Universitat de dintrada de l’occitanisme

Sep 5, 2016

« La dintrada » es lo nom de l’universitat politica organisada per l’ADEO en partenariat ambe l’ALE. Se debanarà los 24 e 25 de setembre 2016 a Pòrt Leucata.

Debats, testimònis, co-construccions, escambis, analisis, reflexions, talhiers vos son prepausats dins un ambient convivial e dins un cadre agradiu sus la riba mediteranenca!
Programme de l’edicion 2016 :
Dissabte 24 : 9h30 « L’extrème droite est elle une fatalité occitane? » – 11h « Ecologie et décentralisation, un pacte gagnant? »
14h « Pouvons nous changer l’Europe avec des régions autonomes? » – 16h « Réinventer la démocratie territoriale ».
Dimenge 25 : 9h « Atelier réseaux sociaux » – « Présidentielle : s’organiser » – 11h « Politique linguistique et culturelle interrégionale ».
Per mai d’entresenhas, e per s’inscriure, clicar aicí : Inscripcion

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Magazine Occitania – mai / juin 2016

Juin 17, 2016

COB 204 Le dernier n° de la revue Occitania vient de sortir.
Ce magazine est diffusé par abonnement.
Au sommaire :
– L’affaire des Panama Papers.
– Quel nom pour la région Languedoc Roussillon- Midi Pyrénées?
– Ouvriers et lanceurs d’alertes, l’exemple de l’amiante.
– Vignoble : Gaillac, la recherche d’une identité.
– Europe : Brexit, Corse et Catalogne…
et inévitablement… la présidentielle qui se rapproche!
Bien d’autres articles et sujets sont abordés…. à lire sans tarder sur la version papier ou en ligne!

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N° 204 – Occitanie ou Sud de France (SDF) ?

Juin 14, 2016

Les nouvelles régions, issues des fusions imposées par l’Etat plus centralisé que jamais, se mettent en place. Mais quel nom leur donner? Pour plaire au Prince, certaines ont déjà renoncé à leur identité et deviennent des Haut(istes) de France, tandis que d’autres voguent vers un « Grand Est » tout aussi vague, qui pourrait s’étendre jusqu’à la Sibérie avec sa capitale européenne Strasbourg! Ainsi se réaliserait la prophétie du conventionnel jacobin Chaumette le 15 décembre 1792: « Le terrain qui sépare Paris de Moscou sera bientôt francisé, municipalisé, jacobinisé… », ce que Napoléon voulut réaliser, mais le retour par la Bérésina ne fut pas concluant!
Et en Occitanie? Les PACA(iens) conserveront-ils leur sigle de « farlabique », tandis que l’Aquitaine se retrouverait toujours APOIL (Aquitaine-POItou-Limousin)? Quant à la région Languedoc-Midi Pyrénées, les Jacobins de tout poil oseront-ils la transformer en SDF (Sud de France), alors que tous les sondages placent le vocable « Occitanie » en tête?
Occitanie! le nom qui fâche… même chez certains occitanistes. Il est vrai que l’espace occitan s’étend sur plus de trente départements, sur le Val d’Aran et sur des vallées alpines d’Italie. Mais justement c’est l’occasion de l’inscrire sur une carte du monde, même si l’on doit y accoler un qualificatif historique ou géographique: Occitanie provençale, Occitanie gasconne, ou simplement « Occitanie » pour l’ancien Languedoc historique, dont le sigle OC contient à la fois les initiales de l’Occitanie et de la Catalogne…
Enfin pour répondre aux « négationnistes » qui attribuent l’invention du mot Occitanie à quelques universitaires du 20e siècle, voici son histoire.

Appellations successives

L’espace occitan s’étend entre deux mers (Atlantique et Méditerranée) et trois montagnes (Alpes, Pyrénées et Massif auvergnat). Il est au carrefour des grands axes de communication entre l’Europe et l’Afrique: arc atlantique, arc latino-méditerranéen et arc Rhône-Rhin. Depuis un millénaire d’existence, il connut plusieurs appellations successives suivant les époques et les événements politiques.
– Ainsi jusqu’au XIe siècle, on appellera « Aquitaine » l’ensemble des régions suivantes: Provence, Languedoc, Gascogne, Dauphiné et les anciennes Aquitaines romaines.
– Du XIe au XIIIe siècles, l’ensemble des pays de langue d’Oc (appelée aussi langue provençale) au sud de la Loire seront désignés par le terme de « Provence » ou « Provincia ».
– « Occitania » à partir du XIIIe siècle: ce terme créé en latin par l’administration capétienne rassemble tous les pays de langue occitane. Mais après l’annexion de tous les territoires occitans par la France, le terme Occitania sera réservé à la seule province du Languedoc, qui comprend la majorité des pays de la nouvelle région s’étendant aujourd’hui… de l’Adour au Rhône!
– Après l’édit de Villers-Cotterêts par François 1er, « on appelle du nom général de Gascogne et de Gascons, les pays et les peuples situés à la gauche de la Loire où on parle encore l’ancien provençal » (Dom Vaissette)…

Ancienneté du terme « Occitanie » ou « Occitania »: quelques dates.

1246: « Des marchands de Montpellier et de la Langue d’Oc (= terme générique désignant les territoires de langue occitane) participent aux foires de Champagne et de Brie »
« Le pays de Languedoc comprenait alors tous les peuples qui parloient la langue provençale, c’est-à-dire les provinces méridionales du royaume » (Dom Vaissette)

1291: « Joanne Christiani, capitanéo Montipessali et mercatorum Provincialum de lingua que vulgariter appelatur lingua d’Oc »

29 mai 1308: consistoire de Poitiers d’où il ressort que le roi de France règne sur deux nations différentes : la lingua gallica et la lingua occitana.

1318: « La Langue d’Oc ne peut se gouverner par la monnaie de Paris » (Dom Vaissette)

A partir de 1346, le roi Philippe VI convoque des assemblées de Languedoc à Toulouse. On parlera alors de la « Republica lingue Occitana » en avril 1357 et on relèvera en 1439 les expressions: « Status linguae Occitanae » ou « Statibus patrie Lingue Auxitane ».

1381: Le roi Charles VI considère que son royaume comprend deux parties : les pays de langue d’Oc ou Occitanie et les pays de langue d’oil ou Ouytanie !…(… quas in nostro Regno occupare solebat tam in linguae Occitanae quam Ouytanae…)

En 1634, Richelieu convoque un « Conventus Occitaniae »: des « jetons de présence » porteront cette appellation, la date, et aussi la croix occitane. Cette croix de Saint-Gilles, emblème de l’ancien Comté de Toulouse, sera dès lors celui des États du Languedoc et des Conventions de 1634 à 1792.

Sur l’esplanade du Peyrou à Montpellier, une plaque apposée sur la statue équestre de Louis XIV commémore la tenue d’une « Comitia occitaniae » en 1701 en présence du roi. On retrouve cette même appellation avec la croix occitane sur une face des jetons, tandis que le portrait de Louis XIV figure sur l’autre face. Ainsi les « Etats du Languedoc » sont appelés « Comice d’Occitanie », les termes de « Languedoc » et « Occitanie » étant synonymes.

Quel avenir pour l’Occitanie?

La nationalité occitane n’a pas accédé au rang d’Etat souverain tel qu’on l’entend aujourd’hui, mais dans notre histoire, les territoires du sud de la Loire ont connu à plusieurs périodes une existence autonome ou même indépendante: Novempopulanie romaine, royaume wisigoth, royaumes d’Aquitaine (Toulouse et Bordeaux), duchés de Guilhem IX et d’Aliénor, royaume de Navarre, royaume d’Arles… Du Xe au XXe siècles, les Occitans ont maintes fois réagi pour maintenir ou recouvrer leur autonomie voire leur indépendance menacée ou perdue. Et aujourd’hui encore la République « une et indivisible », embourbée dans une idéologie d’un autre âge, ne peut tolérer l’existence de Français de langues et de cultures différentes, ni d’une organisation territoriale cohérente tenant compte des réalités historiques, mais aussi géographiques, socioculturelles, économiques, environnementales… et fiscales. « Il y a une légende sur le Midi » disait Jaurès en 1907. Alors une fédéralisation de la république est plus que jamais vitale.

Georges LABOUYSSE

Extrait de l’« Histoire Générale de Languedoc » par Dom Devic et Dom Vaissette (1730) –
Tome 6 – P. 935 et suivantes (rééditée en 2004)

« Les trois sénéchaussées dont on vient de parler au chapitre ci-dessus, après que celle de Toulouse eut été réunie à la couronne, en 1271, firent partie de ce qu’on appela depuis La langue d’Oc, qui comprenait les provinces méridionales de France […]
On partageoit donc alors le royaume, comme dans les deux siècles précédents, en deux parties, France & Provence, à cause des deux différents idiomes dont se servoient les peuples qui les habitoient, idiomes si différens l’un de l’autre que les peuples de Provence & de Languedoc regardoient encore, vers la fin du quatorzième siècle, la langue françoise comme un langage qui leur étoit étranger & absolument inconnu. […]
La langue provençale qu’on parloit alors dans la Province est à peu près la même qu’on y parle encore aujourd’hui. On l’appeloit provençale parce qu’elle étoit commune à tous les peuples de la Provence prise en général, c’est-à-dire à près de la moitié du royaume ; on la parloit aussi, au treizième siècle & au commencement du suivant, dans le Roussillon, la Catalogne, l’Aragon & le royaume de Valence […]. »

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N° 204 – Panama papers

Juin 14, 2016

Des milliers de documents récupérés chez le cabinet, Mossack Fonseca, cabinet d’avocats panaméen, ensuite exploités par de nombreuses rédactions du monde entier ont permis de mettre au jour un vaste système d’évasion fiscale. Ils montrent la colossale ampleur de l’évasion fiscale. Cette dernière révélation servira à se questionner sur le rôle de la finance et des impôts.
Celle-ci pose un double problème. D’une part, elle obère les capacités d’action de l’état puisque la perte de recette fiscale en France est estimée à près de 7 % du PIB (environ 140 milliards), selon le Tax justice network. Le syndicat Finance Solidaire estime que la fraude ampute de 20 % les rentrées estimées. D’autre part cela pose le problème du consentement à l’impôt et la compréhension de l’action de l’Etat par les citoyens.

Comprendre les chiffres
Ces ordres de grandeur ne parle pas à la plupart des gens. Le PIB de la France est évalué à environ 2 100 milliards d’euros. Résorber la fraude fiscale (140 milliards) permettrait de ne plus avoir de déficit public (70 milliards), de boucher le trou de la sécurité sociale (10 milliards) , de régler les problèmes d’assurance chômage (25 milliards) et il resterait encore de l’argent pour investir dans l’éducation ou la transition énergétique.
La remise en cause du consentement à l’impôt est inquiétante pour la démocratie
Un sondage (IPSOS /Le Monde) montre que près de la moitié des Français refusent l’idée que « l’impôt est un acte citoyen ». Or le consentement à l’impôt est à la base de la vie démocratique. Nous avions assisté à une forme de fronde fiscale avec les bonnets rouges bretons. Ce consentement à l’impôt est d’autant plus difficile à obtenir qu’il existe de nombreuses niches fiscales en France (près de 500 ) et cela renforce l’idée qu’on fait plus d’effort que son voisin. Cela d’autant plus que l’action de l’État est de plus en plus difficile à décrypter car ses interventions s’étendent. Rosanvallon préconisait déjà il y a 10 ans « une société solidaire ». Il considère qu’il faut mieux dÉtat et réencastrer la solidarité dans la société. Le scénario social-étatiste avec plus d’Etat correspond à une fuite en avant. De nouvelles augmentations des Prélèvements obligatoires conduiraient à un blocage social et au développement d’effets pervers avec l’amplification d’une économie souterraine, le développement du travail au noir et l’accélération de la segmentation du marché du travail. Le scénario libéral est associologique voire égoïste car les individus en concurrence fragmentent la société. Elle est de plus en plus segmentée en de nombreuses catégories sociales. Dans ces conditions chacun cherche à se placer sur le segment le plus favorable et cela annihile le collectif pourtant nécessaire.
Ne pas se tromper de cible
Le discours sur la fraude a souvent tendance à se focaliser sur les fraudes aux prestations sociales. Il ne faut pas être dupe. Cela arrange bien des gens. La fraude aux prestations sociales est estimée à 4 milliards (hypothèse haute) elle est 25 fois moins importante que la fraude fiscale (100 milliards) et 8 fois moins que la fraude aux cotisations sociales (30 milliards).

Comprendre le Tax rulings et les mécanismes (légaux) de l’évasion fiscale
Dans le jargon financier, les petites combines dont bénéficient ces grands groupes pour payer moins d’impôts s’appellent le tax rulings (ou « rescrits fiscaux », en bon luxembourgeois). Il s’agit d’accord avec des gouvernements pour payer un forfait fiscal qui exerce un dangereux dumping fiscal et une concurrence entre les Etats. Tous les pays proposent ces « rescrits », y compris la France. Mais certains territoires sont jugés plus attractifs que d’autres.
Les sociétés offshore sont des sociétés extraterritoriales. Il s’agit donc simplement d’une société créée dans un pays où le bénéficiaire n’est pas résident. Elle possède toutes les caractéristiques d’une société classique. Elle est, par exemple, immatriculée mais dirigée depuis un autre pays que celui où elle se trouve. Une société offshore n’est pas illicite. En être bénéficiaire ne l’est pas non plus. N’importe qui peut créer une société dans un pays où il n’est pas résident fiscal, et ce dans tous les pays du monde. Si c’est le cas, alors le bénéficiaire doit déclarer à la fois à son pays de résidence et au pays dans laquelle est établie la société les profits tirés des activités cette dernière. C’est ici que les choses se compliquent. Ces sociétés sont utilisées, dans la grande partie des cas, à des fins frauduleuses. En effet, ces sociétés sont créées dans des États à la fiscalité faible, voire nulle, et où le système juridique est opaque, peu favorable à une coopération internationale. Par exemple, la Suisse est de moins en moins choisie pour ce type d’évasion à cause du recul du secret bancaire. Ces pays sont des paradis fiscaux, idéaux pour les évasions fiscales. Les sociétés offshore fournissent également le kit de l’opacité parfait pour le client : les liens entre la société et lui sont effacés, au grand dam du fisc, qui peine à suivre la trace de ces évadés fiscaux, et à lutter contre le blanchiment d’argent, la fraude fiscale et la corruption.
Les systèmes de prêts internes. Une holding établie au Luxembourg prête de l’argent à une autre filiale du groupe située dans un pays étranger, un peu comme s’il existait une banque à l’intérieur même du groupe. Celle-ci se débrouille pour que ces intérêts à payer lors du remboursement soient importants, afin de vider les caisses de la filiale à l’étranger. Ces intérêts sont facturés et déduits du résultat de la filiale. Ils sont alors transférés vers le Luxembourg, sans passer par la case « déclaration au fisc ». Bye bye les 33% d’imposition sur les sociétés en France.
Le paiement de royalties. Cette holding peut aussi jouer sur la puissance de la marque et des brevets. La multinationale ouvre au Luxembourg une entité consacrée à la gestion de la propriété intellectuelle. Les autres filiales, ainsi que la maison-mère, lui payent des royalties pour l’utilisation de la marque et des brevets, ce qui permet de diminuer leur bénéfice fiscal. La surfacturation est parfois de mise. « La holding peut jouer sur un tas d’éléments immatériels qu’il est difficile d’évaluer précisément, analyse pour francetv info Frédéric Douet, professeur à l’université de Bourgogne. Il faut cependant que cela reste plausible, la surfacturation ne peut pas être de 200%. » Au final, 80% des royalties sur cette propriété intellectuelle échappent aux impôts, selon l’ICIJ (en anglais).

Responsabilité des paradis fiscaux dans l’instabilité financière
Les paradis fiscaux et judiciaires facilitent une circulation rapide des capitaux, sans aucun contrôle. Ils encouragent la fraude fiscale comme dans l’affaire des Panama Papers. Ils favorisent aussi la spéculation, notamment sur les taux de change et la fuite des capitaux des économies émergentes, des phénomènes qui ont grandement contribué à la survenance de crises financières. Les marchés financiers sont le lieu de rencontre entre les émetteurs et les investisseurs, pour financer l’économie réelle et son développement. Ces marchés sont donc indispensables au fonctionnement d’une économie moderne, en lui permettant notamment de partager les risques de manière théoriquement optimale. Dans ce monde idéal, la finance est au service de l’économie. Mais cette situation peut s’inverser, avec une finance passant au service d’elle-même, voire asservissant l’économie. Les marchés financiers deviennent alors une machine très dangereuse, dont les dysfonctionnements entrainent rapidement un phénomène d’instabilité financière, des établissements financiers ne pouvant plus faire face à leurs engagements. Lorsque ce phénomène prend de l’ampleur (on parle alors de risque systémique), il peut se propager à de très larges pans de l’économie réelle. La situation devient alors dramatique pour la population, qui peut perdre ses emplois, ses retraites, etc. La situation n’est guère meilleure si les Etats volent au secours de leurs institutions financières au bord de la faillite : les montants colossaux apportés se retrouvent ensuite dans la dette des Etats, qui est finalement réglée par les contribuables, souvent au prix d’une crise économique. Une forte financiarisation de l’économie peut être source de dysfonctionnements car elle peut inciter les entreprises au placement financier plutôt qu’à l’investissement. Cela favorise les raids financiers plutôt que les restructurations industrielles. Le développement de la bulle financière peut engendrer des déséquilibres financiers qui ont des répercussions sur l’économie réelle. Ainsi, un krach boursier déséquilibre l’économie réelle en diminuant la valeur des actifs financiers et en raréfiant la monnaie. Il est donc nécessaire d’envisager des régulations et une taxe comme la Taxe Tobin pourrait décourager cette économie casino.
Protéger les lanceurs d’alerte et intensifier la lutte citoyenne
Le procès Antoine Deltour, le lanceur d’alerte de l’affaire Luxleaks est emblématique. Il risque une peine jusqu’à 10 ans de prison. Malgré les Panama Papers, malgré les Swissleaks et malgrès les Luxleaks qui mettent en cause Junker, le parlement Européen a adopté la directive sur le secret des affaires, qui exposera à des procès les journalistes travaillant sur les affaires économiques. Il est urgent que les opinions publiques se mobilisent. Dans le cadre du Projet de Loi de Finances Rectificatif 2015, les députés français ont lâchement abandonné un amendement qui prévoyait que les entreprises multinationales rendent publiques chaque année leur chiffre d’affaires, leurs bénéfices, le nombre de leurs filiales et de leurs employés ainsi que le montant des impôts payés et ce, dans chacun des pays étrangers dans lesquels elles sont implantées. Cette transparence permettrait de pouvoir débusquer plus facilement l’évasion fiscale des entreprises. Ce fut une occasion manquée. Pourtant La crise de 2008 a constitué une cassure et depuis lors, nous assistons à un emballement de la visibilité de la fraude fiscale dans le débat public. Le grand détonateur, ce fut en 2009 quand Hervé Falciani, ex-informaticien de la banque HSBC, a divulgué au fisc français la liste des détenteurs de comptes en Suisse. Monique Pinçon-Charlot (sociologue spécialiste des Riches) raconte que les inspecteurs des impôts qu’elle a interviewés sous couvert d’anonymat ont expliqué que leurs conditions de travail ont été organisées au plus haut de la hiérarchie de Bercy, afin qu’ils soient tenus éloignés des plus grandes fortunes. Leur travail est cloisonné, parcellisé, ils n’ont pas accès à l’ensemble de l’information. Dès que le sujet est sensible, c’est-à-dire quand il implique des personnalités à fort enjeu car détentrices de plusieurs millions d’euros, les personnels qui s’en occupent sont recrutés exprès au sein de la Direction générale des finances publiques. Pour dire les choses rapidement, ils sont recrutés parce qu’on a confiance en eux pour obéir aux ordres politiques.
Nous l’avons déjà dit mais le consentement à l’impôt est la base du processus démocratique. Cette série d’événements doit être l’occasion d’une prise de conscience globale de la nécessité de faire société.

Loïc Steffan

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N° 204 – Obriers e lançaires d’alerta

Juin 14, 2016

Qual se soven de l’escandal de l’amianta ? Pr’aquò son a l’entorn de 30 000 personas en França al jorn de uèi a esser las victimas d’aquela fibra minerala cancerigèna. Un òme, Peire Pezerat, decidiguèt de rendre omenatge a los que luchèron per far reconeisser los dangièrs de l’amianta : obrièrs, sindicalistas e tanben cercaires, universitaris. Peire Pezerat filmèt « Les sentinelles », ambe de testimoniatges clars, d’un grand natural, e tanben qualques imatges tirats dels arquius. Nos porgís un documentari fòrt, ont l’intensitat puja pichon a pichon, mina de res, per atenher de moments ont lo spectator poirà pas retener las lagremas… Es de notar tanben que l’autor abòrda en fin de film d’unas situacions ont de trabalhaires (agricultors, obrièrs) son empoisonats per de pesticidis, victimas de la cobesiá d’un patron ! D’aquí ven lo titol del film : los obrièrs son los primièrs en contacte directe ambe lo dangièr, son « las sentinèlas » !

A l’escasença de la sortida d’aqueste film documentari avem encontrat Jean Marie Birbés que joguèt un ròtle important dins l’afar de l’amianta. Jean Marie es un dels protagonistas principals del film, e es tanben president de l’Associacion de Defensa de las Victimas de l’Amianta 81.
Occitania : Nos podetz dire cossí setz estat en contacte ambe d’amianta ?
J-M Birbés : Aprep mon servici militar en 1976, acompanhèri un jorn mon paire a l’usina d’Eternit prep d’Albi. Mon paire cercava de trabalh, mas lo prenguèron pas : lo trapèron tròp vielh ! Me prepausèri alara, e en decembre de 1976 començèri de trabalhar dins aquesta usina. Mon trabalh consistissiá a fabricar de tudèls en fibrociment : una mescla de ciment e de fibra d’amianta. Un jorn un tudel espetèt : faguèt de posca pertot. Coma una bruma de posca, i vesiam pas res ! Un delegat sindical passèt e nos diguèt de sortir d’aquí, de demorar pas dins aquela posca. Alara tot lo monde sortiguèt de l’usina, far grèva èra un biais de se parar.
Occitania : De qué disián los patrons davant aquela situacion ?
J-M Birbés : Era pas evident. A cada còp que voliam parlar d’amianta, lo patron disiá : « Atencion, cal pas anar tròp luenh, sequenon anatz far tampar l’usina ! ». Doncas èra complicat per nosautres, voliam pas perdre lo nòstre trabalh ! Cal dire tanben que sabiam pas exactament lo dangier que representava. Las multinacionalas de l’amianta s’èran recampadas e inventèron « l’usatge contrarolat de l’amianta » ! Una enfumada qué ! Mas a l’epòca pensavem aital contunhar lo trabalh e preservar la nòstra santat. E ajustarai qu’auèi l’industria dels pesticidis fa exactament la meteissa causa !
Occitania : I ajèt a un moment un eveniment decisiu que faguèt cambiar las causas ?
J-M Birbés : Es estat una presa de consciença progressiva e fòrça longa. D’en primièr al fur e a mesura que las annadas passavan, subissiam de plans socials, e en mema temps de collègas tombavan malaut. I ajèt tanben una generacion novela d’obriers e de militants que pensavan diferentament. Abans los ancians balhavan la prioritat al trabalh, e demandavan una prima en cas de dangièr. Los joves eles volian pas de prima, mas volián esser protegit e privilegiavan la santat e l’environament. Un dels problemes qu’aviam es qu’aviam pas de scientifics o de personalitats capablas de pausar clarament las causas. Quand encontrerem Henri Pezerat qu’èra director de recerca al CNRS coma toxicològ e geològ comprenguèrem melhor. Nos sem duberts en defòra de la CGT, nos permetèt non solament d’encontrar de personas novelas, mas tanben de far evoluir los militants de la CGT. Nos calguèt 20 ans de luta per arribar a comprener tot aquò e religar la recerca e lo monde del trabalh.
Occitania : E avetz obtengut çò que demandiatz !
J-M Birbés : E òc ! Cal dire qu’i aviá de mai en mai de victimas, e pas sonque dins las fabricas : de professors expausats a l’amianta dins lor liceu moriguèron, e plan d’autres. Fin finala lo govern interdiguèt tota produccion, comercialisacion o transformacion de l’amianta al 1er de genier de 1997. Es estat una granda victòria. Dins mon usina obtenguèrem d’emplegar d’autras fibras que la de l’amianta. Avem cambiat del jorn a l’endeman, èra pas un probleme tecnic. Mas aquelas fibras novelas èran mai cara de 25% : l’empoisonament a l’amianta èra un crimi per d’argent !
Occitania : quin agach portatz sus la societat d’ara ?
J-M Birbés : Auèi dirai que la situacion es la meteissa dins lo nucleari o pel monde agricòla. Sem totes empoisonats pels pesticidis auèi. Pensi qu’aquela societat es sens avenir. La question que me pausi es cossí far per passar d’una societat a una autra sens violença, sens tròp de degalhs ? Cresi qu’ambe un bocin de volontat e de reflexion la poiriam bastir aquela societat novèla, una societat atencionada. Aquela luta que visquèri es una granda leiçon de vida. Soi sovent estat confrontat a la mòrt, mas ai encontrat d’òmes e de femnas fantasticas : la vida es polida e val lo còp d’esser viscuda !
Prepauses reculhits per Uc Jourde, avrial 2016.

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