Enfin des élus occitans réactifs !

Juil 16, 2019

Par chance Notre Dame de Paris peut compter sur la réactivité des élus occitans, prêts pour elle à toute la générosité dont ils ne sont pas capables pour la langue et la culture de leurs régions. Une preuve de leur capacité à renoncer ou à renier …allez savoir !

Quand je voix l’empressement avec lequel les élus occitans (villes, départements, agglomérations et régions) ont décidé de sortir le chéquier(1) pour aider à la reconstruction de Notre-Dame de Paris, je dis : Bravo ! Voilà des décisions rapides. Belle réactivité à l’urgence !

Pourtant une autre voix me dit qu’ils doivent avoir une vie bien triste. Quel calvaire que de vivre sur leur territoire ? Que ne s’installent t-ils pas au centre du monde ? Qui les a relégués ainsi dans des contrées lointaines les obligeant à se contenter de l’émotion télévisuelle et éphémère que leur offre BFM TV ?

Il aura cependant suffi de quelques heures d’émotion cathodique et télévisuelle pour que l’émotion patrimoniale et culturelle de nos élus se réveille enfin et puisse s’exprimer en euros !

Ignorants (et c’est bien normal puisque c’est si peu important !) de la culture et de la langue occitane qui se meurent, ils ont enfin fait vibrer leur corde culturelle et fait savoir qu’ils adhéraient au message qui se résume ainsi : Notre Dame est le centre de Paris, Paris est le centre de la France et la France est le centre du monde !

Voilà ! Ça c’est simple ! Nous sommes d’ailleurs en demande d’un monde simple ! Il suffit de voir comment évolue l’électorat pour le comprendre. Il y a les bons et les méchants, les blancs et les noirs, les verts et les rouges, ceux de dedans et ceux de dehors ! Et demain le monde doit encore être plus simple encore. La démocratie c’est vraiment trop compliqué !

Simple ne signifiant pas simplet vous ajoutez  donc une petit couche de Victor Hugo (qui n’a d’ailleurs rien demandé !). Cela permet un petit vernis culturel afin de ne pas paraitre trop misérables (2)

Vous n’oublierez pas d’ajouter quelques tranches de roman national du style : «Notre Dame c’est le cœur de l’histoire de France », saupoudrez de quelques morceaux d’histoire simplistes cuits et recuits, couvrez de quelques feuilles d’images d’Épinal, une petite larme de sauce à votre choix, un air compassé… et le hamburguer médiatique est prêt à consommer.

Oui, c’est bien vous êtes aussi parisiens que les parisiens. Même encore plus ! Comme Valls qui est plus espagnol que les espagnols quand il est à Barcelone !

Bon ! Vous êtes aussi un peu ridicules mesdames et messieurs les élus occitans. L’émotion est retombée comme elle est montée. Alors, maintenant, vos chèques sont déjà dépassés. Vous vivez trop branchés sur l’info en continu et peut-être êtes vous un peu deconnectés de vos territoires dont vous parlez si souvent.

Oh ! que je suis impertinent de vous dire cela à vous, si enracinés, si proches de vos concitoyens et de leurs préoccupations quotidiennes ! C’est vrai que chaque matin dans toutes les communes d’Occitanie (la grande) on ne rêve que d’une chose : du jour où l’on pourra prendre le TGV pour assister à l’inauguration de la nouvelle Notre-Dame !

Avec de la chance ce sera pour l’ouverture des J.O de Paris. L’orgasme centralisateur ! Deux événements en un ! Deux événements pour lesquels vous avez déjà préparé le chèque. Vous aurez même à faire un petit effort supplémentaire. Quel plaisir en effet vous aurez à aider à combler la différence entre le prix annoncé et le prix réel !

J’en entends déjà nous expliquer combien ces jeux sont importants pour ceux qui vivent au confins de l’Auvergne et du Limousin, de l’Occitanie et du Pays-Basque. Et oui ! vous n’êtes jamais à court d’arguments convaincants.

Vous saurez trouver les mots pour justifier votre (notre ?) générosité, je n’en doute pas.

Vous êtes des champions dans le genre. Pour les LGV, vous avez payé — et vous voudrez payer encore—pour aménager le territoire de façon à ce que le centre soit encore plus proche.

Bon reconnaissons que là c’est un peu la honte ! Depuis quelques mois on sait que tout cet argent aurait pu servir au train du quotidien. Mais vous intéresse t-il le quotidien ?

N’ayez crainte ! Paris vous aime. Et c’est pour vous l’essentiel. Vous avez envie d’être aimé du centre et il vous le rend parfois…mais pas souvent.

Peu importe vous continuerez parce que vous n’avez pas d’autre idée en tête. Il faut plaire au centre pour exister. Sinon, que sommes-nous sinon des provinciaux ? Oui, vous serez invités pour l’inauguration de Notre-Dame rénovée ! Et avec de la chance on vous verra sur la télé en continu…au fond, dans la liste des donateurs.

Des millions d’euros pour creuser encore un peu plus l’inégalité qui existe entre le centre et la périphérie, ça mérite une récompense !

David Grosclaude

(1) Pour le moment on peut chiffrer les subventions votées par les pricipales collectivités occitanes à plus de 6 millions d’euros

(2)pardonnez moi ce jeu de mots assez nul mais cependant il faut bien que je tente de rivaliser avec ce minimum de culture permettant à certains de discourir pendant de longues heures sur le sujet de Notre Dame, installés devant une caméra de télévision sur fond d’images qui tournent en boucle

Photo : copyright © photo Michel Hasson http://www.phototheque.net/paris.html

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Magazine Occitania – Lo Cebier : numéro de mars / avril 2019

Mai 12, 2019

Au sommaire de ce n° :

° Elections européennes : une importance inédite avec François Alfonsi.

° Congrès du Partit Occitan : nouvelles propositions politiques

° La Retirada : commémoration des 80 ans de l’exil républicain par Martine Boudet

° LN-PCA : una escroquariá au servici de la « region sud » per Gerard Tautil

° Urgéncia de l’aparament dels sòls per Fernand Vedel

° Lo « RIC » es ton amic? Paroles de lecteurs qui donnent leur avis sur une des revendications des gilets jaunes.

Et beaucoup d’autres infos et chroniques! Rendez vous sur l’onglet « s’abonner/s’abonar » en quelques clics et pour 14 euros vous pouvez recevoir le magazine complet chez vous!

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Le Partit Occitan réunit en congrès fait des propositions

Avr 27, 2019

Les 23 et 24 mars 2019 les adhérents du partit occitan étaient conviés à leur congrès. Au menu bien-sûr les traditionnels bilans « moral » et comptable, et le dimanche l’élection d’un bureau renouvelé pour mettre en œuvre les orientations du partit. Ces orientations ont fait l’objet de discussions dans un climat plutôt serein et constructif ! Les échanges ont été de qualité, et nous faisons le choix de vous livrer ici une partie seulement de la motion de synthèse qui a été adoptée à la quasi unanimité !

Extraits de la motion adoptée :

Que peut apporter l’approche « régionaliste » aux questionnements portés par le soulèvement des gilets jaunes ? Il est remarquable que nous ayons là une des rares fois où, dans l’histoire de la République, la question est posée du dysfonctionnement démocratique, qui plus est, accompagnée de revendications institutionnelles, notamment celle du Référendum d’Initiative Citoyenne (RIC).

Nous considérons que nous sommes, non pas les seuls, mais au moins parmi les mieux placés pour apporter les meilleurs éléments de réponse aux préoccupations qui se font jour pour une bonne partie de la population. Car la contribution régionalo-fédéraliste est aujourd’hui essentielle face à l’urgence de la nécessaire refondation démocratique !

Pour nous, à l’opposé d’un quelconque repliement « régional/territorial », la refondation passe par la mise en place d’une démocratie et d’une responsabilité de proximité, elles-mêmes véritablement articulées avec une démocratie élargie à l’échelle hexagonale et européenne. Articuler la question politique des territoires, c’est à dire celle de la démocratie « territoriale », avec celle de la démocratie « citoyenne », sans oublier la démarche participative est la voie permettant de combiner, grâce à la prise en compte de la diversité des intérêts en présence, le «local» et le «global», le particulier et l’universel.

Indépendamment des mesures générales de suppression de la CSG sur les retraites, de l’indexation des retraites sur le niveau des salaires, de la revalorisation du Smic…des mesures adaptées au vécu dans les territoires sont nécessaires, sachant que la prise en compte de leur diversité est indispensable : l’égalité formelle ne peut assurer une égalité réelle.

La disparition de services publics (ou leur éloignement) dans les territoires n’y a pas la même incidence qu’en milieu urbain : ainsi de la suppression d’une école, d’un bureau de poste, d’une gare… Et de même pour les difficultés d’accès au numérique ou à la téléphonie mobile de haut débit. Tout cela se solde dans les territoires défavorisés par des difficultés qui en condamnent les populations à des atteintes à leur pouvoir d’achat.

Nous souhaitons :

  • La révision des politiques en matière de services publics tenant compte des spécificités des territoires (critères adaptés d’ouverture/fermeture des services) ;
  • Des mesures favorisant la relocalisation des activités économiques de manière à limiter leur concentration dans les grandes zones urbaines et par là-même les besoins de déplacement des personnes résidant dans les territoires aujourd’hui défavorisés. Pour cela,  au besoin, une fiscalité adaptée doit être instaurée : nous proposons un taux différencié de TVA au bénéfice des entreprises implantées dans les zones en déprise économique (ou soumises à une concurrence inégale de la part de celles installées dans les zones plus favorisées profitant de leur ancrage local) : cette fiscalité différenciée existe déjà en France (Corse, par ex.) et en Europe.

Transition écologique/environnementale :

La fiscalité écologique n’est pas à écarter d’emblée. Mais elle doit être correctement pensée, de manière à ne pas être uniquement punitive, mais pleinement incitative.

  • Elle ne peut pas être additionnelle : chaque taxe répondant à une finalité écologique doit au moment même où elle est instituée être « compensée » soit par la disparition/diminution d’une autre taxe, soit par des aides venant la rendre supportable chez les plus défavorisés.
  • La fiscalité écologique doit aussi être adaptée à la réalité des territoires : l’écotaxe sur les transports doit être généralisée car elle est un moyen, en pénalisant tous les transports polluants, de lutter pour une relocalisation de l’activité économique de production; mais pourquoi et comment la justifier dans les territoires dépourvus d’infrastructures de transports adéquates (réseau et fret ferroviaires) et pour lesquels n’existe aucune perspective de les mettre en place, au risque de les condamner à une forme de pénalisation touchant à la fois les productions qu’ils engendrent et les entrants dont ils ont besoin, dans les deux cas en leur imposant des conditions de concurrence inégale. Une adaptation s’impose.

La transition écologique ne peut pas reposer seulement sur des incitations fiscales. Une politique d’incitations positives (aides/subventions à l’investissement) doit impérativement les accompagner. Cela suppose une politique d’envergure, à l’échelle hexagonale et européenne, à la définition de laquelle les territoires soient associés. Le développement des énergies alternatives doit évidemment s’adapter à ces réalités et les populations de certains territoires ne peuvent être considérés comme devant supporter la charge du développement de ces énergies au bénéfice d’activités implantées ailleurs. Ceci suppose évidemment le choix de productions énergétiques renouvelables de proximité.

Des mesures institutionnelles garantissant la possibilité de mettre en œuvre de telles mesures.

Les institutions ne sont jamais neutres. Or le système politique en France, de par la centralisation qui le caractérise, renforcée par le présidentialisme de la Ve République, induit une vision uniformisatrice des mesures politiques que l’on tente de justifier par la soi-disant égalité républicaine. En réalité l’égalité vraie ne consiste pas à traiter de la même manière ce qui est différent -tout au moins en matière socio-économique- mais à appréhender de manière spécifique ce qui est particulier.

Il convient donc que les règles et les institutions permettent la prise en compte des situations particulières de manière à leur apporter des traitements politiques adaptés. Et si, à cet égard, il est indispensable d’instaurer des mesures de démocratie participative largement améliorées, celles-ci ne peuvent pas, au niveau central, répondre au souci de prise en considération de la diversité territoriale.
D’un point de vue occitaniste – donc anti-centraliste- nous préconisons plusieurs mesures qui, selon nous, sont de nature à répondre à cette nécessité face aux différentes fractures que les évènements récents ont mises en évidence au sein de la société hexagonale.

Parmi ces mesures :

  • L’approfondissement de la « décentralisation » allant dans certains domaines à une véritable « dévolution » pour donner leur pleine autonomie politique aux territoires, c’est à dire la capacité pour eux de mener les politiques adaptées à leurs besoins. Cette autonomie politique doit s’appliquer aux territoires les mieux susceptibles de la mettre en œuvre, les régions.
  • Cette autonomie implique que les régions se voient dotées de compétences proprement politiques (pas seulement de gestion), dans les domaines essentiels que sont la politique économique, les transports, la politique énergétique, la politique agricole…sans oublier l’enseignement des langues régionales, donc de l’occitan (la langue, marqueur fort d’identité comme moteur du développement économique, comme le montre surabondamment la géographie économique européenne).
  • Cette autonomie suppose aussi que les régions se voient accorder des moyens budgétaires par « dévolution » d’une part importante de la fiscalité d’État (En France le produit de la fiscalité bénéficie essentiellement à l’État, qui redistribue ou pas), accompagnée de mécanismes de solidarité. C’est d’ailleurs le seul moyen de respecter le principe d’autonomie des collectivités territoriales (le contraire de ce que veut faire E. Macron, par exemple avec le remplacement intégral de la taxe d’habitation des communes par une dotation d’État, ou encore avec son prétendu « pacte girondin ») et de responsabiliser les élus dans la gestion des deniers publics.
  • Cette autonomie, aptitude à mener des politiques adaptées aux besoins des territoires, ne peut fonctionner que si le territoire régional correspond à une réalité socio-économique, historique, culturelle…, sans laquelle l’adaptation au territoire ne saurait être assurée (et ceci vaut pour toute les structures territoriales, pour les régions mais aussi pour les intercommunalités..). La taille géographique n’est en rien un gage d’efficacité, bien au contraire ; la solidarité interterritoriale passe par d’autres mécanismes.

Dès lors la carte des régions instaurée par la réforme de 2015 doit être largement corrigée, en raison de l’inadéquation des grandes régions aux réalités territoriales.
S’y ajoute la « soumission » de fait des territoires aux métropoles, entérinée par les dernières réformes, alors qu’il convient que l’institution régionale puisse avoir une politique d’ensemble qui ne donne pas systématiquement la priorité aux métropoles.

  • L’autonomie régionale doit s’articuler avec une véritable démocratie des territoires à tous les échelons, une fois pris en compte le principe de subsidiarité.

La démocratie territoriale, consacrée dans certaines formes de fédéralisme, consiste à conférer aux institutions territoriales les compétences qu’elles souhaitent pour gérer leur territoire et aussi à leur accorder le même poids relatif à chacune, indépendamment de leur population. Ainsi aux États Unis d’Amérique, le Sénat est l’une des deux chambres du Congrès, celle représentant les états fédérés, à égalité entre eux (deux représentants par état indépendamment de la taille de chacun). Il existe à côté la Chambre des représentants, au sein de laquelle le nombre de représentants est déterminé selon l’importance de la population. Cette représentation des territoires, indépendante de la population, permet de garantir que la voix des territoires les moins peuplés soit entendue à égalité avec celle des territoires démographiquement plus importants.

La perspective européenne.

A l’heure où se développe le débat sur l’avenir de l’Union Européenne, nous devons plus que jamais rappeler l’importance de la construction européenne face à la mondialisation.
Et nous ne pouvons pas là aussi laisser de côté son déficit démocratique persistant, nous distinguant par là-même du projet macronien. Nous refusons de nous en tenir à l’Europe des États qui va de pair avec la gouvernance a-démocratique, les choix néo-libéraux en matière socio-économique et les politiques territoriales de simple accompagnement. Dans l’Union européenne aussi la démocratie territoriale doit fonctionner ; d’où notre proposition (avec R&PS) de permettre aux Régions d’Europe dotées de compétences politiques de pouvoir les exercer en participant au processus décisionnel à la place (ou à côté) des États, dans les domaines d’exercice de ces compétences : politiques régionales, transports, politique agricole commune, politique de la pêche…des langues régionales/autochtones…Ceci implique à tout le moins de transformer l’actuel Conseil (des ministres) en Sénat des États et des Régions d’Europe dans lequel les États ne siègeraient que pour les questions « régaliennes » ou générales et les Régions pour toutes les questions à incidence territoriale.

 La situation occitane

La révolte des Gilets jaunes a été particulièrement marquée dans l’ensemble occitan. Rien d’étonnant : la pauvreté est plus présente que dans la moitié nord de la France, et les territoires plus ruraux, sont plus éloignés des métropoles. Le Partit Occitan doit mettre en avant les propositions présentées ci-dessous :

  • La question de l’indispensable réforme de l’actuelle carte régionale qui aboutit, dans le domaine occitan, entre autres, à la mise à l’écart de certains territoires inclus dans la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes, à l’hypertrophie d’une « Nouvelle Aquitaine » sans cohérence interne…
  • La question de la langue : pour ce qui est des régions occitanes, une politique de développement de l’occitan doit être coordonnée à l’échelle pan-occitane, au besoin par la création d’une institution à statut particulier, à compétence spécialisée. Nous avons, à l’évidence, un besoin urgent d’une véritable politique linguistique. Et pour cela le soutien de notre opinion publique est indispensable. Nous devons donc travailler collectivement sur les moyens de la mobiliser à ce sujet autrement que cela a été fait jusqu’à présent. Autrement dit mettre sur pied une campagne de sensibilisation sous des formes diverses s’adressant à la population, de manière à l’amener à terme à se déterminer.
  • Etc….

Pour connaître la suite des propositions vous pouvez consulter le site : http://partitoccitan.org/

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Elections européennes: une importance inédite

Avr 27, 2019

Confrontée à la déchirure du Brexit, et, d’une façon plus générale, au raidissement des Etats-nations, comme en Espagne face au dossier catalan ; menacée par la montée en puissance des forces politiques anti-européennes dans de nombreux pays, à commencer par la France ; ébranlée par les effets de la crise économique de 2008, puis par ceux de son échec face à la crise migratoire ; mise sous la pression des USA qui veulent annihiler son influence sur la scène mondiale en la divisant en deux blocs antagonistes Est/Ouest : l’Europe est confrontée à des défis colossaux dont la concomitance multiplie les effets cumulés.

L’enjeu essentiel du Brexit est la négociation de ce qui deviendrait la seule frontière terrestre entre le Royaume Uni et l’Europe, à savoir la frontière irlandaise. La rétablir telle qu’elle était il y a vingt ans est contraire au traité de paix du « vendredi saint » qui a mis fin au conflit en Irlande du Nord ; personne ne veut en prendre le risque. Ne pas la rétablir revient à déporter dans l’espace maritime entre Angleterre et Irlande du Nord les contrôles et la matérialité d’une frontière à travers laquelle seraient réalisées les opérations de douane. L’Irlande du Nord deviendrait alors un « territoire intermédiaire » entre Europe et Royaume Uni, plus irlandais que britannique, ce qui effraie le camp unioniste protestant d’Ulster. Maintenir l’Union douanière supprimerait les effets de la frontière, mais réduirait le Brexit à une rupture fictive puisque le Royaume Uni resterait soumis à toutes les normes européennes, tout en ayant fait le choix de ne plus participer à leur élaboration. Ce qui est par définition absurde !

La crise économique n’est pas terminée. Le rétablissement (à quel prix !) de l’économie grecque ne suffira pas à désamorcer le risque d’un engrenage récessif au sein de l’économie européenne. Toutes les prévisions économiques sont revues à la baisse, en France comme ailleurs, avec des « crises en devenir » plus graves dans certains pays comme l’Italie. La gouvernance économique de la zone euro a jusqu’à présent tenu le coup, mais elle y a consacré l’essentiel de ses réserves. Elle serait probablement déstabilisée par un nouveau choc économique majeur tel qu’il semble s’annoncer en Italie.

Et cela d’autant plus qu’en cas de crise économique majeure, la réponse politique sera encore plus compliquée à dégager car les débats seront pollués par les gouvernements populistes qui ont pris les rênes dans plusieurs pays. Ces gouvernances anti-européennes se coagulent pour limiter la capacité politique de l’Europe dans son ensemble face aux défis mondiaux. Ainsi le « groupe de Visegrad », qui rassemble la plupart des ex-pays de l’Est, a récemment tenu un sommet avec la diplomatie américaine qui veut un alignement total sur ses positions pro-israéliennes et anti-palestiniennes, sur le retrait de l’accord nucléaire avec l’Iran, et sur tout sujet qui concerne la toute-puissance américaine sur la scène mondiale. Leur « sommet » polonais a fait flop, mais il ne sera pas de trop d’un Parlement Européen vigilant pour contrecarrer ces manœuvres.

D’une façon générale, le recentrage des forces politiques étatiques sur les enjeux internes des Etats-nations est un poison pour l’avenir de l’Europe. Il est à l’œuvre en Grande Bretagne avec le Brexit. Il rythme la vie politique dans de nombreux pays d’Europe, comme en Espagne où la revendication de pouvoir choisir librement un avenir européen pour la Catalogne est le moteur de toutes les dérives post-franquistes d’une justice d’exception.

Dans ce contexte, il importe que le futur Parlement Européen fasse entendre une voix de progrès et d’avenir pour l’Europe. Le groupe des écologistes/régionalistes Verts-ALE a toujours été une force politique engagée dans ce combat.

François ALFONSI, chef-de-file Régions et Peuples Solidaires aux européennes 2009

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Magazine Occitania : n° de Janvier Février 2019.

Mar 4, 2019

Au sommaire :

° Ensenhament de l’occitan : la dictatura se fa de plaça. De Joan Thomàs.

° L’Euròpa 20 ans aprep l’euro. De Joan Raujès.

° Gilets jaunes, mai 68 et Occitanie. De Claude Alranq.

° Climat : los decideires jogan a las estrucis! De Fernand vedel.

° Gabelous et croquants. De Georges Labouysse

Et aussi un grand nombre de photos, de reportages, de rubriques diverses et variées sur l’actualité, et la culture occitane : Catalogne, réouverture de « La Topina », que penser du « grand débat », brèves : « Entre 2 mars e 3 montanhas », etc…

Abonnement 25 euros par an (six numéros).

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