Plusieurs conflits ont concerné le domaine de la santé ces derniers mois. C’est tout d’abord la clinique de l’Ormeau à Tarbes où les conditions de travail et les rémunérations furent au centre d’un conflit particulièrement long. La grève a duré plus de deux mois ! Le personnel se plaignait notamment de ses conditions de travail et d’une « marchandisation des soins », avec les salaires les plus bas du groupe Médipôle partenaires qui possède l’établissement.

Après des négociations entre la direction et les syndicats, le personnel a obtenu une augmentation de 2,63 % des salaires et une prime annuelle pour tous de 700 euros bruts.

Sur les conditions de travail, « c’est une grande victoire, nous avons obtenu la totalité de nos revendications », s’est réjouie Aurélie Chuburu, infirmière, évoquant notamment le temps de travail de nuit, l’intégration des agents de service aux équipes soignantes, ou encore les temps de pause.

Autre situation particulièrement délicate : la maternité de Decazeville. Au mois d’octobre 2016 un dramatique accident s’est produit dans cet établissement entrainant la mort d’une femme et de son bébé. L’ARS a lancé une enquête, et a pris la décision de fermer le service dans l’attente des conclusions. Le rapport définitif a été remis, le mercredi 7 décembre au directeur de l’hôpital de Decazeville Jean-Pierre Pavone qui a ensuite informé le maire de Decazeville François Marty, également président du conseil de surveillance de l’hôpital. Il semble que de sérieux disfonctionnements ont été identifiés. Mais depuis tout ce temps la maternité est encore fermée contraignant les femmes enceintes à de longs trajets vers d’autres maternités !

Du coup, face aux menaces pesant sur l’avenir, et face à l’insécurité menaçant les futures mamans obligées de rejoindre une maternité à plus de 45 mn (depuis le 6 octobre, deux bébés sont nés aux urgences de Decazeville et quatre parturientes ont été conduites en urgence absolue par les secours jusqu’à Rodez), le collectif « Tous Ensemble » a décidé d’agir, en organisant par exemple une manifestation le 28 janvier.

C’est dans un contexte tendu que le gouvernement vient de mettre en place des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT). Selon la communication ministérielle : « c’est l’une des mesures les plus structurantes et les plus ambitieuses […] pour garantir l’accès aux soins de tous. »

En théorie chaque GHT devait être mis en place dans un territoire de santé avec des distances acceptables pour les patients et les professionnels. Dans la réalité on peut dire qu’il en va bien autrement : Albi est par exemple relié à … St Pons de Thomières (soit 95km et une bonne heure et demie de route) !!

L’idée du gouvernement est d’élaborer un projet de territoire avec des complémentarités entre hôpitaux. Les craintes du personnel sont bien évidemment les mutualisations de services.  Explication : imaginons qu’un service de l’hôpital d’Albi ne fasse pas assez d’actes (d’autant plus qu’à Albi se trouvent 2 grosses cliniques concurrentes!) et que cette même spécialité fonctionne bien à l’hôpital de Castres, conséquence : on ferme le service d’Albi ! Le personnel sera recasé  à Castres, et si un patient d’Albi veut aller dans le public pour cette spécialité il faudra qu’il aille à Castres! Bonjour le progrès! On nous dira que la qualité du soin sera meilleure car le service faisant beaucoup d’actes est plus compétent. Mais est ce bien certain ? Il ne faudrait pas confondre quantité et qualité ! La relation humaine compte aussi dans les processus de guérison, il ne faudrait pas l’oublier ! Avec cette réforme le devenir des petits établissements n’est pas rose, on va plutôt assister à une concentration au profit des grosses structures jugées plus rentables. Est-ce la mission première d’un hôpital d’être rentable? Les soins de qualité pour tous deviennent de plus en plus compromis par cette politique comptable.

Une fois de plus avec ces GHT, c’est la ruralité qui risque d’y laisser des plumes. Comment feront les personnes âgées qui ne conduisent pas ? Comment feront les personnes qui ne pourront pas payer les dépassements d’honoraires pratiqués dans les cliniques ?

Toutes ces questions restent hélas sans réponses. Les politiques de santé menées depuis Paris ont démontré leur inefficacité. Il serait temps de régionaliser ce secteur pour répondre enfin aux besoins de la population.

Jordil.

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