La question de l’implantation de centrales éoliennes ou photovoltaïques est trop souvent placée sous l’unique approche paysagère. Or, de deux choses l’une: soit il est nécessaire de recourir à cette production, soit pas. Dans l’affirmative, aucune zone ne devrait être exclue de ces implantations industrielles: ni les parcs régionaux ou nationaux ni la région marseillaise ni la région d’Arles.

   Mais le problème est ailleurs …

La production d’électricité à partir du soleil ou du vent présente en effet le défaut majeur d’être intermittente. Et le fonctionnement de ces installations est de l’ordre de 20% du temps. Par conséquent, il faut bien compenser les 80 % du temps où ces installations ne produisent rien. Et là, on entre dans le champ politique! Car Il n’y a que deux solutions: soit notre société continue sur ses schémas de consommation actuels et alors, il faudra construire toujours plus de centrales thermiques (à charbon ou au gaz), soit nous évoluons dans nos comportements pour aller vers une décroissance maîtrisée de la consommation énergétique. Au passage, il faut bien comprendre que ces énergies renouvelables ne sont pas techniquement reliées aux centrales nucléaires. En effet, la production d’électricité d’origine nucléaire ne peut pas être modulée à la demande sur des temps très courts ; or, quand le vent s’arrête, il faut bien continuer à alimenter les gens en électricité et la seule installation capable de répondre à la demande avec un court temps de réaction est la centrale à charbon ou à gaz. Voilà pourquoi centrale éolienne est synonyme de centrale à charbon et pas de centrale nucléaire. Mais tout ceci ne serait plus une difficulté si nos consommations d’électricité baissaient de façon drastique.

Par ailleurs, ces questions d’énergie renouvelables intermittentes ne peuvent se résoudre efficacement qu’en modifiant la philosophie actuelle de distribution de l’électricité: la production locale d’électricité par ces moyens doit être consommée prioritairement sur le niveau local et le surplus éventuel, envoyé sur un réseau régional.

   On voit donc que de vrais choix de société devraient présider à l’implantation de centrales « renouvelables ». La politique énergétique des gouvernements français de droite ou de gauche n’est malheureusement pas une politique de visionnaire et continue à courber l’échine devant le lobby nucléaro-pétrolier. C’est en partie ce qui explique le rejet massif par la population d’implantations industrielles dans nos campagnes, car elles ne sont (pour l’instant) qu’un saupoudrage dépourvu de cohérence politique.

Si la politique énergétique avait une direction claire d’aller vers moins de pollution, vers moins de consommation et à plus long terme vers moins de nucléaire, les populations accepteraient sans doute mieux que les paysages soient modifiés pour contribuer au bien-être de la planète et de tous.

 

                                                                                                                             Pascal RECOTILLET

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