Quel statut pour les langue srégionales, quelles relations avec l ‘Islam, quel le identi té nationale promouvoir ?

Souv ent, du fait de l ‘atav isme jacobin et laïciste, ces enjeux culturels sont médiatisés négativement. Le nationalisme français se nourrit aussi de l’insuffisance des réponses apportées à ces questions.

Par quels recours symbol iques et pédagogiques est-il possible de les faire valoir auprès de l’opinion ?

L’emblématique des régions facteur d’identification

Les évolutions (inter)nationales ont fréquemment coïncidé avec la promotion de droits culturels et de prérogatives autonomes. En Espagne, l’instauration de la République de 1931 à 1936 a permis de valider, malgré son caractère éphémère, les principes d’un r enouveau anticentraliste, né au 19e siècle dans le contexte européen du « printemps des peuples ».

Ils furent concrétisés après l’ère franquiste ; sous le gouvernement Zapatero, les prérogatives des communautés autonomes ont été renforcées. En Fr ance, fut votée à la Libération (exactement en 1946) la départementalisation des territoires ultramarins alors colonisés, loi défendue par le poète et député Aimé Césaire. Sous le gouvernement de la gauche plurielle et suite au vote de la loi Taubira, les territoires ultramarins ont acquis un jour communautaire respectif pour commémorer l’abolition de l’esclavage : le 22 mai en Martinique, le 27 mai en Guadeloupe, le 10 juin en Guyane, le 20 déc emb re à la Réunion, le 10 mai étant le jour de commémoration en métropole. Ce travail de mémoire s’est renforcé des collaborations avec des peuples voisins des Caraïbes, d’Afrique et de l’océan indien. Durant l’année des Outre-mer (2011) animées par le poète Daniel Maximin, des Assises des langues des Dom-Tom ont eu lieu.

Le vote des lois Deferre (1981) sur la décentralisation régionale s’est inspiré des modèles européens. Le différentiel en matière d’autonomie — par exemple de par t et d’autre des Pyrénées —, est bien connu. Prenons l’exemple des symboles officiels ; ils sont de plusieurs ordres en Espagne : outre le drapeau, que les Conseils régionaux poss èdent aussi, un hymne, une date de fête communautaire, une figure historique voire un lieu emblématique… ont été adoptés.

Dans le cas des nationalités transfrontalières (Catalogne, pays basque), ces emblèmes proviennent surtout du c ôté espagnol de la f rontière : concernant les drapeaux, c’est le c as de la s e n y e r a (« bar res de s a n g ») et de l’ i k u r r i n a ou croix b asque. C’es t le ca s d’Els segadors/ Les faucheurs et de Gernikako Arbola/L’arbre de Guernica p o u r les hymnes. Le b ilan es t un peu amer : conjugué au jacobinisme, le laïcisme fermé est à l’origine d’une forte marginalisation des enjeux culturels et symboliques dans les régions françaises.

Emblématiques fédératrices

Dans le contexte de l’alternance politique, il serait intéressant de mobiliser sur une emblémat ique fédératrice, à laquelle s’identifier. La constitution de Blocs identitaires dans certaines régions historiques interpelle sur cette question : la sect ion implantée à Toulouse voulait faire du 9 juin une « journée de la fierté toulousaine » (le 9 juin 721, les armées arabes et berbères ont été vaincues lors d’une bataille dans cette ville).

Une manifestation réunissant plusieurs centaines de personnes en 2012 a préféré célébrer la diversité et le brassage des cultures ; comme les musiciens du groupe Zebda, qui se définissent à la fois comme Berbères et Occitans. Dans cette perspective (de positivation de cette quête identitaire), quels emblèmes pourraient être adoptés, outr e la croix occitane comme drapeau ? Par exemple, le Se Canta et La coupo santo ( h y m – nes actuellement officieux), la date du 16 mars à Montségur (comme jour historique et lieu de mémoire), les figures de Frédéric Mistral , Jean Jaurés (en tant que personnages emblématiques)… ?

Une perspective d’avenir : l’éducation à l’interculturel

Pour prendr e en compte les enjeux liés à la mondialisation, il serait pertinent aussi de renforcer la recherche-développement dans les domaines de l’anthropologie et de l’interculturel. Une telle programmation innoverait, le système national étant déficient en matière d’éduca tion à l’altérité ; d’où la dépendance de nomb reux jeunes occitans à la culture people d’obédience atlantiste ou à d’autres sousproduits de la cyber-culture.

Le cas de l’Andalousie, moins connu que ses voisines du nord de la péninsule, peut servir d’exemple. L’object if de promotion n’est pas dans ce cas d’ordre linguistique mais culturel : il s’agit de renouer avec la civilisat ion plurielle du Moyen Age, Al Andalus. Les composantes chrétienne, arabo-musulmane, juive…sont ainsi valorisées. Ces principes furent théorisés par Blas Infante (1885-1936), écrivain et principal soutien du nat iona – lisme andalou. As sas siné par les franquistes au début de la guerre civile, cet intellectuel représente le destin souffrant de sa communauté, et a été reconnu comme « Père de laPatrie Andalouse ». Le Parlement d’Andalousie approuva à l’unanimité en 1983 le Préambule pour le Statut d’Autonomie de cette communauté ; le 28 février, jour de cet événement, devint par la suite la « diada de Andalucía » .

Pour en revenir à l’Occitanie, le renforcement des collabora tions intra-culturelles (dans l’aire panoccitane) pourrait vivifier le sentiment d’appartenance à une communauté forte de la diversité de son patrimoine tout autant qu’ouverte sur l’extérieur. Si la langue est le ciment de l’unité, les déclinaisons ethniques, géo-historiques, religieuses… sont multiples. Sur ces bases, les emblèmes auxquels s’identifient Languedociens, Limousins, Provençaux, Gascons… diffèrent également.

À l’occ asion des marc hes annuelles pour la langue occitane entre autres, pourraient être exposés des travaux artistiques dans ces domaines. Une carte à jouer pour R&PS Un débat inter-régional serait pert inent aussi sur l’avancée du développement culturel et de la reconnaissance d’emblèmes dans les autres aires, sur l’intérêt aussi de nouvelles Assises des langues de France. En complément des comba ts pour l’inscription des droits dans la loi. Il y a là pour R&PS une carte à jouer.

Martine Boudet

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