SOS Droits démocratiques en péril

Déc 31, 2018

          Un article de Martine Boudet[1]

                De l’avis général, la victoire de l’extrême-droite au Brésil est un séisme politique, qui conforte le réseau fascisant à l’échelle internationale. En France, le soixantenaire de la 5e République est passé inaperçu, au regard de la crise que vit la mandature Macron depuis l’affaire Benalla puis la démission-sanction de N Hulot, « le ministre le plus populaire du gouvernement »[2]. Si le centralisme autoritaire, revu et corrigé sous l’égide néolibérale, n’a plus la cote du côté des citoyen-ne-s, il conserve cependant sa capacité de nuisance[3].

                 Progression inquiétante de la vague brune et crise concomitante des forces progressistes

Le Brésil après les USA, l’Italie, la Hongrie, l’Autriche…et peut-être la France aux prochaines élections européennes, où l’ex FN est déjà majoritaire: la conquête de pouvoirs d‘Etat dans des pays aussi stratégiquement importants consacre une nouvelle période, qui fait suite à la gestion austéritaire des économies depuis la crise financière de 2008. Elle consacre aussi un certain échec des forces progressistes à maintenir des acquis socio-politiques voire leur intégrité en Amérique latine, continent pilote des dernières décennies : la réaction thermidorienne est aux portes du pouvoir au Vénézuela, au Nicaragua, en Equateur…Ainsi que dans l’Union européenne, où le modèle intégrateur scandinave est à l’eau et où prédomine un  nationalisme exacerbé en Europe centrale.

En France, la crise de croissance des organisations de gauche n’est plus un secret, qu’il s’agisse du PS laminé par un mandat présidentiel de compromissions, du PC dont la direction compose pour son Congrès avec une orientation minoritaire, d’EE Les Verts, du NPA[4], du POC lui-même… Jusque-là préservée du fait de ses résultats à la présidentielle de 2017, la France insoumise  vit un conflit majeur avec les forces de l’ordre et  la justice. La descente de police dans ses locaux ne serait-elle pas un retour de bâton, en réponse à l’affaire Macron-Benalla, qui a mis en difficulté l’exécutif ?

Au niveau de la société civile, la situation n’est guère meilleure, le tissu associatif se destructurant suite à l’abrogation du dispositif des emplois aidés et par l’assèchement des aides publiques au financement, voire par le remplacement de ces structures par des sociétés privées qui font payer l’usager.

Un indice de la gravité de la situation au niveau des relations sociales, la campagne « #Pas de vague (le « me too » des enseignants, 35 000 tweets en quelques jours suite au braquage d’une professeure) est révélatrice du degré de saturation du corps enseignant, spécialement dans le secondaire, face à la violence scolaire et à l’omerta d’une administration autoritaire, et souvent dans les faits complice passive[5].

                     Les obstacles à la mobilisation sur le terrain  démocratique

Au regard de ces différentes menaces à l’égard des droits démocratiques et ne serait- ce que du vivre ensemble, le dispositif de défense et de prévention de risques graves est-il suffisant? Il est regrettable que le mouvement social, organisé dans le collectif Marée populaire,  n’ait pas relayé les médias, juges et parlementaires, dans la foulée de l’affaire Benalla. Pourtant, c’était bien la seule carte gagnante après les échecs sectoriels et sociaux du printemps dernier[6].

Les syndicats enseignants soutiendront-ils la campagne « #Pas de vague », pour exiger de l’administration des conditions de travail dignes ?  A l’approche des élections professionnelles de novembre-décembre, il y a là matière à concrétiser un dialogue inter-corporatif caractérisé par une morosité inquiétante et par l’abandon dans la nature de milliers de jeunes bacheliers, déboutés du dispositif d’orientation Parcoursup.

Le cantonnement dans les problématiques sociale et écologique explique en grande partie ces difficultés d’adaptation à la nouvelle donne, ainsi que l’illusion de vivre encore dans la « patrie des droits de l’homme ». Le contexte pourtant prévalant de l’état d’urgence passé dans la loi ordinaire depuis octobre 2017  apparaît comme singulièrement absent des débats, dans les faits banalisé. Seul dispositif qui existait à cet égard, le collectif contre l’état d’urgence[7], d’ailleurs minimal puisqu’il n’avait pas été décentralisé de son vivant, ne fonctionne plus. Pendant que s’applique la loi de sécurité intérieure avec ses dérives et abus, et que les victimes d’une police et d’une justice aux ordres –qu’ils/elles soient habitant-e-s des quartiers populaires, jeunes étudiant-e-s et lycéen-ne-s, militant-e-s et syndicalistes, citoyen-ne-s…se trouvent isolées et avec peu de moyens de défense. Ainsi, est passée incognito la condamnation du frère d’Adama Traoré à trois ans de prison, au nom d’un « terrorisme de quartier » (sic). Malgré une manifestation de soutien de 2000 personnes le 13 octobre (à Paris)[8].

                                  Pour une coordination des comités de soutien de victimes (des répressions d’Etat)

Depuis la COP 21 et la première loi Travail, période où fut installé l’état d’urgence au motif de la « guerre contre le terrorisme islamiste », des milliers de militant-e-s, jeunes et citoyen-ne-s ont connu le « talon de fer »[9] dans le cadre d’interventions policières : agressions physiques, blessures et morts, arrestations, poursuites judiciaires, condamnations, perquisitions, assignations à résidence, contrôles….. Il devient urgent de mobiliser sur le terrain de l’Etat de droit, pour une contre-offensive qui fasse suite aux échecs du printemps dernier (SNCF, Université-Education nationale…) et qui prépare les résistances à venir (retraites, Fonction publique…). Mais pas seulement sur un mode parasyndical et défensif.

                   Les axes d’une campagne de cet ordre gagneraient à rendre compte du caractère multilatéral des répressions en cours. Concernant les pouvoirs régaliens :

– l’abrogation de la loi de sécurité intérieure (octobre 2017) qui banalise l’état d’urgence au motif ou au prétexte de la guerre contre le terrorisme

-la dissolution des milices parallèles clandestines et concurrentes à la Police et à la Gendarmerie nationales (affaire Macron-Benalla), sanctions des responsables à prendre en fonction des conclusions des commissions d’enquête judiciaire et sénatoriale

-l’arrêt des violences policières et des discriminations judiciaires, dans les quartiers populaires, les manifestations, les lieux publics, les ZAD…

– en cas de mort d’homme dans le cadre d’interventions policières, poursuites judiciaires et sanctions.

Concernant les pouvoirs représentatifs :

-l’arrêt des ordonnances qui imposent les diktats de l’exécutif contre la représentation parlementaire, pour la réalisation de projets antisociaux

-le retrait du projet présidentiel de révision de la Constitution pour renforcer les pouvoirs de l’exécutif.

Concernant les services publics:

– le retrait du projet  de remise en cause du paritarisme dans les Fonctions publiques d’Etat et des Collectivités territoriales

-l’arrêt de l’autoritarisme administratif dans les services publics, de l’Education nationale et de la Poste entre autres: sanctions abusives de personnels….

– la suppression du dispositif Parcoursup  dont le fonctionnement opaque voire illégal (algorithmique) organise la sélection des bacheliers, et leur discrimination sur un critère d’origine

-l’arrêt des censures sur les sujets dits sensibles (racisme d’Etat,  intersectionnalité…) dans les départements de sciences sociales  (université).

Construction d’un paradigme démocratique

La politique menée par l’oligarchie s‘appuie sur un courant d’extrême droite et xénophobe qui, détournant les mécontentements, a conquis des centaines de places électives (municipales, régionales, européennes…) ; 50 à 60 % des forces de l’ordre votent pour l’ex FN. Il importe de faire connaître le bilan de cette double gouvernance, pour les prochaines campagnes électorales. Quant à la cellule de veille inter-organisationnelle, dont la mission peut être de médiatiser les cas de dérives et de leurs victimes actuellement isolées et fragilisées, et d’organiser des défenses en justice, collectives si possible, il existe un capital d’expériences et d’expertises alimenté par les collectifs contre l’état d’urgence et des quartiers populaires (Observatoire des violences policières/collectif Amal Bentounsi, collectifs Adama Traoré, Ali Ziri….)….

Pourquoi cette problématique est-elle fédératrice ? Parce que la France est traditionnellement un pays de culture politique et que, dans les périodes de crise, c’est par la politique que le peuple en est sorti par le haut.  Les enquêtes d’opinion ont montré le fort intérêt qu’a connu l’affaire Benalla en pleine trêve estivale, ainsi que le discrédit présidentiel correspondant, à en juger aux réactions: enquêtes judiciaires et mises en examen, deux commissions d’enquête parlementaire largement médiatisées pour établir les responsabilités gouvernementales, deux motions de censure, licenciement de Benalla par l’Elysée et autres sanctions internes, blocage par  le Parlement du débat sur le projet de modification de la Constitution et de réforme institutionnelle …

Il y va de la responsabilité de nos différentes organisations de s’impliquer sur cet axe, avant que la situation socio-politique ne s’aggrave d’une manière peu réversible pour l’intérêt général. Des exemples de réussite sont à saluer dans ce sens: la destitution aux Cortés du  premier ministre liberticide Mariano Rajoy (le 1er juin 2018)  a été obtenue grâce à l’unité des forces progressistes en Espagne[10]. En Côte d’Ivoire, grâce à la résistance populaire sur une décennie, c’est une amnistie de 800 opposants politiques qui a été arrachée à la dictature de Ouattara (le 6 août 2018).

Avec les différentes équipes du mouvement social, des quartiers populaires et des territoires, c’est la construction et à la transmission d’un paradigme démocratique à laquelle il reste à s’atteler, de manière à s’inscrire dans la bataille des idées qui impose pour l’instant le populisme, voire l’extrême droite, comme recours à la « stratégie du choc »  d’un régime politique devenant de plus en plus prédateur et parasite et contribuant à la dépolitisation de jeunes et à l’abstentionnisme.

[1] Martine Boudet  Urgence antiraciste Pour une démocratie inclusive– (Coord, Ed du Croquant, 2017)

[2] Autre ministre d’Etat à avoir démissionné dans la dernière période, Gérard Collomb.

[3] Gérard Tautil, Le Roman national français au défi de l’extrême-droite (Editions L’Harmattan, 2017)

[4] Fondation Copernic (coordination  Daniel Gaxie et Willy Pelletier),  Que faire des partis politiques ? (Le Croquant, 2018)

http://www.fondation-copernic.org/index.php/2018/10/24/que-faire-des-partis-politiques/

 

[5] https://alerteconditionenseignante.wordpress.com/

 

[6]   Tribune collective aux Invités de Mediapart:

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/310818/avec-laffaire-macron-benalla-continue-comme-avant

Commission Démocratie-Attac France, « Affaire Macron-Benalla : non à l’impunité des violences policières Oui à une véritable démocratisation institutionnelle » https://blogs.attac.org/commission-democratie/textes-de-la-commission-democratie/article/affaire-macron-benalla-non-a-l-impunite-des-violences-policieres

[7] https://etatdurgence.fr/

[8]    http://www.leparisien.fr/val-d-oise-95/val-d-oise-3-ans-de-prison-pour-un-frere-d-adama-traore-apres-l-incendie-du-bus-15-10-2018-7919853.php

https://blogs.mediapart.fr/beatrice-turpin/blog/141018/paris-sous-le-soleil-mais-sans-eclat-pres-de-2000-personnes-marchent-pour-adama

[9] Titre d’un roman de Jack London

[10] Elu-e-s et représentant-e-s des communautés autonomes catalane et basque, de Podemos, de l’aile gauche du PSOE….

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Un catharisme occitan a-t-il existé?

Déc 31, 2018

Une polémique a surgi récemment dans les médias, sur La Dépêche en particulier, à propos du nom « cathare » attribué aux hérétiques des principautés méridionales…. Pour une certaine « nouvelle vague » d’historiens du Moyen Age, il n’y aurait jamais eu d’Eglise cathare dans ce qu’ils appellent « le Midi », mais seulement des « hérétiques », qualificatif donné par l’Eglise catholique! Alors qu’en est-il exactement?

Origine de la polémique

Au mois d’octobre dernier, l’université Paul Valéry de Montpellier ouvrit au public une exposition cofinancée par la « région Occitanie » et organisée par une médiéviste non spécialiste des Cathares, au titre provocateur: « Les cathares: une idée reçue!« . Pour les adeptes de cette thèse, l’hérésie méridionale ne serait qu’une invention du XIXe siècle; et ils affirment péremptoirement: « Les cathares n’ont pas existé dans le Midi.« . Pour crédibiliser ses propos, cette universitaire de Montpellier proclame urbi et orbi que « la plupart des médiévistes qui s’occupent des questions d’hérésie » partageraient ses positions.

De plus, si elle reconnaît que « nous avons des milliers de sources produites dans le Midi, comme les procès-verbaux des interrogatoires menés par l’Inquisition, ou les chroniques de la croisade contre les Albigeois », elle déclare que « ces sources ne parlent jamais de cathares », que ces derniers ne seraient cités que dans des écrits extérieurs, en Allemagne par exemple, et enfin que « ni les nombreux inquisiteurs méridionaux, ni les chroniqueurs qui suivent les croisés ne voient la trace de ces cathares »…

Elle en conclue qu’ « une Eglise cathare présente dans le Midi ainsi que dans tout l’occident » est un mythe: « Dans le Midi, ce mythe réapparaît et se renforce au cours du XXe siècle et nourrit la construction identitaire de la région ».

Une querelle des Anciens et des Modernes?

Si le rôle d’un historien-chercheur est d’analyser scrupuleusement les documents étudiés en les replaçant dans le contexte de leur époque, il apparaît que les affirmations péremptoires évoquées ci-dessus sont loin des réalités historiques que des historiens aussi sérieux qu’Anne Brenon ou le regretté Jean Duvernoy ont mises en évidence.

Dans cette affaire, on dirait qu’on assiste à une querelle « des Anciens et des Modernes » sur deux simples mots: Eglise et cathare! Et l’on peut regretter le manque de modestie de ces derniers dans leurs propos contre le travail remarquable, que leurs prédécesseurs ont réalisé autant sur des documents écrits que « sur le terrain ».

Que les « dissidents » de l’Eglise catholique dans le comté de Toulouse (et non dans le « Midi »!) au Moyen Age soient appelés cathares, tisserands, manichéens, albigeois ou autrement… quelle importance? L’Eglise romaine les désignait comme « hérétiques » et eux-mêmes ils se disaient « Bons Chrétiens » et « Bonnes Chrétiennes » ou « Bons Hommes » et « Bonnes Dames ».

Alors faut-il nier l’existence d’une Eglise chrétienne dissidente organisée en Occitanie, qu’on appelle « cathare » aujourd’hui par commodité car mieux compris par le public?

« Il y a deux Eglises… »

De nombreux textes nous montrent la vie de ces communautés religieuses « hérétiques », avec leurs diacres et leurs évêques, leurs « Fils majeurs » et « Fils mineurs », … sans compter la masse du clergé ordonné, que l’Inquisition appelait « Parfaits » et « Parfaites », avec leurs rites et le sacrement du « consolament« . Autrement dit toute une hiérarchie qui n’est pas celle de l’Eglise catholique, mais d’une autre Eglise, dont il serait stupide de nier l’existence.

Nouveau Testament et Rituel cathare (Bibliothèque municipale de Lyon, Ms P.A.36)

Dans les documents de la « Croisade contre les Albigeois » évoquant Villemur-sur-Tarn par exemple, on parle d’une centaine de « Maisons » regroupant des communautés de « Bons hommes » et de « Bonnes Femmes » avec leurs diacres. Plus tard devant l’Inquisition, la montalbanaise Arnaude de Lamothe qui a vécu longtemps dans une de ces communautés évoquera la fuite de l’Eglise des bons hommes de Villemur devant la menace des croisés en 1209: « Pris de peur, le diacre hérétique Raimon Aimeric quitta Villemur avec tous les hérétiques, hommes et femmes. Au terme du premier jour, nous arrivâmes à Roquemaure, à la maison des parfaites, dont j’ignore les noms. »

Quant au terme de « cathare » pour désigner cette Eglise chrétienne dissidente dans le Comté de Toulouse au XIIIe siècle, on le retrouve dans divers documents incontestables. En 1179, le canon 27 du concile Latran III dit: « Dans la Gascogne albigeoise, le Toulousain, et en d’autres lieux, la damnable perversion des hérétiques dénommés par les uns cathares, par d’autres patarins,[…] a fait de si considérables progrès…». Le 21 avril 1198 le pape Innocent III écrit aux évêques des pays d’Oc: » Nous savons que ceux que dans votre province on nomme vaudois, cathares, patarins… ». Dans le « Livre contre les Manichéens », son auteur désigne ainsi les hérétiques du Languedoc: «  les manichéens, c’est-à-dire les actuels cathares qui habitent dans les diocèses d’Albi, de Toulouse et de Carcassonne… » Un hérétique repenti, Rainier Sacconi, écrit dans un ouvrage contre l’hérésie:  » il faut noter que les Cathares de l’Eglise toulousaine, de l’albigeoise et de la carcassonnaise etc… »

Enfin Peire Autier, dit « l’Ancien », qui a redynamisé la dernière Eglise cathare du comté de Foix au Quercy, au début du XIVe siècle en pleine persécution inquisitoriale, est très clair: « Il y a deux Eglises: l’une (celle des cathares) fuit et pardonne, l’autre (celle de Rome) possède et écorche« … Tout est dit!

Pourquoi déconstruire?

Dans la revue académique d’histoire-Géographie « Pastel » (novembre 2018), l’historienne Pilar Jiménez fait un point très précis sur cette question et interroge les « déconstructeurs du catharisme »: « Pourquoi tant de volonté manifeste à démonter un paradigme, celui du catharisme et à nier l’existence d’une Eglise dissidente? Quels sont les enjeux? »

Après les cathares, va-t-on nier l’existence d’une Eglise arienne des Wisigoths de Toulouse au Ve siècle, puis celle des Vaudois contemporaine des Cathares… et pourquoi pas celle du protestantisme au XVIe siècle, pour enfin glorifier celle de la « sainte inquisition » dominicaine tout en justifiant les conquêtes capétiennes des pays d’Oc par la force des armes et des bûchers?…

Alors au lieu d’ignorer systématiquement les études et leurs auteurs mettant en évidence l’existence d’une Eglise cathare dans le comté de Toulouse, « les tenants de la nouvelle approche » qui nient cette existence feraient preuve d’intelligence scientifique au service de la vérité historique, en se joignant aux premiers pour partager en toute sérénité l’étude des sources du catharisme. C’est ce que fait depuis 2012 le CIRCAED (Collectif International de Recherche sur le Catharisme et les Dissidences).

Georges LABOUYSSE, 15 novembre 2018.

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Les bergers et l’ours en Béarn

Déc 31, 2018

Marc Peyrusquet et Mireille Bonhomme sont bergers transhumants depuis plus de trente ans en Béarn et vallée d’Aspe. Ils sont à la tête d’un cheptel de 160 brebis et une cinquantaine de chèvres. Dès la fin mai, ils montent leur troupeau en vallée d’Aspe et ils redescendent pour le 1er novembre.

Leurs bêtes ont deux lieux d’estives qu’elles occupent successivement. Le premier est situé au dessus de Bedous, à la cabane de Casteruch et l’autre, qu’ils rejoignent à partir de juillet, se trouve au dessus d’Etsaut à la cabane de Cap de Guerren. Marc garde le troupeau et fabrique le fromage tandis que Mireille assure l’intendance et la vente du fromage.

De plus, ils embauchent un ou une salarié.e.s pour le muletage ainsi qu’un.e aide-berger.e pour garder les troupeaux confiés par les éleveurs de la vallée.

J’ai accompagné la transhumance qui part de Casteruch et arrive à Arbus. Soit une cinquantaine de kilomètres à pieds et j’ai posé quelques questions à Mars lors d’une pause.

Thérèse : Marc, tu vis pendant 6 mois en estives, à Cap de Guerin et Casteruche avec ton troupeau de chèvres et de brebis, dis moi, comment peut se passer la cohabitation avec l’ours ?

Marc : Avec l’ours ou avec les anti-ours ? Parce qu’avec les anti-ours, c’est plus difficile, parce que rien n’est prévu dans le cadre de la cohabitation.

La cohabitation avec l’ours, est possible. Ça c’est toujours fait.

T. Est ce que tu as vécu des attaques d’ours ?

M. Oui et il est toujours repartit sans rien. Parce qu’il y avait le berger avec le troupeau, les brebis pas loin de la cabane, et les patous.

T. Les deux cabanes où tu réside, font partie de la « zone de prédation de l’ours » , est ce qu’il y a des aides en cas d’attaque d’ours ? Il y a des subvention pour l’achat des Patous?

M. Oui comme toutes les professions, la notre aussi est subventionnée. Il y a des impôts direct ou indirect. Ensuite, l’état répartit les aides.

Les subventions agricoles sont là pour palier au manque de main d’œuvre et aux prix agricoles qui ne montent plus depuis 20 ans.

Dans le cadre de la cohabitation avec l’ours, il y a beaucoup d’aides qui sont là pour le maintien de la biodiversité et aussi pour maintenir l’activité pastorale dans les montagnes.

T. S’il n’y avait plus d’ours dans les Pyrénées est ce qu’il y aurait toujours des bergers, est ce qu’il y en aurait plus ?

Je ne sais pas mais nous on y serait toujours, c’est un métier que tu fais par choix, avec ou sans ours, on s’adapterait.

T. Vivre en montage de son travail, c’est de plus en plus difficile. Surtout quand on est en estives on est pas en bas. Certains éleveurs disent qu’ils ne peuvent pas être en estive et en bas à vendre leurs produits.

M. Il faut différencier les bergers et les éleveurs. Nous on est bergers, on garde nos brebis et en plus on garde les brebis des éleveurs qui sont en bas. Ils nous confient à nous leur bêtes et ils nous payent. Le problème c’est les éleveurs qui laissent leur brebis toutes seules sans gardien et là c’est des proies faciles pour l’ours.

T. C’est ceux là qui sont plutôt anti-ours ?

M. oui

T. pourtant il y a des subventions pour payer des bergers, surtout en zone de prédation de l’ours : 80 % du salaire du berger est pris en charge. Ils ne veulent pas embaucher des jeunes pour garder leur troupeaux ?

M. Ça il faut leur demander à eux. Pourquoi ils ne les prennent pas ? il faut leur demander à eux.

Il y en a qui prennent les aides et qui sont quand même anti ours.

T. S’il n’y a plus d’ours, il n’y aura plus les subventions et ce sera de plus en plus difficile de vivre en montagne.

M. Oui pour eux, nous on s’adaptera.

M. Le gros problème de l’agriculture c’est la transmission des fermes. Aujourd’hui, Il y a 4 paysans sur 5 qui ne reprennent pas la ferme. Ça fait 10 ans que ses aides sont versées, par exemple les aides à l’emploi. Nous, depuis 10 ans on a permis a deux jeunes de s’ installer.

M. L’avantage pour nous berger, c’est c’est la présence sur l’estive.

Un éleveur va lâcher ses brebis et elles vont aller de suite « au meilleur », c’est à dire en haut.

Le bas va continuer à pousser et se « refermer ». Nous, les bergers en estive, on essaye de mettre un maximum de brebis dans un endroit et on fait tourner. On les fait pacager à divers endroits et on rend service à la commune en entretenant la montagne.

Les aides agricoles, c’est un contrat, il y a des obligations. On peu les comparer au RSA ou au chômage.

T. Les syndicats agricoles qu’est ce qu’ils en disent de ce sujet ? Je crois que tu es à la confédération paysanne ?

Ce qu’il faut savoir c’est que l’ année prochaine, il y a des élections à la chambre d’agriculture. Alors ça monte un peu et il y a des rapports de forces qui s’instaurent.

A la confédération Paysanne nous sommes les plus démocratiques . En Béarn à la dernière réunion, on était 17. Il y avait 3 anti ours et 15 pro-ours. On a décidé de rester neutre pour respecter les opinions de chacun. Si les autres syndicats avaient fait pareil ce serait plus calme.

T. Est ce qu’il y a une opposition entre les agriculteurs natifs de la montagne et des jeunes « néo-ruraux » qui veulent devenir berger ?

M. Je ne crois pas que ce soit ça le problème : je connais des anciens d’ici, qui sont pro-ours et des jeunes récemment arrivés qui sont anti-ours.

T. Comment tu vois l’avenir avec les deux nouvelles ours qui sont dans le secteur où vous êtes?

M. J’espère qu’elles sont pleines. Si elles ont des petits, elles ne seront pas saillies par les deux ours d’ici.

M. Notre préoccupation à nous c’est pas l’activité des ours, c’est la cohabitation avec eux. Il y a des spécialistes qui s’en occupent.

On s’accommode de ce handicap et on le transforme en plus-value.

Pour utiliser une image : c’est un peu comme si tu est dans un endroit avec des ronces, soit tu mets du roundup soit tu y mets une chèvre et tu tire son lait.

T. C’est une belle image, Merci.

Pour compléter cet entretien, je rajoute un extrait d’article que Mireille Bonhomme a donné à la revue Bigorre Mag du mois de juillet 2018 :

« Bigorre Mag : « Mireille, que pensez vous le l’introduction des deux ourses ?

Mireille : C’est une bonne chose, mais il aura fallu du temps pour que les bergers favorables à la réintroduction puisse le dire ouvertement. Cependant, certains d’entre eux n’osent toujours pas approuver publiquement cette décision, tant la pression est forte de l’autre coté.

B.M. En quoi est-ce un atout?

Mireille : Il faudrait que les éleveurs se rappellent d’où viennent les subventions pour le portage et le gardiennage. Elles sont directement liées à la présence de l’ours.

B.M. La cohabitation est elle possible ?

Oui car ici la tradition veut que l’on pratique la traite en montagne et la garde des troupeaux. Passer tout l’été en cabane permet d’entretenir les pâtures car on fait circuler nos bêtes et puis nous sommes sur place pour les soigner. »

Après l’entretien avec Marc, Mireille rajoute que «  parler de l’ours,
ça évite de parler de sujets qui fâchent, comme le maintien du Glyphosate ….
le gouvernement n’est absolument pas respectueux de la terre, mais il s’occupe de la réintroduction des 2 ourses, uniquement par ce que depuis 20 ans qu’on devait remplacer les 2 femelles mortes,
l’Europe est au bord de la sanction financière !!
je ne me fais aucune illusion sur les raisons de faire enfin, mais puisque c’est fait, maintenant il faut voir comment tous les paysans peuvent cohabiter avec les ours, en restant paysans. »
Mireille

Avant la réintroduction des deux ourses début octobre 2018, il y avait une quarantaine d’ours dans la partie centrale des Pyrénées et seulement deux mâles dans la partie occidentale de la chaîne.

La survie de l’espèce était donc menacée. Le plan d’action ours brun 2018-2028 devait répondre à plusieurs enjeux étroitement liés :

– l’amélioration de l’état de conservation de la populations ursine

– l’accompagnement des activités humaines en présence d’ours

– la patrimonialisation de l’espèce en tant qu’élément parmi d’autres du patrimoine naturel et culturel Pyrénéen.

Le dossier de demande d’autorisation d’introduction de deux ourses dans les Pyrénées Atlantiques élaboré par l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage ONCFS a été mis à la disposition du public depuis le mois de juin 2018.

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Université d’été de la fédération Régions et Peuples Solidaires

Nov 10, 2018

   De nombreuses interventions et débats ont marqué cette 24ème université de R&PS en Pays Basque, avec la participation de plus de cent délégués des régions venus d’Alsace, Pays Basque, Bretagne, Catalogne, Corse, Moselle, Occitanie, Savoie, en présence du maire de Bayonne. Organisée par les militants de Eusko Alkartasuna, cette université d’un haut niveau de réflexion a vu intervenir des personnalités progressistes du monde politique et des journalistes. Le tout couvert par FR3, des télévisions et radios locales-régionales.

  • Repenser concrètement la politique des territoires

Dans le cadre des futures élections européennes, un débat sur la politique territoriale s’imposait. Pour ce que veut la fédération face  « girondisme » d’annonce présidentielle qui se renforce de silences et d’autoritarisme sur toutes les questions venues des territoires. Questions posées sur la démocratie territoriale, restées sans réponses. Que ce soit au niveau législatif (J-Ph. Acquaviva, P. Molac), au niveau de l’autorité territoriale corse (G. Simeoni) ou encore au niveau européen (F. Alfonsi, ALE), les constats convergent sur la stratégie de l’Etat : refus d’aborder la révision constitutionnelle à la rentrée, le but étant de renforcer encore plus l’Exécutif ; segmenter les discussions et revendications pour affaiblir l’expression de la démocratie ; refuser d’aborder les questions de fond (autonomies, fédéralisme, confédéralisme). Le constat qui s’impose pour la Corse – « Faire la Corse sans les Corses »- vaut pour l’ensemble des régions aux identités culturelles fortes de l’hexagone. La constitutionnaliste W. Mastor (université de Corti) insiste sur cette idée de la constitutionnalisation du droit local et de la possibilité  d’un statut hybride reposant sur une collectivité à statut particulier (art. 74). Dans toutes les formes d’affirmation d’une spécificité territoriale et d’un droit local dérogatoire (Alsace), le but de l’Etat est bien de répondre au niveau constitutionnel central. On est loin de la berceuse susurrée du « Pacte girondin »…

Comment répondre ? Face à ce refus de dialogue, la fédération ne peut trouver de solution qu’en renforçant le rapport de force avec l’Etat et en se rapprochant : à chacun de poser ses revendications pour renforcer les convergences.

  • Une Europe différente de cette constitution interétatique néo-libérale

Débat animé par Lorena Lopez De Lacalle, élue de Eusko Alkatasuna, Pays Basque Sud et qui part du constat : l’état de l’Europe se résume par une succession de « crises » dont il est difficile pour le citoyen de faire abstraction. Les outils de changement des traités successifs sont lourds à gérer ; il en est ainsi de la pétition signée par un million de citoyens des différents pays de l’Union. La Commission a un délai de trois mois pour donner sa réponse… L’ICE (traité de Lisbonne, 2007) en est un, il a peu fonctionné face aux blocages des groupes opposés. Il consiste à proposer des changements législatifs sur des sujets afin de faire évoluer les politiques européennes. Aussi, à la question posée par J-F Billion (UEF) – La démocratie participative peut-elle exister dans l’UE ?-, celui-ci dénonce la contradiction constante entre théorie et pratique de la part de l’Europe actuelle. Et cela dans un contexte extrêmement bloqué que sa nature institutionnelle ne lui permet pas de résoudre quand elle ne le favorise pas: Brexit, situation migratoire, montée de l’extrême droite.

Le journaliste J. Quatremer, auteur du livre « Les salauds de l’Europe », considère que l’Europe s’est faite dans le dos des peuples. Sa superstructure juridico-politique domine, la Commission étant aux ordres des Etats qui décident par le Conseil des ministres. La représentation élective est disproportionnée (850 000 voix pour un député français contre 50 000 pour un maltais). Les marchés financiers sont présents sur le devant de la scène politique. La technocratie a pris le pouvoir. Les citoyens ne demandent pas de contrôle ; aussi pour lui, la responsabilité est globale. On aboutit à une vitrification du projet européen et, après le traité de Lisbonne, on continue sans rien changer. Devant ce constat réaliste et pessimiste comment avancer ?

Dans le débat en recherche de perspectives politiques, les intervenants rappellent que la démocratie directe (ICE) est bloquée, que la solution de recours à des referendums (Suisse, Danemark, Irlande…) n’est pas une tradition française et que sur les questions budgétaires le couple franco-allemand est divisé, comme en témoigne le refus du rachat de la dette grecque. Cette Europe dirigée par la droite, et toute solution de démocratisation des politiques territoriales se heurte à des fins de non-recevoir. L’exemple catalan montre bien l’absence de soutien et le poids des partis conservateurs, PP, CSU. Le Comité des Régions est inopérant face au Conseil des ministres. Quant au groupe Verts/ALE, il ne pèse qu’aux marges (transports, agriculture). G. Alirol (président de RPS, Partit Occitan) rappelle que face à l’organisation interne des Etats, et notamment de la France qui ne cherche qu’à résoudre son problème centraliste par l’Europe, la solution fédérale (des niveaux de fédéralisme et des Etats fédérés) est d’actualité pour sortir de l’état de blocage actuel. Comment avancer si les régions ne participent pas aux décisions ? Comment évoluer sans projets alternatifs sur des contenus législatifs ? Maturité des débats et des interventions multiples, autant de signes positifs qui   témoignent d’une avancée politique de la fédération.

  • Un congrès confronté aux élections européennes

    C’est ce dont rend compte le congrès final qui entérine les rapports moral et financier, soulignant  les avancées politiques en Corse, Alsace et en Bretagne aux législatives de juin 2017.  Et cela dans un contexte difficile (recentralisation accrue des décisions politiques, bonapartisme qui se reconstruit autour de la personne providentielle au nom des « réformes », faiblesse des partis de l’opposition, diminution des financements des collectivités territoriales…).

Pour le côté positif, notons l’adhésion à RPS de Inseme per a Corsica, une volonté commune d’avancer ensemble, la recherche du consensus. Passage du statut d’observateur à celui de membre pour le Congrès Mondial Amazigh, en présence de son président, Belkacem  Lounès.

La question de la tête de liste aux européennes devait tenir compte des différentes représentations et sensibilités territoriales. Elle fut votée en faveur d’une candidature corse (à préciser ensuite) en tenant compte des différentes motions présentées. Accord réalisé sur les questions techniques et politiques : négociations en cours, ouverture à d’autres, tenir compte de l’opinion publique différente de nos choix politiques. Accord sur les questions politiques : notamment au Parlement avec nos quatre députés (révision constitutionnelle, baisses budgétaires, défense de la revendication alsacienne d’un statut particulier à l’Assemblée nationale). Accord sur le principe d’un Livre blanc pour la démocratie et l’autonomie initié par Région Savoie. Des commissions de travail sont envisagées sur ce thème commun.

  • L’Occitanie fédérale reste à construire

    Dans ce congrès, peu de référence à l’Occitanie qui reste le territoire le plus grand de l’hexagone, hormis la dénomination technocratique éponyme dont les espaces Languedoc-roussillonnais et toulousain sont affublés. Aux autonomistes occitans d’affirmer leur stratégie politique d’autant plus urgente qu’elle correspond à la situation vécue par des populations  aux intérêts communs ; l’intelligence politique exige des solutions concrètes adaptées aux pays qui font cet espace à la fois commun et différencié. C’est bien là l’objectif d’une stratégie fédéraliste qui peut et doit trouver toute sa place dans le cadre d’une campagne propre aux élections européennes. Et si certains d’entre nous sont sceptiques face à une candidature « régionaliste », ils doivent se convaincre que la solution politique est là, globale et spécifique, face à l’Etat centralisateur.

Le positif de cette Université d’été aura été de faire un bilan lucide de l’état des régions et des peuples confrontés aux politiques française et européenne. Loin d’énoncer un discours univoque, des solutions sont avancées comme possibles dans le fil d’une stratégie commune qui s’impose aujourd’hui : bâtir des autonomies plurielles dans le cadre d’une Europe des Peuples et des Régions, pour faire avancer un fédéralisme européen différent du faux fédéralisme des Etats qui constitue cette Europe aujourd’hui. Pour plus de justice sociale, de solidarité et d’ouverture au monde.

 

Gérard TAUTIL

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La Paurilha

Nov 10, 2018

Siam pas lei ciutadans de la Marselha de Gelú, segur, mai la condicion dei paures es de pas mermar la França richassa de sei riches a bòudre dins lei domenis de la financa e deis afaires : banquiers, fons de pensions, rampèus per de plaçaments dins lei produchs de luxi, reinvestiments d’en premier de la riquessa dins lo bouja dei patrons. Vaquí lo sens dau partiment complit per lei pichòts de l’entrepresa… Encuei, Gelú seriá lo poèta engatjat dei banlègas delaissadas que lei 40% dei joves son chaumaires, victimas dei predators dau trafec de dròga e de prostitucion. Quand lei mai paures s’esbudelan entre elei, pòdon lei riches contuniar  d’emplir lei pòchis…

Mai lo bescòmpte es aqueu d’aicí : quora lo subre president, dins sei dauraduras elisencas parla de la peissalha, es per dire que leis ajudas socialas còstan  un « pognon de dingue » (sic) mentre que fan 1% dau PIB. Putans de paures ! Pasmens es de remarcar que 5 milions de paures sòrtan ansin de la pauretat, lo taus passant de 22% a 14 %. Mai per lo president e son cambrier Philippe Premier, lei 551 euros de RSA son de dardenas escampadas a de monde que vòlon pas travalhar. Moralisme dei riches, moralisme de salopàs.

Se d’unei economistas critics fan justament un bilanç financier pron objectiu deis ajudas publicas dins de periòdes de « crisi », devon s’engardar de dire que siam lo país que la pauretat es la mai bassa d’Euròpa… Comparason es pas rason. Quora Provença es la region exagonala mai richa per lei revenguts que pòrtan lei milions de toristas cada an per enfortir la riquesa bancària lèu sifonada per lei farlataires dau mercat de la misèria, la realitat es autra part : seriá mai aisat de marchar sus lei cambas e non sus la tèsta. Provença es tanben lo país que lei diferéncias entre paurilha e grossei fortunas son demieg lei mai grandas de l’exagòn. Ne’n faràn leis estatisticas jamai lo còmpte…

Gerard TAUTIL

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