N°193 – François Alfonsi n’est plus le député européen de R&PS et de la Corse (Lo Cebier 138)

Juin 18, 2014

C’est ce que nous lisons dans le dernier Arritti (29/05) qui fait une analyse lucide des conditions de cette campagne : un clip invisible dans le choix et la répartition des temps de parole, un résultat victime du vote populiste (28,8% contre 8,5) et de l’abstention en hausse. Situation rappelée par François Alfonsi dans son dernier éditorial : « (…)black-out total qui a étouffé dans l’œuf nos espoirs de réaliser un score significatif sur le continent. Nous avons dû nous contenter d’y tisser un réseau de contacts qui lui aussi s’est montré très motivé, mais qui n’a pas pu dégager un résultat électoral sortant de « l’épaisseur du trait », sauf ponctuellement, autour de candidats actifs, dans le Var- à Collobrières dans les Maures et dans le pays de Bandol-, (pays de Sud Ste-Baume plus exactement, ndlr) dans la vallée de la Roya en Alpes maritimes, à Orange dans le Vaucluse, ou encore autour de Joyeuse en Ardèche. Mais pour nos alliés, fédérés par Régions et Peuples Solidaires, la persévérance s’avèrera payante à terme.»

 

Le vote de la diaspora corse.

Nous espérions que la diaspora corse relève le gant et vote de façon significative pour notre candidat commun François Alfonsi. Si les résultats en Corse sont une réponse partielle (une partie des nationaliste n’a pas appelé à voter pour lui), force est de constater que la diaspora corse sur le continent s’est diluée dans les autres candidatures ou l’abstention. Nos amis corses de R&PS en conviendront, la dimension européenne et la revendication démocratique pour la prise en compte des territoires en tant que tels a été bel et bien ignorée. Notre travail commun d’explication et de terrain doit redoubler. Nous avons du pain sur la planche !

Ne saber mai / En savoir +

N°193 – FR3, I A PRON ! Ou la « conscience professionnelle » de l’audio-visuel parisien (Lo Cebier 138)

Juin 18, 2014

La façon scandaleuse dont se déroule la campagne pour les Européennes est à l’avenant du système audio-visuel français: pour d’autres élections, la campagne officielle commence plusieurs semaines avant le scrutin, de façon à ce que les électeurs aient le temps de s’y intéresser. De plus, il n’y a aucune occasion pour les candidats des petites listes de présenter leur programme dans les médias, les « spots » sont diffusés à des horaires où personne ne les voit ; France 3 National ne trouve rien de mieux que d’inviter Marine Le Pen à son magazine politique du dimanche midi (18 mai) comme si les médias ne lui faisaient déjà pas assez de publicité. Le FN pourra se targuer d’être le premier parti de France, c’est normal qu’on invite sa représentante ! Pour le moins curieuse cette « anticipation professionnelle » ?

Même conscience professionnelle sur Radio Bleu : une journaliste  disait que les médias avaient peu relayé la campagne (il y aurait d’ailleurs des protestations officielles) mais qu’on devait les comprendre parce qu’ils ne voulaient pas lasser les spectateurs, avec une campagne où il va y avoir  60 % d’abstentions; cette journaliste aurait pu remarquer que si les médias relayaient mieux la campagne, il y aurait moins d’abstentions!

Bref, à part quelques courts reportages qui ont permis à Larrouturou de faire entendre une autre voix, il n’y a de place dans les médias que pour les anti-européens, souverainistes de droite et de gauche confondus… Et ces journalistes ne manquent pas de clamer que cette élection n’intéresse pas les électeurs, histoire d’enfoncer le clou, de déculpabiliser ceux qui n’ont pas envie d’aller voter ! Je passe sur cette journaliste qui s’obstinait à dire que les élections sont dans deux semaines, ce qui montre à quel point elle était concernée ; elle aurait pu comprendre que si les médias relayaient mieux la campagne, il y aurait eu peut-être moins d’abstentions !

Sylviane Franzetti

Ne saber mai / En savoir +

N°193 – Analisi dei resultats deis elecciens europencas au niveu regionau (Lo Cebier 138)

Juin 18, 2014

Vaquì çai-sota, d’elements d’analisi sus lo comportament de la regien Provença-Aups CA (e non pas sus la circonscripcien «sud-est») dins les elecciens europencas. Aquesta chausida dins l’amira de se projetar sus les elecciens regionalas que vènon.

 

I – Evolutions par rapport à celles de 2009

 

On peut tout d’abord noter que le nombre de voix exprimées a progressé avec 197407 voix supplémentaires.

Les partis gagnants sont dans l’ordre décroissant le FN, le Modem/UDI, le front de gauche.

Les partis perdants sont dans l’ordre décroissant EELV (et RPS), l’UMP et le PS.

En valeurs relatives, le FN triple quasiment son influence (en passant de 10,5 à 33 %) tandis qu’EELV s’écroule en perdant la moitié de son électorat (de 16,5 à 7,75 %).

L’UMP connait un recul spectaculaire en passant de 30,5 % à 23,5 % et le PS se tasse un peu plus en passant de 13,5 à 10,5 %.

A l’inverse, le Modem est le seul mouvement pro-européen à résister avec même une très légère progression de 0,5 %. Le FdG continue à mobiliser son électorat mais reste stable dans son influence (6,5 %) malgré un petit gain de voix.

 

II – Répartition par département

 

Le département de force du FN reste le 84 (36,5%) mais les progressions les plus spectaculaires se font dans les 2 départements ruraux où le FN quadruple son influence. Il persiste malgré tout un contraste entre les départements urbains et les ruraux où les scores sont environ 5 à 6 % inférieurs.

On peut noter que la mouvance de droite extrême (de Villiers) dans le 84 ne réédite pas sa performance de 2009 et on peut légitiment penser que cet électorat a été absorbé par le FN.

 

L’UMP est en gros recul partout et surtout dans le 83 avec une perte de 9,5 %. Deux hypothèses: soit non mobilisation, soit absorption de son électorat extrême par le FN (cette dernière hypothèse étant la plus probable).

 

Le PS qui était déjà assez faible, recule également partout de façon homogène et montre même une certaine résistance dans le 06 où il a probablement atteint son niveau d’étiage à 9 %.

 

EELV s’écroule complètement et paie sans doute son attitude de compromission et l’abandon de ses combats dans le gouvernement socialiste. Comme en 2009, il réalise sa meilleure performance dans le 05 où il passe de 20 à 12,5 %. Les habituelles barrières médiatiques et des raisons internes ne permettent pas à R&PS de faire des scores significatifs.

 

Le FdG connait des performances homogènes dans toute la région et conforte son assise dans le 04 (de 7,5 à 8,5 %).

 

Comme en 2009, c’est dans les départements ruraux que la gauche est la moins faible. Toutefois, le NPA ne réédite pas ses performances de 2009 (de 5,5 à 6 %) et visiblement cet électorat ne se reporte pas sur les listes progressistes.

 

Enfin, le Modem/UDI reste globalement stable partout; il a apparemment bien mobilisé son électorat et même un peu plus; on peut également penser que son électorat n’est pas aspiré par le vote FN.

 

 

III – Les dynamiques

 

Toutes ces dernières années, nous avons noté une participation insuffisante aux divers scrutins à l’exception de l’élection présidentielle (même si cette élection européenne a montré un recul de l’abstention). Ce qui est nouveau, c’est que le FN est dorénavant la force la plus importante parmi le peu de gens qui votent.

Cette double condition de faiblesse quantitative du vote et de la prépondérance du vote fasciste fait peser une grave menace sur la démocratie.

Elément agravant: la fulgurance de la progression du vote FN avec + 22,5 % en 5 ans.

 

Un peu de politique fiction maintenant: si l’on considère la dynamique de l’électorat entre 2009 et 2014, les résultats des régionales en 2010 et les habituels reports de voix, on peut estimer le résultat des élections régionales de 2016 (si toutefois elles ont lieu en 2016).

Au 2ème tour, le FN prendrait la région avec entre 45 et 46 %, loin devant la gauche avec entre 32 et 33 % et reléguant la droite à 23 % maximum.

 

IV – Que faire ?

 

Il faut absolument comprendre les raisons principales des citoyens qui ne votent pas ou qui ne s’emparent pas des possibilités de choix alternatifs qui leur sont proposées.

On voit classiquement avancer des raisons liées aux conditions matérielles et sociales. Pour ma part, elles ne me convainquent pas et je crois qu’il faut y voir des raisons bien plus profondes liées à la morale politique.

Mais n’ayant pas la science infuse, je propose la démarche suivante:

1) établir un questionnaire fermé (réponses par oui/non) avec 1 seule question ouverte (quelle autre changement vous ferait retourner voter?) afin de savoir ce qui ferait déplacer les gens pour voter.

2) le diffuser autour de nous et recueillir les réponses de manière anonyme.

3) exploiter les réponses

4) Se tourner vers tous les partenaires démocrates pour échanger avec eux et établir une plate-forme de pression pour faire évoluer les pouvoir exécutif et législatif.

 

Dans tous les cas, il y a urgence et moins de 2 ans pour que les dirigeants français réagissent.

 

Pascal Recotillet

Secrétaire adjoint de Région Provence.

 

Ne saber mai / En savoir +

N°193 – Lo bilhet de Joan Pau Martin (Lo Cebier 138)

Juin 18, 2014

Ròcabruna dins son mirau

    Comme tous les villages des pays d’Oc, Roquebrune, petit village situé aux pieds des Maures, vivait encore dans les années soixante-dix de l’agriculture. Une véritable bascule s’est réalisée depuis 40 ans avec des bouleversements profonds : changement d’économie, explosion démographique -les « insèrtas »- en déplacement quotidien vers les agglomérations régionales, en recherche d’emplois tertiaires, perte de la langue. L’anonymat engendré par le mode de vie individualiste et consumériste a changé les relations que connaissaient nos communautés villageoises.

Ai pron sovent ausit dins de discutidas qu’ai emé de Rocabrunencs, « se lei vièlhs revenián, que pensarián dau Ròcabruna d’ara? »  En 1971, aviáu vint ans, lo vilatge se revilhava emé lei còps de martèu sus l’enclumi dau manescau, Sénher Penal. L’i aviá un anar-venir de tractors sus la rota despartamentala que partián dins lei bens. Quauqua ren m’aviá marcat a la debuta deis annadas setentas, d’insertas (1), coma disiá Joanòt Blangero, se planhèron que l’i aviá tròp de bruch quand lei paisans partián travalhar lèu de matin !

Pensi a una reflexien qu’un jorn, a l’escasença d’un filmatge per Vaqui (2), Joan Pèire Belmont aviá facha : « me soveni qu’a la debuta deis annadas setentas, Ròcabruna èra encara un vilatge paisan.» Lo vilatge viviá un pauc au ritme de l’escobilhier que ramassava lei bordilhas emé sa muela e son tombaréu. Mai çò qu’espantariá ara lo mai, es lo nombre de veituras, n’i a quasi de’n pertot, dins lei carrieras, sus lei plaças ! En 1943 Ròcabruna comptava un pauc mai de 2000 estatjans (2050), sabèm que l’i aviá 520 familhas d’agricultors (lo regime de Vichei l’i agradava de faire d’enquistas !). A la debuta deis annadas nonenta, Jacques Charonat escriviá dins un article (« De l’agriculture au tourisme, 1945-1990 ») pareissut dins una revista d’istòria locala (Lei Cronicas de SANTA CANDI) (3) que l’ i aviá pas mai de 191 agricultors en 1980. En quaranta ans lo vilatge a perdut mai de seissanta dau cent de sei paisans.

Fin finala, Ròcabruna es devengut una brava vilòta, es pus un vilatge, leis envans (lòtjas), que servián per l’agricultura, se son mudats en ostaus ! Un carcul qu’ai pron sovent entendut dins la boca de mon paire : « lo progrès a tuat l’òme ». Me siáu longtemps demandat çò que voliá dire, deviá pensar a la despartida dei cavaus e a l’arribada de vins e de fruchas forestieras qu’an fach despareisser lei pichòtei proprietats. Se parlava p’encara de mondialisacien !

Un sovenir d’enfança tòrna : ai vist un jorn quauqu’un se bandir per ramassar de bosas qu’aviá laissar un cavau que passava per carriera, simplament per metre dins son jardin. Despuei quauqueis annadas la comuna a fach installar de « Toutounets », çò que fasiá dire a quauqu’un : « siam pus dins un monde agricòla, mai dins un monde de la vila ».

Ròcabruna exportava sa frucha, lei paisans portavan lei caissas de pessegas, de melons, de rasins a un expeditor que lei mandava a Niça. En 2013, la cròta cooperativa dau vin fuguèt debastida per ne’n faire d’ostalàs ! Es un vilatge bastit au pè dei Mauras !  

                                                                                           

————

1) Lei insèrtas èran lei novèus Ròcabrunencs, en francès les « néo-villageois ».

2) VAQUĺ, emissien filmada en 2006.

3) Un village dans la tourmente des années 40, Roquebrune, J-M GUILLON, csc, 1986.

Ne saber mai / En savoir +

N°193 – Sensa Tèsta ! (Lo Cebier 138)

Juin 18, 2014

Abrité par les lambris dorés des palais de la république, droit dans les bottes d’un pouvoir centralisé et sans partage, le président Hollande continue sur sa lancée néolibérale de réduction austéritaire des déficits. Paradoxe ultime, il dit avoir entendu le message du peuple mais sans rien changer à des orientations sur lesquelles il n’a pas été élu et qui mène la gauche, à commencer par le PS, aux Sant Aliscamps ou, selon vos croyances, dans le plus profond des abîmes.

 

La colère liée à une pression fiscale très majoritairement tournée vers le remboursement de la dette des banquiers, l’avenir bouché d’une jeunesse sans logement et sans emploi, les inquiétudes d’un secteur public dont le modèle redistributif (de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins) et protecteur se délite chaque jour un peu plus, les interventions à contresens d’une Europe plus soucieuse d’équilibre monétaire ou de taille des concombres que de questions géostratégiques ou de programmes d’investissement en faveur de la transition écologique ont massivement tourné les urnes vers un vote extrême aussi nationaliste que sectaire.

Le débat sur l’Europe n’a pas eu lieu et c’est un refus de la politique menée par le pouvoir qui s’est massivement exprimé. Si cette colère est compréhensible on ne saurait rester sans réaction face aux moyens d’expression choisis par une part croissante de l’électorat qui s’exprime encore.

 EELV, qui dans le Sud-Est perd deux sièges de députés européens, paye la participation au gouvernement, les querelles internes, son refus de reconduire l’accord de 2009 avec Régions & Peuples Solidaires, ainsi que le départ de piliers comme Conh-Bendit ou encore l’éloignement d’intellectuels comme Larrouturou qui, avec l’émergence de Nouvelle Donne, les a privés de suffrages comme de dynamique.

Le Front de Gauche maintient ses positions mais ne « capitalise » pas une colère sociale, pourtant bien réelle. Il n’est pas en capacité de structurer une vraie alternative.

Nos résultats confirment, une fois de plus, les grandes difficultés du régionalisme politique, comme du fédéralisme, à vraiment émerger sur la scène publique. Deux facteurs en sont la cause : La faiblesse chronique de notre organisation qui n’est pas audible auprès du grand public et n’a pas de tête de pont médiatique sur le plan hexagonal d’une part, et les évolutions démographiques d’un territoire soumis à une très grande pression foncière. Les nouveaux arrivants sont hermétiques, voire hostiles, aux propositions d’un régionalisme politique qui s’exprime- et c’est conforme à son histoire comme en lien indestructible avec ses revendications-, dans une langue qu’ils perçoivent comme totalement étrangère.

La droite engluée dans les affaires et fortement divisée n’incarne pas non plus une nouvelle voie et force est de constater que le seul gagnant de ces élections européennes est l’extrême droite. Un FN dangereux mais aux portes du pouvoir d’Etat. Un pouvoir que le centralisme comme le vote majoritaire ont rendu absolu. Un FN dont le racisme est de moins en moins caché. Un FN qui veut sortir de l’Euro et de l’Europe (propositions qui pourraient bien dans une logique référendaire être majoritaires), ce qui produirait un strict enfermement géographique et engendrerait une crise économique et sociale majeure dont l’issue pourrait bien être la même que celle de la grande crise de 1929, à savoir la seconde guerre mondiale.

Face à l’autisme du pouvoir central comme à la triste réalité électorale de nos territoires, nous avons la responsabilité de réagir.

 

Même si le PS qui détient l’Etat avec une majorité dans les deux chambres, les régions et les départements aura gâché une formidable opportunité de changement de cap, notre devoir n’en est pas moins de lancer un appel à la plus grande union de la gauche, des écologistes, des régionalistes, des démocrates pour que notre région ne soit pas gérée demain par le clan Le Pen.

 

Oui, les élections régionales de 2015 ou 2016 seront de nouvelles élections intermédiaires. Non, la politique austéritaire, prétendument anti-chômage, les solutions croissantistes sur lesquelles le pouvoir, en dépit des coups de mentons de Manuel Valls ou de la méthode Hollande-Coué, ne porteront pas des réponses à la hauteur des besoins. Alors, les mêmes causes vont produire les mêmes effets et cela nous est insupportable !

Même si ce n’est pas, loin s’en faut, notre premier choix politique et parce que contrairement au pouvoir central nous ne sommes pas « Sensa Tèsta », nous plaidons pour le regroupement, dès le premier tour, pour faire barrage à l’extrême droite et enfin créer ces rassemblements alternatifs et citoyens capables de mener des politiques culturelles et sociales et ainsi faire renaître un espoir durable.

                                                                                              Hervé GUERRERA

Ne saber mai / En savoir +
Le site utilise des cookies pour son bon fonctionnement. En poursuivant l'utilisation du site, vous acceptez cette utilisation des cookies.
Accepter