Hollande un Président élu d’avantage par rejet du sarkozysme que par adhésion

Apr ès les cinq années de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, le ras le-bol des Français était tel qu’au moment de l’élection présidentielle de Mai dernier, toutes les forces progressistes se sont entendues au second tour, et ce de façon historique, pour se rassembler et créer un front commun sous la bannière du tout-sauf-Sarkozy. Une première en France puisque tous les candidats, des trotskistes au centriste, o n t appelé à faire barrage à Nicolas Sarkozy, faisant de fait le jeu de François Hollande. 2012 a été par excellence l’année du vote utile.

• Les élections législatives : un référendum pour ou contre une majorité présidentielle

Depuis décembre 2000 et l’inversion du calendrier électoral mise en place par le socialiste Lionel J ospin, alors Premier Minis tre, l’élection président ielle précède celle des législatives. Le choix des Députés ressemble désormais davantage à un référendum qu’à un vrai suffrage, où la question sousjacente posée est : « voulez vous que le Président nouvellement élu bénéficie d’une majorité qui lui permette de mettre en place le projet pour lequel vous avez voté ? ». Ce dispositif aggrave ainsi le phénomène de bipolarité déjà encouragé à la base par le mode de scrutin uninominal à deux tours.

Et, depuis 2002, la réponse a toujours été bien évidemment la même : « o u i ». Si les Français ont la réputation de changer rapidement d’avis, le petit mois qui sépare les deux élections leur permet néanmoins de conserver une cohérence de vote ; quant au nouvel élu, il n’a pas encore eu le temps se décrédibiliser…

• Les forces progressistes sacrifiées sur l’autel de l’élection de Hollande

L’élection de François Hollande a coûté cher aux forces progressistes. Pour en finir avec la politique de Nicolas Sarkozy, mettre en place le « Changement » promis par François Hollande et être certain que le Front Nat ional n’exclurait pas la gauche du second tour des législatives, les électeurs progressistes ont voté massivement, dès le premier tour, en faveur des candidats qui garantissaient une majorité au nouveau Prés ident de la République.

Le r ésulta t es t un laminage électoral de tous les candidats progressistes qui ne pouv aient se prévaloir du lab el « Hollande ». De nombreuses organisations politiques qui bénéficiaient jusqu’alors du financement public n’ont pas satisfait les conditions ouvrant droit aux subventions de l’État (qu’au moins 50 candidats aient reçu chacun au moins 1% des suffrages).

Parmi ceux-là, figurent l e Mouvement Écologiste Indépendant d’Antoine Waechter, les Alternatifs / SEGA (héritiers du Part i Socialiste Unifié) mais aussi et surtout le NPA (anciennement Ligue Communiste Rév olut ionnaire) et Lutte Ouvrière. Ce dernier étant c ertainement c elui qui a connu la plus grosse des déconvenues. LO, en présentant 552 candidats sur les 577 circonscriptions du territoire hexagonal, obtenait la plus belle représentation derrière le Front National (572) et le Front de Gauche (556).

Et pourtant sur ces 552 candidatures, seulement 20 ont dépassé les 1%. Le NPA, qui de son côté en 2007 avait prés enté 487 candidats et obtenu 534 666 voix, cette année en prés entait encore 3 15 mais n’obtenait plus que 78 144 voix.

• Des conséquences budgétaires (donc polit iques) désastreuses

Les conséquences budgétaires de ce vote ut ile pour les part is à gauche de l’UMP sont très lourdes. Le MEI, Les Alternatifs, le Part i Ouvr ier Indépendant, CAP2 1, Lutte Ouvrière et le NPA perdent le public : 366 0 0 0€/an en moins pour Lutte Ouvrière et 897 0 0 0€ en moins/an pour le NPA. Si le MODEM de son côté a réus si à sauver les meubles grâce à l’élection de 2 Députés et la présence de 17 S éna teurs (qui permettent l’obtention de la seconde partie du financement pub lic s oit 7 83 2 5 6€/an).

Les quelques 458 0 0 0 voix obtenues en juin 2012 et la pénalité infligée pour non respect de la parité homme / femme de 148 918€ par an ne feront rentrer dans les caisses que 584 0 3 8€ par an contre 2 7 7 6 5 8 4€ par an pour la période 2007-2012. N’ayant plus d’autres ressources financières que les adhésions de leurs militants, toutes ces formations menacent de mettre la clef sous la porte, entraînant un appauvrissement du paysag e politique hex agonal. Les Alternatifs et le NPA ont d’ailleurs déjà fait savoir leur volonté de se rapprocher du Front de Gauche.

Pour que l’alternance se fasse à gauche, certaines formations ont dû payer le prix fort quitte à se retrouver aujourd’hui à deux pas du dépôt de bilan. L’élection de Hollande a été rendue possible par le vote « u t i l e » à Gauche. Elle coûte cher à beaucoup. Et ça, il ne faudrait pas que Hollande et le Parti Socialiste l’oublient.

Pèire Costa

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