Michèle Rivasi, eurodeputée EELV revenait de Fukushima. Elle a expliqué aux journées d’été de RPS que la situation n’était absolument pas stabilisée au Japon. La désinformation mêlée à la retenue des japonais à dire leur désarroi crée un mélange qui annonce des décennies difficiles pour le territoire. Au pays de Hiroshima et de Nagasaki l’avenir est radioactif.

 

— Vous dites que les Japonais ne sont pas informés sur le nucléaire alors que l’on pourrait penser que l es bombes de Hiroshima e t de Nagasaki ont créé une culture autour de cette question ?
— Moi, j’ai été très surprise de voir une population qui connaissait le nucléaire mais qui n’avait pas du tout l’idée de ce qu’étaient les part icules radioactives et les risques liés à une centrale nucléaire. On leur a tellement dit qu’il n’y avait aucun risque et qu’on avait pris  les mesures de sécurité à 100%, qu’ils ne s’étaient même pas imaginé une telle situation. Et en plus on n’a fait aucun exercice de simulation en cas d’accident et il n’y avait même pa s de s tockage de plaquettes d’iode en cas de contamination. On les a mis dans une  situation de désinformation totale. Et suite à l’accident ils ne se sont même pas protégés. On a évacué de suite des gens mais les autres continuent à vivre comme si la centrale n’avait pas explosé. Ils n’ont pas anticipé le problème. Les pouvoirs publics n’ont pas fait  d’information  en prétextant qu’ils ne voulaient pas alarmer les gens ; et en plus ils ont cette culture qui consiste à prendre sur eux toute émotion et à n’a voir qu’une c olère intérieure. Donc, à Tokyo, quand on manifes te dans une v ille de 35 millions d’habitants, et j’y étais, il n’y avait que 30 000 personnes. Ils n’ont pas cette culture associative que nous avons en Europe et où on manifeste comme chez nous. Ils prennent sur eux et c’est dramatique sur le plan démocratique parce qu’on leur a imposé un industrie comme le  nucléaire, dans un espace où il y a des séismes très importants. Et ils ne pensaient pas que ça pouvait leur arriver. Ils ne sont pas prêts à se protéger contre la radioactivité. J’ai vu des agriculteurs dans les champs sans masque alors que l’on était a un milliSivert par heure ce qui veut dire que, dans une journée, ils peuvent en prendre jusqu’à vingt. (…) Il y a des endroits très contaminés mais ils ne s’en rendent pas compte. Il faut donc créer des contre pouvoirs, des CRIRRAD bis, il faut qu’il y ait une sensibilisation pour les protéger parce que demain ce s era une cata strophe pour les générations futures.
— Dans ce pays qui manque d’espace, ils ont conscience que ce périmèt re es t condamné pour des années et de s anné es comme à Tchernobyl ?
— C’est exactement ça. Il y a très peu d’espace, le pays est très peuplé et tous les espaces agricoles sont utilisés. Et pour deux à trois  générations ce sont des espaces qui ne seront pas accessibles. Ils ne s’en rendent pas tous compte. Certains croient qu’ils vont revenir d’ici trois ou quatre ans ! Le gouvernement est complice avec le privé, TEPCO, pour désinformer.

— L’accident n’ est pas terminé ; Fukushima ça continue, l’accident est en cours, c’est bien ça ?
— On n’est pas après Fukushima, on est pendant ! À l’heure actuelle on n’a même pas pu avoir accès au réacteur N°1 et on ne sait pas à quel niveau le coeur a fondu. On sait qu’il a traversé la cuve mais on ne sait pas à quel niveau du béton il est. S’il atteint les nappes phréatiques qui sont en dessous, ça peut donner quelque chose de très alarmant et on n’est pas à l’abri d’une explosion s’il y a une bulle  d’hydrogène qui se forme. Donc on n’est pas du tout après mais on est pendant Fukushima.

 

David Grosclaude

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