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Lo Cebier : Depuis la création du collectif Stop LGV-Sud Sainte-Baume, la mobilisation n’a pas faibli et s’est même amplifiée avec la création d’une coordination régionale. Vous pouvez faire le point rapidement ?

 Didier Cade : En effet, depuis la création du collectif Stop LGV Sud Sainte-Baume, le souhait de rejoindre tous les opposants à ce projet de ligne nouvelle s’est imposé comme une évidence. Cela nous a semblé être la seule solution pour s’opposer efficacement. Il nous fallait cette taille critique pour espérer être entendus par les décideurs départementaux, régionaux, nationaux. Nous y avons gagné en expertise, en force pour lutter contre la division recherchée par RFF et le préfet.

Le partage d’une position argumentée et construite nous a permis des rencontres avec la préfecture de région et un conseiller du ministre délégué aux transports…Le problème est qu’ils font la sourde oreille. Les mobilisations ont été nombreuses depuis la création du collectif : manifestation au Beausset, plusieurs fois à Toulon, intervention lors de la concertation (Marseille, Nice, Menton),  signature d’une pétition, rencontre avec les élus ou des candidats pour échanger nos arguments. Depuis quelques mois la mobilisation s’est calmée suite aux discours officiels sur les finances publiques qui ne permettent plus ce genre de délires. Les dernières actualités de la LGV (consultation du public dans les gares et mairies concernées par le fuseau retenu) ont réveillé les citoyens. Nous insistons sur la nécessité de remplir les documents (téléchargeables sur le site internet de RFF et celui du Collectif (stoplgvsudsaintebaume.org). Nous organisons une marche contre le projet le samedi 14 juin à Sainte- Anne d’ Evenos et nous récupérerons les imprimés. Nous souhaitons que la mobilisation s’amplifie encore afin de relancer des actions d’envergure.

 

Lo Cebier : La « LGV-Ligne Nouvelle » entrerait en gare avec un nouveau fuseau Aubagne-Brignoles, annonce le préfet. La ficelle de la « stratégie des deux bouts » avec l’Est varois-Cannes) est-elle si grosse qu’elle peut encore tromper une opinion soumise à la désinformation ?  Qu’en est-il de la ligne Gardanne – Carnoules et de la mise à niveau des voies existantes ? Les transports de proximité ne sont-ils  pas toujours ignorés?

D.C– Les populations sont manipulées par les différents discours « officiels »:

-« nous devons faire des économies » les gens entendent: le projet ne se fera pas car trop cher…

-« nous donnons la priorité aux trains du quotidien ». Les gens entendent : le projet ne se fera pas car le tgv n’est pas un train du quotidien…

Pendant ce temps le projet continue et le préfet en imposant à la presse une communication sur la LN-PCA (ligne nouvelle Provence-Côte d’Azur)  essaye de faire oublier la LGV PACA et toutes les oppositions qu’elle a soulevées. Réseau Ferré de France propose à la consultation un fuseau validé à 190 millions d’euros le kilomètre. (Jamais projet n’a été si cher!). Ce « nouveau projet » reliant Marseille à Toulon après avoir traversé Marseille en souterrain (plus une nouvelle gare) ainsi que  le Muy à Nice avec création de deux nouvelles gares, est semblable en tous points à la LGV PACA (coût, temps de passages, dégâts sur l’environnement, l’agriculture, les nuisances sonores, les effets induits à long terme. Nous sommes bien loin de pouvoir parler de démocratie et de débat public… Même le mot concertation est bafoué puisque le discours est à sens unique et les arguments retenus sont toujours ceux de la préfecture.

Pendant ce temps la réouverture de la ligne Carnoules-Gardanne reste dans un carton bien fermé. Dernièrement une variante du projet (nouveau fuseau Aubagne/Brignoles) proposé par l’association « tgv développement », « officialisée » par une rencontre avec un conseiller du président de la République, alors que le fuseau a été validé par  la préfecture du Var, démontre la manipulation scandaleuse orchestrée au plus haut niveau de l’Etat. En effet, elle a eu lieu et été médiatisée au moment de la consultation du public, rien de mieux pour faire diversion!

 

Lo Cebier : Que devient donc le projet d’une gare de surface à Toulon ?  Le sillon varois en bordure des Maures n’est donc pas abandonné ?

D.C– Le projet de gare en surface à Toulon est validé par le préfet du Var. Le projet consisterait au rajout d’un quai côté nord de la gare actuelle pour arriver à six voies à quai.  Pour quel coût? La continuité Toulon /le Muy est elle aussi dans le projet et constitue la phase 3 annoncée pour 2050. Elle pourrait être officialisée plus tôt pour  permettre le gel des terrains. C’est là aussi une stratégie chère à RFF et au préfet : diviser pour mieux régner.

Lo Cebier : La stratégie de RFF et du préfet a été de mentir de bout en bout. La pseudo concertation des usagers des transports, la fausse démocratie refusent de reconnaître la fonction sociale des transports pour les Varois et les Provençaux. Ne faudrait-il pas insister encore sur cet aspect du dossier dans les interventions prochaines ?

D.C -Les transports ont de fait une fonction sociale… nous avons toujours dit et continuerons d’insister sur la nécessité d’améliorer les conditions de transport des usagers des trains du quotidien. Mettre autant d’argent dans un projet qui sert à une minorité est proprement scandaleux. Une ligne nouvelle estimée a minima 20 milliards d’euros qui ne correspond ni à nos besoin, ni à nos possibilités de financement, voilà le projet que l’on veut nous faire payer. Les hausses d’impôts entraîneront des difficultés prévisibles pour nombre de foyers qui sans doute n’auront d’autre choix que de s’éloigner vers les zones les moins chères. Les effets à long terme d’un tel projet sont incalculables mais le déni de démocratie et les manipulations ont des effets mesurables par l’opinion que les citoyens ont de la classe politique dirigeante…

Lo Cebier : Curieusement on ne parle plus de l’Arc méditerranéen, argument qui était mis en avant lors du débat public.

D.C– L’Arc méditerranéen n’est plus mis en avant dans notre région car le volet rapidité de transport est volontairement occulté: la vitesse n’est pas porteuse pour faire accepter ce projet par l’opinion publique. Elle ne correspond pas à l’image de nos territoires et a stigmatisé l’opposition au projet,  contrairement à d’autres régions plus perméables à cette notion. Le déficit, en trains du quotidien et l’opposition grandissante face aux grands projets imposés et inutiles contraint les décideurs à faire passer ce projet pour ce qu’il n’est pas. Après avoir investi  pour cette ligne nouvelle, la région n’aura plus de marge de manœuvre pour financer des TER ou la réouverture de lignes desservants des territoires pourtant en forte expansion démographique. Le projet financé à 90 % par des subventions publiques (nos impôts à venir)  ne sera jamais rentable (un tiers des liaisons LGV opérées par la SNCF ne le sont pas). Il est encore temps d’arrêter et de foncer dans le mur …à grande vitesse! »

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