Le Referendum du 1er octobre 2017 en Catalogne est inscrit dans l’Histoire par un SÍ massif à l’indépendance de la Catalogne mais plus encore par la victoire du peuple catalan et de ses institutions démocratiques. N’oublions pas que la Catalogne a été le premier pays d’Europe à mettre en place un régime parlementaire avec les Corts Catalanes que le décret de Nova planta a balayé lors de l’occupation par les Bourbons dès 1714.
Depuis le peuple catalan a réaffirmé son indépendance notamment lors de la proclamation de la République catalane en 1931 par Francesc Macià puis en 34 par Lluis Companys.
Aujourd’hui, après des années de propositions de négociations au gouvernement de Madrid qui n’a eu de cesse de les refuser et d’imposer de drastiques coupes dans le statut d’autonomie de la Catalogne, malgré la violence inénarrable des forces de police espagnoles, les Catalans ont clamé haut et fort leur volonté de vivre dans une République. Tous les républicains doivent s’en féliciter et célébrer l’apparition d’un nouvel état, républicain et laïque. Se détacher de l’état espagnol corrompu par les affaires, qui traine comme un boulet une monarchie obsolète, décorative et inutile est la seule réponse au gouvernement complètement sourd du Partido Popular et du PSOE. Les Républicains, les Démocrates, ne peuvent que se féliciter de cette nouvelle venue dans le concert des nations modernes.
Il faut déplorer la politique de Mariano Rajoy et de ses sbires, qui ont fermé la porte au dialogue et sont entrés dans une logique dictatoriale niant la liberté d’expression et d’association notamment en fermant les sites web, en saisissant du matériel de communication, en s’attaquant à des organisations politiques démocratiques, en instillant le mensonge, en instaurant un climat de peur et surtout en utilisant une force d’une brutalité inouïe. On a pu voir la Guàrdia civil et la Policia frapper des gens pacifiques qui ne demander qu’à exercer un droit de vote !
Le peuple catalan est sorti grandit de ces journées de lutte et en particulier de ce jour de vote. Tout était minutieusement préparé et elles se sont déroulées dans des conditions parfaites de transparence, de démocratie. Listes électorales, bulletins, urnes, etc, tout permettait d’assurer un référendum dans les règles d’une démocratie. Des observateurs étaient dans tous les bureaux de vote. La seule chose a déplorer est l’intervention des forces armées qui ont brisé des écoles, emporté quelques urnes et matraqué un peuple pacifique. Aujourd’hui, devant les images que la police espagnole a données d’elle-même c’est l’indignation générale dans la presse mondiale. C’est une condamnation sans appel du gouvernement de Mariano Rajoy. Il doit assumer ses décisions et démissionner. Quant au parti socialiste, comment peut-il soutenir le premier ministre ? Parce que c’est l’homme qu’il ont fait élire ? Ou parce qu’ils approuvent la politique répressive, sourde, aveugle qui consiste à frapper et à refuser le dialogue ? Dans les rangs des gens qui allaient pacifiquement voter le 1er octobre, de nombreux socialistes étaient présents mais je peux vous dire qu’ils ont choisi de ne plus manger de cette soupe là.
Il fallait les voir les Catalans ! Tout d’abord ces milliers de jeunes qui dès la veille au soir se sont installés pour dormir sur les lieux de vote, dans la rue, devant les locaux. Oui ce sont les jeunes qui défendent la démocratie. En Catalogne, la jeunesse est très investie. Puis on les a vus aider les gens les plus âgés ou handicapés à se déplacer, leur fournir un siège pour attendre de pouvoir enfin glisser un bulletin libérateur dans l’urne avec une émotion que de profonds souvenirs faisaient remonter. Il fallait les voir ces grands-mères porter qui à boire, qui à manger, dans les files interminables. Il fallait les voir, sur les visages, ces sourires de gens exaspérés par Madrid qui voulaient se débarrasser de vieux démons.
Ce premier octobre 2017, c’est un peuple digne, fier de sa culture, qui a affirmé au monde entier, sa volonté d’exister, de faire renaître une République, sa volonté d’être. Vive la République catalane !
Joan Thomàs