adeo

N°186 – Maridatge omò : per o contra ?

Fév 20, 2013

Lo Partit Occitan lancèt unaconsultacion de sos aderents sus la question del maridatge “per totes”.

Vos prepausam aquí un escapolon de las reaccions dels unes e dels autres : una granda diversitat de punts de vista ! Avèm servat l’anonimat per geinar pas degús…

Podètz, se volètz, contunhar de nos mandar las vòstras reaccions. Lo ròtle dau politic es de favorizar lo bonur dei ciutadans tant a l’encòp materiau qu’immateriau. Dins lo domèni de l’immateriau, pensi a la libertat de parlar sa lenga, a la libertat de cresença religiosa e de cultura mai tanben a la libertat sexuala e donc lo drech de se maridar au dintre d’un coble de meme sexe.

La sola causa que compta es ben lo bonur !

 

Lo ròtle dau politic es de favorisar lo bonur dei ciutadans tant a l’encòp materiau qu’imateriau. Dins lo domèni de l’imateriau pensi a la libertat de parlar sa lenga, a la libertat de cresença religiosa e de cultua mai tanben a la libertat sexuala e donc lo drech de se marridar au dintre d’un coble de meme sexe. La sola causa que compta es ben lo bonur!

 

[Nous ne devons pas] trouver là matière à dispersion, alors que l’autonomie occitane est notre principale revendication et qu’elle est loin d’être gagnée… La question de l’adoption est très délicate. En bref, laissons ces sujets «de société», ou plutôt de diversion au P.S. au pouvoir !

 

La decision de doas personas de se ligar per la vida, es lo problèma de doas personas fàcia a l’Estat. E lo drech d’aver d’enfant es un drech uman que regularizarà de còp una situacion existenta. Cal arrestar amb una societat de doas vitessa pels aparelhats.

 

[Nous ne sommes] nullement obligés de prendre position pour n’importe quel sujet de société ; chaque militant [autonomiste] peut avoir sur le sujet un avis divergent; toutefois, il me parait utile de faire preuve d’un certain humanisme envers des minorités en proie à des difficultés en terme de reconnaissance. [Je suis] pour la défense des minorités…

 

Le « Mariage » est une idée religieuse (plagiée par nos « révolutionnaires » français). Laissons ce mot aux religions et utilisons un autre mot (et un contenu bien sûr…) plus laïque, plus moderne et correspondant mieux à l’égalité entre individus de sexe opposés ou de même sexe.

 

Je suis pour que les individus quel qui soit leur sexe, puissent s’unir devant le maire et avoir les mêmes droit que les couples mariés sans pour cela que cela s’appele mariage.

 

Ma pausicion es simpla : val mai un sol maridatge gay que tota una tièra de maridatges tristonasses !

 

Ces questions sont-elles essentielles pour nous ? S’il est nécessaire de se prononcer, ce serait bien d’attirer l’attention sur les dérives anthropologiques des sociétés occidentales sur le sujet de l’homosexualité. Les minorités sexuelles doivent avoir des droits (PACS, droit à la procréation assistée, droit à l’héritage du pacsé…) mais ne doit pas être imposée à la société une « norme » excessivement libérale, indifférenciatrice et individualiste, qui résulterait de droits acquis par les minorités et qui aurait des conséquences sur la conception de l’individu, du couple et de la famille.

 

Que pensi que lo maridatge omosexuau a pas gaire de sens, rapòrt a la definicion tradicionau d’aqueth engatgament. Lo «PACS» que’m sembla mei adaptat.

 

On pose le problème à l’envers: il ne s’agit pas d’inciter les homosexuels à se marier ou à adopter, mais il s’agit d’entériner une situation qui existe déjà: un enfant né de l’un des deux parents homosexuels ou adopté par l’un d’eux doit pouvoir, si ce parent décède, avoir un lien juridique avec l’autre « parent » de façon à ne pas se retrouver orphelin; de même, l’autre parent doit pouvoir conserver un lien avec l’enfant, y compris en cas de séparation des deux « parents ».

 

Per ieu l’ umanita(un ome e una frema) a tojorn fa avans coma aco , perque changar ?

 

C’est le statut et la qualité de parent qui est au coeur du débat.

 

Puisqu’il est légalement permis à une personne seule d’adopter un enfant, refuser ce droit à deux personnes parce qu’elles sont de même sexe ne peut logiquement que relever d’un jugement moral sur l’homosexualité, et donc d’une discrimination qui dès à présent tombe sous le coup de la loi.

 

Oc per la PMA : Come aquò pas beson d’anar a Barcelona, fin de l’ipocrisi !

 

França deu reconoisser la PMA : una practica ja de fach per venir una practica de drech!

 

Lorsqu’un couple choisit d’avoir un enfant, surtout par des méthodes de procréation assistée, on peut supposer qu’il aimera cet enfant et s’en occupera peut être mieux que certains couples hétérosexuels qui mettent au monde « naturellement » 5 ou 6 gosses sans réfléchir .

 

La Procréation Médicalement Assistée doit rester ouverte qu’en cas d’impossibilité médicale pour les parents à avoir des enfants non handicapés (maladies génétiques) ou à avoir des enfants (tout court…). Mais le corps des femmes n’est pas une marchandise et ne doit pas être utilisé pour « acheter » un bébé. Les femmes ne doivent pas être rémunérées pour porter le bébé des autres, cela doit rester de l’ordre du « volontariat gratuit » afin de limiter les abus.

 

Sur la PMA, il vaudrait mieux engager un débat pour une diminution importante du nombre d’humains sur cette planète. Si nous ne le faisons pas, la nature s’en chargera, mais dans les drames et la douleur.

 

Reconnaître tous les droits qu’ont les autres couples me paraît normal. Par contre remplacer les termes de père et de mère par celui de parent 1 et 2 ne me convient pas. Un enfant ne peut naître que d’un spermatozoide et d’un ovule. Utiliser plutôt les termes de père et de mère biologiques et/ou adoptifs. ex : Jules : père inconnu – mère Georgette … Mère adoptive : Zoé

 

Ieu que siau papà dempuèi quauquei mes a pena, me’n chauti de saupre se vertadierament siau lo paire biologic d’aqueu que m’es presentat coma estent mon enfant. Après tot, tant que ges de test ADN son pas fachs, lo dubi pòu existir…

 

S.  Agazynski vient de publier Femmes entre sexe et genre (Seuil) qui confirme les fondements biologiques de la distinction des sexes : il existe des données innées qui ne doivent pas être confondues avec les stéréotypes sexistes et que ne doivent pas gommer l’éducation et le droit, au risque d’entrainer des confusions graves en matière d’identité sexuée et d’orientation sexuelle voire une régression des mœurs et de la vie familiale. Si la droite défend un libéralisme économique excessif, la gauche ne doit pas dériver vers un libéralisme moral abusif.

 

[Souvenons-nous de] la tradition occitane (troubadours) : s’il est vrai qu’elle célèbre l’amour libre,  parfois hors mariage, elle valorise le couple hérérosexuel et la femme dans ce cadre.

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N°186 – Bilan de l’« économie de la connaissance »

Fév 20, 2013

Il importe aussi d’évaluer les conséquences de l’orientation privilégiée depuis une décennie, au nom de la compétitivité internationale et d’une rentab ilité immédiate.

L’une des dérives de l’« économie de la c o n n a i s s a n c e » réside dans l’accroissement des disparités entre les champs disciplinaires. Instrumentalisation des sciences et des techniques, marginalisation des Lettres et sciences humaines et sociales (LSHS) : ce déséquilibre a des incidences au plan des relations de genre, le champ technoscientifique étant majoritairement masculin à la différence de celui des LSHS.

Comparée avec l’ensemble des instituts publics et privés à caractère industriel, commercial et de gestion, la somme des établissements spécialisés dans ce champ est notoirement insuffisante.

En université, l’application de la LRU entraîne désormais la fermeture de départements en philosophie, Lettres classiques…: les langues régionales pourront-elles être épargnées ?

En lycée, la filière scientifique est développée comme pôle d’élite pendant que décline la filière littéraire, dont l’Inspection générale de l’Éducation nationale a préconisé la réhabilitation dans un rapport en 2006. Pour remédier à ces déséquilibres, il serait intéressant de créer un système de péréquation, une partie des budgets octroyés par les lobbies industriels ou autres étant à attribuer aux secteurs déficitaires, comme c’est le cas aux USA.

Dans ce sens, la future loi d’orientation doit stipuler le principe de protect ion des savoirs académiques, à définir comme des « biens immatériels de l’humanité ».

Martine Boudet

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N°186 : Refondation de l’école : peut mieux faire !

Fév 20, 2013

Le système scolaire français est connu pour être élitiste. Les élèves sont notés, classés, puis ils
s’orientent souvent en fonction de préjugés sur le prestige de telle ou telle filière. Les bons élèves
feront un bac « scientifique » même s’ils sont très littéraires, les moins bons se verront proposer un
bac pro et pour ceux qui sont dégoûtés de l’école un CAP en apprentissage suffira !
Sur les 34 pays de l’OCDE la France se classe seulement 27èmedu point de vue de l’équité scolaire.
Cela signifie que l’appartenance sociale dans le système français influe beaucoup plus qu’ailleurs
sur la réussite scolaire des enfants. Pour le « pays de l’égali té » ça fait tâche ! Même les pays
anglosaxons, souvent critiqués, sont plus justes et équitables que la France.

 

Le ministre de l’éducat ion,Vincent Peillon, a dévoilé son projet de loi de refondation de l’école. Il explique très clairement que cette loi a notamment pour but de réduire l’impact des déterminismes sociaux et de corriger les inégalités et discriminations à l’oeuvre dans la société française.

Priorité au primaire

Pour a tteindr e cet ob jec tif louable, le projet de loi donne très nettement la priorité au primaire. Des mesures fortes sont ainsi annoncées comme la présence d’un maître supplémentaire dans chaque école pour mieux répondre aux difficultés rencontrées. De plus, la scolarisation des enfants de moins de trois ans est mise en avant et présentée comme un levier essent iel pour la réussite scolaire des enfants de milieux défa vorisés (ZEP, secteurs ruraux isolés, outre mer, etc…).

Pour pouvoir mettre en oeuvre ces mesures, des moyens importants s er ont néces sair es. C’est pourquoi le ministère prévoit la création de 60 000 postes sur les cinq ans à venir dont les deux tiers dans le primaire ! Mais la quest ion des moyens n’est pas la seule qui vaille d’être posée.

L’organisation des rythmes s colaires joue également un rôle important. Le gouvernement propose d’installer des cours le mercredi matin et, en contre partie, d’alléger la journée de travail des écoliers qui est plus dense et plus chargée que dans la plupar t des autres pays. Mais tous les enseignants ne sont pas favorables à cette mesure et dernièrement les professeurs des écoles ont massivement fait grève contre cette réforme. De plus cette évolution implique les collectivités territoriales et en particulier les mairies qui devront par tic iper à l’éla bora t ion d’un temps péri-éducatif pour accueillir les enfants lorsque les cours sont terminés.

Le nouveau rôle des collectivités territoriales

C’est là un second point fort de cette loi qui réaffirme (tout en le limitant ) le rôle des collectivités territoriales aux côtés de l’État dans le domaine de l’éducation. On vient de le voir avec les activités périscolaires dans le primaire, mais c’est aussi vrai dans le secondaire où les contrats d’objectifs entre les rectorats, les collèges et les lycées comporteront dorénavant un trois ième signataire : la collectivité territoriale de rattachement !

De même, la loi prévoit clairement que les conseils généraux et régionaux auront la charge de la maintenance des matériels informatiques dans les collèges et les lycées. C’est là une bonne chose qui devrait permettre une amélioration rapide de la situation.

De sérieux manques

Côté pédagogie plus ieurs mesures sont proposées, dont la plus importante, et la plus attendue, est la création d’écoles supérieures du professorat et de l’éducation, chargées de former les enseignants. Par contre, on ne trouve nulle trace dans le projet de loi de volonté de rééquilibrage entre les filières scient ifiques et lit térair es par exemple (lire à ce sujet l’encadré de Martine Boudet).

De la même manière les langues régionales sont complètement absentes du projet de loi. Le Partit occitan (lire communiqué) ainsi que des as socia tions (FELCO, Ocbi, etc…) avaient pourtant alerté le minis tère à ce sujet . Vincent Peillon n’en a pas tenu compte et, malgré le constat accablant de la médiocrité de l’enseignement des langues en France, le projet de loi ne parle que des langues étrangères.

La commission langues régionales de l’Assemblée des régions,s ous l’impuls ion de David Grosclaude, a écrit à tous les parlementa ires pour leur demander de compléter le texte lors du débat qui va s’ouvrir (voir encadré). Plusieurs députés ont déjà annoncé qu’ils tenteraient de faire bouger les lignes, notamment Paul Molac, le député de Régions et Peuples Solidaires. Le débat parlementaire promet d’être riche… affaire à suivre !

 

Uc Jourde

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N°186 – Manifeste Occitaniste : qu’es aquò ?

Fév 20, 2013

Le Manifeste occitaniste est un texte proposé par David Grosclaude et Guilhem Latrubesse. Ce texte
a pour ambition de rassembler tous ceux qui veulent donner un avenir à l’Occitanie avec comme
échéance concrète les élections municipales de 2014. Samedi 9 février à Montauban plus de 70
personnes étaient présentes et ont montré leur intérêt pour cette nouvelle dynamique. Toutes ces
personnes ont discuté de la meilleure façon de faire entrer les préoccupations occitanistes dans les
conseils municipaux. Des élus ont parlé de leur expérience…..
Nous vous proposons ci-après une sélection des extraits des interventions les plus marquantes.

Anne Marie Hautant : Je suis élue dans la villed’Orange, dans l’opposition à M. Bompard, maire d’extrême droite. Je me bats tous les jours pour mettre en avant le vivre ensemble, et comba t tr e la « bunkerisation » de la ville. Mais attention à Orange la Ligue du Sud (le parti de Bompard) a réuni l’été dernier ses militants. Ils étaient 3 fois plus nombreux que nous aujourd’hui. J’y suis allée pour voir de quoi il r e t o u r n a i t : j’ai vu des choses très inquiétantes, j ’ai entendu des énormités ! Je me suis fait sortir au bout d’1/4 d’heure. Nous devons nous mobiliser, ne nous faisons pas voler l’identité occitane, faisons connaître le manifeste !

David Grosclaude : Le manifeste met en circulation des idées qui ne sont pas bien connues. S’afficher occitanistes c’est un effort, nous sommes des citoyens comme les autres, nous avons le droit de poser les questions aux élus… Aujourd’hui nous représentons un véritable mouvement social avec 30 000 manifestants à Toulouse en mars dernier. Citez-moi un autre exemple de manif qui rassemble autant de monde dans un but désintéressé ? Le manifeste a déjà recueilli près de 500 signatures. Je trouve que c’est déjà bien dans ce monde ou tant de gens ont peur de s’engager. C’est un bon début.

Patrick Roux : En tant que directeur d’un grand festival occitan (l’Estivada de Rodès) je me rends bien compte que les élus considèrent l’occitan comme un supplément d’âme. Pour eux, c’est une v ariab le d’ajustement qui risque de faire les frais de la crise actuelle. Il y a une urgence culturelle pour l’occitan qui est gravement menacé. Je suis surpris de voir qu’il n’y a qu’un peu plus de 400 signatures du manifeste ! Si nous ne sommes pas ca pab les d’or ganiser de la propagande, de toucher beaucoup plus de personnes, nous ne changerons rien.

Gerard Tautil : Le i causas venon c omplicadas quand l’idèa d’una « refondacion » de l’occitanisme es avançada. Aquò pausa doas questions : – La premiera es de se demandar en cu s’adreiça aquela crida. Ais occitanistas ò a una opinion publica que saup pas pron çò qu’es Occitània e mai largament que coneis pas la mitat de la realitat de la societat 4 occitana ai 3/4 escafada dins la vida vidanta ?. – La segonda es la crese nça pro si stemat ica e ipotetica de s’imaginar que « refondar » entre nautrei es trobar de practicas e de valors novèlas dins una pontanada de quauquei mes. E d’experiéncia, sabèm pron que valors e practicas son ligadas e que fau una estirada longassa dins la vida d’un òme per far naisser una idèa e un camin nòus.

Une grande diversité, un bel espoir

Voici maintenat le c ontenu pr incipa l des interventions du public :

• « C’est difficile de passer du culturel subventionné par les bienveillants amis « s o c i a l o », à la politique. Certains craignent de s’afficher comme concurrent des partis de gauche. »

• « C’est formidable d’entendre parler français, occitan de Bé arn, de Provence, etc. .. Et tout le monde se comprend ! Nous sommes menacés d’avoir une langue qui se retrouvera dans le cimetière des bibliothèques. Nous devons nous rassembler pour la défendre au delà de nos différences. » • « Les gens sont dégoûtés de la polit ique. Ils ont perdu espoir, et c’est l’extrême-droite qui gagne du terrain. Nous a vons un trésor entre les mains : l’Occitanie et son histoire, ses valeurs que portaient déjà les troubadours comme « lo paratge e la conviv é n c i a ». C’est ça qu’il faut proposer à la population dans un esprit d’ouverture qui dépasse les clivages partisans. »

• « Pour la première fois, j’entends dire des choses que je pense depuis longtemps. Fini le piège du repli sur soi, du communautarisme etc… On veut mettre en place un pacte républicain occitan ! »

• « La question des médias est importante. Si on n’a pa s les out ils de c ommunic at ion suffisants c ela explique le manque de signatures du manifeste. Je propose quelques pistes : faire comme en Catalogne pour faire adhérer les gens. Il y a aussi la question lancée par les bretons pour avoir des chaines de télévision publiques en langues régionales. Enfin pourra it-on c olla borer avec le « J o r n a l e t » s u rinternet ? Quand on voit « médiapart » qui réussit, il faut faire pareil pour l’occitan ! »

• « Assistem a de moviments de populacion cap a las grandas metropòlis. I a un grand dangier de veser cader los territoris regionals. Aquò es ja fach a Lion, e es en tren de se passar a Tolosa. Un grand moviment occitanista deu prener en compt e aquel prob leme. Sufirà pas d’aver qualques conselhers municipals per afrontar aquela situacion. »

• « L’important ara es de crear de comitats de pilotage del manifeste un pauc pertot sul territòri. Sem clar : nos aligarem pas ambe de monde d’extrema dreita. Lo jornalet sus internet fa fòrça polemica, ieu m’agrada pas aquel biais. Los joves nos escotaran pas se parlam coma dins las annadas 70. Cal pausar las causas sens rigiditat ideologica. »

• « J’ai été élu avec dans un conseil municipal avec des socialistes. C’était dur d’être le seul occitaniste au conseil municipal. Avec le manifeste on aura des gens autour de nous et on sera moins seul, on pourra citer des exemples de ce qui se fait dans les villages et villes d’à côté . C’e st important individuelleme nt, et collectivement. Un réseau d’élus c’est très important.

• « J’ai participé à 3 réunions sur le manifeste. A chaque fois c’est positif. Personne ne s’engueule. Les gens s’écoutent , ils ont envie d’agir, ils repartent motivés. »

• « J’apporte mon soutien à cette refondation ou a g g i o r n a m i e n t o ! Les gens autour de moi trouvent ça bien parce que ce n’est pas trop politicien. Je garde en mémoire le cortège avec les drapeaux occitans lors de la manif de Carcassonne. Et puis toutes ces calandretas qui ouvrent, ça prend du temps, mais on avance. Il y a 15 ans je ne pensais pas qu’un jour on aurait tout ça, et qu’on aurait aussi des élus au conseil régional ! »

• « En tant qu’écolo je trouve dommage qu’on parle de croissance dans le manifeste. Pour la diffusion du manifeste on pourrait envoyer un mail à ceux qui ont déjà signé pour leur demander de diffuser autour d’eux. On pourrait aussi faire un flyer papier pour faire connaitre le manifeste. Et distribuer ce flyer dans tous les lieux labélisés oc per l’occitan. Ce serait bien qu’on s’intéresse aux mouvements style « c o l i b r i » , autres monnaies, etc.… pour faire du prosélytisme. »

*** Faites connaître le Manifeste ***

Vous pouvez faire connaître et signer le manifeste autour de vous en vous rendant sur le site : www.manifeste-occitaniste.com

Vous y trouverez également toutes les informations sur les rencontres à venir.

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N°186 – Toutes les hirondelles ne font pas le printemps

Fév 20, 2013

Que reste-t-il aujourd’hui du printemps arabe ? Ce vaste mouvement de contestation populaire – que les démocraties occidentales n’ont pas vu venir – avait débuté le 17 décembre 2011 à Sidi-Bouzid, petite ville de Tunisie qui n’avait jamais fait parler d’elle jusque là, pour se propager ensuite à l’Égypte, au Yémen, à la Libye et se poursuivre encore aujourd’hui en Syrie.

Les rebelles ont obtenu le départ de dirigeants devenus à leur manière des dictateurs : Ben-Ali en Tunisie, Moubarak en Égypte, Kadhafi en Lybie (que ses oppo-sants ont dû abattre), Saleh au Yémen… Reste Bachar El-Assad, intraitable, à la tête d’une Syrie plongée dans la guerre civile.

Le difficile chemin vers la démocratie

Si la chute de ces potentats locaux, longtemps soutenus par les puissances étrangères au gré de leurs intérêts et des enjeux internationaux, laissait augurer l’émergence de démocraties, on mesure aujourd’hui toute la difficulté des changements de régimes quand ces derniers ont exercé le pouvoir sans partage sur des populations asservies. Il n’est pas facile de sortir d’une dictature et le chemin vers la démocratie est toujours semé d’embûches.

Pourquoi ? Parce que la démocratie est le moins naturel des régimes. Il exige dialogue, conciliation, partage, égalité… Toutes valeurs que l’homme relègue dans les tréfonds de sa conscience dès que le pouvoir et l’argent deviennent ses seules raisons de vivre.

Dans son documentaire « Sexe, salafistes et printemps arabes », diffusé en décembre dernier sur Canal Plus, Paul Moreira a bien montré, sous un titre volontairement provocateur, la difficulté à sortir de la nuit obscurantiste.

Toutes les hirondelles ne font pas le printemps. Dans la plupart des pays où la révolution a momentanément triomphé des dictatures, ce sont les islamistes qui ont remporté les élections. Depuis, ils apposent tranquillement leur sceau de fanatisme religieux et d’aveuglement tendancieux sur les règles de vie commune. Il y a ainsi peu de chances que les femmes égyptiennes cessent d’être harcelées et violées dans une société où la sexualité est considérée comme une infamie.

Que faire ?

Que pouvons-nous faire pour aider ces peuples dans leur longue marche vers leurs droits à disposer d’eux-mêmes ?

La question est extrêmement complexe, mais ce n’est pas une raison pour ne pas se la poser. Car les démocraties occidentales – ou ce qu’il en reste – ont tout intérêt à voir se développer dans leur environnement proche des pays politiquement stables et sereins, de sorte que les échanges aussi bien commerciaux que culturels puissent se dérouler dans les meilleures conditions. On nous dit que c’est le sens de l’intervention militaire française au Mali où des djihadistes forcenés tentent d’établir la base de leurs futures conquêtes. La voix des armes n’est pas la seule qui mérite d’être entendue dans le concert international.

Le partage, l’échange, sont des principes essentiels pour le développement harmonieux des sociétés humaines. Entendons par société humaine une organisation sociale de nature à garantir à chaque individu son indépendance, de sorte que chacun puisse vivre dignement et selon ses propres aspirations. Ce type d’organisation exige aussi tolérance et respect mutuel. Sur ce terrain-là non plus, toutes les hirondelles de nos démocraties n’ont pas fait le printemps, loin s’en faut !

La sève monte

Mais ne trouve-t-on pas là, énoncés, les principes de l’ancienne société occitane – prètz, paratge et convivéncia – mise à mal par une ignoble croisade ? Les musulmans, les juifs, les chrétiens ne sont pas les seuls à avoir connu l’aveugle châtiment du sabre. Il fut un temps où les Occitans – au-delà de leurs convictions religieuses – ont chèrement payé leur désir de vivre.

L’occitanisme, en affirmant avec courage et lucidité sa volonté de se donner un avenir dans un siècle où il reste encore tant à construire, marche-t-il vers son propre printemps ?

Le débat s’engage autour du manifeste occitan. La sève monte. Elle porte l’espoir de voir un certain laurier reverdir… signe d’une prometteuse vitalité ?

Serge Bonnery

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Lo Cebier 131 – Que fait « Marseille-Provence 2013, capitale européenne de la culture », de la personnalité régionale ?

Fév 18, 2013

« Si, globalement, institutions et médias, se félicitent de l’opération, le Partit Occitan continue de s’interroger sur le sens d’une action culturelle insuffisamment tournée vers les racines populaires de cette région. Marseille est une ville chargée d’histoire, de contestations multiples, de projets inaboutis. Confrontée à sa dimension régionale et européenne elle est profondément marquée par les inégalités sociales, comme territoriales et peine à jouer son rôle de capitale. Face à cette situation, l’opération MP2013 propose une série de manifestations unanimistes. Or la situation socioculturelle est tout autre : le peuple marseillais souffre d’une acculturation presque achevée. On nie jusqu’à son accent; la culture mise en avant par MP2013 est de « bon ton ». En quoi se différencie-t-elle de ce qu’on voit et entend de Lille à Francfort Est-ce en tournant le dos à la culture populaire qu’on recréera du lien social ?

Cette culture uniformisée ne peut remplacer notre culture régionale, et ses expressions linguistiques. MP 2013 laisse peu de place à l’expression d’Oc. Pourtant le socle culturel de la Provence est bien une langue et une culture qui souffrent de leur trop faible représentation dans la vie publique. Certes, la Compagnie Montanaro sera présente. Certes le « village provençal » rassemblera des associations culturelles qui sont sur le terrain et travaillent souvent de façon bénévole. Et si nous soutenons les apports extérieurs et intérieurs présents toute l’année, si des artistes venus du Nord et du Sud créent, vivent et travaillent ici, nous aurions souhaité que la priorité leur soient donnée. Car le local et le régional sont bien vivants avec les associations de quartier et les lieux alternatifs créatifs. Dans une société qui tend vers une culture uniformisée, MP2013 ne nous semble pas favoriser la personnalité régionale, sa culture et à sa langue, comme l’ensemble des pratiques culturelles inventées ici. Or, c’est en cela que Marseille est une « ville des diversités » et qu’elle est à même de retrouver le sens de la culture, cet ensemble des pratiques sociales, de liens d’une société.

Si MP 2013 veut permettre l’expression plurielle des cultures elle ne peut admettre que la langue de la Provence soit reléguée à l’arrière-ban. Des moyens budgétaires importants doivent être consacrés à l’universalité de la culture d’Oc à laquelle les provençaux restent attachés. Ils permettront de refonder notre personnalité régionale de tout temps assise sur l’ouverture et la diversité. »

                                                           Pour le Bureau de Région Provence- Partit Occitan, Hervé Guerrera, Gérard Tautil                        BP 2- 84400 GARGAS- Communiqué 18/01/2013

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Lo Cebier 131 – L’ESSRADT qu’es aquò ?

Fév 18, 2013

Ou le SRADDT pour les Nuls…

Le contexte légal et institutionnel. Le Schéma Régional d’Aménagement et de Développement Durable du territoire (SRADDT) est un peu « le schéma des schémas ». C’est un document planificateur issu de la LOADDT (Loi d’orientation pour l’aménagement et le développement durable des territoires de 1999) qui coordonne différents schémas plus sectoriels : économie, transports, énergie, écologie, etc.  En proposant une vision stratégique de l’aménagement du territoire à moyen-long terme (horizon 2030), c’est également lui qui détermine l’architecture des Contrats de projet Etat-région (CPER), chargés de décliner sur le terrain les orientations du SRADDT.

Monte n’en siam ? L’INSEE prévoyait que « Provence-Alpes-Côte d’Azur » compterait 5 millions d’habitants en 2020 : nous y étions en 2010 ! Cette accélération de la croissance démographique génère des tensions en matière de déplacements, d’usages des sols, d’emplois…  Et cette pression remet en cause les lieux de proximité qui fondent le lien social,  l’agora, le forum, la place, la rue… On voit émerger des espaces cloisonnés, avec des zones d’habitat, des zones commerciales, des zones d’activités, des enclaves touristiques ou des résidences fermées… Dans le même temps, dans les villes, les poches d’habitat paupérisées se développent. Au final, les gens ne se rencontrent plus et cette ségrégation menace le vivre ensemble qui forge notre identité régionale.

Quels enjeux économiques ? Trabalhar au pais ! Ici, le poids de l’économie résidentielle, lié pour beaucoup au tourisme, est quatre fois supérieur à celui de l’économie productive de biens et de service. D’un côté, c’est 40 milliards d’euros, de l’autre 10. Et les scénarios tendanciels (ce qui se passe quand on ne fait rien) montrent une accélération de ce phénomène. Il faut donc mettre en place des mesures qui favorisent le productif. C’est la reconversion de la pétrochimie autour de l’étang de Berre, l’évolution de la microélectronique…  Créer les conditions d’une plus grande innovation dans l’industrie et les services, tout en tirant parti des activités industrielles de pointe qui résistent à la crise, est vital. Il nous faudra mieux exploiter les gisements d’activités porteurs pour le futur : l’agriculture, les énergies renouvelables… Enfin, nous devons réfléchir à la transition énergétique induite par le dérèglement climatique. C’est un enjeu clé, car la réduction de la consommation d’énergie impacte les politiques de l’habitat, les transports, la formation professionnelle…

Alors que faire ? Que fasèm ? La Région n’est pas l’Etat. Elle n’est pas là pour imposer une stratégie aux collectivités. Notre marque de fabrique c’est la coconstruction. On souhaite proposer un nouveau mode de contractualisation à travers des « pactes territoriaux » vers lesquels la Région fléchera l’ensemble de ses dispositifs d’intervention. Ces pactes concerneront l’ensemble des acteurs locaux, les EPCI, les parcs naturels régionaux, les pays, les acteurs de l’agriculture, de l’eau, de l’énergie, des transports et du tourisme, mais aussi les CCI, les ports, les aéroports…

Hervé GUERRERA, Conseiller régional, délégué au SRADDT

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Lo Cebier 131 – Aprendre l’ Ebrèu per faire la guèrra o la patz !

Fév 18, 2013

C’est un bel exemple  de recherche de paix, en temps de guerre entre Palestiniens et Israéliens, qui nous est donné à Gaza. Certes, la langue hébraïque est une langue d’usage pour beaucoup de Palestiniens qui travaillent en territoire israélien. Nous savons combien une langue joue un rôle central dans la vie sociale. Pour les enfants palestiniens qui suivent ces cours, si restreints soient-ils, ils sont un signe de paix et d’échanges. Puissent les Israéliens également préparer cette paix en faisant de l’arabe une langue centrale d’échanges pour demain.

«  Despuei la rintrada d’octòbre de 2012, lei collegians de Gaza an la possibilitat d’aprendre l’Ebrèu coma segonda lenga. Sus lei 474 escolans que compta  lo collègi, 140 se son marcats per aprendre l’ Ebrèu. « Mai fauta de plaça la chorma dau collègi n’ a poscut  duerbir  qu’ una classa de 30 »,  ditz lo director que reçebe aqueu  matin de novembre, Mouissim ENAHIBI, reporter per RFI .

La classa d’Ebrèu es duerbida per de colegians de tresenca . A set oras e mieja leis escolans gazaouis intran dins la classa , en plaça dau « Salam alecum » tradicionau , lo professor saluda lei colegians emè un « Shalom ». Lei cors se debanan tres còps per setmana , e son fach per de professors que an travalhat en Israèl e que mestrejan la lenga. Charif , un collegian de 14 ans, s’ avança e ditz : « Es eisat  l’ebrèu , la lenga a un biais comun emè l’arabi , es clafit de letras que son parieras . » Lo joine perseguis : »L’ebrèu sembla força a l’arabi , ensin podrem sacher se se garçan de nautres , se nos bravejan, que tot simplamen podrem sacher çò que dison ! »  Nadim, una collegiana de treitze ans dins un collègi de filhas ditz , ela : « que d’ aguer lo gaubi de l’Ebrèu es un atot serios , d’abitud leis Israelians nos mespresan, per que sabon que lei Palestinians parlan pas l’Ebrèu, se senton lei passa-avans perque lei charradissas se passan dins sa lenga . »

Despuei la guerra que leis Israelians li an dich, operacien « piliers de défense », que s’es  debanada au mes de novembre, lo canton de Gaza se remes de seis auvaris, leis escòlas duerbon, lei cors d’Ebrèu an repres. Per un dei pòrta-paraula dau Hamas, Razia Hamed : « Se mestrejam la lenga , comprendrem un pauc miès lo vesin. Se leis òmes e fremas comprenon l’Ebrèu, podrem entendre lei mediàs israelians. I’a un provèrbi arabi que ditz, « Se vòs batre ton enemic, fau coneisser sa lenga . »

A la rintrada d’octòbre se duerbirà una segonda classa d’Ebrèu, fau sovetar que la lenga sieche un biais novèu de faire la patz ! »

 

Joan Pau MARTIN

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Lo Cebier 131 – Aitant n’empòrta lo vent…

Fév 18, 2013

Dins l’Abecedari dei colhonadas dichas e escrichas sus nòstra Provença, caricaturas per lo monde d’Ailamont – socialament e geograficament dau Septentrion…-, en  delai dei cracadas franchimandas e francilhòtas a la Marius e Oliva, es lo retorn  de Bernat Tapie, l’òme qu’aima lo solèu e son cabanon de Sant Tropès dei 50 milions d’euros (« Mon estudiò pròchi Tolon », çò ditz, de dos ectars amé plaja privada ). Aquel òme que saup bensai pas lo sens de son nom occitan o catalan (Tàpia), e que nos vèn remenbrar son refofum racista parisenc. E òc, es eu que se descuerbèt publicament, fa quauqueis annadas (1994) : « Marselha a un polit cuòu, mai n’i a pas gaire qu’arriban de la tronchar. Aici lei gènts an besonh d’un macarèu ; cò que li agrada, es « t’aimi, te tèni ! ». Pensada subtila d’un afarista que passèt sa vida de crompar d’entrepresas per de parpèlas d’agaça e lei tornar vendre puei amé de beneficis sucos. Sens comptar lei quatre mes, engabiat per la partida trucada Valencianas-Marselha, ne’n passi… E son retorn a « Marselha la Panturla » s’endevèn amé la crompa de La Provence, aqueste jornau « provenciau », que vau ben e bòn la pojada d’a genolhons de la Bòna Maire, sus lo camin de la Comuna…

De tot aquò vos estonaratz pas quand lo monde politico-mediatic en plaça a Marselha s’esbaudis davant l’espectacle esperat de l’aventurier deis afaires. D’unei, e pas dei mendres, se son laissats enganar per lo populista dei mans d’òr : ais eleccions europencas de 1994, N. Mamère, la feminista A. Fouque e la C.Taubira son anats sus sa lista. An bensai comprès puei lo trabuquet. Capelada e Benvenguda a Renaud, l’autonomista parisenc que resta ara a l’Illa en Venessin, aparaire afogat de l’OM, que siguèt un dei rars de se laissar pas atraire : « Fa lo fier aqueste pebronàs ! Où, Bòna Maire, es una estraça ! Mèfi ! Lei trins s’arrestan de còps ai Baumetas… Tre que serà campion, voudrà, aqueste pebron, remplaçar lo Gaston. Pas question,  facha de con !!! ».

Un trin ne’n pòu escondre un autre, de segur, mai lo Tàpia ancian que se presenta ara coma un òme d’espectacle, de teatre, estacat de premsa, « publics relations », o encara sauvaire d’emplecs menaçats, serà pas jamai que lo Tàpia ambaissador de Tàpia.

                                                                                                                                               Gerard TAUTIL

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Lo Cebier 130 – Quelques réflexions sur le livre de Daniel Cohen : Homo Economicus

Déc 18, 2012

                                 ……LE  TERRITOIRE  OUBLIE…. .

Dans son livre Homo Economicus, Daniel Cohen mène une réflexion sur le lien entre quête du  bonheur individuel et la marche des sociétés. Il décrit l’impasse dans laquelle l’homme, la société et le modèle économique se trouvent. L’idée centrale du livre est que le bonheur par accumulation de biens matériels est une aberration. Il dénonce une société qui, guidée par une économie toute puissante devient de plus en plus compétitive et moins coopérative. Les biens visibles, signes extérieurs de la réussite sociale, aiguisent la rivalité entre les individus et ont pris le pas sur les biens invisibles qui donnent un sens à  la vie. Homo Economicus sous-estime les biens invisibles. Il a du mal  à atteindre le bonheur car il se compare à tous : il faut gagner plus que son entourage. La recherche  de gratifications immédiates crée en lui un manque  à combler inlassablement, et en fait un éternel insatisfait en conflit avec lui-même. Le bonheur selon Cohen, se trouve dans l’image que Marcel Proust décrit dans « A la recherche du temps perdu » : un rameur qui couché sur le dos au fond de la barque, la  laisse  dériver, admire le ciel, avec sur le visage l’expression du bien-être… Ce temps qu’on croit avoir perdu à des choses futiles est pourtant essentiel. Ce temps perdu est rejeté par Homo Economicus parce qu’il le trouve non rentable.

Daniel Cohen pense que le bon fonctionnement des sociétés doit s’associer à une prise en compte des comportements moraux des salariés. Il cite des exemples qui montrent que  « l’homme moral quitte la place quand l’homo Economicus y rentre ». On ne peut qu’être d’accord avec Cohen quand il dit que ce système économique a perverti les relations entre les humains et leur psychologie, et engendré ce type d’homme singulier. Mais n’oublions pas qu’il fait partie des économistes qui ont contribué à façonner le monde dans lequel on vit aujourd’hui. Il continue son étude des liens entre Bonheur et Economie, puis entre Morale et Economie en multipliant les voyages dans les siècles et les œuvres, en les survolant de façon superficielle. Il regrette que la citoyenneté européenne ne se soit pas développée davantage et pense qu’une Europe faible fait le lit des partis xénophobes et entraine la tentation du  chacun pour soi. Mais il devrait comprendre que si  les citoyens étaient mieux représentés, peut-être adhéreraient-ils avec confiance à l’Europe.  Ce qu’il nomme « chacun pour soi » est sûrement un mécanisme de défense vital pour l’individu à qui on demande de s’ouvrir au monde et en même temps d’oublier d’où il vient.

« Société et territoire » ne semble  pas être le problème majeur de Daniel Cohen. Pourtant, il importe d’apporter des réponses à la question politique fondamentale : « Comment vivre ensemble avec nos différences, les faire respecter à l’échelon local, national et extranational, sans demander à l’individu de sacrifier ses racines culturelles ? ». Il ne faut pas oublier que c’est à travers sa propre culture, sa langue, son histoire que chacun apprend à voir et interpréter le monde, c’est à travers elles qu’il faut agir et interagir. Comment dans un cadre mondialisé resituer et réanimer le local ? Ceux qui s’étonnent aujourd’hui de voir surgir les questions identitaires semblent ignorer que la mondialisation ne peut se limiter à l’extension planétaire du marché. Plus le politique et l’économique se réduiront à la régulation bureaucratique éloignée des citoyens, plus les constructions identitaires prendront de l’importance. Culture et identité sont liées, la culture exprimant le pôle social et l’identité le pôle subjectif individuel. Elles ne sont pas des enjeux marginaux mais sont au cœur de toute dynamique sociale et donc politique…

Le projet de l’aéroport de Notre Dame des Landes est le révélateur d’un Etat-Nation qui prend les décisions sans se préoccuper des conséquences humaines et écologiques. Les réactions  méprisantes de deux ministres vis-à-vis de la souffrance des agriculteurs expropriés  leur reprochant d’une part leur attachement à leurs terres et d’autre part, ce qui est sidérant, leur reprochant de ne pas adhérer à la vision internationale du projet, sont le symbole du fossé qui existe entre l’Etat et le citoyen. Le territoire est nié.

                                                                                                 Eliane Robuski Martin

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