Il importe aussi d’évaluer les conséquences de l’orientation privilégiée depuis une décennie, au nom de la compétitivité internationale et d’une rentab ilité immédiate.
L’une des dérives de l’« économie de la c o n n a i s s a n c e » réside dans l’accroissement des disparités entre les champs disciplinaires. Instrumentalisation des sciences et des techniques, marginalisation des Lettres et sciences humaines et sociales (LSHS) : ce déséquilibre a des incidences au plan des relations de genre, le champ technoscientifique étant majoritairement masculin à la différence de celui des LSHS.
Comparée avec l’ensemble des instituts publics et privés à caractère industriel, commercial et de gestion, la somme des établissements spécialisés dans ce champ est notoirement insuffisante.
En université, l’application de la LRU entraîne désormais la fermeture de départements en philosophie, Lettres classiques…: les langues régionales pourront-elles être épargnées ?
En lycée, la filière scientifique est développée comme pôle d’élite pendant que décline la filière littéraire, dont l’Inspection générale de l’Éducation nationale a préconisé la réhabilitation dans un rapport en 2006. Pour remédier à ces déséquilibres, il serait intéressant de créer un système de péréquation, une partie des budgets octroyés par les lobbies industriels ou autres étant à attribuer aux secteurs déficitaires, comme c’est le cas aux USA.
Dans ce sens, la future loi d’orientation doit stipuler le principe de protect ion des savoirs académiques, à définir comme des « biens immatériels de l’humanité ».
Martine Boudet