat de marchar sus lei cambas e non sus la tèsta. Provença es tanben lo país que lei diferéncias entre paurilha e grossei fortunas son demieg lei mai grandas de l’exagòn. Ne’n faràn leis estatisticas jamai lo còmpte…

Gerard TAUTIL

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Au congrès des Régions de France, PROVENCE S’INVITE contre SUD

Nov 4, 2018

7h30, devant le Pharo de Marseille, Le rendez-vous des militants provençaux fait masse. 150 personnes, provençalistes et occitanistes sont là pour ouvrir une autre forme de rassemblement à ce congrès des Régions. Certes, ce dernier a la veille donné le ton en dénonçant une recentralisation pour beaucoup d’élus, mais il confirme pour les militants présents la logique du pouvoir centraliste parisien. A l’initiative de la liste/Appel sur change.org, initiée par Hervé Guerrera, (élu sur la commume d’Aix), les 33000 signataires témoignent du non-sens technocratique de Renaud Muselier, décidant, sans délibération à l’ordre du jour, fin 2017, du nom de la Région « SUD Paca ». Edouard Philippe, 1er ministre, arrive en cortège très contrôlé par la sécurité motorisée et les cordons de CRS établissent un sas de 10 mètres à l’entrée du palais des congrès. Prises de parole, chants, musique oc, drapeaux ne passent pas inaperçus des Marseillais qui se rendent au travail. L’arrivée des députés Gilles Simeoni et Paul Molac et du secrétaire  du Parti de la Nation Corse,  Christophe Angelini qui apportent leur soutien à cette manifestation est chaudement saluée. Ils rappellent le désir de construire des territoires différents, chacun dans leur identité culturelle et leur souci de gestion plus autonome. Difficile dans le cadre français, le message est bien reçu car il recoupe la volonté des présents.

   Le clou de cette manifestation est le communiqué de R. Muselier, gêné aux entournures, publié la veille de la manifestation. Et une demande d’entrevue de la part de son cabinet ; Hervé Guerrera dénoncera la manœuvre. La rouerie consiste à dire que Paca reste Paca mais que Sud est une marque d’identification supplémentaire pour l’international. Faiblesse de l’argument : d’un côté un rappel nominatif est fait de la Provence, et de l’autre la question de l’histoire provençale est totalement ignorée. Ces contorsions ne devraient pas tenir la route devant un juriste en droit territorial ; Muselier reconnaît de facto que son opération technocratique est avant tout un coup de pub.

La mobilisation continue pour rassembler davantage et faire en sorte que les élus provençaux s’impliquent dans cette démarche de clarification et de soutien. La manifestation du Pharo est une réussite, elle s’inscrit dans un processus de démocratisation des processus décisionnels de nos territoires. A dénoncer justement  la recentralisation du pouvoir,  la majorité régionale oublie pour autant de balayer devant sa porte.

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Magazine Occitania – Lo Cebier Setembre/Octobre 2018

Oct 13, 2018

Au sommaire :

L’ours un naufrage démocratique (fr).

Oceans : los aparar per subreviuer (oc).

– Una « Dintrada » dinamica : retorn sus lo forum ciutadan occitan. (oc).

Catalogne, un an après : reportage sur la « diada » du 11 septembre (fr).

Provence : au congrès des régions de France, la Provence s’invite! (fr)

Et un grand nombre d’autres articles, des photos, etc…

Alors qu’attendez vous pour vous abonner? C’est seulement 24,5 euros, paiement en ligne sur le site de l’ADEO!

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Una Dintrada dinamica !

Oct 13, 2018

Lo forum occitan se debanèt a Tolosa lo 22 de setembre 2018. Se lo nombre de participant foguèt un pauc mens important que l’an passat (70 personas), la qualitat dels debats foguèt melhora ! Cal dire que lo programa de la jornada fasiá la part bèla als escambis e als debats, mentre que lo nombre de las intervencions « en tribuna » èra demesit. La formula agradèt, e sustot permetèt de far naisser de prepausicions concrètas.

La primièra suspresa foguèt la projeccion del film sus la corsa relai La Passem que foguèt longament e calorosament aplaudida. La delegacion bearnesa foguèt pensi pertocada per l’accuelh mai que positiu, e per las nombrosas questions que foguèran pausadas. Lo talhier « socialisacion de la lenga » organisat en seguida permetèt de cavar la question. Ambe La Passem diguèt un participant, «avetz cambiat l’imatge dels occitans : als pès an pas mai d’esclòps, ara pòrtan de las cauçaduras d’espòrt ! ». E segon d’unes participants l’image de lenga al prep dels joves es encara de melhorar per venir mai atractiva. Mantunas personas notadament dins Tarn e a Tolosa son interessadas per organisar La Passem sur lor territòri en 2020. De seguir !

Una autra tematica del forum èra lo dels medias occitans. Ferriòl Massip presentèt son trabalh ambe « Jornalet » una gaseta d’informacions sus internet. Mas per el es clar : internet es pas la solucion pels medias occitans. Crei al contrari que fa mestier una premsa « papier » coma se dis ara, e qu’aquela premsa deu correspondre a la diversitat occitana tan politica coma geografica. Un intervenent expliquèt que la perda d’un jornal coma « La Setmana » aviá tanben per consequéncia la perda d’un espandi politic pan occitan : « l’espaci mediatic e l’espaci politic se correspondon, s’avem pas un jornal que cobrís tot Occitània, perdem l’espaci politic pan occitan. Fanny Lartigot, anciana jornalista a La setmana intervenguèt per explicar la rapiditat de la fin de la societat Vistedit qu’aviá de difficultats financièras dempuèi longtemps. Regretèt tanben una manca de sosten, sens precisar quina fòrma auriá pogut prener. La comission « mèdias » que se recampèt lo temps del forum faguèt diferentas prepausicions, coma per exemple mutualisar las ressorgas entre las diferentas radios associativas que difusan d’emissions en occitan. Una de las difficultats es que lo public accepta mal d’ausir d’autras variantas d’occitan que la seuna ! Los occitans que defendan sovent la nocion de diversitat linguistica deurián metre en practica aquela polida idèa entre eles !

Enfin los participants s’interessèran a l’estat de la democracia e als enjòcs politics. Lo matin Anna Marie Hautant expliquèt lo fonccionar de l’extrema dreita a Orenja en Provença. Lo credò del conse se pòt resumir a : renovacion del patrimòni, propretat, securitat. Fa pas res per desvolopar l’atractivitat economica de la vila, fa pas res per ajudar las associacions qu’un bon nombre pleguèt, fa pas res per las escòlas e la joinessa, e vos parli pas del social ! Fin finala fa mai que mai d’economias e la comuna es assetada sus un montairon d’aur. Lo pieger es que los ciutadans se’n rendon pas compte e se daissan embobinar per la com del conse. Bernat Vaton intervenguèt el per contar coma, un bel matin en se rasent, lo president de la region PACA aviá decidit que d’ara enlà la region s’apelariá « Sud » ! Los occitanistas de Provença daissèran pas far, e menan la batesta per que Provença retròbe son nom. Mai de 35 000 personas an ja signat una peticion per aquò, e la batesta es pas acabada… Vesent a travers aqueles dos exemples que los occitanistas se devon implicar dins la vida politica. Dins lo talhier prepausat a la seguida se parlèt mai que mai de las eleccions municipalas que son previstas en 2020. De representants de diferentas organisacions : POc, PNO, País Nòstre, EELV… prenguèron la paraula e se meteron d’accòrdi per tornar lançar una dinamica collectiva sul modele de çò que faguèt « Bastir » en 2014. Una acampada es prevista lo dissabte 10 de novembre a 10h a l’ostal d’Occitània a Tolosa per lançar lo projecte.

Enfin La Dintrada acculhiguèt Max Zañartu, president de l’Alligança Liura Europenca Jove. Expliquèt lo fonccionament e sustot l’utilitat d’aquela organisacion, e prepausèt als joves occitans qu’èran present de participar a l’amassada general prevista debuta de 2019 a Bruxellas. Es de notar la prudencia dels joves occitanistas presents, que benleu gausan pas prener la paraula en public… Esperam çaquelà que l’idèa farà son camin e que la joinessa occitana capitarà a trapar sa plaça !

Uc Jourde

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Ours : un naufrage démocratique !

Oct 13, 2018

La question de l’ours, au point où elle en est arrivée dans nos Pyrénées, n’est pas une question écologique, mais d’abord une question politique. C’est un véritable naufrage  démocratique dont nous sommes tous responsables, que l’on soit neutre, indifférent, partisan ou opposant à la réintroduction de l’ours dans les montagnes du Béarn.

Cela fait des années que les décisions sont prises à Paris et que l’ours, au bout de vingt, trente et même quarante ans de polémique, n’est pas, comme d’ailleurs n’est pas garantie la survie du pastoralisme.

Donc, objectivement, ces déchirements, ces déclarations de part et d’autre à l’emporte-pièce, n’ont eu aucun résultat si ce n’est de créer des oppositions dures, stériles et dangereuses.
Ce système arrange tout le monde. C’est à un individu, un ministre, que revient la décision. Qu’il soit opposant, partisan, peu importe, c’est la méthode qui est mortifère.

Et que l’on ne me dise pas que ce centralisme appliqué à l’écologie doit être remplacé par une décision prise  seulement localement parce qu’il suffit d’observer les uns et les autres, chez les décideurs locaux pour remarquer que finalement tout le monde est bien content de ne pas avoir de responsabilité en ce domaine.

Dans aucune des assemblées que j’ai frequentées (comme journaliste ou comme élu) je n’ai pus assister ou participer à un débat qui aurait débouché sur une décision concernant l’ours. Quand le ou la ministre est pour les lâchers on hurle, quand il ou elle est contre d’autres protestent.

Mais la question de la faune, de l’environnement ( et dedans j’y mets le pastoralisme) est une affaire qui ne peut se résoudre en un point central qui serait Paris, ni sur le seul territoire où vivent (vivaient, vivront ?) des ours. C’est une affaire collective.

Il se trouve que pour le moment le centralisme domine et que personne ne proteste sur le principe.

Ce qu’il faudrait c’est une décision partagée, mais pour cela il faut accepter de prendre des responsabilités, des compétences et d’assumer ses décisions. Jusqu’à aujourd’hui, dans les assemblées départementales ou régionales concernées, il n’a jamais été demandé à qui que ce soit de trancher. Finalement on attend la position du ministre pour s’afficher en pour ou contre.

Et le dialogue, et la concertation et même mieux : le compromis, ça ne vous dit rien ? Il existe des pays en Europe et dans le monde où la démocratie fonctionne au niveau territorial et où les élus sont obligés de trouver des compromis dans ce type d’affaire. Et paradoxalement, même si tout ne se passe pas dans la concorde et de façon paradisiaque, ce sont les endroits où faune, agriculture, agropastoralisme, vie des hommes, arrivent à coexister. Je ne prends que l’exemple des Asturies où les ours sont encore présents en nombre (200 environ). Ce fut difficile, laborieux mais les assemblées des régions autonomes eurent à prendre leurs responsabilités et des décisions. Il a fallu ménager les uns et les autres et surtout décider, et non  attendre qu’un ministre décide pour prendre une posture d’écolo ou de chasseur de fauve.

Finalement le centralisme arrange presque tout le monde, sauf l’ours. Il est plus facile de se positionner de façon radicale, de prendre une posture, plutôt que de trouver un compromis. Il est plus confortable de se positionner en insultant le ministre ou en le félicitant que de se mettre autour d’une table en se disant que de toute façon il faudra sortir avec une décision. C’est aussi le règne des lobbys. On va rencontre le ministre et ses proches pour tenter de faire pencher la balance en sa faveur…

Dans un autre domaine bien différent, Michel Rocard enferma il y a quarante ans, les responsables de l’affaire néo-calédonienne en leur enjoignant de trouver un compromis.

Le pouvoir central et sa haute administration, jaloux de leurs pouvoirs n’ont même pas cette intelligence sur l’affaire de l’ours.  Ça fleure le mépris du provincial arriéré. Mais personne chez nous ne le lui suggère. Ça fleure bon la soumission provinciale ! La décision en matière d’ours, comme en d’autres, nous échappe, avec la complicité de nos « élites ».  Quand je dis « élites » je ne dis pas seulement les élus, mais aussi les leaders d’opinion. Et cela donne un triste résultat c’est à dire de la démagogie et de la surenchère à tous les étages.

L’ours survivra peut-être à cette polémique stérile. Je n’en sais rien. En revanche je suis certain que la démocratie, le courage politique, l’intelligence politique risquent bien d’en prendre un coup.

Désolé de n’avoir pris parti que pour la démocratie dont la peau m’est très précieuse, surtout par les temps qui courent !

David Grosclaude

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Oceans : los aparar per subreviure !

Oct 13, 2018

Dempuèi la formacion de la Tèrra, 90% de l’istòria de la vida se tenguèt dins los oceans. Aquestes acaptan 71% de la susfàcia de la planeta, provesisson  oxigèn e aiga indispensables als èssers vivents, e jogan un ròtle essencial sul climat en escambiant de grandas quantitats d’energia e d’aiga amb l’atmosfèra. Los oceans representan tanben una resèrva considerabla de biodiversitat e un enjòc de tria per un fum d’activitats umanas tocant a las ressorças alimentàrias, energeticas, mineralas, geneticas…Mas los oceans cambian en seguida de mantunas perturbacions antropicas: espleitacion e subrespleitacion de las ressorças, desrèglament climatic, desoxigenacion, acidificacion, pollucions. Aquela evolucion pessamentosa exigís de totes los Estats, la proteccion dels oceans per assegurar la subrevida dels èssers vivents.

Pesca e aquacultura

La pesca de mar se desvolopèt bravament al long del sègle XX: la produccion mondiala passèt de 20 milions de tonas en 1950, a un pic de 86 milions de tonas en 1996. Dempuèi un vintenat d’ans, las presas mondialas descréisson a causa de la subrepesca, las practicas de pesca non durablas e la pesca illegala. Uèi, 31% dels estòcs mondials serián subrespleitats. Per Euròpa, la situacion es estada e demòra pessamentosa: a la fin de las annadas 1990, mai de 90% dels estòcs èran subrespleitats. Dempuèi, gràcias als quotas restrictius de pesca, a unas  subvencions permetent de reduire las flotilhas de pesca excedentària, l’interdiccion del chalutatge prigond (1), la proporcion dels estòcs subrespleitats auriá baissat de 60% e lor biomassa crescut de 40%.

La pesca fa viure, 10 a 12% de la populacion mondiala, en Asia sustot. En 2014, a l’escala mondiala, la pesca de mar provesiguèt en mejana un pauc mai de 8 kg / persona / an. Gràcias a l’aqüacultura, los produits de la mar representan 17% de las proteïnas animalas consomadas pels umans. Aqueste percentatge sarra lo 100% dins mantunas illas e regions costièras. Per respondre al demanda dels consomators, la produccion aqüacòla mondiala passèt de 2 a 27 milions de tonas entre 1980 e 2014. Lo creis es encara pus fòrt per l’aqüacultura d’aiga doça: de 2 a 47 milions de tonas pendent lo meteis temps. Mas 70% de la produccion aqüacòla (subretot los elevatges de salmons), ven de peisses noirits amb d’òli e de farina de peis, aital, l’aqüacultura agrava lo problèma de la subrepesca. En França, la consomacion demòra establa dempuèi un desenat d’ans amb 35 kg / persona / an, dont 24 venent de la pesca, siá tres còps la racion mondiala mejana. Clarament, manjam tròp de peis (2)…

Desoxigenacion e acidificacion

La lucha contra lo declin de l’ocean e la contra lo cambiament climatic se juntan. Los escambis entre l’ocean e l’atmosfèra influencian los cicles de l’oxigèn (O2) e del gas carbonic (CO2). Dempuèi 2.8 miliards d’annadas, las cianobactèris e las algas dins l’ocean, (e puèi, pus tard, las plantas suls continents), utilizan l’energia solara per realizar la fotosintèsi que mena a l’absorpcion del CO2 e a la formacion de l’O2. A l’origina de la Tèrra, l’O2 èra rar,  plan luènh de la concentracion de 20.8% dins l’atmosfèra de uèi, en ligam dirècte amb la vida. Sus Tèrra, prèp de la mitat de l’O2 ven de l’ocean. Los efièches combinats del cambiament climatic, de las pollucions e de la subrecarga en nutriments, augmentan fòrça lo nombre e la susfàcia de las « zònas mòrtas » de nauta mar e d’aigas costièras, ont lo nivèl d’O2 es pas sufisent per assegurar la subrevida de la majora part de la vida marina (3).

Las activitats umanas, amb los regets dels gases a efièch de sarra, CO2 sustot, son la causa primièra de l’augmentacion constanta del cambiament climatic. Uèi, l’ocean absorbís prèp de 30% del CO2 atmosferic, loqual un còp dissòut se transforma en acid fèble. Aital, l’aciditat dels oceans a augmentat de 30% dempuèi la revolucion industriala. L’acidificacion agís d’un biais negatiu sus la biodiversitat en inibent la fabricacion dels esqueletas e de las cauquilhas calcàrias de mantunes organismes marins (peisses, espècias planctonicas, coralhs, muscles, ustras…). Totas las extincions massissas que se faguèron dins l’istòria geologica dels oceans lo son estadas pendent d’episòdis de fòrta acidificacion. Aqueles episòdis foguèron acompanhats d’un rescaufament e d’una diminucion de la disponibilitat en O2 (2).

Calor e pollucions

A primièra vista, l’ocean apareis coma nòstre melhor aliat per luchar contra lo cambiament climatic, perque absorbís pas solament 30% de nòstras emissions de CO2, mas tanben prèp de 93% de nòstre excedent de calor. Mas aquestas absorpcions son pas sens consequéncias per l’ocean dont las aigas de susfàcia se son rescaufadas de 1°C en mejana dempuèi 1950. La desoxigenacion e l’acidificacion contunharàn de créisser a mesura que l’ocean se rescaufarà. Lo rescaufament de l’ocean (e de la Tèrra tota) entraïna: disparicion de la banquisa d’estiu en Arctic, elevacion del nivèl de la mar (de 8 cm dempuèi 1993, deguda a la fusion dels glacièrs e de las calòtas glacialas e a la dilatacion de l’ocean) amb una menaça lanhosa per mantunas regions costièras sovent fòrça pobladas, desplaçament de mantunas espècias cap a de zònas oceanicas mens caudas, proliferacion d’algas, dont unas microalgas toxicas (2).

La baissa de la biodiversitat marina ven de la fòrta pression antropica. Amb la subrepesca e lo rescaufament de l’ocean, aquela baissa a tanben per causa: demografia, torisme, rebuts agricòlas, aqüacultura, pollucions pels idrocarbures offshore, produits quimics, rebuts de matèria plastica… Uèi, los oceans contenon une tona de rebuts contra cinq tonas de peis, e al ritme actual, en 2050, se traparà mai de rebuts que de peisses (4). Pression antropica e catastròfas naturalas degalhan los escuèlhs coralins e las selvas de paletuvièrs suls litorals tropicals e intertropicals. Los primièrs abrigarián 30% de la fauna e de la flòra marinas, alara que cobrisson 0.2% dels oceans. Prèp de 25% dels coralhs serián desapareguts al long dels 20 ans passats. Uèi, los 50% de la rèsta serián dins una situacion critica de blanquiment. Las segondas jogan un ròtle important per la proteccion de nombrosas espècias marinas, las còstas pendent los eveniments ciclonics, l’apòrt en carbòni als oceans venent de las zònas costièras (2).

 

Ocean nòstra subrevida

« La mar es la vasta sèrva de la natura. Aquò’s per la mar que lo glòb per o dire aital comencèt, e qual sap se s’acabarà pas per ela »: aital s’exprimís lo capitani « Nemo » dins « Vingt mille lieues sous les mers ». Jules Verne, escrivan profetic, aviá ja consciéncia de las formidablas menaças quichant sus la mar. Uèi, las activitats umanas degalhan las condicions de vida de nombroses èssers vivents sus tèrra e dins las aigas. Lo ritme d’extincion de las espècias revela una crisi majora que pòt menar a la seisena granda extincion (5). La riquesa de la biodiversitat marina apareis considerabla. Demest los 35 000 escapolons de plancton que la goleta Tara (2) prelevèt en 2015 e 2016, mai del terç dels microorganismes collectats e 99% dels genòmas virals èran desconeguts. Dins los oceans, 91% de las espècias eucariòtas (fonges, plantas e animals) demorarián desconegudas. Sèm davant una situacion plan malaisida: mantunas espècias marinas nos demoraràn  desconegudas, perque ja avalidas o a mand de l’èsser, a causa de nòstras activitats…

Existís pas cap de tractat per protegir la biodiversitat o conservar los ecosistèmas vulnerables de l’ocean, al despièch de l’acòrdi de Paris de 2015 e de la Conferéncia sus l’Ocean de 2017 (6). Per evitar una catastròfa umanitària mondiala, los Estats devon al pus lèu agir per: aturar la subrepesca (en copant las subvencions a la pesca non durabla), reduire fòrtament l’utilizacion dels combustibles fossils e los diferents regets (coma los objèctes de plastica d’usatge unic) e alargar lo malhum mondial de las airas marinas protegidas, que uèi, pas que 7% de l’ocean seriá protegit (7).

Fernand Vedel

Referéncias

1 – Claire Nouvian (associacion Bloom) recebèt lo 23.04.2018, a San Francisco, lo Prèmi Goldman,          equivalent del Prèmi Nobel de l’environament, per sa lucha contra lo chalutatge prigond (mai de 800 m).

2 – A. Euzen et al. (2017) L’océan à découvert, CNRS Editions (obratge de referéncia de135 articles mobilisant      prèp de 160 cercaires).

3 – D. Breitburg et al. (2018) Declining oxygen in the global ocean and coastal waters, Science, 359, issue 6371.     DOI: 10.1126/Science.aam 7240. From The Global Ocean Oxygen Network (GO2NE) of the UNESCO.

4 – J. Attali (2017) Histoires de la mer, éditions Fayard.

5 – F. Vedel (2009) Biodiversitat lo mestre mot de la vida, Occitania, 165, 14-15.

6 – The Ocean Conference, United Nations, New York, 5-9 june 2017. https://oceanconference.un.org

7 – O. Heffernan (2018) How to save the high seas. Nature 557, 153-155.

 

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