N°184 – La victoire de Hollande coûte cher à la gauche

Sep 19, 2012

Hollande un Président élu d’avantage par rejet du sarkozysme que par adhésion

Apr ès les cinq années de Nicolas Sarkozy à l’Elysée, le ras le-bol des Français était tel qu’au moment de l’élection présidentielle de Mai dernier, toutes les forces progressistes se sont entendues au second tour, et ce de façon historique, pour se rassembler et créer un front commun sous la bannière du tout-sauf-Sarkozy. Une première en France puisque tous les candidats, des trotskistes au centriste, o n t appelé à faire barrage à Nicolas Sarkozy, faisant de fait le jeu de François Hollande. 2012 a été par excellence l’année du vote utile.

• Les élections législatives : un référendum pour ou contre une majorité présidentielle

Depuis décembre 2000 et l’inversion du calendrier électoral mise en place par le socialiste Lionel J ospin, alors Premier Minis tre, l’élection président ielle précède celle des législatives. Le choix des Députés ressemble désormais davantage à un référendum qu’à un vrai suffrage, où la question sousjacente posée est : « voulez vous que le Président nouvellement élu bénéficie d’une majorité qui lui permette de mettre en place le projet pour lequel vous avez voté ? ». Ce dispositif aggrave ainsi le phénomène de bipolarité déjà encouragé à la base par le mode de scrutin uninominal à deux tours.

Et, depuis 2002, la réponse a toujours été bien évidemment la même : « o u i ». Si les Français ont la réputation de changer rapidement d’avis, le petit mois qui sépare les deux élections leur permet néanmoins de conserver une cohérence de vote ; quant au nouvel élu, il n’a pas encore eu le temps se décrédibiliser…

• Les forces progressistes sacrifiées sur l’autel de l’élection de Hollande

L’élection de François Hollande a coûté cher aux forces progressistes. Pour en finir avec la politique de Nicolas Sarkozy, mettre en place le « Changement » promis par François Hollande et être certain que le Front Nat ional n’exclurait pas la gauche du second tour des législatives, les électeurs progressistes ont voté massivement, dès le premier tour, en faveur des candidats qui garantissaient une majorité au nouveau Prés ident de la République.

Le r ésulta t es t un laminage électoral de tous les candidats progressistes qui ne pouv aient se prévaloir du lab el « Hollande ». De nombreuses organisations politiques qui bénéficiaient jusqu’alors du financement public n’ont pas satisfait les conditions ouvrant droit aux subventions de l’État (qu’au moins 50 candidats aient reçu chacun au moins 1% des suffrages).

Parmi ceux-là, figurent l e Mouvement Écologiste Indépendant d’Antoine Waechter, les Alternatifs / SEGA (héritiers du Part i Socialiste Unifié) mais aussi et surtout le NPA (anciennement Ligue Communiste Rév olut ionnaire) et Lutte Ouvrière. Ce dernier étant c ertainement c elui qui a connu la plus grosse des déconvenues. LO, en présentant 552 candidats sur les 577 circonscriptions du territoire hexagonal, obtenait la plus belle représentation derrière le Front National (572) et le Front de Gauche (556).

Et pourtant sur ces 552 candidatures, seulement 20 ont dépassé les 1%. Le NPA, qui de son côté en 2007 avait prés enté 487 candidats et obtenu 534 666 voix, cette année en prés entait encore 3 15 mais n’obtenait plus que 78 144 voix.

• Des conséquences budgétaires (donc polit iques) désastreuses

Les conséquences budgétaires de ce vote ut ile pour les part is à gauche de l’UMP sont très lourdes. Le MEI, Les Alternatifs, le Part i Ouvr ier Indépendant, CAP2 1, Lutte Ouvrière et le NPA perdent le public : 366 0 0 0€/an en moins pour Lutte Ouvrière et 897 0 0 0€ en moins/an pour le NPA. Si le MODEM de son côté a réus si à sauver les meubles grâce à l’élection de 2 Députés et la présence de 17 S éna teurs (qui permettent l’obtention de la seconde partie du financement pub lic s oit 7 83 2 5 6€/an).

Les quelques 458 0 0 0 voix obtenues en juin 2012 et la pénalité infligée pour non respect de la parité homme / femme de 148 918€ par an ne feront rentrer dans les caisses que 584 0 3 8€ par an contre 2 7 7 6 5 8 4€ par an pour la période 2007-2012. N’ayant plus d’autres ressources financières que les adhésions de leurs militants, toutes ces formations menacent de mettre la clef sous la porte, entraînant un appauvrissement du paysag e politique hex agonal. Les Alternatifs et le NPA ont d’ailleurs déjà fait savoir leur volonté de se rapprocher du Front de Gauche.

Pour que l’alternance se fasse à gauche, certaines formations ont dû payer le prix fort quitte à se retrouver aujourd’hui à deux pas du dépôt de bilan. L’élection de Hollande a été rendue possible par le vote « u t i l e » à Gauche. Elle coûte cher à beaucoup. Et ça, il ne faudrait pas que Hollande et le Parti Socialiste l’oublient.

Pèire Costa

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N°184 – PS et nucléaire: les derniers dinosaures

Sep 19, 2012

Le 26 août sur BFM TV, A. Montebourg déclarait : « Le nucléaire est une filière d’avenir », soutenu le lendemain par M. Valls sur Europe 1 : « C’est une filière d’avenir incontestablement ». D. Batho affirmait à l’université du Médef : « La France a durablement besoin du nucléaire ». Les ministres socialistes reprennent de fait les propositions de F. Hollande pendant sa campagne : maintien de la filière nucléaire, en réduisant peu à peu la production d’électricité nucléaire à 5O% du total et en la compensant par les renouvelables. Cette surenchère prépare sans doute l’affaiblissement des écologistes avant le débat sur l’énergie prévu cet automne. Il n’étonne pas de la part de ce grand défenseur du nucléaire qu’est A. Montebourg.

Ce qui surprend par contre, c’est la foi indéfectible des politiques français en l’avenir d’une énergie qui ne représente plus que 10% de l’électricité mondiale (17% en 2005), qui est rejetée partout dans le monde, d’abord par les populations, ensuite par les gouvernements. Montebourg a prétendu que « depuis la décision de Mme Merkel de sortir du nucléaire, tous les voisins de l’Allemagne construisent des réacteurs ». C’est faux, un seul est en chantier, l’EPR de Flamanville. Cet EPR comme celui de Finlande accumule les retards (4 à 5 ans) et les surcoûts (6 à 7 milliards au lieu de 3). Les EPR ont été rejetés en Italie, Lybie, aux émirats, au Brésil. En Inde, la population est massivement contre et ils seront abandonnés sous peu. Ils viennent de l’être aux USA malgré 5 ans de combat acharné d’EDF contre les associations environnementales. En Chine, 2 EPR ont été vendus par Areva pour le prix d’un seul. En GB, EDF a racheté British Energy pour pouvoir commander elle-même des EPR, mais les aides publiques massives, nécessaires à leur construction, seront interdites par Bruxelles.

Ce qui surprend aussi, c’est l’aveuglement durable et criminel de ces mêmes politiques quant aux conséquences d’un accident nucléaire. Aujourd’hui, 40 à 80% des enfants vivant en territoire contaminé autour de Tchernobyl sont malades. Des études épidémiologiques sur 30 ans lancées en juin 2011 à Fukushima ont déjà montré que 30% des enfants testés ont des kystes thyroïdiens – soit 10 fois plus qu’en temps normal – , laissant présager l’apparition de cancers d’ici 2 ou 3 ans. Des papillons mutants ont été observés autour des centrales, des poissons radioactifs pêchés jusque sur les côtes de l’Oregon (USA).

Or que font les organismes d’état chargés de la protection des citoyens ? Ils étouffent l’information ou l’orientent. Dans quel but ? Faire accepter aux populations de vivre dans un environnement contaminé, l’évacuation d’un territoire et sa décontamination s’avérant impossibles ou trop coûteux. C’est le but du programme ETHOS, financé par l’Europe, testé en Biélorussie de 96 à 2001, visant au « développement d’une culture du risque radiologique pratique au sein de la jeunesse par l’école ».On apprend aux gens comment ne pas jeter ses cendres de bois trop radioactives dans le jardin, quand semer ses légumes pour éviter l’accumulation de radionucléides, quels endroits trop contaminés ne pas fréquenter. Le programme n’a pas empêché une augmentation constante des maladies et des hospitalisations et un arrêt des aides lorsqu’il n’y a plus eu de financement. Le même Jacques Lochard, président du CEPN, qui a dirigé ETHOS en Biélorussie est maintenant à Fukushima.

Les études épidémiologiques lancées au Japon ayant montré des résultats préoccupants, le chef du projet a envoyé une lettre aux spécialistes des études thyroïdiennes de tout le pays, leur demandant de refuser tout examen supplémentaire pour les familles concernées. Pour soigner les réfugiés et les habitants de Fukushima, il faut une autorisation de la préfecture de Fukushima. Ils sont devenus des indésirables, commes les « hibakusha » après la guerre, comme les « chimiques » de Biélorussie, et ils servent de cobayes.

C’est cela, l’avenir que nous promet Montebourg si -et c’est une probabilité certaine-, un accident se produit dans une de nos centrales, trop vieilles pour beaucoup et dont certaines ont les cuves fissurées ? En Belgique on envisage la fermeture des réacteurs concernés , en France « ces micro-fissures ne sont pas nocives ». On prolonge la durée de vie des centrales et on passe à côté d’un marché énorme : leur démantèlement, gisement d’emplois pour recycler les travaileurs du nucléaire.Westinghouse, filiale de Toshiba, et Studsvik viennent de s’associer pour s’occuper du démantèlement et de la décontamination des centrales européennes.

Même du petit bout de la lorgnette qu’est son point de vue économiste et nationaliste, A. Montebourg a tout faux et gagnerait beaucoup à lire le Scénario Négawatt. En espérant que la piscine du réacteur n°4 de Fukushima ne s’écroulera pas d’ici là, entrainant une contamination durable de l’hémisphère nord.

Danisa Urroz

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N°184 – Les Occitans à l’école

Sep 19, 2012

À l’heure où le gouvernement ouvre un débat pour refonder l’École de la république française, nous sommes
en devoir de nous demander quels sont les enjeux pour la jeunesse occitane. Existe-t-il des particularités éducatives en Occitanie ?
Quelles évolutions la société va-t-elle connaître, et comment préparer les jeunes à trouver leur place dans le monde de demain ?

 

Nous avons bien conscience que les questions évoquées ci-dessus sont d’une telle ampleur que ces quelques pages ne parviendront pas à épuiser le sujet. Néanmoins elles auront le mérite de poser le débat, de tracer quelques perspectives, et ne demandent qu’à être prolongées dans nos colonnes ou bien ailleurs.

Enseigner la langue occitane La première de nos priorités est bien sûr l’enseignement de la langue occitane. Dans les académies de Bordeaux, Toulouse et Montpellier l’éducation nationale crée çà et là des classes bilingues dans le primaire, et l’enseignement optionnel est assez répandu dans les collèges et les lycées.

Cependant malgré les efforts des enseignants sur le terrain, on peut constater que 90% des élèves de ces trois académies sortent du système éducatif sans y avoir rien appris de la langue et la culture occitanes. Il est donc indispensable de relancer ces enseignements avec l’objectif clair de généraliser à tous l’offre d’enseignement bilingue, et de rendre obligatoire pour tous un minimum culturel occitan comprenant une initiation à la langue dans le primaire, suivie de cours d’histoire et de culture au collège.

La situation l’enseignement de l’occ itan en Auvergne et en Limous in est c atas tr ophique. L’interview de la présidente de la Calandreta de Limoges est révélatrice des difficultés rencontrées et du chemin qui reste à parcourir (à lire en page 11).

En Provence, l’enseignement de l’occitan est très différent selon les départements, mais dans tous les cas insuffisant pour transmettre la langue aux futures générations. Le tableau dressé par Alain Barthélémy en page 10 nous laisse comprendre que l’absence de volonté politique depuis plusieurs années entraine une stagnat ion, avec en arrière-plan la coexistence de deux graphies porteuses chacune d’une vision différente de la langue.

Le bilan est bien négatif. Nous devrons exercer une forte pression polit ique afin que soit véritablement mises en place les conditions fa vora bles à la transmis sion de notre langue et notre culture par l’école. La manifestation de Toulous e au mois de mars dernier avec 3 0 000 pers onnes dans les rues était une première étape.

Nos élus doivent maintenant intervenir à l’Assemblée nationale pour que la nouvelle loi prenne en compte cette question et budgétise des postes.

De plus, des conventions doivent être signées entre les rectorats et les conseils régionaux, parfois entre les directions académiques et les Conseils généraux (exemple dans leTarn : ouvertur e d’une ou deux clas ses bilingues chaque année) afin d’impulser une polit ique de développement de l’enseignement de l’occitan. Prise en compte de la ruralité La ruralité est un autre marqueur des régions occitanes. Si la majorité de la populat ion se retrouve aujourd’hui dans les grandes villes, il n’en demeure pas moins que l’espace occitan des Alpes aux Pyrénées en passant par le Massif Central est majoritairement rural voire montagnard.

Malheureusement , nous ne disposons pas de données spécifiques sur les résultats ou les choix d’orientation des familles en milieu rural. Les statistiques françaises ne prennent pas en compte ce critère et c’est regret table. Nos gouvernants ont bien d’autres choses en tête : la mondialisation de l’économie entraîne une mise en compét ition accélérée de tous les territoires. La révolution numérique n’est pas encore terminée et nous avons de la peine à imaginer dans quel monde évolueront nos enfants.

C’est pourquoi le choix a été fait par tous les pays européens d’élever le niveau de qualification. La France s’est donné comme object if 80% de bacheliers dans une génération, et 50% de diplômés du supérieur. Le graphique ci-dessous présente les pourcentages de jeunes obtenant lebac, académie par académie, pour l’année 2010.

Mis à part l’Auvergne, toutes les régions occitanes ont un taux d’accès au baccalauréat inférieur à la moyenne française. Et nous sommes encore loin des 80%. Cette situation s’explique en partie par la richess e en format ions peu qualifiées (CAP par exemple) en milieu rural (Maison Familiales et Rurales, enseignement agricole, apprentissage…). Les jeunes passant par ces structures décrochent des emplois dans l’artisanat ou de petites entreprises, sans avoir besoin d’un bac.

Mais la plupart des entreprises recherchent aujourd’hui des diplômés, capables de maîtriser les nouvelles technologies, de prat iquer plusieurs langues, et de s’adapter à des situations nouvelles. Si l’on veut que des entreprises se développent en Occitanie ou que de nouvelles viennent s’y installer, nous avons donc un effort à faire pour élever le niveau de formation de nos jeunes. Les enseignants ont bien sûr un grand rôle à jouer dans c ette a ffa ire, leur mét ier doit évoluer.

Un chantier ouvert

Bien d’autres questions seraient encore à aborder : développer la coopération plutôt que la compétition entre élèves, diminuer le volume des connaissances pour développer les compétenc es, en finir avec l’élitisme du système français qui cherche à désigner les meilleurs plutôt qu’à mieux former l’ensemble des jeunes, définir les valeurs à transmettre aujourd’hui à la jeunesse et la façon de s’y prendre, etc. À vous, lecteurs, de prendre la parole.

Nous avons tous quelque chose à dire sur l’école !

U. J

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N°184 – Ensenhar l’occitan en Provença

Sep 19, 2012

Alain Barthélémy est le secrétaire de l’AELOC, l’association des professeurs d’occi tan pour
l’académie d’Aix-Marseille. Il a accepté de faire un point sur l’enseignement de l’occitan pour les
lecteurs d’Occitania-VVAP.

 

Occitania : Quelle est la situationg énérale de l’ac adémie d’Ai x- Marseille ?

A.B : Nous sommes dans une phase de transition d’une part parce qu’un nouveau recteur, Bernard Dubreuil, vient d’être nommé au mois d’avril 2012, et d’autre part le changement de gouvernement suite aux élect ions du printemps fait que nous sommes en at tente des nouveaux choix politiques. Le conseil académique des langues régionales n’a pas été réuni dernièrement…

Une situation contrastée

Occ itania : Et du côté des pr ofesseurs ?

A.B : Dans le second degré, notre a ca démie compte 27 professeurs d’occitan qui enseignent dans les collèges et les lycées. Dans le primaire, la situation est très contrastée d’un département à l’autre. Dans les deux départements alpins, nous n’avons ni conseiller pédagogique, ni classe bilingue, ce quine veut pas dire qu’il n’existe pas quelques professeur s des écoles faisant un peu d’initiation au prov enç al. Dans le Vauc luse, un c onseiller péda gogique es t en fonct ion, mais là non plus pas de classes bilingues. Enfin dans les Bouches du Rhône, 24 écoles (soit 2% du dépa rtement) ont mis en place un enseignement continu de la langue.

Occitania : Pouvez -vous nous en dire un peu plus ?

A.B : Ce sont des écoles où un poste sur deux est réservé à un enseignant ayant validé des compétences en occ itan. Dans ces écoles, on enseigne la langue ou en langue un minimum de 3 heures par semaine. Et ces cours progres sent de la maternelle au CM2. Notre objectif est de proposer ce système dans chaque circonscription du département pour que toutes les familles aient une école proposant l’occitan à proximité.

Deux graphies

Occitania : Quelle est la graphie utilisée dans ces écoles ?

A.B : Les deux graphies, la mistralienne et la classique, sont utilisées. Personnellement, j’ai toujours été convaincu de la nécessité de former les profs et ensuite les élèves aux deux graphies. Le rôle de l’école est d’émanc iper les jeunes, de leur donner un maximum d’outils, pas de les enfermer dans tel ou tel particularisme.

Peut mieux faire…

Occitania : Que peut-on souhaiter dans les mois qui viennent ?

A.B : Beaucoup de progrès pourraient être réalisés ! Par exemple, créer dans chaque circonscription de l’ens eignement primair e de l’Académie au moins une école où l’on enseigne partiellement en occitan dans toutes les classes, et assurer la continuité avec au moins un collèg e et un lyc ée du secteur. Également rétablir l’enseignement de l’occitan dans les centres de format ion des maîtres, et ouvrir enfin dans les Académies d’Aix- Ma rseille et de Nice le concours spécifique  » langues régionales » pour le recrutement des professeurs des écoles, en permettant à tous les volontaires de se présenter aussi au concours ordinaire. Nous souhaitons aussi un engagement clair de Michel Vauzelle, le président de Région, qui déboucherait sur la signature d’une convention avec les rectorats d’Aix-Marseille mais aussi de Nice. Ce type de convention est aujourd’hui indispensab le pour progresser !

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N°184 – Profession professor

Sep 19, 2012

Lo mestièr de professor atira pastant de monde coma pel passat. Es probablament una consequéncia de la politica Sarkozy que desvalorizèt de longa los fonccionaris en general e los ensenhaires en particulier.

La baissa del nombre de pòstes, lo blocatge dels salaris, la pèrdia de prestigi, e tanben lo sentiment espandit que los joves son de mai en mai durs e aissables an espaurugat bon nombre d’estudiants. Podèm apondre las dificilas condicions de dintrada dins lo mestièr (pòste complet tre lo primièr jorn) que fragilizèron los estagiaris al punt de provocar fòrça demissions. Una situacion degalhada Lo govern novèl se trapa doncas davant una situacion degalhada ont serà dificile de far piéger !

Aurà de far evoluar las causas dins plan de domenis en prenent en compte lo sindicalisme ensenhaire qu’es reputat per un cert imobilisme. Çaquelà lo SNES, principal sindicat dins lo s egond gras , a declarat recentament qu’èra prèst a dialogar ambe lo minis tre Vincenç Peillon sus gaireben totes los domenis.

Una fenèstra es doncas duberta. Lo ministre a ja pausat qualques problèmas sus la taula e fisat la concertacion a un comitat de pilotatge (véser encadrat).

Primièr, cal plan reconéisser que lo mest ier d’ensenhaire a plan cambiat dempuèi qu’es estat definit son estatut dins las annadas cinquanta. Una adaptacion d’aquel estatut fa bes onh per a porta r de r esponsas novèlas a la situacion d’auèi. Lo s istème educa tiu a evoluit , s ’es massificat, e l’escòla del sègle XXI es plan desparièra de la de las anna da s 1 95 0. Per ex emple, s e demanda als professors de participar a de mai en mai de reunions e d’accions ligadas a l’ensenhament (conselhs pedagogics, rencontres ambe los par ents , tra ba lh sus l’orientacion dels joves, remplaçament de collègas, viatges, sortidas, projèctes educatius…).

Lo temps de preséncia dins l’establiment per un professor a augmentat sens qu’aquò siá precisament definit ni reconeg ut . Los pr òfs los ma i motiva ts s’engatjan sovent sens comptar las oras, del temps que d’autres asseguran un servici minimum e reglamentari. Es ora de completar oficialament las missions dels professors per totas aquelas activitats en assegurant en contra partida un creis de salari.

Tecnologias novèlas L’informatica càmbia tanben las condicions de trabalh. En qualquas annadas e mercés al volontarisme de las collectivitats territorialas, las escòlas, los collègis e los licèus son estats equipats d’un material informatic numerós e qualitadós, e d’environaments numerics de trabalhs (E.N.T.) an florit . De son costat, l’Educacion nacionala a format sos personals e encorajat l’utilizacion de las novèlas tecnologias de comunicacion. Fins ara, la gestion e l’entreten de tot aquel material son estat assegurats per d’ensenhaires e de personas embauchadas sus de contractes precaris.

Fa besonh dins cada establiment un pauc important d’un tecnician especializat per l’informatica, coma i a dejà un cosinièr, un concierge, un electrician… E praquò l’Estat e las collectivitas fan al ping pong e remandan cadun a l’autre la responsabilitat de l’entreten del mater ia l informat ic ! Aquela situacion penaliza directament los collegians e liceans. Las collectivitats semblan las milhors plaç adas per préner en ca rga aquela mission, baste que l’Estat lor balhe la moneda per assegurar aquela competéncia novèla.

Quna evaluacion dels ensenhaires ? Un autre problèma es l’evaluacion dels ensenhaires. Fins ara son  » inspectats  » per un especialista de lor disciplina sus una ora de cors. Aquò arriba en mejana un còp cada … 5 ans ! En mai d’aquò, una nòta administrat iva es fixada pel cap d’establiment cada annada. Aquelas doas notacions an un impacte important sul debanament de la carrièra d’un personal e notada – ment sul salari. Mas cossí pensar seriosament qu’una ora de cors sus cinc ans es sufisenta per evaluar la competéncia d’un pròf ? La temptacion pel govern poriá èsser de far del cap d’establiment lo sol evaluator. Mas los sindicats ensenhaires son opausats fermament an’aquela idèa.

Pensan que seriá balhar tròp de poder a un provisor o un principal que sovent coneis pas grand causa a la disciplina ensenhada. Alara se poriá imag inar la creacion de  » conselhièrs pedagog i c s  » reperats demest los ensenhaires los mai eficaces. Lor seriá fisada una mission d’evaluacion, de formacion e de conselh alprep dels autres ensenhaires. Aqueles conselhièrs porián en mai acompanhar e ajudar regularament los professors que se prenon lo rambalh, o que fan pas plan trabalhar los escolans, e que son per ara sovent daissats sols fàcia a la dificultat.

Enfin, cal acceptar l’idèa qu’un ensenhaire trabalha dins una còla, dins un establiment, e doncas sortir d’una evaluacion tròp individualizada per préner en compte l’accion collectivament menada.

H. Jourde

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N°184 – La peur du vide

Sep 19, 2012

La future loi sur les collectivités sera-t-elle audacieuse ? On craint
que non. Le centralisme a depuis longtemps créé des sujets et pas
des acteurs. Les décentral isateurs seront-ils assez forts ? Et de
quelle nature sont-ils ? Quelles sont leurs motivations ? Si elles ne
sont qu’économiques, ça n’ira pas loin. Pour être fédéraliste, il faut
avoir une certaine idée de la démocratie

 

Beaucoup d’espoirs qui peuvent créer beaucoup de déceptions !

Tel est le résumé que l’on pourrait faire de la situation dans laquelle nous nous trouvons à la sortie de l’été face à la future loi sur les collectivités. Les rumeurs les plus diverses c ourent .

 » Ce sera audacieux !  » disent les uns.  » Ne vous faites pas trop d’illusions disent les autres ! « . Qui croire ? S’agira-t-il d’une décentralisation timide, d’une vraie régionalisation ou ne se passera-t-il rien ? Dans les rumeurs, c’est plutôt le pessimisme qui domine.

Dans les commentaires qui sont faits dans les couloirs des diverses universités d’été et autres réunions du genre, ce n’est pas mieux. C’était un peu l’état d’esprit de l’UE de Régions et Peuples Solidaires. Chacun espère mais tous craig nent que les vieux démons ne soient les plus forts. Avant même qu’un texte soit prêt, on établit ça et là la liste de ceux qui sont de vrais décentralisateurs et la liste des autres, de ceux qui trouvent toujours une bonne raison pour tout laisser en l’état et à l’État.

Heureusement, peut-on dire, la droite avait prévu et fait voter une réforme des collectivités tellement mal fagotée et tellement critiquée par la gauche (et même pa r une partie de la droite), que l’on est obligé aujourd’hui de faire quelque chose. Mais que sera ce quelque chose ? Dans les couloirs des collectivités, dans la bouche de certains responsa bles s oc ialistes qui ont rencontré des personnalités bien placées, dans les propos de ceux qui sont allés à la rencontre des socialistes à La Rochelle, il y a des doutes.

On parle des réticences de l’administration centrale qui déteint sur les ministres en place et leurs cabinets. On évoque les blocages qui naissent rien que d’évoquer de f utures r ég ions qui auraient des pouvoirs nouveaux et qui prendraient des décisions quipourraient contraindre les autres collectivités à réduire leur voilure. On entend les c umulards , part iculièrement ces élus à deux têtes (conseillers généraux et régionaux) prêts à abandonner celle des deux collectivités qui n’aura pas le vent en poupe. Tout est ouvert Tout est ouvert. Mais du côté des régions, on fait preuve d’optimisme, à commencer pa r les présidents des régions qui rêvent d’une vraie régionalisation. Peutêtre n’est-ce que du rêve.

Qui osera frapper du poing sur la table pour que la banque publique d’investissement soit vraiment régionale ? Qui dira au département qu’il doit s ‘effacer ? Qui donnera aux régions ce pouvoir indispensable en matière d’énergie, de rénovation de l’habitat, de protection de l’environnement, d’urbanisme, de transports ? Il faudra du courage et une capacité à être impopulaire parmi les responsables de l’a dministrat ion d’État et parmi certains élus départementaux. Jean-Marc Ayrault sera -t- il l’homme de la situat ion pour imposer cela ? François Hollande prendra-t-il assez de distance avec ce qu’il fut, à savoir président de conseil général ? On verra, mais on sait aussi que la volonté de quelques uns ne suffira pas. Il faut aussi du courage à la base c’est à dire qu’il faut des élus locaux qui ont envie de prendre des responsabilités.

Le système centralisé n’a pas à ce jour eu la f aculté de cr éer cet te nouvelle classe politique. Il n’est d’ailleurs pas programmé pour cela mais bien pour le contraire. La prime aux sujets mais pas aux acteurs ! Reste aussi la question centrale de la fiscalité. Pas de pouvoir sans argent, pas d’argent sans impôts, pas d’impôts sans loi sur la fiscalité. Pas de démocratie sans responsabilité des élus face aux citoyens à qui on demande à payer l’impôt. Là aussi il faudra du courage et de la volonté d’innover. Le parti ma joritaire es t sujet aux turbulences. Il y a de vraies envies de régionaliser mais il y a aussi beaucoup de jacobinisme.

Puis, il y a La Crise. C’est elle que l’on invoque à chaque fois que sur ce sujet de la régionalisation on cherche des prétextes pour ne pas avancer. L’État seul pilote serait plus rassurant ? Alors que justement les résultats à ce jour tendraient à prouver qu’il serait bon de changer la recette. Mais le mal est profond. Pour certains, la régionalisation, une nouvelle répartition du pouvoir c’est comme un peur du vide. De nouvelles collectivités ? Quant à la question de créer de nouvelles collectivités c ‘es t un thème qui n’es t pas vraiment présent dans les débats en dehors de ceux qui ont eu lieu à Biarritz à l’Université d’Été de RPS. Certes on y a entendu une sénatrice socialiste dire que tout était possible et qu’il fallait que les élus soient unis pour obtenir la collect ivité propre au Pays-Basque.

Les décideur s auront auss i besoin d’une bonne dose de courage pour pouvoir tenir cette promesse ou pour faire une Bretagne réunie ou encore une Savoie et une Catalogne. Il faudra un peu d’habileté (moins que du cour age) pour ne rien faire en ce domaine. Et on a déjà v u comment c ela pouv ait fonctionner à d’autres époques. On le voit tout est ouvert.

C’est donc le moment de dire et redire que nous avons des dizaines d’années de retard en matière de régionalisation. Il faut savoir que nous entendons des décentralisateurs — qui semblent être nos alliés — mais qui ne comprennent que la vision économique de la décentralisation. La décentralisation c’est un bon coup pour le développement des PME ! Et on cite l’Allemagne avec s es entreprises moy ennes exporta – trices, innovantes et capables de fixer sur le territoire des populations qualifiées.

Comme si l’Allemagne n’était f édérale que pa r la volonté de ses patrons et de ses syndicats. Puis il y a ceux qui comme nous, les régionalistes et les autonomistes, ajoutent à cette vision économique une dose de politique et une dimension historique, linguisti-que et culturelle.

 

David Grosclaude

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N°184 – Le temps des vendanges

Sep 19, 2012

“ De la poda al vinMontan de la tèrra

E l’an que se’n va

E l’an que se’n ven

Quora ne sarem

Al temps de vendémias

N’aurem un de mai

N’aurem un de mens ”…(1)

 

Ces vers de Claude Marti, pour sa chanson Temps de Vendémias (2) c hantée sur l’air populaire du Temps des Cerises, nous parlent du temps qui passe. Pour les génér at ions qui ont g randi dans la chaleur boisée des maisons paysannes , les vendanges éta ient un important repère annuel.

Plus que le houx de Noël ou le gui de l’An neuf, le raisin de septembre marque encore la fin d’un cycle naturel et d’une année de travail pour les hommes et les femmes des terres dures. La fin d’un cycle, mais aussi le début d’un nouveau. En effet, la nature est ainsi faite qu’elle dérobe s es renaissances au regard des humains.

L’hiver, nous croyons que r ien ne se pass e a lors que la végétation, elle, puise déjà dans les ressources profondes du sol pour préparer la grande éclosion du printemps. Ainsi que l’a bien vu le poète, entre l’an qui s’en va et celui qui vient, le temps des vendanges est celui où tout s’achève mais où tout, aussi, recommence dans l’espérance de la récolte à venir. Si la course effrénée vers les villes et leurs banlieues éreintées par la précarité, la délinquance et le chômage, ne nous avait coupés de nos racines, nous saurions que la récolte est le produit de ce que nous avons semé et de tout le travail que nous lui avons consacré.

Rien sans rien : c’est un adage frappé au coin du bon sens. Le temps des vendanges nous pose à tous cette question simple : qu’allons-nous semer aujourd’hui et pour quelle récolte, demain ? Il n’éc happe à pers onne que nous vivons au milieu d’un monde en voie de disparition. Les profondes mutat ions technologiques produis ent des réactions en chaîne dont nous ne savons pas encore où elles nous mèneront. Des modèles économiques disparaissent sans que s e des sinent à l’horizon les contours de ceux qui les remplaceront afin que nous ayons encore quelque chose à jeter au fond de nos assiettes. Ce n’est pas le moment de céder à la panique, mais celui de s’interroger, sûrement. Un monde meurt, c’est un fait.

De quel monde voulons-nous pour le remplacer et le léguer à nos enfants ? Voilà la question. Il ne sert à rien de cultiver la nostalgie d’un monde ancien en l’érigeant en modèle. C’est une loi de la nature et de l’histoire : nous ne r eviendrons jama is d’où nous venons, sauf la poussière dont nous sommes formés et à laquelle nous retournerons, à l’heure de notre mort. Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit, ici. La nostalgie de l’autre-fois, j’en revendique ma pa rt , mais je la garde enfouie au fond de moi, serrée contre mon coeur. C’est une histoire entre moi et moi. Sûrement pas la solution au problème crucial qui doit requérir maintenant toute notre énergie.

De quel monde voulons-nous ? La question pose celle de l’éducation, celle des valeurs sur lesquelles nous voulons le c ons tr uire, ce monde, celle, enfin, de choix politiques et sociétaux. Le temps de vendanges es t exaltant. Une récolte est rentrée. Elle n’a pas donné tous les fruits attendus mais ce n’est pas une raison pour désespérer. Si nos grandsparents ava ient baiss é les bras chaque fois que la grêle avait broyé les raisins sous leurs yeux…

Un nouveau cycle commence. Il nous signifie qu’aujourd’hui, tout est possible pourvu que nous osions inventer, ne rien nous interdire et bâtir, de nos mains, ce monde dont nous rêvons. Que serions-nous sans l’imagination pour guide ? Le temps des vendanges est celui de l’utopie. De l’espoir. Le temps des possibles.

S’aimatz coma ieu Lo temps de vendémias Sabètz que podèm Mostar lo mal temps… (3)

 

Serge Bonnery

1) Je traduis :  » De la taille au vin / Montent de la terre / L’an qui s’en va / Et
l’année qui vient / Quand viendra / Le temps des vendanges / Nous en aurons un
de plus / En aurons un de moins…  »
(2) Extrait de l’album El Jinete (Nord-Sud, Paratge).
(3)  » Si comme moi vous aimez / Le temps des vendanges / Vous savez que nous
pouvons / Conjurer le temps mauvais…  » Mostar vient du nom most qui désigne le
jus du raisin à partir duquel sera élaboré le vin après fermentation. M o s t a r
signifie presser (écraser) le raisin pour en sortir le jus (le must !). Mais ce verbe
décrit aussi un geste bien connu des jeunes vendangeurs d’autrefois qui consistait
à se saisir d’une grappe de raisin et l’écraser sur le visage d’une bien-aimée pour
en sui te l écher l e jus sur ses joues. Une mani ère très érotique de faire sa
déclaration et de… conjurer le risque du refus !

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N°184 – Estivada, un hestenau e tantas causas mei

Sep 19, 2012

Avetz segur ja entenut a parlar d’aquera granahèsta a Rodés ?

Lo Partit Occitan i èra augan enquèra. Segur que i èram entà profieitar de poder encontrar monde, entà escotar la navèra scèna occitana e entà poder tastar l’aligòt (10 tonas son venudas pendent lo hestenau, doncque n’i a tà tots !). Mes que i èram tanben pr’amor ua bra va energia se desga tja de l’Estivada, ua energia qui da l’ahida entà avançar e bastir amassa.

• Hòrt occitan e hòrt atractiu

Per 201 2, las causas èran ditas clarament peu director, Patrick Ros : que volem 100 000 espectators ! E perqué pas ? Rodés qu’ei la capitala occitana cada an a la fin de julhet. Un hestenau occitanista qu’ei en capacitat de hararrecotir un haish de monde. Per la dusau annada, l’Est iva da èr a descentralizada au barri nau de Borran. Que caló trobar un bèth parcatge entà arcuélher tant de monde. Punt negatiu, pas nat arba a l’entorn e donc cada vrespada que hissa va lo s ó equina ca lor ! Mes lo s er, las locomot ivas com Mas silia Sound System e Zebda qu’èran pres entas . E autanlèu lo purmèr dia, un molonàs de monde emplenava la gran plaça devant l’empont. Au demiei d’aqueths, que i èran quauques occitanistas, mes subertot tota la joenessa deus entorns qui èra vienuda entà partatjar un moment en occitan.

• Hòrt culturau e hòrt politic

Har un hes tenau occ itan n’ei pa s neutr e politicament, e cantar en occitan qu’a d’estar tanben un messatge qui enviam a la societat nosta. Quitament los Zebda qui èran vienguts dilhèu mei per amistat que per l’enveja de por tar l’occitan, se son liur ats a l’exercici. Que’us coneishem mei sus l’engatjament sociau, sus l’engatjament electorau a Tolosa dab  » les motivés  » mes qu’avèvam dejà entenut Magyd Cherfi defénder l’occitan dens lo mètro. A Rodés qu’èra tot lo grop qui’s reivindicava occitan tanben.

• Un laboratòri politic per Occitania

A l’Estivada, los politics qu’ei com los grops : que i a los qui son coneguts com Segolène Royal qui tornegè l’aligòt l’an pas sat , e puish que i a Anna-Maria Escoffier, pas tan coneguda, mes totun ministre en carga de la reforma de l’Estat e de la decentralizacion qui viengó augan. Lo quite maire de Rodés que ditz que vòu apear lo dossièr de classament Unesco de la soa vila en hicar en davant la question de l’occitan entà estar mei plan considerat. Per lo Partit Occitan, qu’ei dab ecologistas, socialistas e e enquëra d’autes part its que vòu lançar lo prumèr regr opament e 2 formacion d’elegits sus la question de la lenga nosta e au delà, pausar ua pensada politica tà l’espaci occitan : quina agricultura, quins transpòrts, quina economia, etc. Atau, l’Est ivada en mei de tot lo regropament artistic e associat iu, en mei deu regropament de las institucions (veire encadrat), que poiré estar lo lòc de reflexion per Occitania, un lòc d’escambis enter los partits politics. Un vertadèr laboratòri entà l’aviéner deu país.

• Une interrégionalité qui se construit

En 2010, les élus du Partit Occitan avaient initié une première rencontre interrégionale pour échanger sur la situation de nos régions, et pour la première fois, inviter les associations à débattre de la politique linguistique et culturelle à mener sur l’ensemble du territoire occitan. C’était le premier  » parlement occitan  » , hébergé dans la salle du conseil de la mairie de Rodez. Ce fut un succès et tout le monde en redemandait. En 2011, 7 régions occitanes étaient représentées, et un débat public sur la politique linguistique était annoncé dans le programme officiel de l’Est ivada. Résultat, un texte rédigé en commun : la charte de coopérat ion interrégionale et trans fronta lière de développement de l’occitan, qui a été depuis signée et votée par cinq régions. En cet te année 2 012 la quest ion de l’interrégionalité occitane n’est pas qu’une affaire de régions. Étaient présents, des communes, des départements, des services de l’État . Au total, plus de 15 institutions différentes dont la Catalogne. On a pu y parler de l’ébauche d’un premier outil construit en collaboration : un office public de la langue occitane.

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Lo Cebier 129 – COUP DE COEUR de LECTURE

Sep 18, 2012

J’ai découvert cet été, un petit livre « le jardin perdu » , écrit en 1912  par un anglais d’origine islandaise- JORN DE PRECY (1837-1916). Jardinier-philosophe, visionnaire, écolo avant l’heure, JORN pressentait que l’industrialisation, l’urbanisation, les technologies nouvelles du capitalisme toujours avide de progrés,  le tourisme à grande échelle, deviendraient de plus en plus dévoreurs d’espaces verts et qui nous entraineraient loin de la nature et loin du Beau. Il déplore les immeubles noirs de fumées, les usines repoussantes, les villages et les campagnes défigurés par une agriculture mécanisée, dépourvue d’âme.

Il prévoyait que le matérialisme ne cesserait sa course effrénée, et ne laisserait aucune place au monde naturel. Il était attristé de voir la transformation des « lieux anciens véritables » en monuments restaurés pour touristes affamés de dépaysements. « les vieux châteaux, les cathédrales gothiques, tours, chapelles habités depuis des siècles par le silence, deviennent des coquilles vides qui se remplissent des exclamations extasiées de visiteurs armés de leurs guides de voyage ».

Pour assouvir le besoin de nature, d’horribles  plates-bandes  fleuries ornent les villes et les parcs nationaux sont assaillis de touristes jouant pendant quelques heures aux « sauvageons ».

Comme les grands penseurs de l’antiquité, il essayait d’incarner une vision du monde, un idéal de vie. Il ne pensait pas la philosophie, il la vivait.

Un lieu, on doit l’habiter, non en conquérant, mais en invité, comme le faisaient les peuples anciens , qui, tout guerriers qu’ils étaient, savaient faire preuve d’humilité face à la nature. Les grecs et les romains aménageaient des lieux sauvages, au coeur des  villes, là où la nature y était laissée en liberté pour que l’homme se souvienne de son origine.

Convaincu que les jardins résisteront toujours aux ravages de la modernité, Jorn de Précy a construit le sien en Angleterre dans le Oxfordshire à Greystone  .Ce jardin où il a passé une grande partie de sa vie, il l’a voulu sauvage, laissant arbres  plantes, graminées pousser librement.  « Jardiniers,  soyez paresseux »  disait-il « .

Ce jardin était ouvert et Jorn montrait volontiers les recoins les plus cachés du parc, les endroits les plus sauvages de la forêt où il fallait se frayer un chemin parmi les lianes des clématites, les fleurs et les ronciers. Claude Monet qui l’avait visité en 1906 avait écrit: « le jardin de Mr de Précy offre des tableaux d’un charme intense et indéfinissable qui vont droit au  coeur….. »

Nous ne pouvons qu’être gagnés  par le pessimisme de ces défenseurs de la nature quand nous lisons l’article paru dans le  magazine  Télérama  n° 3268  que l’artificialisation des sols s’accélère. Elle représente l’équivalent de la surface d’un département non plus tous les dix ans, mais tous les sept ans. Cette surface artificialisée est occupée non pas par les pavillons mais par toutes les infrastructures (routes, ronds-points, zones commerciales). Les seuls parkings constituent 10% de cette surface. Nous apprenons aussi qu’entre 1992 et 2004 la superficie dévolue aux centres commerciaux a augmenté de 44% alors que la consommation  n’a progressé que de 14%.

Pour protéger la nature, la forme de rébellion qu’a choisie  Jorn , et qu’il nous conseille, est que chacun d’entre nous laisse de l’espace aux vrais jardins, c’est à dire des lieux insoumis, hors normes, aux valeurs simples.

Il n’appelle pas à changer le monde mais tout simplement à faire une petite place à la vie, car la vie est  tout ce qui  échappe au pouvoir de la société hautement civilisée, ce qu’elle ne sait pas pour le moment transformer en marchandise.

Selon lui, poser la question de l’avenir du jardin, c’est poser la question de l’avenir de l’humanité, tant le jardin et l’homme sont intimement liés…..

ELIANE ROBUSKI MARTIN

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Lo Cebier 129 – A la source de la culture occitane

Sep 18, 2012

Les troubadours, dès le début de leurs entreprises poétiques, héritaient de toute une rhétorique de jeux verbaux que les clercs avaient développée en latin. Il s’agit le plus souvent de genre humoristique. Parmi les quelques chansons en occitan que nous a laissées Guilhem 9 d’Aquitaine (seulement 7), lui le premier des troubadours connus (premier du moins dans la connaissance actuelle), tour à tour évoquant les raffinements de l’amour courtois et la pire des grivoiseries avec ses deux cavales, , il y a un texte étrange, étonnamment moderne qui ouvre une porte du côté de la folie et du nihil, une chanson peut-être à clé évoquant le pur néant (lo drech neiènt en occitan) avec sûrement en filigrane aussi l’idée de l’amour impossible d’une femme idéale, la femme aimée étant intrinsèquement la quintessence de la féminité elle-même…

(Farai un vèrs de drech nient :

 Non èr de mi ni d’autra gent…) –« Je ferai un vers de pur néant /ni sur moi ni sur quelqu’un d’autre,/ ni sur l’amour, ni sur la jeunesse,/ ni sur rien d’autre,/ je viens de le trouver en dormant sur mon cheval,/ je ne sais sous quel signe je suis né,/ je ne suis gai, ni ne suis triste,/ je ne suis ni sauvage ni familier… »

A travers cette chanson qui est aussi une réponse anticléricale aux prélats, Guilhem 9 se situe à l’avant-garde sulfureuse de la fin du 11-ème, début 12-ème et fait allusion à la théologie négative. Il s’agit de dire ce qui n’est pas tout en affirmant en creux l’identité individuelle et le sens du destin, les lois du hasard existentiel. Dans ce texte, au détour d’un vers, le troubadour évoque l’abbaye de Saint Martial près de Limoges, est ce fortuit ? On sait aujourd’hui qu’à l’aube de l’érotique des troubadours c’est justement là que de jeune moines en dissidence radicale ont commencé à chanter la quête d’absolu que permet la rencontre amoureuse ici-bas, tournant le dos aux habituels chants liturgiques clamant avec ferveur l’amour de Jésus, Marie et tous les saints.

Longtemps après sa mort, ceux qui ont relaté la vie (vida) du Comte de Poitiers, Guilhem d’Aquitaine, disait de lui qu’il était l’ennemi de toute pudeur et de toute sainteté ! Beau programme. Certes, il fut excommunié deux fois par le Pape ; l’inventeur de la lyrique des troubadours, il fallait lui assurer l’enfer jusqu’à la fin de ses jours tellement il fut poète, mécréant, insolent, arrogant, cru, créatif, luxurieux en plus d’avoir été l’un des seigneurs les plus puissants de son temps !

-« Je suis malade et tremble de mourir/ mais je n’y connais que ce qu’on m’en a dit

je chercherai un médecin à ma fantaisie/ mais je ne sais qui

il sera bon médecin s’il peut me guérir,/  mais non si j’empire. »-

 

                                                                                                           Thierry OFFRE

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lVient de paraître cet ouvrage de qualité qui est plus qu’une simple introduction à l’un des troubadours parmi les plus célèbres :

FIN’AMOR et folie du verbe- Arnaut Daniel

Introduction et traduction de Pierre Bec, édition bilingue oc/fr

– Fédérop. Le Pont du Rôle- 24680 Gardonne- 14€

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