À l’heure actuelle, les trains à grande vitesse ne circulent pas au maximum de leurs potentiels dans le grand Sudouest. Cela est dû au fait que l’aménagement ferroviaire actuel ne permet pas de dépasser 160 km/h. Deux projets de construction de lignes à grande vitesse sont à l’étude : l’un de Bordeaux traversant les Landes vers le Pays Basque, et l’autre de Bordeaux vers Toulouse. Au niveau environnemental, le transport ferroviaire en général est préférable au transport aérien et routier. Cependant, nous avons pu constater un manque évident de concertation dans les choix des tracés, et une sous-estimation des nuisances qui seront infligées aux riverains.

 

Votre revue « Occitania » a rencontré Florence Sartori, Carole Escalé et Nadine Anglade qui ont créé l’association « Sauvegarde du patrimoine de Lacourt-Saint-Pierre et Montbeton » (Tarn-et-Garonne), lorsqu’elles ont appris que leurs maisons étaient sur l’un des  tracés retenus.

 

« Occitania » : Comment avez-vous eu connais sance du passage futur de la LGV ?

Florence Sartori : C’était le 26 novembre 2009, une de mes collègues élue à la mairie de Lacourt-Saint-Pierre m’a dit au détour d’une conversation que notre commune allait être touchée par la LGV : « tu devrais regarder sur le site internet GPSO … » J’ai regardé sur le site internet et là j’ai découvert que ma maison était sur un faisceau !

 

— Comment avez-vous réagi ?
F.S. : J’étais sidérée ! Risquer de perdre sa maison c’ est déjà beaucoup, mais l’apprendre de cette manière-là, c’est vraiment choquant ! Mais je ne me suis pas laissée abattre et dès le lendemain j ’ai distribué des tracts dans les boîtes au x lett res de mes voisins.

 

— Ils étaient déjà au courant ?
Carole Escalé : Non ! La population n’était pas du tout informée. Les gens croyaient que la ligne longerait l’autoroute. Nous avons appris plus tard qu’une commission consultative s’était tenue le 24 novembre. Les maires, les conseillers généraux, les députés ont
pu y assister mais en réalité n’ont pas eu vraiment leur mot à dire.

 

Pouvez-vous nous en di re un peu plus sur ces tracés ?
Nadine Anglade : Le tracé qui est ac tuellement retenu toucherait 209 maisons sur la commune de Montbeton. La ligne couperait en  deux le village de Pompignan qui est déjà très affecté par le passage d’une autoroute, d’une voie ferrée, et de la route départementale 820. Il faut savoir que la ligne sera construite sur une bute de 6 à 8m de haut et aura donc un for t impact visuel et sonore. Il y avait des possibilités d’utiliser des ter rains non bâti s à proximité d’une usine de méthanisation (DRIMM) ; mai s l es intérêts économiques ont prévalu sur les intérêts humains.

 

— Quelle est la position des élus ?
FS : Les maires des petites communes ont été mis devant le fait accompli et soutiennent notre démarche. Ils sont d’ailleurs président d’honneur de notre association. Les présidents de Région réclament depuis longtemps l’implantation d’une ligne à grande vitesse. Le président du Conseil Général PRG et la mairesse UMP de Montauban sont en désaccord sur l’implantationd’une nouvel le gare qu’il va falloir construire. Monsi eur Baylet propose des terrains sur la commune de Montbartier, mais Me Barèges verrait« d’un bon oeil » la création de cette gare à Bressols sur la Communauté de Communes de Montauban ! Un conflit pol itique les oppose où des intérêts
économiques sont en jeu !

 

— Que propose votre association ?
CE : Notre collectif souhaite participer à une vér i tabl e concer tati on où seraient réellement étudiées nos propositio ns. Nous pensons que l ’ on pourrait utiliser la ligne existante en réduisant les courbes, et en supprimant les passage s à niveaux. Cela permettrait aux  trains de rouler plus vite et aux automobilistes de franchir  sans danger les voies ferrées. On aurait tous à y gagner : l’usager du TGV et le s riverains des lignes. On pourrait aussi arranger le parking de la gare de Montauban, qui est dans un état déplorable à l’heure actuelle. C’est une véritable friche industrielle !

 

— Quelles sont vos priorités face à cette situation ?
CE, NA, FS : Tout va très vite. Nous avons rendez-vous à la Préfecture de Montauban le 4 janvier 2010 pour faire entendre nos voix  avec d’autres Collectifs et habitants, riverains. Nous avons le sentiment que les autorités font passer ce projet en force au moment des fêtes de fin d’année. Mais nous sommes déterminés à nous battre pour diminuer au maximum les nuisances. Tout cela fait écho à  d’autres luttes dans le Pays Occitan (LGV Provence, Landes). On peut également faire le rapprochement avec les luttes menées
dans de petites villes pour maintenir des arrêts de trains (Gourdon par exemple). RFF (Réseau Ferré de France) et la SNCF semblent bien privilégier de nouvelles lignes toujours vers Paris, et laissent certaines lignes locales à l’abandon. Des zones importantes vont se retrouver progressivement enclavées en raison de la disparition de gares et de certains services publics…

 

Vivre et travailler au pays devient particulièrement difficile ! Votre revue Occitania suivra attentivement le dossier …

Sophie Cazard
et Hugues Jourde

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