Lo Cebier 132 – Normalitat

Avr 18, 2013

Un còp mai, après l’intermèdi sarkosista, lo poder centralo-parisenc nos a colhonats bravament, nos passejant de comission en comission ambé d’interlocutors privilegiats. Se tracta pas de dire que la classa politica dins son ensems es polida o poirida, mai de faire lo meteis constat : lei paraulas passan e son rarament seguidas per de realizacions esperadas. Cò qu’es pas pròpri a la politica en generau mai remanda a una crespacion istorica, amplificada per una situacion de crisi generala.

Per lei lengas « regionalas » que la reconoissença vèn de se veire rebutada – après la signatura a minima dei 39 articles de la Carta europenca retenguts pendent lo ministèri Jospin-, avèm un escapolon de çò que rebuta tot ciutadan senat, alunchat de la politica politiciana. Lo refus de ratificacion es pas nòu. Lo poder de senèstra auria poscut trobar un mejan per respondre a seis engatjaments : la dubertura dei competéncias regionalas èra ben de bòn un biais de sortir dau rodam, levada la question constitucionala. Mai la reforma regionala dau milafuelh es pas vertadierament a l’òrdre dau jorn. Eleccion après eleccion, per drecha e senèstra, lo poder es totjorn l’enjuec màger, e corre lo cambiament introbable ! E lei corrents, que fan lo partit majoritari e lo governament, an decidit qu’aqueste drech èra contrari a la constitucion.

La pauretat deis arguments es de plorar : lo Conseu d’Estat èra còntra, mentre que lo Conseu dei ministres e lo president de la Republica dei Lutz, tant egalitària e laïca que non sai, refusèron de  debatre sus la question a l’Assemblada. Adonc, ges d’estatut nimai de reconeissença dins la vida publica (verai, es jamai estat promés), e de mens en mens de possibilitat dins l’ensenhament. Mesa a despart lei lengas que pòdon respondre a la crisi economica dins un sector nòu de creacions d’emplecs, e que son pas capablas de cambiar la realitat sociala ; replec sus l’amira exagonala mentre que la question de la diversitat li es ligada e responde tanben a la crisi mondiala. Una reconeissença, tant pichoneta siguèsse, es un dangier dei gròs per l’egalitat e la libertat. Lo caractèr utilitari dau metòd escapa gaire au monde un pauc acostumat ai decisions pastadas de « pragmatisme » e d’eficacitat. Coma va diguèt un plumitiu d’un ebdomadari parisenc, es un « renonciament salutari». Afaire classat, circulatz, l’a ren de veire ! Siam, mai que jamai, dins l’èra de la Normalitat.

Gerard TAUTIL

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N°186 – En Novempopulanie romaine : le trésor des Elusates

Fév 23, 2013

« Hac audita pars Aquitaniae sese Crasso dedidit obsidesque ultro misit ; quo in numero fuerunt […] Elusates  »

Jules César

Guerre des Gaules, Livre III

 

 

Début novembre 2011 était rendue publique la découverte à L’Isle-Jourdain (Gers) d’un énorme trésor composé de milliers de pièces de monnaies en bronze, contenues dans trois amphores romaines et datées de la fin du IIIe siècle. Le monde romain tardif et ses provinces connaissaient à cette époque une crise et une dévaluation monétaire importantes. Ce trésor appartenait peut-être à un riche propriétaire terrien d’Aquitaine qui aurait voulu cacher ses économies par peur des bagaudes paysannes et des incursions barbares, en un siècle de grande instabilité politique : 70 empereurs dont 25 usurpateurs dans un contexte d’anarchie militaire générateur de violences en tout genre.

 

Cette découverte en rappelle une autre de 1985, dans la capitale romaine de l’Aquitaine III ou Novempopulanie : Eauze est aujourd’hui un paisible village du Gers célèbre pour son Armagnac … et son trésor romain !

Jules César cite les Elusates parmi les peuples qui se soumirent à son lieutenant Crassus après la défaite des Sotiates devant les armées romaines le 10 septembre 56 avant J-C. La nation aquitane qui selon César « s’étend de la Garonne aux Pyrénées et à la partie de l’Océan qui baigne l’Espagne » et dont « les peuples se différencient des Celtes par leur langue, leurs coutumes, leurs lois », cette nation donc très originale va vivre dorénavant à l’heure romaine.

Toutefois malgré la tentative d’Auguste de les dissoudre dans l’ensemble celtique au 1er siècle, les Aquitains ne cesseront de se faire entendre à Rome, jusqu’à ce qu’un empereur reconnaisse leur particularisme à la fin du IIIe siècle et rétablisse l’autonomie de l’Aquitaine sous le nom de Novempopulanie : « pays des neuf peuples » divisés en neuf cités, dont on peut lire la liste sur la fameuse inscription du Pays Basque à l’église d’Hasparren. En tête, on reconnaîtra la cité des Elusates avec Eauze pour capitale qui devient la métropole de toute la Novempopulanie.

Quand Jules César raconte comment et pourquoi il décida d’envoyer en 56 avant J-C les légions de Crassus écraser les Aquitains, il écrivit ce commentaire oh ! combien réaliste et toujours actuel : « Tous les hommes ont naturellement au cœur l’amour de la liberté et la haine de la servitude » …

 

Une découverte fabuleuse

 

Ce 18 octobre 1985 à Eauze, au sud du plateau de Cieutat, les pelles mécaniques creusent depuis deux mois aux environs de la gare pour implanter une zone industrielle.

« Cieutat » vient de l’occitan « ciutat », la cité antique et/ou la ville, lui-même issu du latin « civitas ». Et l’on pense aussitôt bien sûr à la capitale de la Novempopulanie. Or voici qu’une fosse circulaire apparaît sous l’action d’une pelle.

A l’intérieur , une cassette de bijoux féminins : des bracelets en or, des colliers, des bagues, des pendentifs monétaires, des intailles, des camées, cinq paires de boucles d’oreilles… la plupart ornés de pierres précieuses et de perles. Trois lingots en argent voisinent avec des cuillères de même métal, des couteaux à manches d’ivoire, l’un représentant Bacchus et l’autre un mufle de lion.

Enfin sur le fond de la fosse, plusieurs sacs contenaient 28000 monnaies en argent et en cuivre argenté, quelques unes en or, le tout d’un poids de 120 kg .

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Eléments du trésor d’Eauze

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un couple surnommé « Libo »

 

Ce trésor d’Eauze nous informe sur la circulation monétaire de l’Antiquité, sur la vie, les goûts et les mœurs des riches Aquitains de cette époque. Ces monnaies proviennent des ateliers monétaires de Cologne en Germanie, de Rome et de Milan en Italie, de Kostolac en Yougoslavie et d’Antioche en Syrie : ce sont les villes résidentielles de l’empereur et de son armée.

Monnaies de bon poids, bijoux en or et objets en argent ont peut-être été accumulés à des fins spéculatives : nous sommes en effet à la veille d’une grande crise économique de l’empire romain et d’une forte dévaluation monétaire.

Quoi qu’il en soit, l’importance et la qualité de ce trésor font dire aux archéologues qu’il appartenait à un personnage très important au service de l’empereur. Sur les cuillers en argent est gravé le surnom d’un couple d’Elusates : « LIBO » …

La polychromie et les formes géométriques des bijoux permettent de dater le trésor d’Eauze du IIIe siècle après J-C. D’autre part, les monnaies les plus récentes sont à l’effigie de l’empereur romain Gallien et de l’usurpateur Postume : on en déduit donc que le trésor fut enfoui au plus tôt en 261.

 

Un siècle d’anarchie militaire

 

Or c’est une époque qui se caractérise par une totale anarchie militaire. Portés au pouvoir par leurs armées, vingt-deux empereurs vont défiler à la tête de l’empire romain en 50 ans de 235 à 285 !

Durant toute cette période, les frontières de l’empire sont menacées par des tentatives d’incursions des Goths, des Francs, des Alamans. A l’intérieur, l’on assiste à de graves troubles à la fois politiques, sociaux et religieux. En 250, l’empereur Decius promulgue un Edit qui relance les persécutions contre le Christianisme en décimant le clergé.

A l’ouest des Alpes, Postumus fonde en 260 un empire qui durera quatorze ans –le futur territoire occitan est donc concerné-, auquel se rallient la Bretagne et l’Ibérie. Cette année-là, on comptera cinq empereurs légaux… ou illégaux . On peut penser que l’enfouissement du trésor d’Eauze est lié à la guerre civile qui débute en 274 entre le dernier empereur « usurpateur » Tetricus et l’empereur « légitime » de Rome Aurélien.

 

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Aurélien

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Tetricus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bien d’autres trésors sont d’ailleurs cachés à cette époque dans nos régions, tel celui de Lectoure découvert au quartier de Pradouilier dans la ville basse. Les propriétaires, massacrés ou fugitifs, ne sont jamais revenus récupérer leurs trésors. On en a retrouvé plusieurs sur la côte atlantique, de la Gironde à l’Adour.

A Toulouse même, un trésor de 497 antoniniani est enfoui en l’an 282 rue Riquet. Un autre d’environ 50000 pièces, retrouvé dans le pays de Foix fut daté de 264-268. Un autre encore à Verniolles toujours dans la vallée de l’Ariège fut caché entre 270 et 274. Trois autres furent découverts à Saint-Cizy près de Cazères en bordure de la voie romaine de Tolosa à Lugdunum Convenarum (Saint-Bertrand-de-Comminges). De même celui de « Feuillerat » à Martres-Tolosane.

Une réforme administrative de l’empire

 

Dioclétien règnera de 284 à 305. Il réformera l’administration provinciale de l’empire en créant cent provinces réunies en douze diocèses. Dans ce contexte naît la Novempopulanie avec Eauze pour capitale. Elusa est alors sur la route de la future Gascogne, qui relie Tolosa à Burdigala. C’est une artère maîtresse qui draine le mouvement des personnes et des biens de Narbonne à l’océan par Toulouse, Auch, Eauze, Bazas et Bordeaux.

 

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Le diocèse de Vienne regroupe sept provinces dont la Novempopulanie avec Eauze pour capitale.

 

En 286 Dioclétien s’associe avec Maximien pour gouverner l’empire : le premier en Orient, le second en Occident. De plus, chacun d’eux –appelés Auguste- adopte un « César » avec droit de succession : c’est l’institution de la tétrarchie, ou gouvernement à quatre. Si Rome reste encore la capitale officielle de l’empire, on compte alors quatre résidences impériales : deux en occident, deux en orient.

La tétrarchie de Dioclétien

 

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Auguste,

Empereurs

«titulaires»

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Maximien

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Dioclétien

Deux

César,

Empereurs

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Constance Chlore

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Galère

 

Dioclétien a marqué son règne sur le plan religieux par des persécutions généralisées contre les Chrétiens. Il faut attendre 313 pour que l’empereur Constantin y mette fin par l’Edit de Milan qui élève d’ailleurs le christianisme au rang de religion d’Etat.

Dès 318 l’on assiste aux débuts d’une controverse qui durera plusieurs siècles : l’arianisme, « hérésie » chrétienne qui sera condamnée au concile de Nicée. La future Occitanie en supportera les conséquences. N’oublions pas que les Goths du Ve siècle étaient chrétiens ariens quand ils feront de Toulouse leur capitale et qu’ils le paieront très cher contre Clovis au siècle suivant.

L’arianisme et plus tard le catharisme seront en effet des prétextes à l’invasion des territoires du sud de la Loire par les Francs de Clovis au VIe siècle et par les Francs capétiens au XIIIe siècle.

 

Georges LABOUYSSE

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N°186 – Legirem lo Larzac !

Fév 20, 2013

Lo Larzac ven un brave subjècted’estudis, d’imatges e de libres.

2011 e 2012 n’an balhat una bèla garba per celebrar aquel moviment revendicatiu fòrt que jòga sus mai d’un domèni : defensa de la ruralitat , ant imilita risme, moviment social, accion non-violenta, occitanisme,…

Entre mite e realitat, sovenirs de joinessa e engatjaments de l’ora, cal un còp de mai trapar son camin e nos reven de veire e de destriar dins totas aquelas accions la part d’occitanitat e tanben çò que nos pòt ajudar dins las lutas presentas e a venir d’aquel « Larzac, symbole de résistance, de solidarité, d’espoir ».

Un punt sus una carta

Dins son libre sul Larzac, l’istorian Pierre-Marie Terral partís de l’istòria factuala, del recopament de las informacions, del punt de vista de cada « camp », per veire cossí un centenat de païsans pòdon ganhar contra un Estat, en demorant solidaris ma ldespièch totas la s trapadèlas e cossí aquel pichon punt sus una carta pòt venir un exemple per las accions internacionalas.

Lo viscut d’una luta

Lo libre Gardarem !, de Christ iane Brug uièr e, const ituís un testimoniatge fòrt dins la mesura ont es escrit per una signatària del s erment dels 103 en 1971 e que c ontunha de b aileja r la revis ta Gardarem lo Larzac. Es lo cada jorn qu’es aicí contat amb l’inventivitat permanenta per respondre a las atacas e a la desinformacion, la transformacion del vejaire de cadun sus un platèu que res predisposava a venir lo far de plan de combates.

Acte mancat

Lo libre Paroles du L a r z a c r ecampa los Ac tes del c ollòqui d’octobre de 2011 « Larzac, terre en marche ». Païsans, istorians, jornalis tas , esc rivans confrontan los punts de vista. E aquí l’escrivan occitan Roland Pecot interven per parlar (en patés dins lo titol) d’un terradou que s’es mudat en amiradou (per un còp, qu’amb Gar darem lo Larzac ! aviam balhat una lisibilitat bèla a la grafia de l’occitan !). A mon vejaire, son prepaus se tanca tròp dins unas generalitats e unas explicas tròp transposablas d’un eveniment occitan l’autre. Domatge !

Lo Larzac occitan ?

Demòra donc as un libr e de concebre e d’escriure sus la plaça d’una vision occitana a prepaus del Larzac : al-delà d’un eslogan, de qué se jogava en prigondor ? Quna influéncia lo Larzac agèt (o pas) sus las referéncias e las pensadas del moviment occitan (de Luta Occitana a Gardarem la tè rra, en passant pels artistas — La Mòstra del Larzac es ara tampada). Lo Larzac nos noirís encara o es rec aptat tranquille dins nòstra mementa e dins nòstres discorses a costat de Montsegur, dels Camisards, de 1907, de las lutas vinhaironas ?

L. Albigés

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• Larzac, de la lutte paysanne à l’altermondialisation, Pierre-Marie
Terral, ed. Privat, 2011, 459 p, 25 €
• Gardarem !, chronique du Larzac en lutte, Christiane et Pierre Bruguière,
préf. José Bové, ed. Privat 2011, 408 p, 24 €
• Paroles du Larzac, sous la direction d’Elisabeth Baillon, ed. Privat, 2012,
200 p, 17 €
• Le film Tous au Larzac, de Christian Rouaud, est disponible en DVD.

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N°186 – Le domaine de Trévallon

Fév 20, 2013

Le domaine de Trévallon se situe sur la communede Saint-Etienne-du-Grès, dans le département des Bouches-du-Rhône, à 25 km au sud d’Avignon et à 7 km à l’ouest de Saint-Rémy-de-Provence, sur le versant nord des Alpilles. Un massif calcaire aux crêtes déchiquetées que le poète Mistral a comparé aux montagnes grecques.

La vigne est aujourd’hui parfaitement intégrée à ce paysage envoûtant de garrigue. Elle y côtoie les chênes verts, les oliviers et les amandiers.

La première chose qui saisit le visiteur, en arrivant au domaine de Trevallon, est cette roche calcaire, d’un blanc surprenant, aux formes éclats, se découpant à vif dans un ciel à l’atmosphère transparente. On a vraiment l’impression qu’elle a toujours été là…

Et pourtant, Trévallon est le résultat de la volonté d’un homme et de travaux titanesques : Éloi Dürrbach a planté les premières vignes dans les Alpilles en 1973, mais d’abord, des rochers sont dynamités, les sols sont travaillés en profondeur et les éclats de roches mélangés à la terre. Il s’agissait alors de 3 hectares qui donnèrent leur premier millésime dès 1976, alors qu’aujourd’hui, le domaine en compte 17 : 15 ha de rouges composés à parts égales de cabernet sauvignon et de syrah. Et 2 ha de blancs constitués de 45 % de marsanne, 45 % de roussanne et de 10 % de chardonnay.

Le domaine est connu dans le monde entier pour les qualités de son vin rouge, porté à la connaissance du grand public par le critique américain Robert Parker qui au sujet de Trévallon a écrit : « L’une des plus grandes découvertes de ma vie a été le vin du Domaine de Trévallon ». Cabernet-sauvignon et syrah Ce vin associe deux cépages que la géographie ne réunit pas souvent bien que le très bordelais cabernet sauvignon était présent en Provence avant la crise du phylloxera.

La syrah en ces terres sudistes et rhodaniennes est bien plus fréquente.

Le vin du domaine de Trévallon est aujourd’hui distribué sous l’appellation « vin de pays des Bouches du Rhône » alors même que Éloi Dürrbach fut un des pionniers du renouveau de l’a ppellation d’origine contrôlée « Baux de Provence » . Seulement voilà : en 1993, quand les vignerons des Baux de Provence ont demandé à l’Institut National des Appellations d’Origine d’obtenir une appellation Baux de Provence pour les rouges, pour marquer définitivement la reconnaissance obtenue surtout grâce au vin de Trévallon, le syndicat des vignerons a décrété qu’il ne fallait pasmettre plus de 20 % de cabernet sauvignon dans l’encépagement. Sous prétexte que cela ne correspondait pas à la typicité du terroir. Faire un vin dans lequel on croit

L’obligation pour Éloi Dürrbach de déclasser son vin, de sort ir de l’appellat ion l’a beaucoup affecté : « Cela m’a beaucoup blessé de ne pas appartenir à une appellation naissante !

Heureusement le déclassement n’a pas posé de problème à l’étranger car les consommateurs achètent avant tout du Trévallon. Et finalement le sens de l’histoire joue en notre faveur. Ne pas être enfermé dans la masse de l’appellation nous a permis de nous distinguer en continuant de faire un vin dans lequel on croit ».

Jérôme Pérez

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N°186 – Les  »cépages interdits » font de la résistance

Fév 20, 2013

Une civilisation du vin et de la vigne

Les civilisations méditerranéennes ont toujours eu un lien très fort avec la vigne et le vin. Soleil, chaleur et sols se prêtaient à la culture de la vigne et le vin accompagnait art de vivre et convivialité.

Le premier vignoble « occitan » fut implanté à Massilia par les Grecs en 6 00 avant JC. Puis la conquête romaine développa la viticulture et l e comme rce du vin par l a voie Domit ienne reliant l’Espagne à l’Italie. La vigne remonta la vallée du Rhône au 1er siècle après J.C. et gagna peu à peu vers le nord et vers l’ouest.

Produire son vin pour sa consommation personnelle était aussi important que produire ses graines pour les semis à venir et chaque petit paysan avait sa parcelle de vigne. D’ailleurs le vin a longtemps été considéré comme un aliment, donnant sa force aux travailleurs des champs comme des mines, soignant malades et vieillards dans les abbayes et monastères médiévaux.

L’arrivée des cépages américains

La première crise survient en 1 851, lorsque l’oïdium, importé d’Angleterre, ravage le vignoble. Cela pousse de nombreux viticulteurs occitans à s’expatrier en Algérie où ils ont toute liberté de planter, avec des taxes quasi inexistantes et une main-d’oeuvre sous-payée. Les autres, restés au pays, font venir des cépages américains, issus de la vigne sauvage qui court au b ord des grands lacs et dans les forêts et résiste à tout : l’Isabelle et le Concord.

Mais ils sont porteurs d’un puceron, le phylloxera, qui décime à son tour les cépages locaux à partir de 1869. Des traitements au sulfure de carbone sauvent quelques vieilles espèces, mais beaucoup disparaissent, remplacées par des hybrides américains, plus résistants. Les vins qui en sont issus ont un goût inhabituel et on essaie de croiser les espèces locales et les cépages américains.

C’est l’oeuvre de deux ardéchois, G. Couderc et A. Siebel qui obtiennent des hybrides producteurs directs ou des porte-greffes hybrides pour les anciens cépages. La pr oduc tion s’orient e ver s la quantité au détriment de la qualité, la vigne descend vers les plaines où elle peut être irriguée.

L’interdiction des cépages sauveurs

En 1934, on est en surproduction : 95 millions d’hl venant de France et d’Algérie. Le gouvernement décide la distillation des surplus, puis l’interdiction de certains cépages, une décision teintée de nati onalisme car « les cépages américains ont un goût détestable » d’après le rapporteur de la commission au Sénat alors que « les hybrides français sont admirables ».

C’est aussi et surtout un choix politique. On refuse de tenir compte de la surproduction d’Aramon, irrigué en permanence et donnant 300 hl à l’hectare, des privilèges accordés à «l’Algérie où des millions d’ouvriers travaillent de l’aube au crépuscule sous le knout, pour des salaires misérab les » (député de l’opposition), de l’excédent d’alcool, de betterave ou de cidre.

On préfère favoriser les grands domaines de France et d’Algérie. Les seuls vraiment touchés seront les petits producteurs dont la totalité de la récolte est condamnée. Mais c’ est aussi le triomphe du lobby de la chimie, déjà mis à contribution pour le soufre contre l’oïdium, la bouillie bordelaise pour le mildiou. La recherche était lancée pour les maladies de la vigne, or les hybrides américains se développaient tout seuls sans traitement. La préférence du lobby allait donc aux cépages sensibles.

Les cépages rebelles

Une campagne de dénigrement des cépages américains est lancée pour accompagner la loi, votée à main levée la veille de Noël 1934, après des dé bats houl eux à la Chambre des Députés. On prétend que le vin qu’ils produisent contient plus de méthanol que les autres, donc « qu’il rend fou », que « c’est une piquette abominable », « le vin des gardebarrières », « le démon des Cévennes ».

Les gens devront déclarer leurs cépages interdits : Isabelle, Noah, Clinton, Jacquez, Herbemont. Leur production finira à la distillerie ou en vinaigrerie.

Peu de contrôles sont opérés jusqu’en 1953 où, après avoir répertorié les cépages interdits, l’ Institut des Vins s’aperçoit que rien n’avait été arraché. Giscard, ministre des Finances d’alors, offre une prime à l’arrachage et une amende s’il n’est pas fait. Mais beaucoup de petits paysans ou viticulteurs qui avaient choisi ces c épage s ré sist ant s pour leur consommation familiale refusent d’arracher.

Les cépages américains deviennent même le symbole de la rébellion contre le pouvoir central, en particulier dans les Cévennes. Les Céve nols , confronté s à une nature austère, habitués à une lutteacharnée contre les éléments naturels, mais aussi contre l’autorité r eligieuse et polit ique depuis la g uerre des Cami sar ds, ont une culture de l’interdit. Le Clinton est brandi comme « le vin des opprimés », « le vin phare de la résistance », « le vin des causes perdues ». Si bien que les cépages américains c ont inuent de prospérer sur les t rei lles des mai sons ou sur les bancels en cavalhons.

Des cépages d’avenir

Dans la haut e vallée de la Beaume, en Cévenne ardéchoise, deux frères continuent de travailler leur vigne avec un mulet.

En 1993, sentant leur fin proche et refusant de voir leur vignoble abandonné au reboisement, ils proposent au restaurateur du village de la vendanger à demi. À leur mort, Hervé Garnier, décidé à conserver ce patrimoine, lance une association « Mémoire de la Vigne » pour racheter les 78 ares de la parcelle.

Il découvre que c’est du Jacquez à 90%. Une analyse du vin confirme que le degré de méthanol est le même que pour les cépages autorisés. On aur ai t pu croir e qu’une interdiction datant de 1935 serait aujourd’hui levée. Or en 1999, le règlement communautaire a autorisé les croisements mais a rajouté «excepté les interdits de 1935», sans aucune justi fication! Seule la consommation familiale est autorisée. Cela n’empêche pas le Clinton d’être vendu sur les marchés et bu dans toutes les réceptions officielles de la région, gendarmes et préfet en tête.

Les raisins et le vin des cépages interdits ont des parfums particuliers – fraise des bois et litchi pour le Noah, framboise et pruneau pour l’Isabelle, framboise et airelle pour le Clinton, cassis pour le Jacquez – correspondant à la demande actuelle pour des goûts typés et originaux. On recherche aussi des vins naturels et les cépages interdits se sont adaptés aux terres cévenoles sans produits phytosanit air es.

L’INRA ne s’y est pas trompé qui a lancé une campagne d’expérimentation de 6 ans. L’interdiction n’est qu’européenne, l’Isab elle est cultivé partout dans le monde : en Géorgie, au Canada, en Corée et Sibérie car il résiste à -30°, dans toute la ceinture tropicale car il résiste aux maladies cryptogamiques, au Texas le Jacquez est utilisé en brandy. On mesure donc l’absurdité d’une telle règlementation dont l’association « Mémoire de la Vigne » demande la révision.

En adhérant à l’associ ation, vous pourrez goûter à la « Cuvée des Vignes d’antan », qui vous laisseront en bouche « des saveurs de fruits noirs confiturés » et « d’épices douces ».

Danisa URROZ

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N°186 – L’immigration n’est pas une question « régionale » !

Fév 20, 2013

Plutôt que de donner desréponses au statut de l’immigré et à celui des « droits » que les gouvernements successifs ont avancé pour réduire toute intégration possible et met tre en place des dispositions sécuritaires, prenons la quest ion s ous s on angle politique et n’en faisons pas une question à part, au risque de ne valoriser que l’événement .

C’es t là la méthode des Guéant/Sarkozy. (1) Les quest ions de société s ont toujours sensibles et les crises du capitalisme (aujourd’hui mondialisé, financiarisé et acteur des dérégulations les plus grandes dans l’his toire des ma rchés ) ne font qu’accélérer les « dysfonct ionnements » de cohérences très provisoires qui font, à un moment, « l ’ h i s – toire ». L’immigrat ion s’insc rit comme l’un des effets de ces bouleversements dont nous ne connaissons qu’une infime partie de ce qui va suivre…

Dépasser les clivages « régionaux » qui nous sont imposés

Le cons tat d’une immigration « tiers-mondiste » dans nos microrégions n’est pas nouveau. Depuis des années , les occitanistes, (les Verts, aussi) ont dit que la réponse à la montée du FN – par l’instrumentalisation la plus simpliste de ce thème – devait être locale/régionale et globale. Nous y avons ajouté un autre facteur (c’est aussi le point de départ d’une analyse oc citaniste, et non simplement « tiers-mondiste ») : une immigration nord-européenne renforcée par l’ouverture d’un marché unique européen. Si on ne peut l’oublier, on n’en parle que rarement quand on aborde les stat istiques de l’immigr ation prises en compte par la sociologie : c’est pourtant le produit du « Grand Sud-Ouest » des giscardiens et de la « Floride occitane » des années 70, après la colonisation touristique et financière accélérée de la Provence au XIXe. C’est aussi la prise en compte des personnes nées à l’étranger, de retour dans l’hexagone ( 2 ).

Le « colonia lisme intérieur » de Robert Lafont faisait l’analys e de situat ions globa les. Simple rappel que les démocrates et opposants à la droite ignoraient superbement (except ion faite, un court moment, de la part de Rocard et de la « Nouvelle gauche », juste a vant qu’elle ne rentre dans le giron du PS, pour l’essentiel). On ne sauvera donc ni Var ni Provence si l’on ne fait qu’un simple constat car les raisons sont plus profondes : concentration des richesses et des savoir-faire de la techno science en Occident, exploitation des ressources naturelles du Tiers Monde (rappelez-vous « Le pillage du tiers monde » de Jean Rué, a lias Pierre Jalée, cahiers Maspero, 1 96 6), pour c eux qui étaient déjà at tentifs à ces questions, un contemporain de Dumont. C’est toujours d’actualité, mais le pillag e s ’est acc élér é avec la France-Afrique et les accords néocoloniaux : conséquences environnementales, culturelles, dépossession des souverainetés nationales par les bourgeoisies “régionales” soutenues par la politique française et oc cidentale, paupérisat ion et acculturation au modèle dominant d’exploitation.Et surtout, globalisation.

Aujourd’hui les “révolutions” d’Afrique sont dans le droit fil des conditions de ce type d’exploitation. La France y est toujours présente, économiquement et militairement. Les réseaux Foca rt ont toujours existé et les coups tordus s’y sont maintenus sous tous les gouvernements des 50 dernières années.

Le FN, comme l’extrême droite européenne, sont le produit des politiques française et occidentale. La décolonisation ne s’est pas réellement faite, les liens économiques avec les pays colonisés se sont transformés en contrats inégaux ; les pet its Blancs intégrés dans l’hexa gone n’ont jama is eu les moyens de comprendre leur histoire et les immigrés qui ont fait la richesse du capitalisme des « Trente glorieuses » ont été les boucs expia toires qu’on leur a donnés comme seule explication.

Le tortionnaire Le Pen a saisi ces opportunités de la pauvreté sociale et de la misère politique au fil des crises du système. Son racisme et son antisémitisme ont accompagné le discours classique de l’ultra nationalisme français qui est une tradition forte (Maurras, Barrès, Daudet, des occitans convert is à la course àl’échalote ou/et aux seconds rangs du pouvoir).On sait où cela a conduit.

L’immigration doit être resituée dans ce contexte. Le « développement » du capitalisme dans sa forme actuelle a relativement moins b es oin d’une main d’oeuvre bon marché et soumise à la mobilité. En période de crise sociale (8 millions de personnes laissées sur le bord de la route), elle n’est plus une armée de réserve pour le capitalisme mondialisé qui réinvestit dans d’autres secteurs et « ressources humaines » d’autres lieux. Sa logique est financière, infondée sur des productions à finalité sociale. C’est ce changement qualitatif du « d é v e l o p p e – ment » qui accélère ce vide social (3) qui est son talon d’Achille. (4) C ’ e s t sur ce vide et cet te non-reconversion rapide du travail local/régional que le FN joue.

La solution n’est donc pas dans une fuite en avant qui consisterait à dire que les flux migratoires sont une question qu’il faut prendre au sérieux parce que r isque majeur de déséquilibres s ocio-économiques graves. (5) L e s immigrés sont assujettis à l’impôt, aux cotisations sociales, et les revenus engendrés par leur travail sont largement positifs, les chiffres le p r o u v e n t . (6)

Il faut arrêter de ne pas répondre au mensonge frontiste et de se laisser contaminer par lui.

Un monde social en déshérence

Et la question «démographique » en est le vrai alibi. La Provence et ses statistiques ? La démographie très relat ivement forte de notre r égion tient avant tout aux migrants hexagonaux et européens : cadres, retraités et rentiers héliotropiques.

Le vote FN est un vote surtout urbain qui s’appuie sur la logique métropolisation. La réforme territoriale prend bien en compte cette logique et la renforce. Logique centraliste et concentrationnairedes populations pauvres dans des ghettos. Logique de concentration d’emplois tertiaires priorita ir es depuis la fin des industries implantées au « Sud », puis liquidées par des directives européennes et des choix de reconversion sans grand eff et sur l’emploi (métallurgie, nava le, c harb on depuis la CEE, l’ouverture du Grand mar ché européen…) ; liquidation de l’agriculture familiale et priorité donnée à l’a griculture product iviste au Nord, avec politique de subventions pour les mêmes et distribuées par l’État aux gros producteurs céréalier s et à leur s ac tionnair es. Politique de mitage des territoires par un habitat qui ne permet plus d’organiser la vie sociale, satellisat ion des villages en cités dortoirs, perte du viure ensems…

Autant r appeler que l’occitanisme a fondamentalement dénoncé cette logique des concentrations, sans toujours pouvoir se faire entendre. Nous avons toujours revendiqué des espaces ruraux et urbains plus équilibrés. Or la côte et l’intérieur concentrent des modes de vie qui semblent différents, où la pauvr eté est moins apparente mais b ien r éelle dans nos v illagesdortoirs. On dort dans le Haut Var ou le Centre Var, mais on travaille à Aix, Marseille, Aubagne, Nice qui s ont des pôles d’a ttraction… La misère culturelle est toujours présente dans ces espaces de consommationinégale et de travail majoritairement tertiaire. Avez-vous vu des tags en Aveyron ou en Corrèz e ?

La côte, par son urbanisation conc entra tionnaire et sélect ive (plus de riches et plus de pauvres dans des espaces cloisonnés) est définit ivement c ondamnée aux conflits s ociaux, au mal vivre, à l’insécurité croissante (Gaudin, Estrosi, Falco ( 7 ) font travailler la télésurveillanc e de leurs pet its camar ades , les entrepr ises de sécurité se développent autour des grandes concentrat ions démographiques, des ports de plaisance et gagnent même les communes petites et moyennes). Les déséquilibres micr o r ég ionaux ex pliquent les déserts ruraux et les métropoles baptisées « bassin d’emplois ». C’est de tout cela que se nourrissent l’UMP et le FN. Qui court après l’autre ?

Des solutions locales et globales

Où il nous faut reparler de fédéralisme terr itorial et de coopérations. Quels éléments pourraient nous aider dans la recherche d’alternatives sociales et politiques ? La construction européenne est un élément à prendre en compte. Parce qu’elle est confrontée à cette ques tion de la paupérisation des pays néo-colonisés (surtout dans l’aire franco-britannique) et qu’elle ne bouge pas sur ces questions dutravail et de l’intégrat ion.

Parce que l’Europe politique n’existe pas et que les États sont toujours aux c ommandes et ne f onc tionnent qu’en fonct ion de leurs intérêts égoïstes. Si nous avons des élus à Bruxelles, c’est que nous pensons que la transformation démocratique de l’Europe reste à faire et qu’il y a des propositions en direction de solutions alternatives à construire. Dans l’Europe du marché, seul le marc hé est valeur premièr e (liberté de circulation, des biens et des personnes). Pourtant, des solutions éparses et alternatives naissent très lentement.

La conscience écologique es t liée aux effets de cette dimension étroitement économiste et à ses conséquences. Mais elle ne fait que très rarement le lien avec la réalité des territoires historiques qui la conditionnent aussi et qui sont le cadre d’une écologie des peuples. L’a vanc ée des régions autonomes est un fait majeur dans les États centralisés de type XIXe siècle, considérés comme un about is sement de leur his toire. C’est une première concrétisat ion de l’idée fédéraliste comme réponse aux vieux modèles centralisateurs.

Des expériences de coopérations naissent aux niveaux local et régional. Ce n’est pas en France, mais dans des pays qui sont sortis de dictatures ou dont la tradition fédérale a permis des avancées démocratiques, de gestions plus autocentrées. Mondragon, dans ce cadre étroit du marché, est une forme coopérative de répartition des gains de productivité et de réinvestissements nouv eaux qui fait du Pa ys Basque (avec la Catalogne) la force économique qui contrebalance le pôle madrilène dans l’espace ibérique. On peut toujours émettre des réserves sur la logique de l’acquisition des matières premières et des conséquences écologiques imposées par le système.

C’est sans doute un aspect de la production qui retientl’attention des coopérateurs aujourd’hui. Le secteur coopératif français (près de 2000 SCOPs) est à développer à partir de choix sociaux et écologiques. C’est tout un secteur créateur d’emplois et de relations sociales différentes, un facteur de régulation des économies régionales face à la logique dominante aujourd’hui de financiarisation des marchés. Ce secteur est une réponse forte aux questions que nous nous posons et des solutions à réactiver. Ceci pour dire que la dimension régionale, interrégionale, euro régionale est l’axe structurant de nouvelles politiques économiques, sociales, écolog iques, culturelles , qu’il f aut construire. L

a référence aux autonomies d’Europe – Pays de Galles, Écosse, Catalogne, Pays valencien, Galice, Andalousie, pour ne citer qu’elles – montre bien que nous s ommes dans un autr e monde : celui de l’initiative locale/régionale dans le cadre des États qui ont su (et dû) muter ; loin de la timide décentralisat ion à la Def ferre, remise en question par Sarkozy. Imaginez la Provence, dans son interrégionalité occitane.

Imaginez, plus largement, l’Euro région occitane dans le concert des autonomies d’Europe ( 8 ), et vous aurez plus de latitude, sur la base d’élargiss ement de compétences et de budg ets correspondants, pour repenser la vie sociale, refonder la c itoyenneté et la démocrat ie de proximité. Nous sortons alors de l’Europe interétat ique du grand marché pour fonder l’Europe polit ique et sa démocratie partagée.

Nous pouvons a lors imag iner l’émergence d’une autre Europe, aujourd’hui grippée par les intérêts particuliers des États, et envisager d’autres solutions sociétales. Nous pouvons penser, dans un contexte européen différent, la VIe République ; celle des solutions ca lamiteuses de la droite, cautionnées par une grande partie de la gauche, engluées toutes deux dans la logique centralo-présidentialiste.

L’immigration : vrai ou faux problème ?

Quand on sait regarder comment la machine France fonctionne par rapport à l’Europe, on comprend que la crispation étatiste ne peut répondre que par la contrainte aux problèmes de société : sécuritarisme, fermeture des frontières et repli des États, contingentement et s élect ion s ociale des migr ants, expulsion des Roms, atteinte aux citoyens du Voyage, dérapages racistes répétés des ministres, palinodies sur le voile et la loi sur la laïcité, inappliquée par la majorité, rites d’exorcisme (nationalité, ident ité, républicanisme à toutes les sauces, culturalisme populiste en en direct ion de l’a rmée de la précarité, pérennité du présidentialisme gaulliste et parlementarisme en panne, renforcement du centralisme et de l’a-démocratie).

Les mouvements de contestat ions dans les pa ys ar abes , en Afrique, le néocolonialisme de fréquentation qui a étroitement lié c ette bourgeoise français e aux cercles financiers et aux bourgeoisies nationales qui ont failli (du fils J -C Mitter rand à Alliot-Mar ie), reposent les questions restées sans r éponse: Comment refonder l’éc hange en échang es équilib rés, sans contreparties inégales ? Comment rendre compte d’un développement ma îtrisé et soutenable, fondé sur des savoir-faire et des cultures autocentrés ? Comment aider à une formation technique (et à des échanges de formation) sans renier les pratiques et les usages liés à une vie de proximité dans les campagnes et dans les villes ? Le Bloc Afrique reste à faire. Lespeuples qui se révoltent donnent déjà des réponses dans la difficulté la plus grande. Et l’Occident essaie de ne pas perdre la main… On est au moins certain d’une chose : l’alibi islamiste, que brandit la droite la plus inintelligente qui soit, ne peut exister que lorsque les peuples ne prennent pas eux-mêmes en mains leur libération.

Ces ques t ions sont déjà une réponse sur le fond à l’immigration: en fixant les populations chez elles et en leur permet tant de trouver des solutions locales et interrégionales dans une perspective géopolitique différente, tournée vers le Bloc africain et sans dépendance.Ce qui n’exclut pas les échanges avec l’Europe et l’Occident en général. Et surtout, ce qui doit nous inviter à r epenser l’économie en termes d’échanges entre les Afriques, la Méditerranée et les rééquilibrages des richesses et des économies au Sud. La « Quest ion Méridionale » , que soulève ce numéro spécial, nous invite à renforcer nos analyses et nos participations actives en direction d’une autre Europe que celle que nous connaissons.

La fin de la domination d’une Europe du Nord sur une Europe du Sud – c et te réa lité économique et polit ique actuelle, lourde de conséquences sociales mais aussi de négation des nationalités – en est aussi une des conditions es sent ielles qui nous permet tra de prendre en compte, dans la construction d’un destin occitan, les synergies méditerranéennes et africaines.

Gérard Tautil

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N°186 – CATALONHA cap a la sobeiranetat !

Fév 20, 2013

Aprèp las eleccions de novembre, qu’an vist una larga majoritat catalanista l’emportar al Parlament d e Catalonha, lo president de la Generalitat Artur Mas a passat un acòrdi de majoritat amb l’Esquèrra Republicana per menar a bona fin la tenguda del referendum d’autodeterminacion a la fin de 2014.

Declaracion de sobeiranetat Aquela situacion se concret iza pel vòte pel Parlament lo 23 de genièr d’una declaracion de sobeiranetat e del dreit de decidir del pòble de Catalonha.

Lo tèxt, vertadièra fuèlha de rota abans lo referendum, afortís : la legitimitat democr atica de la demarcha, la transparéncia totala, lo dialòg a totes los nivèls (Espan h a , Euròpa, institucions internacionalas), l’europeïsme, la legalitat, lo ròtle central del Parlament que demanda, amb la Generalitat a l « mond local, e lo nombre maximal de fòrças politicas, d’agents economics e socials, e d’entitats culturalas e civicas del país nòstre » d e s’implicar.

Doas annadas decisivas Madrid va faire tot son possible per entrepachar la volontat democratica de Catalonha e dels Catalans (sens doblidar los Araneses) de s’exprimir : una responsabla del PP sómia d’una situacion a la francesa per las lengas dins l’Estat espanhòl, lo Parlament de Madrid torna introdusir las corsas de taures dins tota Espanha , lo chantatge sul refús d’Euròpa d’acceptar Catalonha se met en plaça,…

Las doas annadas que venon van èsser decisivas non solament per Catalonha mas tanb en pel devenir dels pòbles d’Euròpa. Alan Roch

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N°186 – Qui sème le vent récolte la tempête

Fév 20, 2013

Triste bilan

La crise interne de l’UMP signe un nouvel épisode de la recomposit ion r épublic aine. Pa rt i-Éta t reconfiguré en 2002 par les barons du gaullisme et de l’oligarchie néolibérale, il a été l’ins trument de l’aventure sarkozyste, version dite décomplexée de la droite française et européenne.

Flirtant avec l’extrême-droite elle-même dédiabolisée, il a géré une décennie de reflux systémique, au détriment des catégories populaires, du monde de l’immigration et des peuples du Sud.

À la longue liste des lois antisociales et hostiles aux droits des migrants , il faut ajouter les délits politico-financiers: la justice peine à instruire et sanctionner les affaires résultant d’une gouvernance qui a souvent confondu intérêt génér al et intér êts partisans et privés. En particulier dans le domaine opaque de la politique militaire et des trafics d’armement (af faire de Kar achi). Pas moins de deux pr ésidents condamnés ou soupçonnés de malversations, sans parler de certains de leurs ministres.

À ce bilan, il faut ajouter les c rimes néo- coloniaux. Michèle Alliot-Marie, ancienne présidente de l’UMP, soutenait la dictature de Ben Ali, au moment où le peuple tunisien ouvrait une nouvelle page de son histoire et de celle du monde arabe. Au lendemain de la réélect ion de Jacques Chirac en 2002, après le coup électoral du Front national, a démarré le harcèlement militaire de la Côte d’Ivoire dont la prés idence de Laur ent Gb agb o contrariait les intérêts français. L’imb roglio électoral de l’UMP n’aura sans doute pas le dénouement du vote ivoirien de 2011 dont Nicolas Sarkozy a refusé le recomptage, cela au prix de milliers de morts et pour l’instauration d’un r ég ime fa scisant à la s olde despuissances occidentales…

La roue tourne

Mais qui sème le vent récolte la tempête. La roue tourne : l’affaissement de ce part i libère la s cène nationale, suite à l’éviction de son « chef naturel » en mai 2012. Il est symptomatique que cette organisation, qui prônait en 2009 une ident ité nat ionale ethnocentrée, ait oublié de comptabiliser les suffrages de trois sections d’outre-mer.

En fait , l’UMP a perdu ses liens ataviques avec le pouvoir notamment à partir de ses échecs répétés dans les élections territoriales ; la conquête du Sénat par la gauche en fut l’aboutissement. Coupé de cette base et des périphéries, et malgré le c ha risme populiste de son dir igeant, ce parti n’a pu échapper à la sanct ion lors des dernières élections nationales.

Régénération

Cette série manifeste l’aspirat ion majoritaire à la régénération de la vie politique et de la démocratie, à laquelle doivent répondre la nouvelle équipe dirigeante ainsi que la gauche de la gauche.

Ce scénario n’est -il pa s la réplique en miniature de la crise d’une Union européenne enlisée dans ses propres contradictions ? N’est -ce pas l’Union européenne qui a co-piloté les programmes d’ajustement structurel (PAS), qui ont conduit les pays du sud au surendettement, et souvent aux régressions politiques et à la mise en cause de leur intégrité territoriale ? La voilà prise à son piège, ses États étant les nouvelles cibles des marchés et organismes financiers. La crise de l’UE est celle d’un système anthropologique fondé sur des v aleurs devenues mortifères en l’absence de contrepoids suffisants, celles d’un impérialisme parasite,d’un culte endémique de la croissance et de la compétitivité, d’un individualisme atomisant.

À l’image de l’Amérique latine, les peuples européens ne s’émanciperont du carcan néo-libéral que par l’ouverture au monde non occidental et par la promotion de valeurs alternatives, fondées entre autres sur le développement socioculturel et une coopérat ion plus authentique entre les peuples, les territoires et les citoyens.

La responsabilité des citoyens

La nouvelle mandature, celle de la pr és idence Hollande, qui a conquis tous les pouvoirs, offre l’opportunité d’une évolution en profondeur des mentalités, à l’écart des reflux inquiétants incarnés par le FN. Pour ce faire, il est de la responsabilité des citoyens de pondér er le centralisme autoritaire dont François Mit terrand alors opposant se plaisait à dire qu’il conduit sous la 5 e Répub lique à « un c oup d’État permanent ».

Décision non débattue d’une intervention militaire au Mali, conflit avec le monde associatif concernant l’a venir du ter ritoire de Notre- Dame des Landes… ces faits manifestent une énième tentation d’abuser d’un pouvoir dont une part reste illégit ime.

L’a venir dira quelle part ition pourront jouer peuples, citoyens et démocrates pour que le cours des choses soit infléchi en leur faveur.

Martine Boudet

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N°186 – Maridatge omò : per o contra ?

Fév 20, 2013

Lo Partit Occitan lancèt unaconsultacion de sos aderents sus la question del maridatge “per totes”.

Vos prepausam aquí un escapolon de las reaccions dels unes e dels autres : una granda diversitat de punts de vista ! Avèm servat l’anonimat per geinar pas degús…

Podètz, se volètz, contunhar de nos mandar las vòstras reaccions. Lo ròtle dau politic es de favorizar lo bonur dei ciutadans tant a l’encòp materiau qu’immateriau. Dins lo domèni de l’immateriau, pensi a la libertat de parlar sa lenga, a la libertat de cresença religiosa e de cultura mai tanben a la libertat sexuala e donc lo drech de se maridar au dintre d’un coble de meme sexe.

La sola causa que compta es ben lo bonur !

 

Lo ròtle dau politic es de favorisar lo bonur dei ciutadans tant a l’encòp materiau qu’imateriau. Dins lo domèni de l’imateriau pensi a la libertat de parlar sa lenga, a la libertat de cresença religiosa e de cultua mai tanben a la libertat sexuala e donc lo drech de se marridar au dintre d’un coble de meme sexe. La sola causa que compta es ben lo bonur!

 

[Nous ne devons pas] trouver là matière à dispersion, alors que l’autonomie occitane est notre principale revendication et qu’elle est loin d’être gagnée… La question de l’adoption est très délicate. En bref, laissons ces sujets «de société», ou plutôt de diversion au P.S. au pouvoir !

 

La decision de doas personas de se ligar per la vida, es lo problèma de doas personas fàcia a l’Estat. E lo drech d’aver d’enfant es un drech uman que regularizarà de còp una situacion existenta. Cal arrestar amb una societat de doas vitessa pels aparelhats.

 

[Nous ne sommes] nullement obligés de prendre position pour n’importe quel sujet de société ; chaque militant [autonomiste] peut avoir sur le sujet un avis divergent; toutefois, il me parait utile de faire preuve d’un certain humanisme envers des minorités en proie à des difficultés en terme de reconnaissance. [Je suis] pour la défense des minorités…

 

Le « Mariage » est une idée religieuse (plagiée par nos « révolutionnaires » français). Laissons ce mot aux religions et utilisons un autre mot (et un contenu bien sûr…) plus laïque, plus moderne et correspondant mieux à l’égalité entre individus de sexe opposés ou de même sexe.

 

Je suis pour que les individus quel qui soit leur sexe, puissent s’unir devant le maire et avoir les mêmes droit que les couples mariés sans pour cela que cela s’appele mariage.

 

Ma pausicion es simpla : val mai un sol maridatge gay que tota una tièra de maridatges tristonasses !

 

Ces questions sont-elles essentielles pour nous ? S’il est nécessaire de se prononcer, ce serait bien d’attirer l’attention sur les dérives anthropologiques des sociétés occidentales sur le sujet de l’homosexualité. Les minorités sexuelles doivent avoir des droits (PACS, droit à la procréation assistée, droit à l’héritage du pacsé…) mais ne doit pas être imposée à la société une « norme » excessivement libérale, indifférenciatrice et individualiste, qui résulterait de droits acquis par les minorités et qui aurait des conséquences sur la conception de l’individu, du couple et de la famille.

 

Que pensi que lo maridatge omosexuau a pas gaire de sens, rapòrt a la definicion tradicionau d’aqueth engatgament. Lo «PACS» que’m sembla mei adaptat.

 

On pose le problème à l’envers: il ne s’agit pas d’inciter les homosexuels à se marier ou à adopter, mais il s’agit d’entériner une situation qui existe déjà: un enfant né de l’un des deux parents homosexuels ou adopté par l’un d’eux doit pouvoir, si ce parent décède, avoir un lien juridique avec l’autre « parent » de façon à ne pas se retrouver orphelin; de même, l’autre parent doit pouvoir conserver un lien avec l’enfant, y compris en cas de séparation des deux « parents ».

 

Per ieu l’ umanita(un ome e una frema) a tojorn fa avans coma aco , perque changar ?

 

C’est le statut et la qualité de parent qui est au coeur du débat.

 

Puisqu’il est légalement permis à une personne seule d’adopter un enfant, refuser ce droit à deux personnes parce qu’elles sont de même sexe ne peut logiquement que relever d’un jugement moral sur l’homosexualité, et donc d’une discrimination qui dès à présent tombe sous le coup de la loi.

 

Oc per la PMA : Come aquò pas beson d’anar a Barcelona, fin de l’ipocrisi !

 

França deu reconoisser la PMA : una practica ja de fach per venir una practica de drech!

 

Lorsqu’un couple choisit d’avoir un enfant, surtout par des méthodes de procréation assistée, on peut supposer qu’il aimera cet enfant et s’en occupera peut être mieux que certains couples hétérosexuels qui mettent au monde « naturellement » 5 ou 6 gosses sans réfléchir .

 

La Procréation Médicalement Assistée doit rester ouverte qu’en cas d’impossibilité médicale pour les parents à avoir des enfants non handicapés (maladies génétiques) ou à avoir des enfants (tout court…). Mais le corps des femmes n’est pas une marchandise et ne doit pas être utilisé pour « acheter » un bébé. Les femmes ne doivent pas être rémunérées pour porter le bébé des autres, cela doit rester de l’ordre du « volontariat gratuit » afin de limiter les abus.

 

Sur la PMA, il vaudrait mieux engager un débat pour une diminution importante du nombre d’humains sur cette planète. Si nous ne le faisons pas, la nature s’en chargera, mais dans les drames et la douleur.

 

Reconnaître tous les droits qu’ont les autres couples me paraît normal. Par contre remplacer les termes de père et de mère par celui de parent 1 et 2 ne me convient pas. Un enfant ne peut naître que d’un spermatozoide et d’un ovule. Utiliser plutôt les termes de père et de mère biologiques et/ou adoptifs. ex : Jules : père inconnu – mère Georgette … Mère adoptive : Zoé

 

Ieu que siau papà dempuèi quauquei mes a pena, me’n chauti de saupre se vertadierament siau lo paire biologic d’aqueu que m’es presentat coma estent mon enfant. Après tot, tant que ges de test ADN son pas fachs, lo dubi pòu existir…

 

S.  Agazynski vient de publier Femmes entre sexe et genre (Seuil) qui confirme les fondements biologiques de la distinction des sexes : il existe des données innées qui ne doivent pas être confondues avec les stéréotypes sexistes et que ne doivent pas gommer l’éducation et le droit, au risque d’entrainer des confusions graves en matière d’identité sexuée et d’orientation sexuelle voire une régression des mœurs et de la vie familiale. Si la droite défend un libéralisme économique excessif, la gauche ne doit pas dériver vers un libéralisme moral abusif.

 

[Souvenons-nous de] la tradition occitane (troubadours) : s’il est vrai qu’elle célèbre l’amour libre,  parfois hors mariage, elle valorise le couple hérérosexuel et la femme dans ce cadre.

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N°186 – Bilan de l’« économie de la connaissance »

Fév 20, 2013

Il importe aussi d’évaluer les conséquences de l’orientation privilégiée depuis une décennie, au nom de la compétitivité internationale et d’une rentab ilité immédiate.

L’une des dérives de l’« économie de la c o n n a i s s a n c e » réside dans l’accroissement des disparités entre les champs disciplinaires. Instrumentalisation des sciences et des techniques, marginalisation des Lettres et sciences humaines et sociales (LSHS) : ce déséquilibre a des incidences au plan des relations de genre, le champ technoscientifique étant majoritairement masculin à la différence de celui des LSHS.

Comparée avec l’ensemble des instituts publics et privés à caractère industriel, commercial et de gestion, la somme des établissements spécialisés dans ce champ est notoirement insuffisante.

En université, l’application de la LRU entraîne désormais la fermeture de départements en philosophie, Lettres classiques…: les langues régionales pourront-elles être épargnées ?

En lycée, la filière scientifique est développée comme pôle d’élite pendant que décline la filière littéraire, dont l’Inspection générale de l’Éducation nationale a préconisé la réhabilitation dans un rapport en 2006. Pour remédier à ces déséquilibres, il serait intéressant de créer un système de péréquation, une partie des budgets octroyés par les lobbies industriels ou autres étant à attribuer aux secteurs déficitaires, comme c’est le cas aux USA.

Dans ce sens, la future loi d’orientation doit stipuler le principe de protect ion des savoirs académiques, à définir comme des « biens immatériels de l’humanité ».

Martine Boudet

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