Un peu partout en Occitanie on parle de projets de construction de LGV. Le réseau qui se dessine est le
réseau en étoile que l’on a déjà vu il y a plus d’un siècle. C’est le centralisme qui se trouve de nouvelles
voies. C’est le dossier de ce numéro de « Occitania ».

 

Tout se passe comme s’il y avait un malentendu entr e ceux qui disent qu’il faut des trains, et vite, et ceux qui comprennent ou veulent
faire semblant de comprendre qu’il faut des trains à grande vitesse. Il n’y a certainement pas de malentendu mais juste deux  conceptions de l’avenir qui s’opposent.

Le débat est complexe : parfois technique, parfois économique mais toujours politique. Derrière la façon de concevoir les tr ansports de demain ( on dit aujourd’hui la mobilité ) il y a un projet de société et une vision du développement. Ce débat est encore plus clair en
France en raison du centralisme qui a trouvé dans les TGV et autres LGV une façon de se revigorer. Il s’est trouvé un nouveau  dynamisme.
Il est une expression nouvelle de la distance qui nous sépare de la s olution à tous nos problèmes . Cette distance se calcule maintenant
en heures qui nous séparent de Paris. C’est la nouvelle mesure de vitesse et de distance que tout citoyen responsable doit avoir en
tête. À plus de trois heures, vous êtes loin de la civilisation et aucun salut économique social et culturel n’est envisageable. C’est la seule chose qui puisse compter et pourtant , nous sommes en Europe ; et pourtant , nous sommes à l’aube d’une révolution  indispensable dans le domaine des transports…pardon de la mobilité.

Les débats sur les TGV et les LGV voire le TRGV (Train Régional à Grande Vitesse) font rage. Sur la table on pose des milliards virtuels
et l’Éta t reprend la main en « contraignant » les collectivités à pas ser à la ca iss e. Mais la contrainte est douce puisque bon nombre  d’élus semblent si heureux qu’on leur dise comment dépenser l’argent de leurs contribuables. Ont-ils si peu d’imagination ?

Des trains il en faut ; on le sait. Demain ce ser a le moyen de transport terrestre le plus efficace et le plus économique et écologique. Mais que doit-on transporter ? Des fraises en urgence pour le marché de Hambourg en provenance de Murcia ? Des g ens qui v ont au travail chaque matin entre Aix et Marseille ou entre Marmande et Bor deaux ? Des hab itants du Limous in qui ne rêveraient que d’être à deux heures du Musée du Louvre et qui multiplieraient leurs s ort ies c ultur elles au point d’encombrer les trains de la future LGV  Limoges-Poitiers-Paris ?

Et qui paye ? Pour quoi et pour le bénéfice de qui ? Où est le service  public et le service au public ? Notre société, accusée d’être à deux   vitesses, met ce fameux débat sur les r ails . Il exis tera des transports ferr oviaires à deux vitesses en Europe si l’on n’y prend  pas garde. Il y aura aussi ceux qui prendront le train par ce qu’ils pourront se le payer et ceux qui le paieront sans pouvoir toujours le prendre.

Et le territoire occitan dans tout ça ? Il restera tourné vers le Nord. On lui refuse d’exister autrement qu’en regardant verticalement. Ça bouche l’horizon de ne pas avoir de  projet horizontal -Es t-Oues t- enmatière ferroviaire. À l’heure de la crise, de l’argent rare, des  grandes questions écologiques , les collectivités occitanes raclent leurs fonds de tiroirs pour être plus près de Paris. Voilà des det tes pour des années et des déficits en perspective. Et demain on dira que fr anchement, ces régions, ne savent vraiment pasgérer et qu’il faut leur serrer la vis. Partout où veulent passer des LGVil y a des associations pour tirer le signal d’alarme. Elles ont signé un texte commun qui est la déclaration  d’Hendaye en 20 10. C’es t une déclaration commune qui dit que, ici ou ailleurs il y a mieux à faire que des LGV.

Les a ssoc iat ions font des propositions alternat ives, contestent les chiffres officiels, dénoncent le passage en force et les conditions dans lesquelles sont signés les accords de financement a vec le privé. Elles manifestent aussi sur le terra in, du Pa ys Basque à la Provence et au Limousin en passant par le Nord de la Gascogne. Mais les élus ne sont pas tous à l’éc oute de c ette c ontesta tion. Certains n’entendent que la voix du pouvoir central et ne veulent suivre que la voie qui y mène.

David Grosclaude

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