Pour comprendre quelle fièvre aurait soudainement saisi nos amis Bretons, il faut aussi et avant tout s’interroger sur l’histoire de la Bretagne. En ce sens, rappelons que les interrogations et interprétations, hors contexte sont particulièrement hasardeuses voire dangereuses. Les analyses faites, après une énième percée de l’extrême-droite en Provence, par des pseudos spécialistes du vote extrême qui ne se penchent pas une seule seconde sur l’histoire de cette région sont, disons-le, tout simplement discriminantes. Aussi nous devons nous garder de tout jugement simpliste. Pour ces raisons les lignes qui suivent sont aussi interrogatives.

Je suis favorable à l’écotaxe et pour faire payer les camions comme les transporteurs. Mais personne ne peut oublier le climat dans lequel ses mesures sont prises. Si les impôts et taxes étaient fléchés en direction des services publics, de l’éducation, la culture, ces prélèvements seraient vraiment à soutenir. Mais payer pour rembourser des banquiers, avec un recul des services publics, une carence grave du système de santé, des inégalités sociales comme territoriales qui se creusent, une absence de politique culturelle, une éducation qui ignore nos langues, c’est très compliqué. Rajoutons une crise multi- formes qui jette des familles entières et beaucoup de jeunes, comme de petits retraités dans le désespoir, les ponctions deviennent encore plus rudes et la situation pourrait devenir insurrectionnelle.

 

   Des contradictions et une revendication : vivre au pays !

Après, qui peut ignorer que les transporteurs routiers, le MEDEF, la FNSEA, grands pollueurs et exploiteurs, sont aussi derrière ce combat des bonnets rouges? Qui peut ignorer que l’idéologie libérale, anti-impôt et donc anti-redistribution, anti-solidarité, est aussi et depuis toujours dans ce type de luttes ? Il n’empêche : la colère de celles et ceux qui n’ont pas d’emploi ou qui le perdent et à qui on demande toujours plus est aussi très largement compréhensible. Il n’empêche qu’en matière de boucs émissaires, et même s’il faut dénoncer toute désignation, il reste qu’il est préférable de s’en prendre aux portiques et à l’éco taxe plutôt qu’aux Rroms.

Alors oui, dans les bonnets rouges il y a certainement des tas de choses à rejeter. Mais il existe aussi, dans ce mouvement, une vraie volonté de prendre en main son destin, de vivre, et parfois survivre, au pays. Quand nous menons certaines luttes contre l’implantation de routes ou de voies nouvelles combien d’acteurs de ces mobilisations viennent avec l’insupportable et souvent égoïste sursaut du  « pas dans mon jardin ». Mais n’est-il pas de la responsabilité de l’écologie politique, du régionalisme de globaliser ces bagarres et de les inscrire dans un mouvement de résistance, non pas localiste mais  du local au global ? Pour les « bonnets rouges » il s’agit aussi de cela et nos amis de l’Union Démocratique Bretonne, qui sont dans cette bagarre, ne pensent pas autre chose.

En écho à ces bonnets et pour recycler cette dynamique, comme un ailloli qui aurait pris, les amoureux des transports publics et collectifs ont changé de couleur, du rouge au vert. Et la question éminemment sociale et écologique, et donc durable, d’avoir une TVA réduite pour les transports en commun a été ainsi posée avec force. Des pétitions, soutenues avec enthousiasme, ont circulé sur le Net. Comme quoi il doit être aussi possible de porter un bonnet rouge comme un bonnet vert. Enfin rappelons que d’autres couleurs, plus corporatistes, comme le jaune des compagnies et de ceux qui revendiquent le « libre choix » d’une mutuelle et veulent mettre à plat ou à terre le système de sécurité sociale, tentent aussi la récupération.

 

 Pour conclure sur ces questions de fiscalité, une réponse globale est effectivement nécessaire. Sera-t-elle apportée par l’annonce premier-ministérielle de bouleversement total ? On peut, eu égard au spectacle que nous ont offert ces premiers mois de mandat, légitimement en douter ou pour le moins nous interroger ! Gageons, et nous nous engagerons pour, qu’il n’appartiendra pas toujours aux mêmes d’être les moutons sur lesquels a été tondu la laine des bonnets. Nous ne serons pas les seuls payeurs des chapeaux!

 

                                                                                              Hervé GUERRERA

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